Plongeons dans l'univers du groupe Orkhys, où se mêlent passion, résilience et une quête incessante de liberté artistique, alors qu'ils nous dévoilent les coulisses de leur dernier album et les défis rencontrés en chemin.
Ravi de vous retrouver pour cette interview. Je ne sais pas si vous vous souvenez, mais lors de notre première interview, on a commencé par la question coutumière qu'on pose à chaque groupe, à savoir quelle est la question qu'on vous pose trop souvent et à laquelle vous en avez marre de répondre. Et à la première, vous aviez calé parce que vous aviez dit que vous n'aviez pas assez d'interviews. Maintenant, vous en avez fait suffisamment. Quelle est cette question ?
Laurène : Ce ne serait pas forcément une question. Ce serait plus une affirmation : devoir absolument nous classifier dans du metal symphonique. Du coup, c'est vrai qu'on passe un peu de temps à expliquer pourquoi, pour nous, Orkhys n'est pas du metal symphonique. Non pas parce qu'on a un problème avec le metal symphonique. Ce n'est pas du tout ça. C'est juste qu'on ne se retrouve pas dans cette classification.
Brice : Ce n'est pas ce qu'on fait. Ce n'est pas ce qui nous correspond le plus. Voilà, du coup on passe beaucoup de temps à expliquer que non, ce n'est pas du metal symphonique. On a des influences, mais on n'est pas symphonique.
Cela vous pose un problème d'être absolument classifié dans un genre ou pas ?
Laurène : Ce n'est pas un problème en tant que tel, c'est juste que ça ne résume pas ce qu'on fait. Donc, c'est comme si on vous disait, je ne sais pas, vous êtes né là et en fait, non, je ne suis pas né là.
Brice : C'est comme si vous disiez à un producteur de vin de la Loire qu'il fait du Bordeaux. Voilà, en gros.
Laurène : Rien de péjoratif. C'est juste que ce n'est pas vrai. En fait, ce n'est pas ça.
Vous voici avec la troisième production d'artiste après un EP et un précédent album, et donc votre troisième interview avec Music Waves : on dirait qu'on plus se passer des uns des autres, et c'est un vrai plaisir. Lors de la dernière interview en 2021, vous avez dit à l'époque être bien avancés dans le processus de l'album. Qu'est-ce qui fait que cet album semble avoir pris un peu plus de temps pour sortir ?
Brice : Je dirais très clairement que mentirait si on disait que la production de l'album s'est passée comme on aurait voulu. On a eu, chacun dans le groupe, à certains moments, des petits soucis perso de notre côté, au niveau du boulot, etc., ce qui a quand même pas mal retardé le travail sur certains morceaux. C'est vrai qu'il y a des morceaux que j'avais composés il y a longtemps et dont j'étais content à une époque et en les réécoutant, je me suis dit, il manque ça ou ça, je n'étais plus très satisfait. Donc, en fait, il y a eu du retravail dessus. Après aussi, on s'est servi de l'expérience qu'on avait eue sur l'album d'avant, pour aussi faire quelques trucs de façon différente, notamment au niveau de la gestion du chant au niveau de la hauteur du chant par rapport au niveau des compositions. Il y a aussi eu l'intégration de Henri et savoir comment on se répartissait les enregistrements à deux guitares alors que j'avais l'habitude de m'enregistrer seul. Donc je ne me posais pas cette question. Et voilà, c'est plein de petits trucs qui ont fait que ça a pris plus de temps que prévu.
Laurène : Et pour compléter, je dirais que les morceaux étaient quasiment tous finalisés à part le travail que Brice voulait faire sur certaines choses. Moi, je n'étais pas forcément dans des bonnes conditions psychologiques pour terminer l'écriture des paroles. Et une fois que l'écriture des paroles était terminée, je n'étais pas forcément dans les bonnes conditions matérielles pour enregistrer. Et du coup, ça a pris du retard. Et quand j'avais les conditions psychologiques et matérielles, je me suis tapé une extinction de voix pendant un mois et demi.

D'accord. On espère que les problèmes de voix sont résolus...
Laurène : En fait, je me suis chopée une angine pendant un an et demi, le truc de l'enfer, bronchite et tout. J'ai dû littéralement faire un traitement de cheval.
Du coup, ce ne sont pas les réactions que vous avez eues au premier album avec la pression que ça peut engendrer, qui ont retardé l'album ?
Brice : Non, ce sont vraiment des éléments extérieurs.
Laurène : Et puis c'était plutôt encourageant, en fait par les bons retours.
Brice : On n'a juste pas eu de bol.
Laurène : Il y a des hauts et des bas. Et en fait, on a eu des gros bas !
D'où est venue l'idée de faire un album concept autour des légendes celtiques ?
Laurène : Ce n'était pas forcément prévu de base. On a une liste où on met toutes les thématiques qui nous passent par la tête. Et j'avais beaucoup d'idées de morceaux sur des légendes ou des personnages historiques celtes. Et je trouvais que cet album avait une connotation un peu celtique. Et du coup, j'ai proposé aux gars : est-ce que ça vous dirait qu'on parle de légendes du monde celte et que du coup, on appelle cet album "Legends" ? Et voilà du coup, ça a parlé à tout le monde. Donc je comprends ce que tu veux dire par album concept, parce qu'effectivement il y a une ligne directrice au niveau des thématiques.
Brice : Il y a un fil rouge. Mais on ne peut pas parler de concept album.
On s'est dit que le premier titre de chaque album de Orkhys serait un
morceau révolutionnaire, un morceau qui parle de lutter pour soi, pour
ses opinions.
Sur cette base de légendes, un peu comme des contes de fées qui peuvent tourner autour des histoires violentes, est-ce que c'est aussi l'occasion pour vous de dénoncer la société actuelle ? Les contes de fées ou les légendes sont souvent très cruels par rapport à la société de l'époque qui reste cruelle aujourd'hui. Est-ce qu'on peut voir aussi cette analogie-là peut-être inconsciente pour vous ?
Laurène : Il y a un morceau où c'est vraiment voulu. C'est sur "Boudicca, Queen of the Iceni'. Et encore une fois, ça ne s'est pas fait de manière forcée, on s'en est rendu compte ensuite. Du coup, on a forcé le trait. On s'est dit que le premier titre de chaque album de Orkhys serait un morceau révolutionnaire, un morceau qui parle de lutter pour soi, pour ses opinions, de lutter contre l'oppression. Et donc on a eu "The End of Lies" où clairement j'ai écrit les paroles pendant la période des gilets jaunes. Ensuite, on a "New World" où là, voilà, ça parle de tout raser, de revenir à zéro et de ne pas perdre espoir. Ce n'est pas parce que tout semble noir et poussiéreux qu'il n'y a pas quelque chose de beau et de lumineux.
'Boudicca', en fait, c'est la même chose. C'est une reine qui, à la mort de son mari, l'empereur romain Néron voulait que ce pays qui se trouve en Angleterre, le peuple des Icènes, revienne à l'empire de Rome. Et en fait, le roi, à son décès, a dit non, je lègue le pays à ma femme et à mes filles. Et Néron, de colère, a fait battre et violer Boudicca et ses deux filles. Et ça a tellement révulsé le peuple qu'ils se sont révoltés. C'est un peu David contre Goliath. Et les Icènes, représentés par le peuple, étaient tout petits mais se sont très bien battus. D'où la devise de Boudicca qui est "on préfère vivre une vie pauvre mais libre que d'être esclaves et riches". Ce n'est pas faire la courbette aux grands, c'est se battre pour ses idées. Parfois, vaut mieux vivre simplement mais être droit dans ses bottes, être fier de qui on est plutôt que de s'abaisser pour faire des choses, et être accordé bien.
Mais du coup, il n'y a qu'un seul titre qui reflète cela, pas tout l'album ?
Laurène : Oui, c'est ça.
Donc vous ne voulez pas devenir un groupe vraiment dénonciateur engagé ?
Laurène : Ce n'est pas forcément l'envie première, mais en tout cas, on aura toujours un message d'égalité, de lutte contre l'oppression, de se battre pour ses idées.
Brice : Il est possible qu'on pousse le curseur peut-être un peu plus par la suite, mais c'est encore pour un projet futur.
Pour illustrer l'album, vous avez choisi donc "Sleepy Hollow" sur la pochette sans faire mention du cavalier sans tête. En quoi cette légende représente-t-elle le contenu de l'album ?
Laurène : Il n'y a pas que ça en fait, la pochette représente un pot-pourri de pas mal de légendes.
Brice : Oui, on avait pas mal brainstormé tous ensemble. J'avais suggéré une idée : comme on avait un certain nombre de légendes, essayer d'avoir une pochette qui intègre tout ou une partie des légendes avec des petits détails à droite, un peu à la façon de "Satanic Art" de Arcturus, des petits détails. Alors beaucoup moins riche, on va dire moins chargé, mais un peu à cette façon-là. Et du coup, on s'est inspiré de pas mal de choses, on a eu un coup de cœur pour la pochette de Dissection, l'album "Storm of the Light's Bane". Et on s'est dit que la figure du cavalier sans tête était aussi parlante que "Sleepy Hollow" de Tim Burton. Ça allait être parlant pour pas mal de gens et le fait de le mettre en avant, c'est une bonne figure à mettre en avant.
Et pour le monochrome, est-ce une pochette assez représentative de Orkhys ?
Laurène : Pour être tout à fait honnête, le premier souhait pour la pochette, c'était justement de partir sur un peu plus de couleurs et on s'est rendu compte que ça ne correspondait pas forcément à ce qu'on voulait. Ça ne marchait pas. Et du coup, on est parti sur du monochrome et on s'est dit bon, ça a bien fonctionné sur "Awakening", on va retenter. On a fait l'essai et on s'est dit : ouais, c'est vrai que ça fonctionne bien. Mais à la base, on a essayé, on a vu que ce n'était pas forcément ça qui était le plus adéquat, du coup, on est partis sur du monochrome.
Brice : Ça fait un peu le parallèle avec Down, où il y a l'album rouge, l'album bleu, l'album violet, l'album jaune. Donc pareil, on a l'album un peu noir au début, on a l'album bleu en deuxième, l'album vert. Peut-être que le prochain sera plus rouge.
Intéressant comme contraste par rapport à votre musique plutôt variée...
Laurène : C'est vrai qu'on pourrait s'attendre à quelque chose de peut-être plus lumineux ou quelque chose de très diffus. Et je pense que Orkhys, c'est ce contraste, on est insaisissables.
À l'écoute de l'album, on sent une volonté de respecter la culture celtique et notamment au niveau des instruments souvent associés à ce genre de musique comme la harpe, le cor de guerre. Est-ce que ce sont des vrais instruments ou est-ce que c'est vraiment quelque chose d'organique ou que vous avez essayé de maîtriser ?
Laurène : Je suis harpiste, c'est mon métier. Donc oui, ce sont de vrais instruments. C'est une des caractéristiques d'Orkhys. Les gens sont étonnés de l'intégration de la harpe sur scène. On a une harpe sur scène.
Brice : Idem pour la cornemuse c'est une vraie personne.

Ça donne un aspect à la musique très organique. En fait, c'est ce que vous cherchez, alors que certains utilisent des ordinateurs...
Laurène : Je suis harpiste avant d'être chanteuse. C'est un plus pour cet album.
L'un des titres les plus marquants, c'est 'Bae An Anaon', une balade celtique presque champêtre avec ce passage puissant en chant guttural. Pourquoi ce chant apparaît-il un peu moins sur cet album ?
Laurène : Parce que je ne suis pas une chanteuse gutturale, ce n'est pas du tout dans mes cordes vocales. Mais à ce moment-là, ce passage, dans ma tête, j'entendais un chant guttural. Quand on écoutait les maquettes, pour moi, il manquait un chant guttural. Et du coup, en enregistrement, j'ai tenté et je l'ai fait et ça marche plutôt bien. Donc, c'est normal parce que tout le monde parle, mais ce n'était pas prévu.
Si je me dis là, j'entends du chant guttural, je ferais du chant guttural, si j'y arrive tout simplement.
Est-ce quelque chose que tu as envie de développer ou c'est vraiment juste l'instinct ?
Laurène : L'instinct, c'est le bon mot. En fait, avec Orkhys, il n'y a rien de prévu dans le sens où il n'y a rien d'obligé. Et c'est comme le morceau en français, on ne l'a pas écrit en français parce qu'on s'est dit absolument qu'il y ait un morceau en français. À la base pour 'Deirdre an Bhroin', j'avais commencé à écrire en anglais et tout me venait en français. Et encore une fois, quand je l'entendais dans ma tête, j'entendais des paroles en français et c'est pour ça que du coup le morceau est en français. Je dis pas oui, je dis pas non. Si je me dis là, j'entends du chant guttural, je ferai du chant guttural, si j'y arrive tout simplement. Et s'il y a un morceau où j'entends de l'italien, je chanterai en italien (rires).
Qu'est-ce qui te guide justement ? C'est la musique, c'est l'instinct ?
Laurène : La musique et l'instinct.
Lors de la première interview, tu disais avoir vraiment du mal à écrire en français et à l'interpréter. Qu'est-ce qui a fait que pour ce morceau-là, ça ait marché ?
Brice : C'est un morceau qui détonne un peu par rapport à ce qu'on a fait jusqu'ici. C'est un morceau très inspiré d'Alcest, qui chante en français. Je pense que ça a peut-être influencé aussi.
Laurène : Oui, c'est du black metal atmosphérique. Et je me disais s'il y a bien un morceau sur lequel je peux me permettre de chanter en français, c'est ce morceau-là. Mais ça se trouve, ce sera le seul morceau en français.
Brice : On ne sait pas, c'est comme encore une fois, très bien.

La voix dans cet album est très mise en avant dans le mix. Une impression qu'elle est presque dissociée des autres, comme s'il y avait toi et le groupe. Est-ce que tu comprends cette impression-là ?
Laurène : Oui. Et je pense que c'est un point à retravailler. Pour vous donner un ordre d'idée, on a même demandé, sur mon initiative, de diminuer la voix sur certains morceaux parce qu'elle était encore trop présente. Je pense que c'est un des points d'amélioration pour le prochain album. Si j'ai une remarque à faire, et je le dis avec toute gentillesse et bienveillance, je pense que notre ingénieur du son s'est plus orienté vers quelque chose de plus pop dans sa vie personnelle. Donc, la voix est énormément mise en avant. Je pense qu'il a peut-être pris un peu plus les standards de la pop pour cet album. C'est vraiment un point sur lequel on va retravailler. On sent qu'il y a certains morceaux où la voix n'est pas assez intégrée. C'est un point d'amélioration.
Brice : Peut-être parce que sur l'album d'avant, on a eu la remarque inverse. On nous avait dit que la voix était peut-être sous-mixée. Du coup, on a voulu prendre en compte cette remarque. On a peut-être été trop loin dans l'autre sens. Pour le prochain album, on va trouver un juste milieu.
Dans le chant, un peu comme cette adaptation celtique, on sent quelque chose de plus varié, plus émotionnel. Comment as-tu travaillé cet aspect-là ? Quelles ont été tes inspirations ? On pense à Loreena McKennitt ou Lana Lane. Est-ce que tu t'en es inspirée et comment as-tu modulé ta voix pour retranscrire la bonne émotion ?
Laurène : Il y a eu énormément de travail au niveau du chant entre tous les albums. J'ai deux cours de chant par semaine. Je suis hyper assidue vocalement. Je me suis beaucoup inspirée de Floor Jansen, c'est pour moi une grosse source d'inspiration. Et surtout, la chose que je voulais dire, c'est qu'avec le fait que je prenne beaucoup de cours de chant, j'acquiers de la technique vocale. Et du coup, je suis de plus en plus libre par rapport à mon chant. J'arrive beaucoup plus à réussir à faire ce que j'entends dans ma tête et comment je voudrais que ma voix sonne. Et il y a aussi beaucoup de ça, j'augmente mes capacités vocales, j'arrive à faire de plus en plus ce que je veux et c'est hyper plaisant. Quand on se détache de la technique vocale, quand la technique vocale est là, acquise, c'est là qu'on peut être beaucoup plus porté sur l'émotion, sur l'interprétation. On ne se dit pas ça va sortir comme ça peut sortir. Non, c'est ok, je refais, parce qu'en fait là, ce n'est pas la bonne émotion. Et il n'y a plus cette difficulté technique. C'est vraiment la grosse différence entre les albums. J'espère qu'il y aura encore plus de différence avec l'album qui suivra, je vais continuer à bosser comme une acharnée.
Sur cet aspect vocal, qu'est-ce que tu penses du fait que dans un groupe où il y a une chanteuse, on semble s'attacher plus à l'émotion que véhicule la voix par rapport à un chanteur ? Est-ce que tu perçois cette différence qu'on peut avoir en tant que journaliste ou auditeur, et est-ce que ça paraît justifié aujourd'hui ?
Laurène : C'est un sujet très compliqué, très touchy, très émotionnel. Et là, je vais mettre mon interprétation. Nous les femmes, surtout dans le metal, on nous dit souvent comment s'habiller, comment chanter et on se permet d'avoir des avis sur tout. On nous dit en fait comment faire. Et ça, c'est juste insupportable que les gens nous disent comment faire. Dire ce qu'ils préfèrent, ça, il n'y a aucun souci. Mais de me dire tu ne devrais pas chanter comme ça, tu ne devrais pas t'habiller comme ça... Donc ça m'énerve. Et je trouve ça profondément injuste par rapport à d'autres collègues masculins. Il n'y a pas tous ces canons de beauté ou ces concours de la plus jolie chanteuse. En fait, on s'en fout.

Mais justement dans Orkhys, tu as cette liberté de faire ce que tu veux ?
Laurène : Oui, je fais ce que je veux après, je me concerte avec les membres du groupe parce que leur avis m'importe. Mais une personne qui me dit tu devrais chanter comme ça, je la regarde et je dis merci ! Mais en fait, je fais ce que je veux. Et je pense que je deviens de plus en plus dure par rapport à ça parce que si tu n'aimes pas la manière dont je chante, va écouter quelqu'un d'autre, mais ne me dis pas comment je dois chanter. Et je trouve que les femmes, on est beaucoup plus jugées, critiquées, analysées. Si ce sont des critiques constructives, il n'y a aucun souci, je suis vraiment ouverte au débat. Mais il y a un moment donné, quand c'est juste pour tacler, je ne suis plus d'accord.
Je ne suis pas si certain qu'il y a des gens qui sont attachés à la
personnalité du frontman ou de la frontwoman. Mais je pense que c'est un
tout qui fonctionne, c'est le groupe qui compte.
Brice, tu es d'accord avec ça ?
Brice : Oui, des fois, je lui donne mon avis, des conseils, mais je ne lui impose rien. Mais je ne suis pas si certain qu'il y a des gens qui sont attachés à la personnalité du frontman ou de la frontwoman. Mais je pense que c'est un tout qui fonctionne, c'est le groupe qui compte. Par exemple, Tarja qui a quitté Nightwish, il n'y a plus le talent de composition de Tuomas derrière. Même si elle a du succès : elle a du succès en Finlande, mais cela reste limité par rapport à la notoriété qu'elle avait dans Nightwish. Si on prend Maiden, même s'ils se sont cassé la figure quand Bruce Dickinson est parti, on retient les refrains, on retient aussi les riffs. C'est vraiment un tout et c'est une fusion. Avec une mauvaise frontwoman, on n'avance pas, mais s'il n'y a que ça, ça s'essouffle très vite. Au moindre souci, ça peut éclater. Je pense que c'est une combinaison de plein d'éléments qui font que les gens aiment un groupe, même si effectivement, la façade compte.
Cet album est plus varié, un peu moins trash et développe plus de genres. Comment cela s'est intégré dans la façon de composer, notamment l'intégration de deux guitares cette fois-ci ? Quel a été l'apport ? Qu'est-ce que ça a permis ?
Brice : Cela n'a pas été simple. C'est un peu comme en cuisine. Quand on a deux guitares par rapport à une seule guitare, il faut qu'on joue exactement la même chose pour que ça ait un sentiment de puissance. Et en même temps, il faut que la personnalité des guitaristes puisse s'exprimer. Donc c'est un équilibre hyper compliqué à trouver. On a eu du mal à trouver cet équilibre, mais je pense qu'on a réussi à pas trop mal se débrouiller. Pour la suite, on sait ce qu'on va faire et ce sera encore mieux. Ça a été une difficulté. Un des gros avantages, c'est que je m'illustre plus sur la rythmique que sur le solo. Et à l'inverse, Henri est plus sur les solos que sur la rythmique. On se complète vachement bien. Je voulais intégrer plus de solos de guitare dans l'album, mais je ne m'en sentais pas forcément capable. Le fait d'intégrer Henri, c'était un vrai plus. Cela m'a permis de me concentrer sur la composition et la rythmique, et Henri était très content de pouvoir s'exprimer. Beaucoup de personnes nous ont dit qu'on avait poussé le curseur de l'extrême un peu plus sur cet album par rapport à celui d'avant. Par exemple, un titre comme 'The Dullahann' est un des plus lourds qu'on ait fait. Tout en restant très mélodique, il y a quand même une grosse part de trash.
Qu'attendez-vous de cet album ?
Laurène : Le défendre sur scène et espérer conquérir de nouveaux fans avec ce qu'on fait.
Brice : On a des festivals de plus en plus importants. Déjà avec le Treola, on a atteint une étape hyper importante et c'est assez gratifiant. C'est un festival qui compte...
On espère qu'avec ce nouvel album, vous confirmerez la surprise et l'attrait que les gens ont eu sur le premier album. Toujours en progression, j'ai ressenti cette volonté de vouloir progresser. Donc le troisième sera parfait au niveau de tout ça, les solos, la rythmique...
Brice : Oui, on essaie de toujours vouloir progresser.
On a commencé l'interview par la question à laquelle vous en avez marre de répondre. Quelle est celle que je ne vous ai pas posée à laquelle vous auriez aimé répondre ?
Brice : Je ne sais pas du tout.
Laurène : Où aimeriez-vous jouer en rêve ?
Alors, où ?
Brice : Le Wacken.
Laurène : Aller au Hellfest. Puis après, le Wacken. On prend nos rêves et puis après, on fait les tournées.
Brice : Le Wacken. J'ai un attachement particulier à ce festival, c'est mon premier festival. Je suis allé six ou sept fois, je crois. C'est là que j'aimerais aller.
On espère que cet album vous permettra d'ouvrir les portes pour ça. Merci beaucoup pour cette interview.
Ensemble : Merci de votre soutien depuis nos débuts.