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TITRE:

YANN ARMELLINO (27 AVRIL 2011)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

BLUES



Pour la sortie de son deuxième DVD pédogogique, Yann Armellino a répondu aux questions de Music Waves.
NUNO777 - 27.06.2011 -
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Depuis la dernière interview, faite par Struck en Octobre 2010, que s’est-il passé pour toi ?
Oui tout à fait je m’en souviens très bien. Depuis cette dernière interview j’ai un nouvel album qui est sorti. Nouvel album assez court dans l’idée…

Revisited ?...
Voilà tout à fait… Que j’ai voulu enregistrer assez rapidement pour présenter des choses assez différentes de mon répertoire, donc une relecture de ce que j’avais l’habitude de jouer et qui est arrivé, pour moi, à maturité. Des choses jouées dans les conditions du live pour avoir une énergie assez palpable et des clins d’œil à des gens que j’aime beaucoup comme Robert Johnson avec Crossroad, Kiss ou Imagine de Lenon…

Tu es allé chercher le patrimoine blues avec Johnson…
Oui, tout à fait…

Il y a quand même une partie pure création qui côtoie les reprises…
Oui je fais souvent ça dans mes albums et là c’est un peu plus poussé on va dire.

Par rapport à ton projet avec Chris Caron, est-ce que tu comptes donner une suite à Y&C ?
Oui, normalement oui. Maintenant c’est un peu dans ses mains parce que je lui ai envoyé de quoi faire quasiment un nouvel album. C’est en cours, on va dire, et après dans combien de temps je ne peux pas le dire car je n’ai pas toutes les clés en main.

J’avais fait la chronique du DVD pédago « Je Suis Guitariste ». Je crois que le deuxième est sorti ?
Oui il est sortit il y a dix jours. Les changements par rapport au premier DVD… ce sont la même façon d’enseigner, la même philosophie pédagogique. C’est une continuité sans l’être en fait car il n’y a pas une différence de niveau, c’est pas plus compliqué, le choix des titres est bien entendu différent. Je pense qu’il est mieux réalisé dans les prises de vue…on commence à être un peu plus rôdé et ça se sent vraiment. Il y a peut être une plus grosse part laissée à la guitare acoustique par rapport à la guitare électrique alors que dans le premier c’était un peu l’inverse. Et puis on a essayé de piocher toujours dans un répertoire assez éclectique qui va du rock au hard rock, à la pop…j’ai pioché un peu dans l’inconscient collectif, pour proposer des choses très différentes qui peuvent parler à plusieurs générations, c’est très important. Toujours avec le cd de play-back, le DVD plus le livret.

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Pour rester dans cette thématique, je sais que tu donnes pas mal de cours. Selon toi, quelles sont les qualités pour être un bon prof de guitare ?
C’est surtout l’écoute. Etre à l’écoute de ce que l’élève ou les gens souhaitent apprendre, et finalement de bien suivre et ne pas le brider dès le début. Quand ce sont des gens plus confirmés il faut mettre plus l’accent sur les petits problèmes qu’ils peuvent avoir, l’interprétation, le rythme…

En général les élèves arrivent avec une idée bien précise de ce qu’ils veulent faire à la guitare ou est-ce qu’ils se laissent porter ?
C’est moitié-moitié on va dire. Parfois les gens arrivent avec une idée bien précise mais c’est à toi aussi de les recadrer suivant les faiblesses entre guillemets qu’ils peuvent avoir. Puis il y a les gens qui partent de pas grand-chose et qui veulent apprendre plein de choses. C’est à toi de faire en sorte de leur donner l’envie…et d’y aller progressivement. Jamais perdre de vue l’aspect ludique de la pédagogie…on est là pour prendre du bon temps. Ne jamais, jamais perdre de vue cela.

Est-ce que tu vois dans la pratique le « se faire plaisir et mettre la théorie de côté » qui est de plus en plus tendance ?
Oui un petit peu, tout à fait.

Il y a des gens qui viennent te voir en te demandant : « j’aimerais lire la musique »…
Non ça jamais. Je veux jouer, je veux me faire plaisir, je veux apprendre un titre, c’est plutôt ça…

Tu fais travailler la guitare aux autres, mais toi ? Comment pratiques-tu ?
Et bien je continue à pratiquer et presque malgré moi j’ai envie de dire. Quand on te demande de faire des choses dont tu n’as pas l’habitude, que ça soit pour des participations comme avec Guitar Part par exemple, t’es toujours obligé de te remettre à niveau, d’apprendre des nouvelles choses, d’aller voir dans des répertoires que tu n’aurais peut être pas abordé si on ne te l’avais pas demandé. Et tout ça, à l’arrivée, c’est très enrichissant et la musique est un des domaines où tu peux encore apprendre tous les jours presque et c’est vachement sympa.

Quel est le matériel que tu utilises en studio, en live ?
Comme son c’est très simple, je suis équipé Ibanez pour la guitare. Ce sont des guitares très vintage dans l’esprit avec deux micros double. C’est le modèle Darkstone que j’utilise…

Tu utilises quels micros ?
Ce sont des micros Ibanez. J’étais équipé en Seymour Duncan mais là j’ai gardé les micros d’origine car je trouve qu’ils sonnent super bien.

Et en effet ?
Alors en effet je n’en ai pas, juste un petit delay de confort.

Sur le disque Gimme The Sound, le morceau After Hour fait très penser à l’esprit fusion de Steve Lukather. Que penses-tu du guitariste ?
J’aime beaucoup, très polyvalent, extrêmement talentueux… il est capable de jouer le botin quoi.

Tu as eu l’occasion d’écouter le dernier album ?
Oui, je l’ai trouvé bien, vraiment. Et puis c’est un très bon chanteur en plus, il ne faut pas l’oublier.

Tu te nourris un peu de son jeu, il t’influence ?
Oui et non car je l’ai beaucoup écouté donc naturellement ça t’influence. Maintenant je n’ai pas énormément piqué ses plans mais je reconnais que c’est un grand quand même.

Pour rester dans les grands guitaristes mais avec une nouvelle un peu plus triste, le décès de Gary Moore. Qu’est-ce qu’il évoque pour toi ?
Déjà il a beaucoup apporté au milieu du hard rock car il a permis de démocratiser le blues je trouve. Je pense qu’il y a beaucoup de hard rocker qui se sont intéressé au blues grâce à lui. On lui doit déjà ça. Ensuite il a un grand feeling, et c’est bon chanteur aussi…je crois que c’était quelqu’un de généreux musicalement. On a perdu quelqu’un de valeur, vraiment.

Est-ce qu’on ne se sent pas trop seul quand on est guitar-hero en France ?
Non parce qu’on n’est pas tout seul quand même, il y a Patrick (NDLR :Patrick Rondat) qui est toujours là…

Trouves-tu le terme approprié ?
Non… pas trop. Pas trop du tout même. Pour moi guitar-hero c’est un terme générique qui ne veut pas dire grand-chose et puis je n’ai surtout pas la prétention d’en faire partie. Pour moi dans les héros de la guitare il y a Hendrix et Van Halen. Après on est de rigolos quand même.

Tu as exploré le blues et le rock, penses-tu explorer d’autres territoires musicaux comme le jazz, le métal plus lourd ou même des musiques plus folkloriques ?
Non c’est vrai que je n’aime pas trop le jazz, les musiques plus folkloriques…et puis le métal plus lourd, jouer des guitares sept cordes ça m’attire pas non plus… Je n’ai pas fait le tour de la question…le hard rock, la pop en général… il y a tellement de choses.

Joe Satriani par exemple a été voir du côté de la musique électro…
Oui c’est vrai et ça peut me tenter déjà plus. J’écoute pas mal d’électro et je trouve qu’il y a un côté rythmique et des grooves qu’ils n’y a pas dans le jazz par exemple. Après il y a jazz et jazz mais ce n’est pas un genre qui me parle des masses.

Est-ce que tu aimerais rejoindre un groupe établit ou préfères-tu rester définitivement seul ?
Non, non, si ça se présentait et si le groupe me plaisait pourquoi pas. Je suis ouvert à tout. C’est suivant les rencontres que tu peux faire, les propositions que tu peux avoir. Ca dépend, pour l’instant ça ne s’est pas présenté. On ne sait jamais, mais je ne suis pas fermé en tout cas…

Qu’es-ce que tu écoutes en ce moment ?
Alors en ce moment j’écoute… c’est tout frais, j’ai écouté hier l’album de Hugh Laurie et j’ai trouvé ça très sympa, très frais. Sinon depuis un certain temps j’écoute l’album de Joe Elliot de Def Leppard qui s’appelle Down ‘n’ Outz qu’il a enregistré avec tous les membres des Quireboys et il a fait un tribute à Mott The Hoople, groupe anglais des années 70. Je trouve ça très réussi. Qu’est ce que j’ai écouté d’autre… si j’ai beaucoup aimé l’album de Michael Monroe. Pas mal du tout.

Comment évoluent tes gouts musicaux au fil des années?
C’est fonction de ce que je peux découvrir, il y a tellement d’accès pour découvrir des nouvelles choses. Il y a toujours ce que j’écoute de manière récurrente, des groupes que je suis au fur à mesure qu’ils sortent des albums comme Def Leppard. Mais sinon je ne sais pas si on peut vraiment parler d’évolution parce que je me suis trouvé musicalement même si je suis très éclectique dans ce que je peux écouter. Mais c’est vrai que je n’écoute pas de musique orientale par exemple, le jazz à la guitare tout ça… autant le vieux jazz, Miles, ça me parle. Le piano en jazz ça me parle beaucoup plus que la guitare. C’est marrant la guitare est un instrument qui me parle pas vraiment en jazz.

En même temps que les ventes de disque se sont effondrées il y a une offre de la presse musicale, des webzines et de master classes qui s’est bien développée. Comment tu vois l’outil internet dans son approche de la musique ?
Je le vis très dangereusement quand même. On est dans un système qui fait que pour toute une nouvelle génération la musique c’est du gratuit. C’est vraiment problématique. Nos ventes ont été divisé par deux, voire par trois ou quatre par rapport à ce qu’on faisait il y a quelques années. C’est un gros souci quand même et je ne vois pas les choses évoluer dans le bon sens actuellement. Faut apprendre à vivre avec. Alors il y a les offres légales comme Deezer qui sont du streaming pour écouter mais ce sont des gros juke box gratuits avec lesquels tu peux écouter gratuitement sans acheter à l’arrivée. Même si on est un tout petit peu rémunéré dessus c’est très dur. J’espère qu’il y aura des accords qui vont être trouvés par la Sacem, mais on n’en est pas encore là.
Et puis le mode de consommation légale n’est pas encore entré dans les mœurs aujourd’hui même si c’est en train de muter. Quand aujourd’hui tu décides de composer un album tu dois te poser la question car la tendance n’est plus de vendre un album mais des titres. Il faut peut être que nous, compositeurs, qui sommes au début de la chaine, ne réfléchissions plus en tant que disque comme entité mais en tant que titres et là ce n’est pas pareil. C’est aussi un moyen de repenser la création.

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Donc pour toi il est plus dur de vivre de sa musique aujourd’hui ?
Oui je pense. Ca devient plus compliqué, il faut faire plus de choses, avoir plus de cordes à son arc. Il faut être un peu multicarte sinon tu as du mal à t’en sortir.

Donne-nous des nouvelles de ton label Why Not ?
Il est complètement en sommeil en ce moment car Nocturne ayant déposé le bilan et étant notre distributeur c’était la seule rentrée d’argent à laquelle on pouvait prétendre. On a pas mis la clé sous la porte mais il est évident que pour l’instant il ne se passe rien. Ca reprendra peut être, ça ne reprendra pas, il est un peu tôt pour le dire…je ne sais pas. En plus je ne suis pas le seul décideur dans l’histoire, on est même quatre…mais c’est vrai que quand tu perds ton fournisseur principal tout est très fragile.

Tu comptes poursuivre dans cette activité ?
Oui vraiment, si on avait les moyens de la faire perdurer, si on pouvait continuer, bien sur. C’est une grande finalité de permettre à des artistes de sortir leur album. J’aurais bien aimé que ça continue mais dans de bonnes conditions. Mais Nocturne n’est pas le seul label à être dans la difficulté, il y a beaucoup de labels qui survivent plus aujourd’hui qu’ils ne vivent vraiment bien. C’est pour ça que quand on parlait de mutation des métiers, de la musique, ce n’est pas seulement les artistes c’est aussi toute une industrie qui devient très fragile au fur et à mesure du temps. Maintenant on n’est pas les seuls à être touchés par la crise. C’est un peu l’ambiance générale qui est dans ce goût là. On est loin de l’âge d’or du cd d’il y a 10 ans, vraiment.

La question qu’on te pose le plus souvent ?
C’est surement avec quel matériel je joue et mes influences…

Et la question que tu aimerais que je te pose ?
Euh, je ne sais pas…quelles séries regardes-tu en ce moment par exemple…

Alors, quelles séries regardes-tu en ce moment Yann ?
(Rire) Bah écoutes j’ai trouvé Mad Men vachement bien. C’est une série américaine donc, qui traite des publicitaires dans les années 60 aux Etats-Unis. C’est une belle photographie de toutes ces années, c’est magnifiquement joué et filmé. J’ai beaucoup aimé Damages, la nouvelle saison avec Glenn Close. Tu connais ou pas ?

Non, je ne suis pas très série…
Il y a une série qui est très réussie aussi c’est Sons Of Anarchy, l’histoire de cette tribu de bikers aux USA assez délirante et bien réalisée…et bien voilà pour les séries… (rire)

Je vais te laisser le soin de clôturer cette entrevue.
Salutations à tous les lecteurs et n’oubliez pas d’acheter également tout ce qu’on fait. C’est malgré tout important et il faut marteler ce message avant que tout ça ne devienne de l’histoire ancienne. Je n’ai pas envie que l’on parle de ce métier au passé et qu’on dise « ah c’était bien les cd ». On n’en est pas encore là mais ça m’effraie un peu. Et puis allez aux concerts, c’est super important.


Un grand merci à Mr Blue pour ses questions et à Struck pour s’être gouré dans la date de l’interview...


Plus d'informations sur http://www.yannarmellino.com/
 
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