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TITRE:

TALC (06 MARS 2025)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

ROCK PROGRESSIF



Avec "Talc III", TALC nous embarque dans une odyssée musicale entre space rock, post-prog et psychédélisme. Le trio lausannois revient sur la genèse de cet album et ses nouvelles explorations sonores.
NEWF - 26.03.2025 -
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Trois ans après "Talc2", le trio lausannois TALC revient avec "Talc III", un album qui plonge encore plus loin dans les méandres du space rock et du post-prog. À travers cette interview, le groupe nous dévoile les coulisses de sa création et son approche toujours plus immersive.


Nous vous avions interviewés en décembre 2021 à l’occasion de la sortie de "TALC II". Nous vous retrouvons à peu près trois ans plus tard à la faveur de "TALC III". Question logique, quelle(s) vie(s) a eue(s) TALC pendant cette période ?

Hervé : D’abord, un grand merci de nous ouvrir à nouveau les colonnes de MusicWaves, on est très heureux de pouvoir présenter à vos lectrices et lecteurs ce nouvel album dont nous sommes fiers !
Ces trois dernières années, nous les avons largement passées à composer, à enregistrer et à peaufiner ce disque. Cette fois-ci, on ne voulait pas attendre sept ans avant de sortir à nouveau quelque chose ! On a aussi été pris par des projets parallèles, Vincent a sorti un album entre electronica, ambient et post-rock, "Blurs" (2023), avec son projet solo Seychal-Mills, et Antonin a enregistré l’album Loterie (2023) de Sam Frank Blunier, et il a tourné avec lui dans la foulée. Mais on est restés tout ce temps très concentrés sur TALC, on voulait vraiment faire un album qui soit encore plus abouti que le précédent.



"L’offre est tellement abondante que la concurrence est rude !"

A l’issue de notre précédente interview, vous indiquiez vouloir que « ce disque trouve son public […] pour créer un contact, un lien avec d’autres grâce à cette reconnaissance mutuelle ». Etes-vous arrivés à vos fins à savoir que "TALC II" trouve son public aussi bien dans sa version album que sur scène ?

Antonin : On a trouvé un petit public de niche, avec quelques fans aux quatre coins du monde – jusqu’au Japon –, mais pas vraiment assez pour une tournée mondiale pour le moment ! Bon, il faut dire qu’on n’est pas non plus les champions de la promo 2.0, quelque chose qu’on essaie néanmoins d’améliorer maintenant. La scène est malheureusement ce qui pèche le plus : on a l’impression que les clubs et les festivals sont devenus très frileux avec la musique instrumentale et tout ce qui sort du mainstream. Et l’offre est tellement abondante que la concurrence est rude ! Cela dit, on croit beaucoup à "TALC III" et on fait tout pour l’amener sur scène.

Votre nouvel album semble être un voyage dans la galaxie, avec des titres faisant référence à des étoiles. Qu’est-ce qui vous a inspiré ce thème interstellaire ?

Vincent : A vrai dire, ça s’est un peu imposé comme une évidence à partir des jams dont sont nés les premiers titres. Il y avait une ambiance, des mélodies, des sons qui nous ont évoqué cet imaginaire-là. Ensuite, l’intégration des synthés analogiques a achevé de donner une couleur rétro-futuriste qui est devenue le fil conducteur du disque.

Musicalement, "TALC III" est plus atmosphérique, plus expérimental que son prédécesseur. Quel était le fil conducteur lors de sa composition ?

Vincent : Plus que pour nos précédents disques, on a vraiment travaillé collectivement, en partant de riffs ou d’idées rythmiques, qu’on a tournés longuement façon jam jusqu’à en faire éclore de nouvelles idées. On enregistrait, on réécoutait, on laissait résonner et on retravaillait – avant de passer à l’écriture plus serrée et plus rigoureuse. Mais on a été vraiment attentifs à laisser ce matériau se déployer, se développer progressivement en lui donnant de l’espace, du temps et avec une approche effectivement plus atmosphérique du son.

Antonin : On s’est aussi laissé inspirer par les sonorités des Moog ou des reverb de Collision Devices (une boîte française qui fait des effets exceptionnels !) qu’on a décidé d’utiliser cette fois-ci.



"On voulait vraiment cette cohérence space / post-prog."


Ce nouvel album est beaucoup plus post-prog que "TALC II", avec des titres moins metal que pouvaient l’être ‘Ultramarine’, ‘Amor Fati’ ou ‘Chimere’. Pourquoi cette évolution ?

Antonin : Je ne sais pas si c’était complètement intentionnel. "TALC II" était un album exploratoire mais d’une autre manière, s’aventurant sur des territoires diversifiés, y compris avec un versant metal, en effet. On l’a aussi composé à l’époque en partie à distance, alors que pour ma part je vivais à Berlin. Pour ce dernier album, l’écriture était plus resserrée, plus intensive et on voulait vraiment cette cohérence space / post-prog. Cela dit, on a gardé des fuzz bien lourdes aussi sur 'Aldebaran' ou 'Theemin', mais c’est peut-être plus une coloration stoner que metal.

Les titres sur "TALC III" sont globalement plus longs que sur "TALC II". De façon générale, depuis "TALC I", votre musique devient de plus en plus progressive, ou du moins elle prend de plus en plus son temps. Est-ce une volonté de votre part de vous démarquer de plus en plus de la musique pour plateformes et toucher une niche musicale particulière au détriment du grand public ?

Hervé : Oui, c’est vrai, la fougue de la jeunesse pressée passe, fini les titres de 2 minutes 30 ! Faire des morceaux plus longs, plus atmosphériques, plus complexes aussi dans leur structure, c’était bien une direction consciente et assumée. Mais pas pour se démarquer de ce que font les groupes mainstream ni en visant un public spécifique. C’est simplement la musique qu’on voulait faire, la piste artistique qui nous plaisait et qu’on a suivie, sans penser à se situer par rapport aux autres.

Vincent : D’ailleurs, on a toujours du mal à s’inscrire dans une filiation ou un genre clairs, probablement parce qu’on vient tous les trois d’horizons musicaux différents, qu’on écoute plein de choses qui ont peu ou rien à voir avec le prog, comme John Scofield, Tortoise, Lana Del Rey, Battles, Ryley Walker ou encore Radian. Mais quand on se retrouve ensemble, c’est ça la musique qu’on a envie de faire et qu’on fait.

Le morceau ‘Voyager III’ est une curiosité dans votre discographie avec son approche très électronique et expérimentale. Comment ce titre est-il né et quelle influence aviez-vous en tête pour le composer ?

Antonin : C’est juste !... même s’il y a toujours une bizarrerie sur chacun de nos albums, comme 'Kolybelnaya' sur "TALC I" et 'Cordoba' sur "TALC II". Là, le titre est né de mes expérimentations avec le Moog Matriarch, pendant que je travaillais sur des textures pour les autres titres. C’est un synthé hyper-inspirant ! Un soir, en bricolant avec, le thème m’est venu et j’ai enregistré le titre en une prise, en pensant aux sons de Lisa Bella Donna, mais probablement aussi avec 'On the Run' de Pink Floyd dans un coin de la tête. Pour moi, c’était une prolongation naturelle de l’orientation esthétique qu’était en train de prendre le disque. Je l’ai proposé ensuite à Vincent et Hervé, qui ont saisi exactement l’esprit et ont posé juste ce qu’il fallait comme batterie et comme basse. Je n’ai pas rajouté de guitares, j’étais plutôt content de laisser aussi un peu les 6 cordes au vestiaire !



"On prend beaucoup de temps à composer et à construire nos morceaux... et on en prend encore plus durant l’étape de production."

On sent un travail particulièrement précis sur les textures et les modulations, notamment dans des morceaux comme ‘Aldebaran’, ‘Betelgeuse’ ou l’excellent ‘Antares’. Avez-vous cherché à explorer un équilibre différent entre les instruments par rapport à vos albums précédents ?

Vincent : C’est vrai qu’on prend beaucoup de temps à composer et à construire nos morceaux... et on en prend encore plus durant l’étape de production ! On ne compte plus le nombre de versions du mixage de tel ou tel titre, avant de passer enfin à la case mastering... Mais dans notre esprit, le mixage est une phase cruciale, c’est le moment où il faut aussi penser un morceau pas seulement dans son déroulement, mais en termes d’espaces, y compris pour chaque instrument, en laissant de la place pour que les idées se déploient. Quant aux textures, là, c’est aussi le travail que je fais de mon côté dans mon projet solo qui laisse des traces – je construis beaucoup d’ambiances à partir de sons bruts que je malaxe avec des filtres et des effets. Pour "TALC III", c’était une façon de compléter la palette proposée par les synthés.

Votre son semble évoluer d’un album à l’autre, et "TALC III" accentue encore plus l’aspect psychédélique et spatial. Quelle direction imaginez-vous pour la suite ?

Antonin : Difficile à dire… Pour le moment, on est encore porté par l’univers spatial de "TALC III", on verra bien lorsqu’on retrouvera le plancher des vaches !

"Le post-rock place la musique au centre, et seulement elle."

Comme on l’a dit par ailleurs, votre musique, par son côté instrumental et progressif, s’adresse à un public de niche. Ressentez-vous une évolution de l’intérêt du public pour ce type de sonorités, notamment avec l’essor du post-rock ?

Vincent : Il y a quelques mois, j’étais à un concert de Godspeed You Black Emperor !, et la salle était pleine à craquer, avec un public en communion totale. C’est certain que le post-rock, sous toutes ses formes, s’est maintenant imposé comme un genre phare pour la musique indé – même si ça n’attirera jamais autant de gens que Taylor Swift, bien entendu... Mais le post-rock place la musique au centre, et seulement elle, probablement parce que, comme il n’y a pas de lead vocal – ou presque jamais –, il n’y a que peu de place pour de l’egotrip ou de l’habillage un peu « show off ». Et c’est peut-être cette sorte d’humilité finalement qui attire le public : on sait qu’on a affaire à des artistes qui se consacrent à ce qu’ils créent, qui travaillent dur, qui soignent les détails, qui sont parfois impressionnants de virtuosité, mais qui ne se la racontent pas.

Si "TALC III" était une mission spatiale, quel serait son objectif ultime ? Exploration de l’espace, quête de nouveaux mondes, ou transmission d’un message musical aux civilisations extraterrestres ?

Hervé : Alors certainement pas la conquête de l’univers – on laisse la colonisation de Mars aux imbéciles qui n’ont pas compris à quel point notre fragile petite Terre est belle et précieuse. Mais explorer, découvrir, s’émerveiller devant la beauté du cosmos, éprouver le vertige face aux milliards de galaxies, ça oui ! Et si des extraterrestres nous invitent pour un gig du côté de Bételgeuse, on ne dira peut-être pas non, à condition qu’ils payent le voyage aller-retour... et qu’ils aient de la bonne bière !



"On croit aussi à la fidélité d’un public passionné, et c’est à ce public qu’on s’adresse !"

Enfin, pour en revenir au début de notre interview, vous souhaitiez que "TALC II" trouve son public. Nous considérons que c’est le cas à la lecture des retours positifs de la chronique dans nos lignes. Désormais quels sont vos objectifs, vos attentes pour ce nouvel album ? Passer un nouveau cap que ce soit en termes de popularité que de scène ?

Antonin : Vraiment, on est ravis que ce que disque vous plaise ! Pour le moment, le lancement se passe plutôt bien en termes d’écoutes en ligne, et on se réjouit qu’il trouve plus d’écho encore grâce à Music Waves, c’est absolument précieux pour les artistes indépendants qui n’ont pas de major derrière eux pour la promo. On espère faire un pas de plus qu’avec "TALC II" et pouvoir faire davantage de scène, partager avec le public l’émotion de la musique live. Bon, on n’oublie pas non plus qu’on est un groupe de prog instrumental et que ça ne représente pas tout à fait la tendance majoritaire... mais on croit aussi à la fidélité d’un public passionné, et c’est à ce public qu’on s’adresse !



Plus d'informations sur https://talc.bandcamp.com/
 
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