En 2023 le festival
Alcatraz avait proposé une belle édition des 15 ans. La fête était réussie et l’idée de revenir sur la plaine de l’université de Courtrai pour l’édition 2024 est plaisante. L’organisation n’a pas changé avec les 4 scènes au rendez-vous. Nous avons concentré nos efforts sur la scène principale, la Prison et la secondaire, la Swamp. Mais quelques incursions seront faites vers l’Helldorado et la Morgue.
Tout démarre le vendredi 9 août sur la Prison avec les locaux de
Dyscordia. 'The Passenger' et 'This House' lancent bien le concert. Les Belges délivrent un metal progressif puissant doté de parties techniques dignes de
Threshold ou de
DGM. Le chant de Piet est costaud et accrocheur et tout cela ravit les fans. Dans la suite 'Toxic Rain' ou 'Hell' sont intéressantes avec de bonnes mélodies et une belle force avec même une pointe de growl. 'Twin Symbiosis' est une fin idéale avec le même équilibre.
Dyscordia a proposé un concert solide en forme de bonne démonstration de metal progressif.
Dans la Swamp, le ton est au black metal avec les Belges de
Duosekop. L'intro sombre amène un côté crépusculaire., puis la violence monte, avec un excellent travail sur les ambiances donnant un côté glauque et attirant. L’explosion black fait mal avec un chant abyssal impressionnant. Chaque titre est une déclaration de guerre avec une pointe de mélancolie pas loin d’un esprit post black, féroce et bien mis en avant avec hargne. Parfois une pincée de chant clair amène une belle profondeur aux chansons.
Duosekop a proposé un concert envoûtant, joli mélange d’ambiances, et fasciné plus d’un spectateur.
Avec
Massive Wagons le punk rock est à l’honneur sur la Prison. Les Anglais mettent le feu en un fraction de seconde avec 'Sleep Forever', dégageant une énergie folle teintée rock’n’roll qui réveille une plaine un peu endormie. 'Fuck The Hater's ou 'Missing On TV' sont aussi énergiques. Le côté frais et vivant très direct fait un bien fou et remue à fond. Les soli sont simples dans un esprit à la
Ramones. La suite avec' Generation Prime' ou 'Bangin In Your Stereo' est vivifiante avec un côté pop plaisant. La folie rock’n’roll évoque
Motörhead pour un résultat dynamique.
Massive Wagons a proposé un concert explosif qui a fait taper du pied.
Le death metal prend la place dans la Swamp avec
Skeletal Remains. L’entame est sauvage, les Américains ne font pas semblant de tabasser. Le rythme est intense dans un esprit proche de
Pestilence ou
Obituary. Au chant, Chris impressionne avec un ton abyssal sorti des enfers. La force de frappe dégagée est fabuleuse et fait un carton. Le côté caverneux est savoureux et le régime en forme de tarte en pleine gueule s’accentue de titre en titre. Le groupe a tout d’une machine de guerre avec un côté bouillant. Tout cela laisse le public sonné par la charge.
Skeletal Remains a donné un concert brutal et a confirmé qu’il était un grand du genre.
Avec Eclipse, le hard mélodique prend la suite. Les Suédois démarrent sur les chapeaux de roue avec 'Roses On Your Grave'. La voix puissante et mélodique d’Erik fait merveille de même qu’une mélodie entraînante et un refrain en or, puis 'Got It!' fait remuer la foule. Après un speech sympa, 'Falling To My Knees' et 'Runaways' sont énergiques et cartonnent. La ballade 'Anthem' se fait séduisante puis le final déboule. 'The Spark' et 'Black Rain' séduisent avec un bon côté hard. Et les deux tubes 'Saturday Night' et 'Viva La Victoria' font un carton, portés par des refrains accrocheurs efficaces et une bonne énergie.
Eclipse a confirmé son statut de boss en matière de hard mélodique entraînant.
Dans la Swamp les Allemands de
Mental Cruelty s’apprêtent à balancer une dose de deathcore dans l’esprit de
Heaven Shall Burn. L’ambiance est chaude dès le début, on sent le public prêt à en découdre. L’entame ne déçoit pas, le rythme est d’une rare intensité en forme de tornade. Le growl de Lukas est impressionnant de force, pas loin du grind pour un résultat surpuissant. Au fil des titres les occasions de souffler sont rares, il y a juste une pincée de chant clair pour aérer la folie. La fosse remue à une pure violence d’une sacrée intensité.
Mental Cruelty a frappé fort. Il a proposé un concert violent et rappelé que le deathcore n’avait rien de gentil.
Avec
Orden Ogan, le heavy prend la Prison d’assaut. D’entrée avec 'F.E.V.E.R.' le groupe frappe fort, la pyro est de sortie et le rythme heavy mélodique fait son effet. Le refrain est splendide, porté par la voix puissante de Sebastian. L’accueil est excellent et l’ambiance chaude. 'Conquest' et 'Moon Fire' sont des claques heavy speed. 'Inferno', 'Heart Of The Android' et 'The Order Of Fear' ravissent, faisant savourer un mix entre Iron Maiden et Blind Guardian, le tout porté par un Sebastian au ton aigu remarquable, en équilibre entre force et mélodie, puis avec 'Gunman' le groupe balance une pièce épique dotée d’un refrain irrésistible. 'Let The Fire Rain' et 'The Things We Believe In' achevent le concert en beauté avec la même force mélodique.
Orden Ogan a donné un concert réjouissant en parfait soldat de la cause heavy.
La Swamp reste dans le brutal avec
Misery Index. Dans le style violent les Américains sont des spécialistes. L’entame le confirme, le death teinté grind est d’une sauvagerie rare. Jason impressionne de son ton de fou furieux et le rythme est fou, maîtrisé sans n’être que du bruit. Le côté implacable restera au rendez-vous pour chaque titre de cette leçon de méchanceté. Le public est K.O. comme s’il affrontait une charge de cavalerie. La hargne et la férocité dépassent l’entendement. Le groupe n’est pas venu la pour s’amuser et se plaît à tabasser.
Misery Index a donné une leçon de grind comme on en affronte rarement.
Dehors avec
Feuerschwanz la fête s’annonce. Le décor guerrier est superbe, et musiciens et danseuses en tenues de combat sont prêts à en découdre. L’entame sur 'SGFRD Dragonslayer' est entraînante avec un jus viking porté par un excellent duo de chanteurs et une bonne utilisation du violon et de la cornemuse. 'Memento Mori', 'Bastard Von Asgard' ou 'Ulitma Nocte' sont de fabuleux hymnes qui donnent envie de lever le poing. Le mix metal médiéval est parfait avec une force épique guerrière. Le public apprécie la fête et se remue notamment sur la reprise dynamique de 'Dragostea Din Tei' de
Ozone. Le final sur 'Das Elfte Gebot' est aussi fun avec le même ton folk dansant et puissant.
Feuerschwanz a confirmé sa classe pour faire danser une foule avec énergie.
Avec
Sadus, la Swamp fait dans le culte. La formation américaine a eu son heure de gloire dans les années 80 avant de se faire discrète, puis est revenue aux affaires en 2023 et la foule est bien présente. 'Sadus Attack' porte bien son nom. Cette tarte de thrash technique est sauvage et précise, le niveau de jeu laisse pantois. Au micro Darren éructe avec force et tout cela fait mouche avec un côté violent et épique prenant. 'First Blood' et 'Scorched And Burnt' confirment la vitalité du groupe. La violence dégagée est jouissive et cette technique proche de
Voïvod donne le tournis. Les pogos sont là et l’ambiance est bouillante. Le final avec 'Certain Death' est énorme porté par un Darren en transe. Le retour de
Sadus est une réussite, le groupe n’ayant rien perdu de son talent.
Dehors avec
Beast In Black l’ambiance va se faire dansante. En matière de power metal teinté dance, les Finlandais sont des ambianceurs. Avec 'Blade Runner' et 'Hardcore' ils démarrent fort. Les refrains sont énormes, Yannis pousse sa voix avec facilité et le côté énergique et dansant tape dans le mille. 'The Fifth Angel' cartonne et le public rugit de bonheur. Le groupe apprécie l’accueil, et derrière les hits s’enchaînent. 'Born Again' est accrocheuse, 'Sweet True Lies' et 'Power Of The Beast' sont des bombes dansantes irrésistibles. Dans la suite le sans-faute se confirme avec 'Blind And Frozen', 'One Night In Tokyo' ou 'Cry Out For A Hero'. Tout est heavy, dansant et teinté d’un charme pop porté par Yannis. 'End Of The World' est une fin idéale pour un concert frais donnant la pêche.
Beast In Black a confirmé sa classe avec talent.
Dans la Swamp
Septicflesh s’apprête à faire sonner un son sombre et occulte. 'Portrait Of A Headless Man' cartonne. Spiros motive la foule et fascine avec son chant caverneux; le côté implacable black teinté dark fait effet avec une bonne touche symphonique. 'Pyramid God' et 'Necromancer' sont dans le même esprit mystique. Intenses et vénéneuses elles sont portées par un Spiros maître de cérémonie occulte plein de charisme. La suite est prenante, 'The Vampire From Nazareth', 'Martyr' ou 'Communion' sont des raclées de dark metal symphonique. Dans le final 'Anubis' et 'Dark Art' ont la même grâce tirée du fond des abysses de l’âme.
Septicflesh a encore frappé fort et confirmé qu’il restait un des patrons de l’art noir.
Ce même art noir conduit vers la Morgue et
UADA. La tente est remplie pour accueillir les Américains. L’entame sur 'Snakes & Vultures' est d’une rare puissance. La tempête black souffle avec une force mélodique prenante : violent et mélancolique, le titre est un fabuleux moment. 'Djinn' permet de plonger à fond dans l’univers mystérieux du groupe. L’intensité dégagée prend à la gorge mais sans mettre de côté un charme vénéneux envoûtant. La suite avec 'In The Absence Of Matter' ou 'Cult Of A Dying Sun' est pénétrante en forme d’expérience mystique. Avec ce concert,
UADA a confirmé son côté à part dans la scène black. Au-delà de la violence il montre un charme certain sombre et attirant.
L’Helldorado est sur notre route pour retrouver
The Ocean. Les Allemands sont experts pour distiller des émotions entre post metal et metal progressif. La première partie du concert s’attarde sur 'Holocene'. 'Preboreal', 'Boreal, Atlantic' et 'Suboreal' entraînent la foule dans un tourbillon. Le chant à fleur de peau est prenant tout comme la finesse de la musique. L’âme qui se dégage est intense et les accélérations heavy avec growl prennent à la gorge. En parallèle la force mélancolique porté par le chant clair est incroyable de pureté. Ce mélange d’émotions est fabuleux et la suite avec 'Miocene/Pliocene,' 'Pleistocene' ou 'Jurassic/Cretaceous' est prenante avec un mélange entre violence rentrée et mélancolie à fleur de peau.
The Ocean a entraîné loin en distillant les émotions en mêlant puissance et tristesse comme peu savent le faire.

A
La Swamp permet de retrouver
Paradise Lost. La salle est blindée et l’ambiance énorme dès 'Enchantment'. Parfaitement chanté par un Holmes concentré, le titre fait merveille avec son ton heavy pur et mélodique. 'Say Just Words' est également savoureux, porté par son refrain irrésistible et sa mélodie pop. Le public est en fusion et la succession de tubes fait un carton. 'Pity The Sadness' a gardé sa force mélancolique épique : porté par son refrain, 'One Second' n’a rien perdu de sa majesté tandis que 'Hallowed Land' transporte par sa force heavy. L’antique 'As I Die' voit Holmes hurler de toutes ses forces. 'Faith Divides Us – Death Unites Us' et 'No Hope In Sight' brillent de leur force mélancolique portées par des musiciens au top. 'The Last Time', 'Smalltown Boy' et 'Embers Fire' permettent de savourer la force du groupe pour varier les propos entre force et mélodie. Enfin 'Ghosts' transporte avec la même force mélancolique.
Paradise Lost a été parfait avec un concert mettant à l’honneur toutes les facettes de son talent.
Amon Amarth a attiré la foule. La scène avec les guerriers et la batterie en forme de casque viking est splendide et la pyrotechnie de sortie dès 'Raven’s Flight'. Énorme moment de heavy épique portée par la voix éraillée de Johan, le titre fait un carton. Puis les classiques sont de sortie : 'Guardians Of Asgaard', 'The Pursuit Of Vikings' et 'Deceiver Of The Gods' sont des mandales portées par des refrains à la force épique fabuleuse. La suite voit le groupe empiler les gros titres avec une facilité bluffante. 'As Loke Falls', 'War Of The Gods', 'The Way Of The Viking' ou 'Under The Nothern Star' sont d’immenses moments portés par un Johan charismatique et des musiciens au top. Le final avec 'First Kill' et 'Raise Your Horns' est monumental. L’ambiance est chaude et le côté épique et guerrier donne le frisson. En rappel 'Crack The Sky' et 'Twilight Of The Thunder God' sont appréciées en forme d’hymnes puissants et délicieusement accrocheurs.
Amon Amarth a été une idéale tête d’affiche. La formation a un côté fédérateur digne des légendes du heavy.
La Swamp accueille pour son final
Cradle Of Filth. Les Britanniques ont gardé un côté sulfureux et décadent. L’intro sombre donne le ton avec un bon côté symphonique. L’entame sur 'Existential Terror' et 'Saffron’s Curse' est remarquable. Dani alterne entre hurlements et chant profond et ses musiciens tissent un ensemble où violence et mélodie gothique fusionnent. Le son est parfait, les musiciens sont au top avec un clavier en avant sur des breaks sombres délicieux. Dans une veine heavy black accrocheuse 'She Is A Fire' est efficace avec un coté sexy et baroque tandis que 'The Principle Of Evil Made Flesh' en mode black metal ne fait pas de quartier. Plus gothiques, 'Cruelty Brought Thee Orchids' et 'Nymphetamine' ont un charme vénéneux flamboyant, la deuxième chantée en duo avec Zoé, la clavieriste étant même très accrocheuse. La suite avec 'Dusk And Her Embrace' ravit la une foule par sa violence exquise. 'Born In A Burial Gown' et 'Her Ghost In The Fog' sont délicieux avec un ton heavy extrême efficace. 'From The Cradle To Enslave' est un final idéal avec un refrain irrésistible porté par un Dani en grande forme. Servi par un son à la hauteur et un
line-up de qualité,
Cradle Of Filth a donné un excellent concert loin d’un passé difficile.
Ceci achève une journée bien remplie. Cette édition de l’
Alcatraz est bien lancée avec une bonne organisation, une météo idéale, des concerts de qualité et une ambiance très agréable. Et au vu du programme la suite s’annonce prometteuse...