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Après la séparation de 2000, la longue et tourmentée histoire de Trust semblait être définitivement close. En effet, après une première séparation en 1985 et un retour avorté trois ans plus tard, la reformation de 1996 paraissait bien être la dernière chance du groupe de convaincre ses fans de sa volonté de continuer sa carrière. Ce retour avait plutôt bien commencé avec un "Europe et haines" (1996) de qualité montrant un groupe plus posé musicalement mais toujours revendicatif. Malheureusement, les choses se sont gâtées assez rapidement suite à la sortie de "Ni dieu ni maître" en 2000. L’album était pourtant de qualité et dans la lignée de son prédécesseur, mais en raisons de très fortes tensions entre les membres du groupe, notamment entre Nono et Bernie Bonvoisin, il n'eut pas la chance d'être défendu comme il le méritait. En effet, Trust finissait par se séparer rapidement après la parution du disque qui, depuis, est très difficile à dénicher dans le commerce suite à des soucis juridiques.
C’est donc avec une certaine surprise que nous avons appris le retour du groupe en 2006, autour de Bernie Bonvoisin, bien sur, ainsi que Nono et deux anciens membres des années 80. En effet, Bonvoisin semblait tout à sa carrière cinématographique bien loin du rock et de Trust et c’est suite à une proposition de concert du festival des Terres Neuvas que le groupe a remis le couvert une nouvelle fois, un peu pour l’appât du gain et sans doute aussi pour le plaisir de la musique. Suite à la réussite de ce challenge, la formation a redonné quelques concerts fin 2006 avec un Dj dans ses rangs et a proposé plusieurs nouveaux titres, dont le vindicatif « Sarkoland ». C’est donc logiquement que le groupe a poursuivi sur sa lancée en enregistrant un nouvel album, « 13 à table », en incorporant Deck, le Dj, dans sa musique, malgré certaines réticences de nombreux fans.
Ce « 13 à table » se place dans la droite lignée musicale de « Europes et haines » et de « Ni dieu ni maître », montrant une formation toujours engagée et se plaçant musicalement entre rock et scène alternative, très loin du heavy métal et même du hard rock des débuts. Malgré cela « 13 à table » est une belle réussite. Il n’est certes pas facile d’accès pour qui penserait retrouver le Trust originel, mais tant musicalement qu’au niveau des paroles, il est d’une très grande. Le seul petit point négatif vient d’un grand nombre de titres, 15 là où une dizaine aurait donné un disque plus percutant.
Deck est parfaitement intégré au groupe. Ses interventions se mêlent bien à la guitare de Nono et sont peu envahissantes, ce qui devrait calmer les inquiétudes concernant sa présence. Nono, quand à lui, se fait assez discret. Sa performance est toujours de qualité mais est parfois un peu mise de côté au profit du chant de Bernie. Voilà qui est dommage tant son jeu, entre rock et blues, peut se montrer complètement imparable comme par exemple sur le solo et le riff principal de « Venez ».
L’album commencent par le single « Toujours parmi nous », présenté quelques temps avant la sortie du disque alors qu’il s’agit sans doute du titre le plus faible de l’album à cause de paroles trop faciles à la limite de la démagogie. Bernie se contente, sur l’essentiel du titre, de lister une longue liste de personnalités, anciennes ou récentes, plus ou moins martyrs pour une cause avec un refrain assez démago qui plaira aux bobos parisiens. Il ne faut donc pas se fier à ce titre pour juger cet album, le reste étant nettement plus efficace et subtil, avec des paroles et une approche intellectuelle, certes proche d’une gauche assez aisée, mais restant bien ficelées.
Nous noterons en premier lieu une relecture de « Surveille ton look », tiré de l’album « Rock’n’roll » sorti en 1984, dans une version très convaincante, agrémentée des samples de Deck qui lui donnent une nouvelle jeunesse, même si Bernie a un peu perdu en puissance depuis l’époque.
La gouaille de Bernie est intacte même si sa manière de chanter a évolué. Il fait vivre chaque titre à merveille et est l’incontestable leader du groupe sur cet album. Ainsi, il se montre plus posé sur un titre comme « Epistémophilique », dans un registre très soft et mélodique pour un résultat convaincant.
Parmi les très bons titres du disque, nous retiendrons l’émouvant « Promesse osée », le plus enlevé « Tout est à tuer » et son très bon refrain enrichi par les interventions pertinentes de Deck. Ces deux titres traitent des thèmes de prédilection de Bernie : racisme, écologie et respect.
Nous noterons également le très bon « La morsure », véritable tube en puissance, avec des couplets touchants, assez tristes et très engagés, et un refrain entêtant qui devrait avoir un gros succès en concert. Voilà le genre de titre qui vous convaincra que le retour de Trust est une excellente chose et comble un manque réel dans notre scène musicale très formatée.
Malheureusement, « 13 à table » est légèrement handicapé par quelques titres plus faibles et faisant office de « remplissage ». Outre le single évoqué précédemment, « Black blanc beur » est doté de paroles un peu convenues, et reste musicalement peu efficace voire même pénible. Quant à « Après les hymnes », si ses paroles sont splendides, il ne parvient pas à décoller, la guitare étant bien trop en retrait.
Malgré les petits défauts, ce « 13 à table » est une excellente surprise d’un groupe que l’on n’attendait plus forcément à ce niveau d’inspiration. Trust prouve avec brio qu’il faut toujours compter sur lui comme grain de sable musical, et même si la rage de ses débuts s’est partiellement envolée, il compense par une très belle musicalité et une verve intacte qui force le respect. Souhaitons au groupe de réussir à convaincre ses fans d’accepter ses évolutions. Il le mérite amplement. - Site officiel
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LISTE DES PISTES:
01. Toujours parmi nous 02. Epistémophilique 03. Promesse osée 04. Tout est à tuer 05. Venez 06. Psaume 07. Vae victis 08. Surveille ton look 09. Black blanc beur 10. La morsure 11. Que serais-je sans moi 12. Là où je vis 13. Des mots 14. Après les hymnes 15. En apparence
FORMATION:
Bernie Bonvoisin: Chant Bruno (Deck) Le Goff : DJ Farid Medjane: Batterie Ismalia (Iso) Diop : Basse Norbert (Nono) Krief: Guitares Yves (Vivi) Brusco: Guitares
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(2) AVIS DES LECTEURS
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Chroniquer le dernier Trust : aie aie aie. Cet album est un appel à la réflexion : à qui appartient la musique ? A ses compositeurs ou au public ? Des artistes ayant acquis un certain statut peuvent ils disposer comme ils l’entendent du style qu’ils ont créé, des rêves qu’ils ont fait naître auprès de leurs fans ? Peuvent ils décider qu’après tout c’est leur vie, leur inspiration et qu’ils sont donc libres de leurs choix. Cette question, je me la suis posé, en autre, en 1991 avec le « Black album » de Metallica et en 1996 à la sortie d« Europe & Haine ». En 2008, Trust continue dans la voie tracé avec ses 2 précédents opus : il tourne le dos à sa légende passée et se fabrique une nouvelle histoire. En effet, ce nouvel album, joue encore plus à fond la carte de la diversité et de l’ouverture d’esprit. Nous sommes là assez loin de ses bases blues rock / Hard rock, pour évoluer dans un univers très moderne et bien plus métissé. Le résultat ? Passé la première douche froide, force est de constater que le son est énorme et que les compositions se tiennent bien. Au niveau du son, bien plus que l’utilisation d’un DJ, assez discret, c’est la sobriété des guitares qui saute aux oreilles. A aucun moment, Nono ne fait parler la poudre. Il se contente de souligner et d’accompagner le chant de Bernie qui se taille la part du lion. C’est en effet ce dernier qui sort « grand vainqueur » de cet album. Ces textes et son interprétation (« Que Serais-Je Sans Moi ? ») sont indéniablement les points forts de « 13 à Table ». Ces textes qui ont toujours forgés l’identité de Trust, sont là encore présents, quoique que moins immédiats et faciles d’accès que dans les années 80. On a donc là un panel de paroles faisant état de bons sentiments et d’une conscience sociale assez « sage ». Les craintes que l’on peu avoir à l’écoute des paroles… un peu faciles, du single (« Toujours Parmi Nous ») ne sont cependant pas justifiées. Pour ce qui est de la musique, exit le Hard Rock. Trust nous présente, une palette très variée, allant du rock musclé (« Promesse osée », « Tout est à tuer »), aux ballades plus ou moins rapides (« En apparence », « La morsure »), en passant par des titres aux sonorités plus modernes (« Après Les Hymnes »). Le très bon (« Vae Victis » et son intro en forme de dialogue, « En Apparence », « Promesse Osée ») côtoie le plus dispensable (« Black Blanc Beur », « Des Mots »), mais l’ensemble est de bonne facture. Quid de la reprise piège, « Surveille ton look » ? Force est de constaté que l’essai est plutôt réussi. Trust a, à partir de ce classique, quasiment créé une nouvelle chanson (un peu comme ils l’avaient fait en 1988 avec cette même chanson lors d’un de leurs nombreux come back). Le résultat est assez plaisant et suffisamment différent de l’originale pour que l’on n’ait pas envie de crier au sacrilège. En conclusion, un album plus que correct et courageux pour peu que l’on ait un tout petit peu d’ouverture d’esprit.
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Quand on a été fan de la 1ère heure de Trust, il n'est pas forcément facile d'entrer dans ce nouvel univers, moins hard, plus rock tout simplement, voire légèrement rap, avec la présence d'un DJ, qui m'a d'ailleurs fait avoir quelques réticences vis à vis de cette nouvelle formation. J'ai quand même été agréablement surpris par cet album, une bonne dose de rock et de blues, des paroles à la Bernie et des titres qui marquent l'album tels Epistémophilique, Vae Victis, Surveille ton look ou La morsure.
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(1) COMMENTAIRE(S)
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L'album n'est peut être pas sorti ou l'ID spotify n'a pas encore été renseigné ou il n'y a pas d'ID spotify disponible
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LECTEURS:
1.5/5 (2 avis)
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STAFF:
2.5/5 (6 avis)
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