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Jeune guitariste hongrois qui en moins d’un an fait parler de lui deux fois, Jonas Tamas est le guitariste du groupe Wind’s Eye et le géniteur de son premier album solo, Sharp Guitars From A Flat Planet. Les influences de Jonas sont, dixit son site Internet, à chercher du côté des guitaristes techniques comme Steve Vai ou Jason Becker, mais aussi vers les musiciens au toucher exceptionnel comme David Gilmour ou Andy Timmons. La musique de Jonas s’en ressent pleinement. Son groupe Wind’s Eye propose un métal progressif de haute volée et son disque solo explore les territoires, certes déjà visités par de nombreux shredders, mais laissant quelques parcelles de terrains pour s’exprimer.
La musique de Jonas est très technique et celui-ci possède tous les outils lui permettant d’exprimer ses idées les plus extrêmes. La technique la plus caractéristique du hongrois est le legato, parfaitement popularisé par Joe Satriani, permettant de rendre une phrase très fluide. Mais sa technique de legato est à chercher du côté de Allan Holdsworth, le maître es jazz rock, et cela transparaît dès les premières mesures de Sharp Guitars From A Flat Planet avec le titre "Zenith". Ce titre met en valeur de nombreuses structures reprises dans cet album. Finalement la construction du morceau est assez conventionnelle, c’est-à-dire très peu progressive. Les guitaristes de référence qui viennent à l’esprit ne sont ni américains ni suédois. Le côté très mélodieux de Jonas Tamas fait plutôt penser à un mélange entre le Français Patrick Rondat et l’Anglais Jan Cyrka. Les morceaux semblent de composition assez sommaire mais les mélodies sont très fines, comme celle de "Finger Of Fate" qui rappelle les bons moments de Cyrka avec l’utilisation très savante de la wah-wah. Les structures formant l’ossature des titres sont souvent constituées de grosses rythmiques, très saturées et jouées en étouffé, sur lesquelles se déploient différents chorus et soli très lyriques. Le côté néoclassique appartient lui aussi aux influences de Jonas avec Mac Alpine entre autres, et "Golden Sun" illustre cette facette du hongrois. Tamas met quelque chose dans ses compositions pour créer l’harmonie qui viendra frapper votre esprit. "Conversion", dans le relief obtenu entre la mélodie à la guitare soliste et la rythmique saturée, rend cet effet particulièrement saisissant.
Les ballades sont magnifiques, avec piano et mélopée lente. Ecoutez le toucher si expressif du hongrois dans "I Feel Sorry". Dans une même structure, rapide et très dynamique, peuvent apparaître quelques rais plus atmosphériques ("Stormbeaten"). Jonas Tamas est l’unique compositeur et musicien de cet album et nous en venons à la seule critique négative de l’album, à savoir le manque d’une véritable batterie. Jonas a totalement programmé les parties rythmiques et cela s’entend, sur "Mosquito Bite" notamment. Détail dommageable car s’il y a du progressif dans la musique de Tamas, c’est bien au niveau de la polyrythmie. Mais il faut également rendre hommage à l’excellent travail fait à la basse et aux claviers ainsi qu’à la production parfaitement claire.
Cet album est assez déconcertant car on a les plus grandes difficultés à situer le travail de Tamas par rapport aux autres albums traditionnels de guitare instrumentale. La variété des rythmes proposés par Jonas, et surtout l’exploration d’accords enrichis d’une grande complexité harmonique, associée à l’utilisation de gammes et de modes parfois exotiques, sont déstabilisants. Ainsi, écouter le rythme fou de "Eloquent Look" demande beaucoup de concentration pour être compris. L’évidence de certaines parties nous fait douter de l’honnêteté du propos du jeune guitariste. On se persuade que l’on a déjà entendu cette phrase ou ce bend, et bien évidemment Jonas Tamas n’invente pas le vocabulaire ni la linguistique propre au guitariste, mais il met en relation les mots et les temps comme rarement. Rien à voir avec la folie baroque de Ron Thal ou l’explosivité de Dave Martone, mais nous tenons là l’œuvre inaugural d’un grand guitariste en devenir. Il faudra plusieurs écoutes avant de se rendre à l’évidence que cette œuvre n’est pas un album de plus de guitariste virtuose, mais bien l’expression d’une forte unicité. Difficile de croire que ce n’est que le premier album de ce guitariste. Jonas Tamas pense aussi sa musique et vous trouverez sur son site Internet un propos sur chacun des titres de cet album.
Cet album aurait tellement mérité un 8.5/10 mais je reprendrai la jurisprudence Proggi qui invite à la prudence justement quant à l’échelle des notations sur un hypothétique meilleur second album. Hypothèse prise avec beaucoup de sérieux au sein de la rédaction de Music Waves car avec Sharp Guitars From A Flat Planet nous tenons pour l’instant l’album instrumental de l’année. - Site officiel
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LISTE DES PISTES:
01. Zenith - 04:52 02. Golden Sun - 05:17 03. Finger Of Fate - 05:05 04. Mosquito Bite - 04:31 05. Tight Squeeze - 05:38 06. I Fell Sorry - 04:35 07. Locrian Locusts - 05:31 08. Streamline - 05:07 09. Eloquent Look - 05:31 10. Stormbeaten - 07:05 11. Conversion - 05:31 12. Escape From The Soulful Eyes - 05:23
FORMATION:
Jonas Tamas: Guitares / Basse / Claviers / Batterie
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