SHAKA PONK: Shaka Ponk (ROCK) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Shaka Ponk est une aventure de plus de 20 ans, belle longévité dans la musique pour un groupe. Le combo est devenu au fil des ans la tête de gondole du rock français et a su traverser les frontières tout en mettant d'accord public et médias. Mais voilà, après une longue carrière, Shaka Ponk a décidé d'arrêter. Clap final ou bien faux départ ? Seul l'avenir nous le dira. En attendant, pour clôturer ce parcours musical et d'amitié sort ce sobrement intitulé "Shaka Ponk".

On repassera donc pour l'originalité du titre qui boucle la boucle. La pochette met en avant Sam en mode guerrière déterminée à nous livrer une dernière prestation studio avant d'entamer une nouvelle vie associative. Le singe, icône du groupe, a disparu pour se barrer faire une pige sur le nouvel album d'Extreme. Les habitués de Shaka Ponk ne seront pas surpris de retrouver cette énergie que véhicule le groupe, qui n'a pas perdu de sa superbe malgré les années qui passent ('Alegria'). Il n'a pas son pareil pour mêler esprit rock et mélodie, lui qui a pris, à ses débuts, un peu le relais du rock alternatif de feu Mano Negra par ce mélange des genres (funk, rock, délires).

Avec ce dernier album, Shaka Ponk a voulu faire passer des messages et, pour qu'ils soient compris, l'album comprend plusieurs morceaux écrits et interprétés en français, chose que le groupe n'avait jamais faite jusqu'à présent. C'est peut-être ainsi l'album le plus engagé que le groupe ait proposé, comme s'il avait voulu faire un testament avant de tirer sa révérence. "Shaka Ponk" représente un peu une synthèse de ces 20 années et, pour certains des membres, une croisée des chemins à un âge où on commence à faire le bilan. L'album évoque le système scolaire qui n'en fini plus de se déliter ('13000 heures'), la société de consommation ('D'Essence'), la misanthropie et les réseaux sociaux ('J'aime pas les Gens'). Des sujets très actuels devenus communs, hélas.

Musicalement on retrouve cette touche qui a construit le groupe, faite de passages bien nerveux et modernes avec cette adjonction d'électro festif ('J'aime pas les Gens', sorte de cyber rock) mais aussi de mouvements un peu suspendus comme si le groupe souhaitait faire un focus sur les textes (l'intro 'Je m'avance'). Parmi ces moments, 'Il y a' sonne un peu à part, une sorte de moment électro-acoustique calme et émouvant. Shaka Ponk excelle dans cette recherche mélodique et variée trouvant sa source dans l'alternatif. Même si les compositions reposent sur une architecture classique, la façon dont il les façonne apporte indéniablement un relief particulier. On retrouve parfois des clins d’œil à Noir Desir dans cette manière de haranguer les foules, voire à Led Zeppelin ('Tout le Monde Danse' qui rappelle parfois 'Kashmir').

"Shaka Ponk" met de fort belle manière un terme à une carrière musicale qui a été riche. Même si certains thèmes enfoncent des portes ouvertes, le groupe a voulu cette fois s'y attarder et éveiller peut-être quelques consciences par ces textes en français. Nul doute que les membres continueront d'apporter leur pierre à l'édifice dans cette prise de conscience. Avoir su conserver une telle énergie, cette singularité après autant d'années, on ne peut que saluer l'apport de Shaka Ponk dans le paysage musical français. En gardant secrètement l'espoir que ces adieux soient dans la même veine que ceux d'Aznavour et donc celui d'un retour dans quelques années...
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