Salut Mike, vous allez jouer ce soir à la Cigale. Comment te sens-tu quelques minutes avant d’entrer sur scène ?
Mike Mushok : Hum, je me sens bien, même si ça a été une longue journée et nous avons eu besoin de quelques minutes pour nous calmer en raison d’un vol difficile, sans compter les interviews, les prises de son, aller à l’hôtel… on a couru un peu partout !
Et de façon plus précise, concernant ce concert. Quelle est votre relation avec le public français ?
J’espère qu’elle est bonne (Rires) ! Il y a quelques années, nous avons fait de concerts fantastiques ici, mais comme ça fait pas mal d’années que nous ne sommes venus ici, tu vois ce que je veux dire ? J’espère que toutes les personnes reviendront et seront aussi excitées que par le passée.
De façon plus générale, comment le public a accueilli ce nouvel album ?
A ce jour, il semble que l’accueil a été très bon. Je pense que ce nouvel album est fait pour être joué sur scène. C’est l’album le plus agressif que nous ayons pu faire depuis longtemps. Nous jouons beaucoup de titres issus de cet album, nous prenons vraiment beaucoup de plaisir à le jouer et les retours sont également très bons. Comme je te l’ai dis, ces chansons sont vraiment faîtes pour la scène.
Tu dis que cet album est le plus agressif que vous ayez pu faire depuis longtemps. Pourquoi ce retour aux sources au même titre que la pochette d’ailleurs ?
Tout à fait, tout à fait… Tu sais, je pense que nous sommes allés -et en particulier dans le dernier album- dans une direction très éloignée de l’endroit d’où nous venons et pourquoi nous avons commencé. De plus, comme nous l’avons toujours dis, nous ne voulons pas nous répéter, nous voulons essayer de changer, nous voulons essayer de grandir et les derniers albums, et en particulier le dernier, je pense que c’était de la pure expérimentation et très différent pour nous : de différents styles de musique, de différentes instrumentations. Je l’adore et j’ai vraiment pris beaucoup de plaisir, mais je pense qu’après avoir pu enregistrer et avoir été capable de sortir un tel album, nous nous sommes dis qu’il était temps de revenir à nos sources.
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Et concrètement, qui a décidé ce retour aux sources ?
Aaron me le demandait depuis un bout de temps déjà. Il voulait déjà le faire dès le précédent album, mais j’avais déjà écrit la plupart des titres. Mais après l’enregistrement, je lui ai dis : "Ok, je pense que tu as raison : essayons de faire ça !". Ca faisait longtemps qu’il demandait ça (Rires) mais il fallait qu’on décide ensemble quand nous allions le faire !
Et pourquoi avoir choisi d’appeler ce 7e album : "Staind"? Un manque d’inspiration ou juste parce que vous considériez que cet album est celui qui correspondait le plus à l’image du groupe ?
Ouais, c’est ça ! C’est vraiment parce que le son revient vraiment à nos sources et pourquoi nous avons commencé ce groupe…
Et êtes-vous fiers du résultat ?
Ouais ! Cet album a été compliqué à faire mais au final, quand il a été terminé, nous nous sommes assis et l’avons écouté : on peut dire que nous avons été très fiers de ce que nous avions accomplis. Je pense que nous avons atteint le but que nous nous étions fixés à savoir un album agressif du début à la fin. Oui, nous sommes fiers des chansons de cet album !
Dans ces conditions, comment expliques-tu que, quelque soit la musique que vous fassiez, les fans vous suivent toujours, comme le prouve le bon classement dans les charts américains du single "Not Again" ?
Je ne sais pas (Rires) ? En fait, tout le long de notre carrière, nous avons toujours écrits pour nous-mêmes, une musique que nous apprécions vraiment, que nous aimons jouer, et nous avons la chance de pouvoir faire ça et que les gens l’aiment aussi. Je suppose que ces chansons sont en quelque sorte connectées aux gens et leur font du bien, donc je suis content et fier de ça !
A ce propos, es-tu responsable de l’écriture des parties musicales ?
Ouais, ouais…
Et comment as-tu compose cette fois-ci ?
Comme d’habitude en fait : je prends juste ma guitare et je joue jusqu’à ce qu’arrive à quelque chose que je considère comme bon… puis j’enregistre tout ce que je fais. Et quand vient le temps de faire album, je réécoute tous ces passages enregistrés sur cassettes (Rires) et je prends tous ceux que je considère comme sortant du lot, j’essaie de faire quelques arrangements. Et donc, quand il est temps de faire un album, je propose ces matériels aux autres membres et nous voyons ce qu’ils aiment. Et quand nous nous décidons, nous nous mettons à travailler en groupe, ajoutons de la batterie et de la basse, et quand nous les avons arrangés, nous les enregistrons. Et c’est seulement après que nous ajoutons les mélodies et les paroles.
Et que deviennent les matériels non retenus ?
C’est une bonne question (Rires) parce qu’il y en a de très bons ! En fait, de mon côté, j’ai pas mal de projets : par exemple, j’essaie de faire des musiques pour des films et j’essaie de travailler avec d’autres musiciens et peut-être que nous utiliserons ces matériels non retenus parce qu’il y en a beaucoup.
Et c’est un projet sur lequel tu travailles actuellement ?
Ouais… Mais je ne peux pas vraiment en parler parce qu’il y a beaucoup de choses que j’aimerais faire mais rien de concret, sauf un projet avec un chanteur. Ca pourrait être cool, on s’est vu il y a quelques semaines, mais je n’ai pas eu de nouvelles depuis donc qu’il a changé d’avis (Rires) ! Non j’aimerais bien faire ces choses-là parce que nous allons bientôt avoir plus de temps libre avec le groupe et voilà…
Et un album instrumental fait partie de ces projets ?
Non, non ! Je veux dire que je pourrais si je le voulais, mais je ne pense pas que ce genre d’album… Mais bon, il ne faut jamais dire jamais, mais au moment où je te parle ce n’est pas ce que je souhaite faire…
… notamment aussi en raison du fait que les matériaux que tu as écris à la base pour Staind ne sont pas fait pour être des titres instrumentaux ?
Ca pourrait ! Je pense que tout dépend de la façon dont tu interprètes. Tu vois ce que je veux dire ? Mais ce n’est vraiment pas ce vers quoi je veux me diriger. Mais ce qui est amusant, c’est qu’avant Staind, j’ai joué des années sans chanteur parce que je n’en trouvais pas, donc on peut dire j’ai fait de l’instrumental (Rires) !
Mais quelques fois, quand tu commences le processus d’écriture d’un nouvel album, n’as-tu pas l’impression que tout a été dit et écrit dans un style musical dans lequel vous jouez depuis des années maintenant ?
Bien sûr, bien sûr, je comprends parfaitement ce que tu veux dire. Ce que je fais pour sortir de cela et ne pas avoir ce sentiment, j’utilise différentes tonalités sur mes guitares et je joue avec une guitare baryton qui est une guitare avec une tonalité plus basse en-dessous. Donc, même si je joue quelque chose de semblable, il sonne différemment parce que je joue plus bas avec différents voix et tonalités. Tu vois ce que je veux dire ? C’est vraiment ce qui me donne l’inspiration : utiliser les tonalités de la guitare différemment, ça t’ouvre de nouvelles possibilités que ne pourrait pas te donner une guitare standard !
Et qu’avez-vous prévu de faire dans le futur ?
Nous terminons notre tournée en Europe la semaine prochaine, puis après quelques concerts au Texas, nous allons nous reposer. Puis après Thanksgiving, de la fin de Novembre jusqu’à Noël, quelques concerts aux Etats-Unis. Puis l’année prochaine, nous allons jouer en Australie, Nouvelle Zélande en février, et nous reviendrons aux Etats-Unis pour faire notre propre tournée en tant que tête d’affiche, puis de nouveau en Europe, pour des festivals en juin. Puis nous deviendrons continuer de tourner dans d’autres pays et à un moment donné, il sera temps de refaire un nouvel album… Donc, nous allons continuer notre petit bonhomme de chemin et dans le même temps, de mon côté, je vais essayer de voir si je ne peux pas faire d’autres choses (Rires)…
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Si tu devais choisir un titre de la discographie pour faire découvrir Staind à quelqu’un qui ne connaîtrait pas le groupe, quel titre choisirais-tu et pourquoi ?
Oh, je dirais toutes nos chansons ! Je n’en ai aucune idée parce que… je veux dire qu’il y a tellement de chansons qui sont si différentes, que ce soit "The Corner" du dernier album, qui est vraiment très jolie et calme, et d’autres chansons dans un esprit plus proche de "Paper Wings"… C’est vraiment difficile de répondre ! Le truc, c'est que beaucoup de nos chansons qui ont marché sont des chansons calmes, mais je pense que nous sommes plus un groupe de rock, un groupe heavy que l’inverse, mais nous pouvons faire les deux, en fait. Mais pour répondre à ta question : je ne sais pas ! "For You" peut-être ? Je ne sais pas…
Quel est ton meilleur souvenir de musicien ?
Hum… tu sais la chose qui revient toujours, c’est quand "Break The Cycle" est sorti aux Etats-Unis. C’est une chose à laquelle je ne m’attendais pas. Nous n’avions pas l’objectif de faire ça, nous n’avions jamais pensé que ça arriverait… et ça nous a vraiment pris par surprise quand c’est arrivé !
Et vous avez eu, ou vous vous êtes mis une pression particulière, lorsque vous avez écrit l’album suivant ?
Ouais, parce que nous n’avions aucune pression pour "Break The Cycle". Nous avons fait notre premier album sous le label Dysfonction et tout le monde s’en foutait : nous l’avons enregistré en 20 jours et quand le produit avait été terminé, quand nous leur avons donné, ils nous ont juste dis : "Oh super !" et ils l’ont sorti et on a vendu des millions de copies à la grande surprise de tout le monde. Et concernant la pression pour enregistrer le successeur de "Break The Cycle", la pression était là mais nous avions l’expérience. Après c'est devenu pire ! "14 Shades Of Grey" était un album difficile à faire car difficile à terminer. Nous étions arrivés à un point d'avancement et tout le monde piétinait et cela devenait difficile à terminer. La production de cet album nous a finalement surpris. A ce niveau nous ne savions plus s'il fallait encore écrire. Nous avions 10 titres et finalement nous leur avons envoyés le tout et l'album était fait. C'est dommage de ne pas avoir pu faire autrement.
Une autre souvenir doit -je suppose- concerner ton initiation à la guitare avec Tony McAlpine. Comment était-ce de travailler avec un tel génie musical ?
Oh oui, il est extraordinaire ! C’est un musicien extraordinaire ! Nous nous sommes rencontrés à Springfield, une petite ville. Ma mère était son professeur de mathématique. J’avais 14 ans et il est venu presque une année, mais je me rappelle qu’au bout de 6 mois de leçons, il est venu chez moi et a jammé… Il a définitivement changé ma vie. Il m’a donné envie de jouer de la guitare et d'avoir des capacités dans ce domaine. On devait s’exercer entre une à dix heures par jour (Rires)… C’est juste un mec super talentueux !
Qu’est-ce que ça te fait de le voir jouer avec des virtuoses comme Steve Vai ?
Quand il a quitté Springfield, il a signé dans le label Shrapnel pour faire des albums instrumentaux et en fait, il m’a demandé de jouer dans son groupe une fois, mais ça n'est jamais arrivé. Il avait trouvé un chanteur et cherchait un autre guitariste et m'a appelé… J'aurai aimé que cela se concrétise mais il a décidé d'ajouter un claviériste et ça ne s’est jamais fait. Je lui en ai parlé il y a quelques années à Los Angeles, il jouait un concert et à la fin du concert, je lui ai dis : "Hey Tony !", il m’a répondu : "Mike !", c’était cool de le voir, c’est un bon mec !
On a évoqué tes meilleurs souvenirs, au contraire, quel pourrait être le pire ?
Je dirais probablement quand nous avons joué au festival de Leeds il y a quelques années. Nous sommes arrivés sur les côtes anglaises et nous sommes restés une éternité aux douanes, si bien que nous avons commencé le concert en retard. Et j’étais parti pour jouer la première chanson d’un concert qui devait être très heavy et je ne sais pas ce qu’il s’est passé, tout le long de cette chanson, un son totalement hideux sortait de mes enceintes. Nous n’avions aucune idée de ce que cela pouvait être, nous avons essayé de passer outre, j’ai changé de guitare, je ne sais pas si c'était le câblage, les plugs, j'ai changé 16 fois d'entrée… Rien n’y faisait, si bien que nous avons fini par faire un concert acoustique, un concert acoustique en entier alors que nous avions prévu de faire un concert super heavy (Sourire)… Avec le recul, je me rends compte que nous avons réussi à passer outre, mais c’est définitivement, le pire jour que j’ai pu avoir.
Mais après coup, c’est une bonne expérience amusante ?
C’est le cas et on a surmonté l’épreuve, mais je veux dire que ce n’est pas amusant du tout. J’étais vraiment dépassé (Rires) !
Que voulais-tu faire gamin ?
Ca… aussi longtemps que je m’en souvienne : jouer de la guitare !
Donc, tu dois être fier de ce que tu es devenu ?
Ouais, bien sûr !
Quelle est la question qu’on t’a trop souvent posée ?
Tu sais, celle qui revient souvent est de savoir d’où vient le nom Staind…
Je suppose que la question concernant le départ de Jon revient souvent actuellement. Tu n’en as pas marre ?
Non, c’est ainsi et puis c’est tout !
Même chose concernant la question relative au style de Staind, entre alternative-metal, neo-metal ou post-grunge?
Tout ça, c’est des trucs de label. Pour moi, nous sommes juste un groupe de rock, tu vois ce que je veux dire ? Je ne sais pas, on a fait beaucoup de choses différentes : cet album est plus agressif, un son plus metal qu’auparavant. Pour le précédent, ce n’était pas le cas du tout, donc je dirais juste que nous sommes un groupe de rock !
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On a parlé de la question qu’on t’avait trop souvent posée, au contraire, quelle est celle que tu voudrais que je te pose ?
Oh, je ne sais pas. Je ne sais vraiment pas (Rires) !
Allez, le mot de la fin: que souhaiterais-tu dire aux lecteurs Music Waves, et peut-être en français ?
Si je connaissais un seul mot de français, je le dirais en français (Rires) ! La seule chose que je connaisse en français, c’est (en français dans le texte) : "Merci". Mais je voudrais remercier les fans parce que nous comprenons que sans eux, nous ne serions pas là. Nous ne pourrions pas faire ça et nous apprécions ça et nous les apprécions et nous nous sentons très chanceux d’être là où nous sommes.
Merci beaucoup…
Merci, j’ai beaucoup apprécié !
Un grand merci à Karine de Roadrunner et Mr Blue pour son aide !
Plus d'informations sur https://hereandnow.staindofficial.com/