Un événement ? De prime abors, pas tant que ça : les albums de ce dernier des dinosaures sont loin d'être trop rares. Et si celui-ci était le bon ?
Pendant toute la décennie 90, le groupe de Robert Fripp a enchaîné les expérimentations et les délires sonores les plus divers. Le groupe a sorti en dix ans plus d'albums que pendant tout le reste de sa carrière, cas unique pour un groupe des seventies. Néanmoins, cette profusion de disques expérimentaux laissait perplexe. Le groupe semblait nous livrer tous ses essais et aucun travail abouti, une série d'ébauches de l'album final, "the construktion of light" (2000). Bon...
Les deux premiers titres enchaînés de "the power to believe" nous font pénétrer dans une nouvelle ère de l'histoire du Crimson. Finie l'expérimentation désordonnée, mais le son écorché, sophistiqué, radicalement moderne, reste intact. Fripp semble avoir enfin trouvé sa nouvelle équipe, et celle-ci semble enfin mature. Avec la virtuose maîtrise de "Eyes wide open" et la dangereuse émotion des quatre parties de la chanson-titre, King Crimson se rapproche plus que jamais de son état d'esprit des seventies. Ce disque sonne 2003 (et peut-être même plus loin !) mais pense 73. Les multiples clins d'oeils aux fans de la première heure (particulièrement dans "facts of life") ne trompent pas.
D'une construction irréprochable et d'un son rageur, "the power to believe" est un album construit, cohérent et sans taches. Sans conteste, le meilleur album de ce groupe légendaire depuis "Starless"...