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TITRE:

VERSO (09 MAI 2024)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

BLACK METAL



Verso brille de mille éclats en interview avec Music Waves
CALGEPO - 22.05.2024 -
3 photo(s) - (0) commentaire(s)

Les contrastes sont le leitmotiv du projet Verso. Entre black et pop, le duo mère-fils s'amuse à mêler les genres pour notre plus grand plaisir. Rencontre avec ce groupe assez atypique pour nous parler de ce premier album "Éclats"


Votre actualité est la sortie prochaine de “Eclats”. En quoi l’EP sorti en 2020 (‘Inéluctable’) a-t-il posé les jalons de ce qu’allait être cette production à venir ? Est-ce que son accueil vous a rassurés sur votre volonté de sauter le pas vers l’album ?

"Inéluctable" fut pour nous un véritable environnement d’expérimentations. A ce moment-là, nous n’avions pas de vision claire de ce que serait Verso. D’ailleurs, l’inclusion de Sardinas au chant s’est fait lors du processus d’enregistrement et n’était, à l’origine, prévu que sur le titre 'The Fall of the Immortal'. Après sa sortie, il a été plutôt bien reçu pour un premier EP (au vu de notre notoriété). Mais ça n’a pas été la raison du passage à l’album. On a tout simplement eu l’opportunité (et le temps) pour le faire, et l’on savait que cette occasion ne se représenterait peut-être jamais, alors on l’a saisie et on y est allé à fond !




L’album sort courant Mai. Comment appréhendez-vous cette sortie ?

Comme tout projet qui a mis 3 ans à aboutir, on espère qu’il sera bien reçu. Cependant, Éclats n’a pas été pensé pour être un album “commercial”. Nous l’avons vécu comme une expérience humaine, familiale et hors norme pour nous. Ce qui ne nous empêche pas de faire notre maximum pour le faire découvrir et le promouvoir.


Nous sommes fiers d’avoir eu le courage de sauter le pas.



Vous êtes un duo mère-fils. Comment cette relation nourrit-elle votre projet ? Comment en êtes-vous arrivés à travailler ensemble ?

A l’origine, Sardinas n’était pas censée rejoindre le groupe mais seulement apparaître sur ‘The Fall of the Immortal”. Son rêve était de pouvoir enregistrer et entendre sa voix dans une production studio. Quand j’ai eu l’opportunité d’enregistrer l’EP, je me suis dit que c’était l’occasion, même si le metal n’était pas forcément son univers. A notre grande surprise, le projet lui a sincèrement plu et je lui ai proposé de rejoindre le groupe. Qui aurait cru qu’on en serait là aujourd’hui ? Composer ensemble nous a beaucoup rapprochés, et nous a amenés à nous livrer sur cet album. Je ne pensais pas que ce serait aussi bénéfique pour nous et notre famille. Quoi qu’il advienne, c’est une expérience que nous n’oublierons jamais et nous sommes fiers d’avoir eu le courage de sauter le pas.


Votre duo rappelle le groupe Dead Can Dance dans cet aspect mystique onirique. Est-ce que ce groupe fait partie de vos influences ?

Honnêtement pas plus que ça ! Je ne connais du groupe que l’album “Anastasis”, que j’ai vraiment apprécié mais assez peu écouté au final.


Ce sont des éléments qui interagissent ensemble pour donner un tout, une synergie et non un combat.




Votre esthétique visuelle est déjà bien développée et réfléchie. Craignez-vous que votre image prenne le pas sur votre musique ? Comment parvenez-vous à équilibrer forme et fond ?

Merci pour ce compliment ! On s’est donné beaucoup de mal pour que notre image transmette et projette notre musique. Cependant, nous ne sommes pas inquiets concernant la prise de pouvoir de l’image sur le son. Ce sont des éléments qui interagissent ensemble pour donner un tout, une synergie et non un combat.


Votre musique empreinte de mysticisme est propice à développer l’imagination. Elle est très cinématographique. Envisagez-vous que ce projet aille au-delà de la musique et devons-nous voir Verso comme un ensemble plus large dans lequel vous développeriez romans ou courts-métrages qui viendront illustrer votre œuvre sonore ?

Il est vrai que nous aimerions pouvoir expérimenter différentes voies avec Verso, pourquoi pas en rapprochant notre musique de l’univers du cinéma. Cependant, au vu de notre situation actuelle, cela semble un peu utopiste. En tout cas, il nous reste pas mal d’étapes à franchir avant d’envisager ce genre de choses.


Votre clip mettant en image votre premier single ‘Le Monde Noir’ rappelle l’univers de Guillermo Del Toro (“Le Labyrinthe de Pan”, “La Mémoire de l’Eau”…). Comment cet esthétisme nourrit-il votre manière de composer ?

C’est assez mystérieux pour moi… Lors de la composition de l’album, je n’ai jamais cherché à atteindre une esthétique bien définie. Je voulais juste retrouver des sentiments intenses que j’ai pu éprouver au cours de ma vie. Dans le cas de notre single, c’est le sentiment d’injustice et d’impuissance qui est mis en avant. L’esthétisme n’est apparu qu’après le sentiment pour le souligner. On a cherché à raconter cette histoire, que l’on a vécue, afin de permettre à l’auditeur de le visualiser à travers son propre prisme.


J’aime bien cet effet Yin et Yang qu’on a su mettre en place


Ce morceau illustre votre dualité et votre musique, contrastée entre moments pop mélodiques (incarnés par Sardinas, mais habillée de noir dans la vidéo) et sombre (RoyalG pourtant habillé de blanc dans le clip) ? Est-ce là votre signature ?


Le terme “contrasté” paraît très juste et fait partie intégrante de notre identité musicale. J’aime bien cet effet Yin et Yang qu’on a su mettre en place avec Sardinas, ça donne un chouette résultat et donne beaucoup de profondeur à notre propos. De là à en faire notre signature, je ne sais pas… À aujourd'hui, il est encore un peu tôt pour le dire.


Dans ‘Hallucination’, vous apportez une touche plus classique avec des cordes qui apportent un petit côté Tim Burton, ajoutant à l’angoisse. Qu’est-ce qu’apporte selon vous cet ajout d’instruments classiques ?

Beaucoup d’émotions et le sentiment d’être immergé dans un film abstrait. On adore le rendu des cordes sur l’album (merci Vincent, Yvain & Constance si vous nous lisez !). Les cordes sont pleinement utilisées au cinéma et apportent très facilement une profondeur cinématographique à la musique. Leur ajout s’est fait à la fin de la production et on y a vraiment gagné musicalement (en plus de passer une journée très fun pleine d’expérimentations).


On a vraiment cravaché pour réussir à trouver des lignes de chant mémorables et naturelles.




Les voix et la manière dont vous interprétez les chansons sont aussi une ligne directrice. Comment travaillez-vous cet aspect et l’instrument vocal pour trouver la justesse et ne pas surjouer votre musique émotionnelle ?

Les chants ont demandé un gros investissement de notre part. En général, nous sommes partis des instrus (complexes) pour trouver les thèmes et les voix, exception faite de ‘Non Coupable’ qui a été composé à partir d’un texte de Sardinas sur la perte de son frère que nous avons mis en musique. On a vraiment cravaché pour réussir à trouver des lignes de chant mémorables et naturelles. Pour ce faire, on a écrit les paroles pendant que nous cherchions les lignes mélodiques et/ou rythmiques au fil de l’eau. On souhaitait créer le plus de diversité possible dans les interventions de chacun. Pas évident de créer un moment violent avec une voix légère face à du growl et, inversement, de maintenir une tension émotionnelle avec du growl face à une voix cristalline !

On s’y est repris à de (très) nombreuses reprises avec une méthode franchement militaire. Chaque jour, c’était : préparation, enregistrement, improvisation, debriefing de la session (avec point sur les paroles), edits, puis écoute finale et débriefing et on recommence depuis le début ! Bref, un travail de fourmi…


Vous êtes très à l’aise dans l’imbrication du black metal et des moments mélodiques (‘Kikazaru’ et ‘Cicatrices’ en sont des exemples frappants). Comment arrivez-vous à canaliser ces idées et à faire en sorte que tout cela sonne cohérent ?

En jouant sur les contrastes ! Ce que j’aime le plus dans le black metal, c’est le sentiment d’effondrement qu’il développe. Je voulais réussir à transmettre ce sentiment sans mettre de gants. Le but était de rendre plus accessible cet univers aux personnes qui ne sont pas sensibles à ce style. L’aspect mélodique aide beaucoup à cela, et le point de vue de Sardinas m’a vraiment bien guidé dans ce jeu de piste. Comme on souhaitait que le résultat final nous plaise à tous les deux, il a fallu trouver le moyen de faire coexister nos univers. La clé pour moi a été d’avoir le recul nécessaire.


Quels groupes ont contribué à construire votre projet ?


Pour ma part, j’ai été nourri par des groupes comme Gorgoroth, Emperor, Katatonia, Septic Flesh, Eths ou encore Ahab… Cependant, ce ne sont pas toujours les groupes les plus pertinents pour parler de Verso car ils sont, dans l’ensemble, très éloignés musicalement. Ils restent malgré tout ma principale source d’inspiration.

Concernant Sardinas, ses influences sont plus axées rock, voire pop rock, tels que Shaka Ponk et Placebo ou des auteurs français tels que Zazie


On peut dire que cet album a été un véritable exutoire pour nous, voire une thérapie comme tu dis !




Votre œuvre semble être aussi cathartique avec des sujets très forts et introspectifs. Est-ce que votre disque est une forme de thérapie pour vous et pourrait aussi le devenir pour vos auditeurs ?

Lors de l’écriture de l’album, nous pensions être dans une posture de contrôle. Pourtant, nous avons invariablement tendu vers des sujets plus personnels et douloureux. Nous avons un naturel pudique et cela a été difficile pour nous de se mettre autant à nu. Mais nous n’avons juste pas su faire autrement ! Nous avions inconsciemment besoin d’en parler, de traverser à nouveau ces moments pour pouvoir les retranscrire avec justesse. Cela nous a beaucoup aidés à les comprendre et à les accepter. On peut dire que cet album a été un véritable exutoire pour nous, voire une thérapie comme tu dis ! Si certaines personnes peuvent s’identifier à travers nos paroles et notre musique, nous en serions ravis !


Vous proposez beaucoup de passages où les instruments sont le seul guide pour l’auditeur. En quoi ces moments “de silences” sont importants dans vos compositions ?

Je pense que les instruments ont aussi des choses à dire. La vie n’est pas faite que de mots et il y a des choses qui se transmettent aussi par ce “silence”.


Vous chantez en français, en quoi ce choix est-il délibéré (comme dans le groupe progressif Ange, pour ne citer que lui) ? Ne craignez-vous pas ainsi de vous fermer la porte à l'international ?


Nous chantons en français car c’est notre langue maternelle et l’anglais mettait une distance entre nous et nos titres. Cela nous semblait plus simple pour nous exprimer, mais en fait on a vite constaté qu’il était très difficile d’écrire en français. Les sonorités ne sont pas forcément adaptées, nous avons beaucoup travaillé sur nos paroles avec Sardinas pour arriver à faire sonner les mots et à exprimer des sentiments forts. Quant à l’international, nous n’avons pas de prétention particulière à ce sujet. Nous verrons bien où le vent nous mène.


Avez-vous des informations à partager sur des futurs concerts ?

Pour l’instant il n’y a rien d’officiel, mais nous devrions être programmés dans quelques festivals des Hauts-de-France pour l’été 2025.


Qu’attendez-vous de cet album ?


Qu’il vole de ses propres ailes et ne nous appartienne plus. Que chacun se l’approprie comme il le souhaite, rien de plus.


On vous laisse le dernier mot pour nos lecteurs


On espère que notre musique vous fera voyager autant qu’elle nous a fait voyager, et qu’elle ne vous laissera pas indifférents. Exposer ses faiblesses et accepter sa vulnérabilité est une force, et cette force finira par panser vos plaies.



Plus d'informations sur https://verso-officiel.com
 
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