Cette deuxième journée du PPM Fest s'annonce très chargée puisqu'elle nous propose plus de 12 heures de musique. La journée démarre donc tôt avec une animation assurée par un violoniste qui reprend des classiques du métal.
Ce sont les belges de Murderset Pieces qui ont l'honneur d'ouvrir cette seconde journée devant un public très clairsemé. Opérant dans un heavy thrash classique le groupe réussit néanmoins à passionner quelques adeptes du genre même s'il ne parvient guère à sortir des sentiers battus. On souhaite en tout cas à cette formation de rejouer rapidement devant un parterre plus large, cela devrait l'aider à prendre confiance.
Devant un public encore peu nombreux les russes de Grenouer ne se laissent pas intimider. Oscillant entre heavy et alternatif, le groupe peine néanmoins à convaincre, la faute à un chant parfois limite dans des tons proches du grunge. Musicalement par contre les ils s'en tirent assez bien et proposent un bon mélange des genres. Si Grenouer n'a sans doute guère marqué les esprits, il faudra lui redonner sa chance dans de meilleures conditions.
Avec Triosphere le niveau monte d'un cran en même temps que le public qui se fait plus nombreux pour écouter le très attendu quatuor norvégien auteur en 2010 d'un excellent "The Road Less Travelled". Evoluant dans un power métal énergique à fortes connotation thrash, Triosphere va lancer cette journée de festival. Porté par sa chanteuse bassiste Ida Haukland au fort charisme et au ton vocal proche d'une Doro Pesch le groupe va se tailler un joli succès grâce à des titres de qualité, taillés pour la scène. En prime il nous offre un inédit de son futur album En cette fin de matinée Triosphere a frappé fort et juste.
Serenity débarque ensuite dans un style bien différent avec un métal symphonique agrémenté de touches progressives. Le groupe est emmené par deux chanteurs, le charismatique Thomas Buchberger et Clémentine Delaunay, arrivée récemment. Thomas a un grain de voix qui rappelle celui de Roy Khan, ancien chanteur de Kamelot. Serenity nous propose un concert fort agréable qui ne présente rien de bien révolutionnaire mais qui se veut bien carré. Il est juste dommage que Clémentine apparaisse un peu en retrait vocalement par rapport à son partenaire. Néanmoins avec de jolies chansons comme 'The Matricide' ou 'Velatum' le groupe se paye un joli et franc succès. Il faudra suivre leur évolution de près tant il semble avoir les armes pour se faire un nom dans le milieu métal symphonique.
Un petit changement a lieu ensuite dans le programme prévu suite à l'annulation tardive d'Equilibrium. Le festival a dû trouver une solution d'urgence locale avec l'ajout de The Black Tartar Clan. Local car contrairement à ce que laisse croire la tenue des 6 musiciens, tous en kilt avec drapeau écossais, le groupe est belge et rend hommage à la culture bretonne au travers d'un rock folk teinté de punk et de métal assez décoiffant. Le groupe réussit son pari et s'impose dans un événement métal. Il met même le feu transportant le public dans un fest-noz explosif.
Borealis, groupe canadien, nous propose par la suite un heavy métal teinté de power dans la lignée de ce qu'aime proposer le festival. Sa musique comporte une petite facette progressive mais pas trop technique aux claviers. Malgré le manque flagrant d'originalité du groupe qui rappelle souvent Masterplan, le concert est sympathique et rencontre un beau succès. Le mérite en revient surtout au chanteur Matt Marinelli dont le chant grave et rempli de feeling apporte beaucoup aux titres.
Le ton change encore avec l'arrivée d'Emergency Gate, groupe allemand originaire de Munich, qui évolue dans un métal moderne teinté de core et death métal mélodique. Dans l'esprit des albums récents de In Flames, la formation ne manque pas d'énergie pour se faire connaitre et tenter de sortir de la masse d'un genre très balisé. Ses aspects accrocheurs auront sans doute séduit une partie du public mais il est difficile de croire que cette formation pourra devenir autre chose qu'un sympathique outsider.
Avec l'arrivée de Masterplan le niveau monte d'un cran. Le groupe de Roland Grapow, toujours accompagné du bassiste Jari Kainulainen, est très attendu des amateurs de heavy métal mélodique racé. Armé d'un nouvel album, "Novum Initium", Masterplan nous dévoile aussi son nouveau line-up avec Rick Altzi au chant en remplacement de Jorn Lande. Et cette petite bande va délivrer un solide concert basé presque complètement sur leur premier disque référence éponyme avec pas moins de 6 titres joués contre un seul pour le nouvel album. Bien que le groupe ait joué le sécurité à l'extrême, le public passe un bon moment, Grapow est toujours fluide et précis à la guitare et avec le sourire il délivre riffs et soli emplis de doigté et de finesse. Au chant Altzi parvient à bien reprendre les titres de Jorn Lande et même s'il n'a pas la même puissance vocale, son ton grave fait merveille au détour d'un 'Crimson Rider' ou d'un 'Enlighten Me'.
Evregrey est de retour au PPM Fest deux ans après son premier passage sans pourtant avoir de nouvel album à promouvoir. Ce détail ne gênera pas un public friand du métal progressif à tendance dark des suédois tant il est le cœur de cible parfait du festival. Evergrey va délivrer un excellent concert permettant de continuer la montée en puissance entamée avec Masterplan. Guidé par un Englund à la fois mystérieux et charismatique qui incarne parfaitement le côté sombre du groupe, les musiciens nous font plaisir tout le long d'un très bon concert. Le propos est parfaitement maîtrisé, servi par un son clair et puissant qui rend hommage aux très bons titres du groupe. Il reste à présent à attendre impatiemment un nouvel album pour les revoir rapidement en tête d'affiche.
Rage est aussi de retour au festival 3 ans après sa première participation. Il a sorti récemment un très bon disque avec le "Lingua Mortis Orchestra" mais il vient ici proposer sa facette métal à l'image du backdrop mettant à l'honneur 21 sorti début 2012. Et comme le rappelle Peavy Wagner, le bassiste chanteur historique de la formation allemande, le groupe qui fête ses 30 ans va offrir un concert purement heavy en piochant dans pas moins de 7 albums du groupe dont "Secrets In A Weird World" sorti en 1989. Ce concert sera un pur bonheur pour les amateurs de heavy mélodique car Rage se montre au sommet de son art. Le chant de Peavy est clair, puissant et mélodique tandis que son compère Victor Smolski nous régale de son art à la guitare sans trop en rajouter restant accessible dans sa technique impeccable. Auteur d'un des meilleurs concerts de la journée, Rage a frappé très fort en cette fin d'après-midi et placé la barre très haute pour ses successeurs.
C'est Amorphis qui enchaîne et qui va frapper tout aussi fort. Riche d'une belle carrière et auteur ces derniers années d'excellents albums, le groupe finlandais nous fait partager sa richesse musicale, faite de folk, de heavy et de death métal Au chant Tomi Joutsen passe du growl furieux au chant clair cristallin avec une aisance impressionnante et au travers de ce très bon concert Amorphis revisite sa carrière en faisant une belle place aux titres récents. Ainsi 'Shades Of Grey' et 'Narrow Path' issus de leur très bon dernier album "Circle", 'Skyforger' et 'Sky Is Mine' de l'album "Skyforger" et 'House Of Sleep' d'"Eclipse" nous prouvent que la discographie récente du groupe est brillante et lumineuse. A côté on retrouve les pépites des temps anciens comme l’envoûtant 'My Kantele', toujours aussi passionnant ou 'Black Winter Day' extrait de l'historique ''Tales From The Thousand Lakes" quand Amorphis penchait encore essentiellement du côté death métal. Dans cette optique le groupe nous ressort aussi un titre de ses débuts et ce côté purement death qui met une bonne claque à l'assistance. Au final Amorphis confirme qu'il est devenu une belle référence à la fois sur scène et sur disque, son concert restera aussi dans le top des meilleurs de ce week-end.
En offrant sa tête d'affiche à My Dying Bride le festival prend un risque similaire à 2013 quand Behemoth avait clôturé la journée devant un public restreint. Similaire car la musique des anglais est difficile d'accès, leur doom death funèbre risquant de ne pas faire l'unanimité, surtout après deux concerts mélodiques et rapides. Et malheureusement comme en 2013 seul un public d'adeptes restera pour assister à la prestation complète du groupe, les curieux désertant rapidement la salle après quelques morceaux. Il faut dire qu'Aaron Stainthorpe, chanteur au charisme toujours aussi impressionnant, n'a pas choisi la facilité en nous faisant plonger dès le premier titre dans un univers sombre et crépusculaire, donnant au concert des allures de messe doom incantatoire. Les amateurs auront vibré le long des 8 titres joués durant cette heure d'une rare intensité. Le groupe est allé piocher dans 7 de ses 11 albums studios pour construire son concert, remontant à ses débuts jusque son dernier album, "A Map Of All Our Failures". Il n'y avait certes plus grand monde à la fin du concert, moins de 200 personnes sans doute, mais les amateurs auront apprécié ce final dantesque et prenant.
Ceci clôt une belle seconde journée, faite de découvertes et de grands concerts. A l'avenir le PPM Fest devra se poser la question de programmer en tête d'affiche des groupes extrêmes et difficiles d'accès mais cela prouve aussi sa grande ouverture d'esprit.