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TITRE:

NO ONE IS INNOCENT (24 SEPTEMBRE 2024)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

ROCK



Arrêter sur un album qui a encore du sens, remonter sur scène pour les causes qui comptent vraiment : avec Kemar, il n’y a pas de place pour l’album de trop. Ce Best of en est témoin.
CALGEPO - 20.11.2024 -
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No-One Is Innocent s’apprête à boucler une aventure de trente ans avec un best-of résolument engagé, "Colères", et une tournée d’adieux prévue pour 2025. Dans cette interview, Kemar revient sur la passion, les combats et les moments forts qui ont marqué l’histoire du groupe. Au fil de la conversation, il nous livre ses réflexions sur la musique, la société, et les choix personnels qui le guident vers une nouvelle phase, tout en nous confiant ses espoirs pour l’avenir du rock engagé.

Avec "Colères", ce best-of, vous revenez un peu aux sources, dans une époque où les playlists et la musique dématérialisée sont reines. Qu’est-ce qui vous a poussé à choisir cette approche ? C’est un clin d’œil aux années 90, là où tout a commencé pour vous ?

Kemar : Oui, c’est un peu ça. Avec Trombert, le bassiste, on en parlait depuis un moment. On voulait éviter de faire “l’album de trop”, celui qui pourrait sonner un peu en décalage. Ce best-of, c’est notre manière de clôturer l’histoire du groupe, de rendre hommage aux titres qui nous semblent intemporels. Aujourd’hui encore, ces morceaux résonnent avec une énergie qu’on pourrait presque croire actuelle. C’était une belle façon de boucler la boucle, de montrer que cette musique peut encore parler aux gens, sans compromis. Et puis, c’est une manière de célébrer ces 30 ans de rock intense. Pour marquer le coup, on a aussi ajouté deux morceaux inédits et réarrangé trois titres avec des jeunes musiciens influencés par la musique orientale. Un mélange qui nous a permis de retrouver cette énergie partagée.





Alors est-ce que cette compilation vous semble refléter toute l’histoire de No-One, avec ses hauts et ses bas ? On y retrouve un peu cette trajectoire mouvementée, non ?


Kemar : Absolument. 30 ans de carrière, ça ne peut jamais être un long fleuve tranquille. À moins d’être, je ne sais pas, un U2 qui n’a jamais changé de lineup, tu vois ? L’histoire d’un groupe, c’est toujours fait de hauts et de bas, de moments de grâce et d’autres moins glorieux. No-One a sorti dix albums, on a dit et vécu tellement de choses ! Et tant que l’écriture reste forte, on aurait même pu continuer encore longtemps. Mais on ne ressent plus forcément l’envie de sortir de nouveaux morceaux à tout prix. Peut-être qu’on le fera encore, qui sait ? Mais avec un album, il y a toute une suite derrière, une tournée, des dates… et on n’a plus cette motivation comme avant.


Qu’est-ce qui a été l’élément déclencheur dans cette décision ? Tu parles d’éviter l’“album de trop”, un peu comme ces groupes qui sortent des disques par habitude alors qu’on a envie qu’ils s’arrêtent au sommet. Vous aviez en tête de préserver la meilleure image de No-One ?


Kemar : C’est exactement ça. Avec Trombert, on voulait que chaque concert reste fidèle à l’esprit de No-One. Monter sur scène et jouer ces morceaux demande une vraie énergie, tu vois. Parfois, on se dit qu’avoir 25 ans, ce serait pas mal ! Jouer pendant une heure et quart, une heure vingt… physiquement, c’est intense. Il faut être en forme pour faire honneur à la musique. Tu vois, même un Angus Young, qui n’est plus tout jeune, arrive à tenir la scène. Mais il n’est pas seul dans son groupe, et ça reste un défi collectif.


Ce choix nous fait penser à la décision de Tagada Jones en début d’année, eux aussi ont pris un tournant sans annoncer de fin définitive. C’est presque comme si vous tourniez la page sur un rock engagé, un genre qui a perdu un peu de visibilité par rapport aux années 90. Tu te souviens, lors de l’interview du Gros 4, on avait parlé de cette envie de fédérer, d’inciter d’autres groupes à suivre ce modèle de rock engagé. Pourtant, peu ont pris le relais. Est-ce que c’est un regret pour vous de ne pas voir plus de jeunes groupes prolonger cet engagement, porter ce flambeau ?


Kemar : Je pense que tu as raison. Depuis les années 2000, on voit de plus en plus de groupes opter pour l’anglais. Ce qui faisait la particularité du Gros 4, c’était justement que tous chantaient en français. Pour transmettre un message engagé, il n’y a pas de secret : il faut que les gens comprennent les paroles. Après, il y a des exceptions, comme Gojira qui a une audience internationale et qui a abordé des sujets engagés sur leur dernier album. Mais pour beaucoup de groupes, ça tient aussi à des rencontres, à des opportunités qui se présentent. Ce n’est pas toujours une question de talent, mais parfois de chance.


C’est vrai qu’avec internet et la technologie, on pourrait penser que tout est plus simple pour se lancer, mais…


Kemar : Oui, il y a plus d’options, mais aussi plus de concurrence. La quantité a explosé, mais est-ce que la qualité suit toujours ?


Qu’on en vende 10 000 ou 50 000, tant qu’on pouvait sortir un disque et le défendre sur scène, ça nous suffisait

Est-ce que tu ne penses pas que ça vient aussi du fait que l’industrie musicale est de plus en plus aseptisée ? Que pour percer aujourd’hui, il faut lisser les bords et rester neutre ?

Kemar : Oui, c’est un grand débat, surtout depuis la crise du disque. J’ai entendu tellement de choses de la part d’agents, de managers, de maisons de disques qui disaient clairement à leurs artistes, qu’ils soient en solo ou en groupe : "Les textes engagés, on va peut-être lever le pied si on veut vendre des disques." Pour nous, ça n’a jamais été la question. Qu’on en vende 10 000 ou 50 000, tant qu’on pouvait sortir un disque et le défendre sur scène, ça nous suffisait. On n’a jamais eu cette prétention de viser les grosses ventes.


Il n’y avait pas vraiment d’objectif de chiffres, alors.


Kemar : Bien sûr, il y a toujours un objectif de réussite, mais on savait qu’on restait dans une niche, même si on a parfois réussi à toucher un public plus large.


Vous saviez que vous n’iriez pas vers des chiffres délirants parce que vous n’étiez pas programmés en radio ou omniprésents à la télé.


Kemar : Exactement. Au début, pourtant, on a eu beaucoup de radios qui nous ont soutenus. Mais ça s’est progressivement effrité avec le temps.


Pendant une dizaine d’années, vous avez quand même eu un bon soutien, à la télé, à la radio…


Kemar : Oui, mais c’était une autre époque. À ce moment-là, le rock, le rock énervé, le heavy metal avaient une vraie place dans les médias. Il y avait des groupes émergents qui rendaient ça possible. Par exemple, quand on est arrivés avec No-One, ça faisait déjà un moment que cette idée trottait dans ma tête, mais la première fois que j’ai entendu Rage Against The Machine, je me suis dit : “Ok, il y a un groupe qui arrive avec ce son-là.” Franchement, c’est grâce à eux qu’on a été propulsés.





En gros, tu dis que vous avez eu la chance d’arriver dans les années 90 plutôt qu’aujourd’hui ?


Kemar : C’est clair ! Pour nous, pour un groupe comme No-One, c’était une vraie chance d’arriver à cette époque-là. C’était un temps où, même si beaucoup de groupes restaient underground, ils avaient tout de même un impact. Des groupes comme Slayer, Sepultura… Ils ont marqué leur époque, et c’est là-dedans qu’on a pris racine. Puis on a eu la chance de jouer avec des groupes incroyables.


Quand on regarde les affiches, c’est dingue, oui.


Kemar : Ouais, jouer aux côtés de groupes comme RATM, AC/DC, Mötorhead… C’est absolument dingue.


Et maintenant, comment tu te sens à l’aube de cette nouvelle vie ? On aimerait avoir ton ressenti, en tant qu’homme. Souvent, on parle du musicien, mais là, derrière le chanteur, la guitare, il y a un homme. Comment tu vis cette décision ? Pas forcément définitive, car tu dis que vous allez peut-être sortir d’autres morceaux. Mais comment tu te sens là, à cet instant ? Un peu de nostalgie, de la peine ?


Kemar : Non, sur l’histoire de No-One, je n’ai jamais ressenti de nostalgie. Je suis tellement rempli de souvenirs incroyables, de moments inattendus, de rencontres dingues avec d’autres groupes et avec le public. Quand je fais le bilan, je me dis : “Quelle chance j’ai eue !” Je pense qu’il y a beaucoup de gars qui auraient rêvé d’avoir cette carrière. Pendant le COVID, par exemple, j’avais des potes qui me demandaient : “Ça ne te manque pas de ne pas jouer, de ne pas être sur scène ?” Mais moi, j’étais bien chez moi. J’écrivais des textes, je grattais sur ma guitare, je regardais des films avec ma fille… Je profitais. J’ai déjà vécu tellement de moments magiques, des tournées en Amérique du Sud, les tournées dont on vient de parler. Mes idoles d’ado, comme Mötorhead, AC/DC… et là, je me retrouve à tourner avec Mötorhead, à jouer au Stade de France avec AC/DC. Alors oui, à un moment, tu te dis : la boucle est bouclée.


Même en pensant à l’avenir, je n’ai pas d’appréhension


Tu es heureux d’avoir vécu tout ça, tu évoques encore tes souvenirs, mais ce que j’aimerais savoir, c’est comment tu te sens maintenant, dans le présent, et pour l’avenir. Est-ce que ton engagement va rester aussi fort ?


Kemar : Oui, ça ne me fait pas peur. Même en pensant à l’avenir, je n’ai pas d’appréhension. J’ai la chance d’avoir une famille extraordinaire, une compagne dont je suis fou amoureux, des amis fidèles et des gars avec qui je continue à faire de la musique, avec qui l’entente est géniale. Tout ça, c’est déjà un privilège. Quand je regarde la carrière de No-One et tout ce qu’on a créé, joué, partagé, je me dis : c’est génial.


Comme tu dis, c’est intemporel. Tu as commencé sous l’ère de Jacques Chirac, aujourd’hui on est sous celle de Macron, et les sujets restent fondamentalement les mêmes, même s’ils sont abordés différemment. C’est presque frustrant, non, de constater que la société n’évolue pas vraiment...


Kemar : Notre métier, c’est de faire de la musique, d’écrire des chansons qui collent à la réalité, c’est ça l’ADN de No-One. Mais c’est là que le risque de “l’album de trop” peut apparaître, celui où tu écris juste parce qu’il faut sortir un disque. Tu te retrouves à répéter les mêmes thèmes et ta musique peut perdre un peu de sa force, de sa puissance. Ça, je ne veux pas.


Avec Trombert, ton fidèle acolyte à la basse, vous ne voulez vraiment pas tomber dans ce schéma-là. Tu penses que vous avez dit tout ce que vous aviez à dire ?


Kemar : Non, on n’a jamais tout dit... mais on en a dit pas mal.


Revenons à l’actu avec cette compilation. C’est compliqué de résumer toute une carrière en une vingtaine de titres. Comment avez-vous choisi les morceaux ? C’est une question classique, mais c’est toujours un exercice difficile, non ?


Kemar : Finalement, ça n’a pas été si compliqué. Avec Trombert, on s’est dit : “Quels titres a-t-on le plus joués sur scène ces vingt dernières années ?” La réponse est venue assez vite. Des morceaux comme 'La Peau', 'Nomenklatura', 'Chile', et toute la période "Propaganda".


Les morceaux se sont imposés assez naturellement, alors.


Kemar : Oui, puis il y a aussi quelques perles que les gens ont peut-être un peu oubliées, comme 'They Learn Your Love', un morceau du premier album auquel je tiens beaucoup, quelque chose de viscéral pour moi. Je me rappelle parfaitement de la façon dont on l’a enregistré et composé. Cette compilation, c’était aussi l’occasion de remettre ce genre de titres en lumière.





Ce qui est intéressant dans cette compil’, c’est aussi la dualité entre le studio et le live. Vous vouliez montrer que No-One, c’est aussi un groupe qui se vit sur scène. Comment avez-vous choisi les morceaux live, notamment ceux de "Barricades", un concert assez unique dans son contexte ?


Kemar : On a sélectionné quelques titres live, vraiment pas beaucoup, mais des morceaux qui, au fil du temps, ont évolué dans leur structure et dans leur interprétation, au point de ne plus ressembler aux versions studio. Par exemple, 'Chile', un titre qui n’a jamais quitté notre setlist, avec cette phrase de Pablo Neruda : “Nous vaincrons, même si tu ne le crois pas.” C’est pour moi la phrase qui résume l’histoire de No-One. 'Nomenklatura', aussi, incarne ce combat permanent contre les extrêmes, qu’ils soient politiques, religieux ou autres.


Et puis il y a aussi deux inédits sur cet album, notamment 'L’Arrière-boutique du Mal', qui aborde des thèmes forts comme les rumeurs, les fake news, le cyberharcèlement… un sujet qui nous touche tous, y compris les jeunes.


Kemar : Oui, clairement. Beaucoup en ont souffert.


Ce morceau, il te semble extrêmement personnel, presque viscéral. Est-ce qu’il représente une forme de catharsis pour toi, un avertissement aussi : “Faites attention, ce qu’on dit n’est pas toujours la vérité.” Est-ce que l’écrire t’a aidé à exorciser certaines choses ?

Kemar : Oui, c’est une façon d’extérioriser pas mal de choses, mais c’est aussi inspiré de l’expérience d’autres personnes, des histoires que j’ai lues. Ce thème me touche particulièrement parce qu’on vit dans une toile d’anonymat où on peut “guillotiner” n’importe qui. C’est d’une violence extrême. On a vu des ados meurtris, certains allant jusqu’au suicide. J’ai pensé à l’affaire Mila, à d’autres victimes de propos homophobes, aux LGBT… Cette utilisation de l’anonymat pour blesser, c’est un sujet que je voulais aborder. Ça ne date pas d’hier ; pendant le COVID, j’avais déjà commencé à écrire là-dessus.


Tu commençais à gratter sur le sujet...


Kemar : Oui, et c’est pareil pour 'Il Marche', le deuxième inédit. Il est né de ce qu’on a ressenti pendant les législatives, de cette peur que tout le monde avait de voir le Rassemblement National arriver au pouvoir. C’est quelque chose qui me hante depuis longtemps.


Je crois qu’il y a des moments où [les dernières générations] se sont un peu détournées des vrais problèmes.



Depuis le second tour avec Jacques Chirac, c’est comme si l’histoire se répétait, et rien ne change vraiment. On se dit qu’il faut agir, qu’il ne faut pas détourner notre attention des combats essentiels. Tu penses qu’on s’en écarte, là, en ce moment ? Sans forcément jeter la pierre…

Kemar : Je ne sais pas… Les deux dernières générations, celles qui ont l’âge de voter, de s’exprimer, je crois qu’il y a des moments où elles se sont un peu détournées des vrais problèmes.


Pourtant, ces questions sont peut-être encore plus graves aujourd’hui.


Kemar : S’inquiéter pour l’écologie, le dérèglement climatique, bien sûr, c’est important, mais je pense qu’il y a aussi des dangers plus immédiats qui, à terme, peuvent influencer nos choix écologiques et politiques.


C’est un cercle vicieux en fait. Tout est lié, tout se tient.


Kemar : Exactement. Et il faut dire aussi que parler des extrêmes, c’est dans l’ADN de No-One. C’est un sujet qui nous a toujours obsédés.


Je n’ai plus la même rage qu’à 25 ans (...) elle est intériorisée


Tu dois être fou de rage de voir la situation actuelle. Avant, ils faisaient 8 %, et aujourd’hui, ils sont bien au-delà, ils sont aux portes…


Kemar : Je n’ai plus la même rage qu’à 25 ans, tu vois ? C’est une colère qui s’est intériorisée, mais elle est toujours là.


Et puis sur cet album, vous avez des morceaux réorchestrés dans un style orientalisant, dont tu parlais plus tôt. C’est un choix fort. Qu’est-ce que ça apporte à vos chansons, cette nouvelle orientation ?

Kemar : C’est venu d’une rencontre avec de jeunes musiciens influencés par la musique orientale, et rapidement, on a eu envie de travailler ensemble. C’est génial de réinventer quelques titres de No-One avec eux. On a eu la chance d’enregistrer et même de faire un concert ensemble. Tout d’un coup, nos morceaux prennent une autre dimension, on les interprète autrement, c’est comme une seconde jeunesse. Et ça, après 30 ans de carrière, c’est génial.


Pourquoi ne pas l’avoir fait plus tôt ?


Kemar : C’est le fruit des rencontres...


Depuis le début de notre échange, tu parles beaucoup de transmission, de travail avec des jeunes. Cette collaboration avec ce groupe, ça fait partie de cette volonté de transmission ? Est-ce que tu envisages une nouvelle forme d’engagement, peut-être plus discrète mais toujours aussi forte ? Peut-être produire, accompagner ?


Kemar : Oui, c’est vraiment quelque chose qui m’intéresse. Si je peux aider des jeunes musiciens, leur donner des conseils sur la scène, sur leur façon de s’exprimer ou de se sentir à l’aise avec leurs compositions, alors oui, j’aimerais le faire. Peut-être même dans la production, mais dans un style que je connais bien. Je ne vais pas m’improviser coach en trap ou en hip-hop, tu vois ! Mais pour ceux qui s’inscrivent dans notre univers musical, oui, ça m’intéresse.


Et puis il y a ce concert à La Cigale l’année prochaine qui s’annonce intense. Est-ce qu’on peut dire que ce sera le dernier concert de No-One ? C’est en quelque sorte le dernier album, alors est-ce que ce sera vraiment spécial ?

Kemar : On va annoncer une série de concerts pour 2025 dans d’autres villes en France, en Belgique, en Suisse. Mais ce concert à La Cigale est important, c’est une salle symbolique pour nous. On y a joué dix fois, et c’est un peu notre jardin à Paris. C’est un concert clé pour marquer la sortie de ce best-of et la clôture d’un chapitre. Il y a des souvenirs importants ici, notamment en 2015, quand les membres de Charlie sont montés sur scène pour s’exprimer après les événements. Continuer le combat, ça fait partie de l’histoire de cette salle. La Cigale, ce n’est pas un choix anodin.

 

C’est vrai qu'on regrette un peu que ce soit le dernier, parce que beaucoup de gens sont très attachés à No-One. Qu’est-ce qui pourrait te faire revenir sur cette décision ? Y a-t-il quelque chose qui pourrait te faire changer d’avis ?

Kemar : Avec Trombert, le bassiste, on s’est souvent dit que ce qui pourrait nous ramener sur scène, ce serait une cause, un besoin de se mobiliser, par exemple pour faire barrage au Rassemblement National. Pour certaines causes qui nous tiennent à cœur, oui, on pourrait envisager de revenir.





Mais juste pour la scène, pas de nouvel album ?

Kemar : Oui, ce serait surtout pour la scène. On s’est aussi dit qu’on voulait se donner la liberté d’écrire de nouveaux morceaux et de les sortir de manière ponctuelle.


On te sent, au fil de l’interview, avec une certaine sérénité, presque apaisé alors qu'il y a quelques années, tu avais un ton plus fougueux, plus enflammé. Aujourd’hui, on sent une vraie acceptation dans cette décision. Est-ce que je me trompe ?

Kemar : Non, tu ne te trompes pas. Je suis vraiment fier de ce best-of et des deux nouveaux morceaux. Je trouve qu’ils ont du sens, que les textes sont encore forts, et musicalement, ils me plaisent, même s’ils sont très différents l’un de l’autre. Je suis bien avec moi-même, j’ai encore l’impression de produire de la qualité. Et puis je sais que les prochains concerts de No-One vont être incroyables, et ça, ça me réjouit.


Quand un journaliste parle de la fin de No-One et liste tout ce qu’on a fait, tu te dis : quelle chance !



On dirait même que ça t'a enlevé un poids…

Kemar : Pas vraiment un poids, non. Mais quand je regarde en arrière, je me dis : “Putain, on a accompli tout ça, sur scène comme sur disque.” C’est génial. Quand un journaliste parle de la fin de No-One et liste tout ce qu’on a fait, tu te dis : quelle chance !


Tu ne t’en rendais peut-être pas compte en le vivant, non ?

Kemar : Non, pas vraiment. C’est en décidant de clôturer ce chapitre que tu réalises tout ça. C’est hyper réjouissant, je suis plein d’émotions en pensant à tout, de l’écriture des chansons à l’enregistrement, en passant par la scène. La scène, d’ailleurs, c’est le moment clé. Pour moi, c’était un rêve de gosse de tourner en France avec Motörhead. C’est un rêve que j’ai réalisé.


Bien sûr. Et tu l’as fait.


Kemar : Oui, c’est fou. Il y a des petits regrets aussi. Par exemple, quand on a rencontré Lemmy dans sa loge, on a échangé, et j’ai eu la chance de lui dire que Motörhead avait été le déclic pour moi, que c’est ce qui m’a donné envie de faire cette musique. À un moment, j’ai dit à mes potes que j’allais lui demander de chanter Metropolis avec nous. Mais je me suis dégonflé ! Je parlais à une icône, un gars qui m’avait inspiré pendant des années. Quand j’étais gamin, j’avais une affiche de Lemmy juste au-dessus de mon lit. Ça effrayait mes parents ! Mais ces souvenirs me font vraiment plaisir. Ça me rend à la fois heureux et un peu triste.


Triste mais serein, c’est ça ?


Kemar : Oui, c’est ça. Je n’ai jamais été très nostalgique.


Sauf peut-être une certaine nostalgie d’une époque où on ne passait pas notre temps sur les réseaux sociaux à montrer nos visages partout.


Kemar : Oui, c’était l’époque où on était vraiment dans la musique, dans nos textes, dans ce qu’on voulait transmettre.


Il y avait du fond derrière tout ça.


Kemar : On vivait dans notre bulle, on rêvait dans cette bulle, et on ne ressentait pas le besoin de s’exposer en permanence. C’est peut-être ce que je regrette un peu aujourd’hui.


Au fil de cette discussion, on pourrait presque croire que tu vas revenir sur ta décision.


Kemar : Non, pas de retour en arrière ! (Rires) Mais on a prévu une série de concerts l’année prochaine. En 2026-2027, on fera sans doute une grande tournée pour boucler l’histoire de No-One sur scène. Ça va être top.

 

Merci beaucoup, Kemar et bon concert à la Cigale l'année prochaine.

Kemar : Merci à toi ! À très bientôt.



Plus d'informations sur http://nooneisinnocent.net/
 
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