Même s'ils s'étaient déjà fait remarquer avec leur premier album "Observe, Analyze, Sanitize", Slaves of Imperium frappe un grand coup avec "New Waves of Cynicism", deuxième volet d'une trilogie à venir. Et paradoxalement, c'est en toute modestie que les Bretons présentent leur univers qui n'appelle qu'à évoluer tout en s'affranchissant des codes...
Nous aimons commencer nos interviews chez Music Waves par cette question traditionnelle : quelle est la question que vous a trop souvent posée et à laquelle vous auriez marre de répondre ?
Matthew Barry : On n'a pas encore fait énormément d'interviews donc je pense que ça va, on n'est pas encore trop gavés (Sourire)…
Kristen Gachet : Parfois, Cédric doit expliquer le concept de l'album (Rires) !
Cédric Sebastian : Pas forcément, mais ce sont plutôt les origines et comment s'est créé le groupe.
Raphaël Fournier : Le nom du groupe revient souvent (Rires)…
Et on ne vous les posera pas…
(Rires)
On va plutôt parler du nom de votre premier album sorti en 2022, "Observe, Analyze, Sanitize". Son titre évoque Meshuggah et votre logo mis en avant quant à lui il ferait plutôt thrash… Est-ce pour mieux brouiller les pistes ou à l'inverse, donner les prémices de ce qu'est le son de Slaves of Imperium ?
Raphaël : Pour le logo, on a surtout voulu quelque chose qui se retient et qui claque.
Oui d’ailleurs…
Raphaël : Oui, on l'a tous tatoué. Ce logo est une grosse influence Machine Head avec ce côté géométrique.
Cédric : Il y a beaucoup de choses qui sont influencées par Machine Head (Sourire)…
Kristen : Le nom de l'album, tu dis que ça fait très Meshuggah ?
Oui avec "Destroy Erase Improve"…
Raphaël : Ah oui, je n'avais pas fait le lien.
Quels ont été les retours lorsqu'il est sorti en 2022 ?
Kristen : Il y en a eu beaucoup moins déjà que celui-là.
Cédric : Après on a eu quelques retours mais on n’en a pas eu beaucoup, vu qu'il était sorti en indépendant et qu'on n'avait pas vraiment de promotion.
Kristen : C'était un premier album...
Matthew : Et aussi le fait qu'on n'avait pas fait 50 concerts avant de le sortir. On venait de se rencontrer, de se former. L'album a été la première chose qu’on a faite parce qu'on était en confinement à cette époque-là. On ne pouvait pas faire de concert. On n’avait que ça à faire.
C’était l’occasion de vous créer une carte de visite pour pouvoir ensuite enchaîner sur des concerts… A cet égard, au moment de sortir du Covid, est-ce les concerts que vous avez faits ont été à la hauteur de vos espoirs ?
Raphaël : On aurait espéré avoir plus d'enthousiasme et plus de propositions de plans de concert, qu'on n'a pas forcément eus. On connaît les gens qui organisent des concerts mais ils ne sont pas revenus vers nous alors qu'on avait un album à défendre sur scène. On est donc un petit peu frustrés sur ce plan pour ce premier album.
Mais c’était un premier album justement, vous n’aviez pas encore la visibilité nécessaire notamment sur les réseaux sociaux pour être programmé…
Matthew : C'est la difficulté à laquelle on fait face côté réseaux sociaux.
C’est frustrant de juger la valeur d'un groupe par son engagement sur les réseaux sociaux
Mais ça a dû évoluer depuis ?
Matthew : Ça a augmenté mais c’est frustrant de juger la valeur d'un groupe par son engagement sur les réseaux sociaux, parce qu’on préfère accorder du temps à la musique plutôt que de réfléchir à notre visibilité sur Facebook.
Kristen : Après, il faut comprendre les festivals : ils doivent avoir une certaine rentabilité… C'est normal qu'ils se basent là-dessus ; c’est le jeu.
Après ce premier album sorti en 2022, vous revenez avec un nouvel effort, "New Waves of Cynicism". Quelles sont ces vagues de cynisme de façon générale ?
Cédric : Nous sommes partis du postulat que le cynisme se développe du fait qu'il y a plein de choses qui se passent -des choses qui peuvent être tragiques, horribles qui peuvent nous toucher de très près- que ce soit sur les thèmes de la famille, de la croyance, de l'enfance, de l'alcoolisme… des sujets du quotidien. Aujourd’hui, on a la connaissance de cette tragédie mais finalement, tout le monde s’en fout. Le voisin peut battre sa fille -c'est horrible, c'est tragique- mais finalement, les gens ne font rien.
On est surconnecté et pourtant, humainement, on est encore plus isolé qu'avant
On en revient aux réseaux sociaux qu’on évoquait tout à l’heure : on n'a jamais été aussi connectés, au contact de l'information, mais paradoxalement, le résultat est qu’on n’a jamais été aussi déconnectés…
Cédric : Exactement ! C'est d'ailleurs un constat que je fais de plus en plus. Quand tu vois aujourd'hui, quand tu sors dehors, dans le métro, sur une terrasse… tout le monde est sur son téléphone. Effectivement, on est surconnecté et pourtant, humainement, on est encore plus isolé qu'avant. Et là j'ai envie de leur dire, non mais ça sert à quoi de rester chez moi. Du coup, la nouvelle vague de cynisme, c'est qu’on a connaissance des causes, je sais ce qui se passe pourtant, c'est tellement éloigné que les gens sont de moins en moins humains.
Raphaël : Oui et puis il y a aussi le contraste, le fait de s’intéresser, de s'offusquer pour des sujets géopolitiques super vagues et d'en faire notre quotidien alors que juste à côté il y a des problèmes vraiment importants qu'on met sous le tapis… On préfère dire des grandes phrases très générales sur des grands sujets qui vont mettre tout le monde d'accord et ça c'est le cynisme…
Comment explique-t-on cette évolution ?
Raphaël : Nous n'amenons pas de réponses, on ne fait pas de la politique mais on pose des questions. On les met sur la table pour qu’on soit tous attentifs.

A cet égard, sur la pochette, le personnage de droite représente un homme au masque de fer avec votre logo sur le bras et un couteau dans le dos qui fait face à ce qui semble représenter la mort dans un costume (qui pourrait représenter comme notre société capitaliste qui nous tue à petit feu). Quel est le rapport justement entre la pochette et le cynisme ?
Cédric : Le cynisme est cette hypocrisie que tu vois sur la pochette. Ca pourrait être la mort en costard ou autre mais c’est surtout cette poignée de main hypocrite, cette politesse de surface : n’empêche que l’un veut poignarder l’autre.
Mais un des deux personnages a votre logo tatoué. Doit-on en conclure que vous contribuez à cette hypocrisie ?
Raphaël : C'est vrai que forcément on est obligé de jouer avec les codes de la société, d'en faire partie et de faire les choses comme il faut faire… pour exister, pour avoir une place… Mais derrière, on a tous nos passifs, nos histoires, et du coup, on ne les montre pas avec ce masque qui est sur la pochette mais finalement quand on est chez nous, on tient un discours différent
Cédric : C’est de la sociologie, c’est la théorie des masques de Durkheim qui dit que suivant la situation et les endroits où on est, on adopte tel ou tel masque.
Cette pochette pourrait aussi évoquer une sorte d'acceptation du personnage de droite en serrant la main de son bourreau. En d’autres mots, finalement, on est tous acteurs en acceptant cette situation qui nous mène droit au mur ?
Cédric : Oui c'est un peu la démarche mais je ne dirai pas qu'on l'accepte, mais on la subit
Ça fait le lien aussi avec le nom du groupe ?
Matthew : Tout à fait !
Quelles sont les sources d’inspiration pour ce disque ? De notre côté, on sent une parenté avec les death oldschool aux sonorités thrash et des groupes comme Carcass, Arch Enemy ou Obituary ? Outre Machine Head dont on parlait tout à l’heure, ces groupes font-ils partie de vos influences ?
Kristen : Complètement !
Matthew : De près ou de loin, ça fait ça fait partie des choses qu'on a pu écouter à un moment donné et nous ont indirectement influencés
Raphaël : On connaît tous très bien ces groupes mais c'est vrai que ce ne sont pas forcément nos références principales…
Kristen : Je suis super content parce que tu cites Arch Enemy et le batteur Daniel Erlandsson est un de mes batteurs préférés. Ce me fait donc ultra plaisir d'entendre ça !
Cédric : A la base, j’étais plus fan de death mélodique, j’ai donc forcément beaucoup écouté Carcass mais je n'ai jamais été plus fan que ça des autres…
On a la volonté de ne pas se mettre de limite
Mais après vous êtes plusieurs et les influences d’un groupe sont celles de chacun d'entre vous... Pour en revenir au nom du groupe qu’on a un peu évoqué, ne vous sentez-vous pas esclave des modes musicales, même si on est dans une niche ?
Matthew : Tout à fait, en devant rentrer dans une case. Mais on a la volonté de ne pas se mettre de limite sur ce point. On a notre base mais on ne se met pas de limite si on veut incorporer d'autres choses, d'autres styles, des instruments inhabituels… On ne se met pas de limite et c'est vrai que parfois on n'est plus dans le genre mais c'est assumé…
La technique est avant tout au service de l'émotion et pas l'inverse
Et à ce titre, même si votre musique suit les canons des genres, ce disque est avant tout un long fleuve de tumultueux ?
Raphaël : C’est vrai que c’est un album tumultueux avec beaucoup de mouvements différents...
Cédric : Pour moi, la musique est avant tout une question d'émotion avant la technique. Et c'est bien que ça se ressente parce que, suivant les thèmes abordés, l'émotion change. Du coup, ça peut paraître comme un voyage un peu torturé et tortueux, parce que, justement, on navigue sur un flot d'émotions qui va varier et qui va changer en fonction des musiques. Et effectivement, c'est là où on insiste : la technique est avant tout au service de l'émotion et pas l'inverse. Personnellement, je préfère écouter une musique avec un riff qui reste en tête, une mélodie, plutôt que de constater que le batteur a lâché 3 000 coups de casse-claire en une mesure -un truc super technique mais dont tu ne retiens rien. Ces groupes seront bientôt remplacés par une intelligence artificielle parce que si c'est pour écouter de la musique fait par un algorithme, je ne vois pas l'intérêt… C’est l'émotion avant tout.
Ce long fleuve tumultueux a des allures de concept album. Est-ce le cas ?
Cédric : On peut dire que c'est un album concept en lien avec une méthode de pensée que j'ai toujours… Ça commençait déjà sur "Observe Analyse Sanitize" - Observer, Analyser, Aseptiser. Pourquoi on aseptise ? Parce que ce que tu vois peut être parfois tellement dur, qu'est-ce que tu vas faire le soir ? Soit tu en crèves, soit tu enlèves tous les sens émotionnels, tu enlèves tout ce qui est humain…
C'est typiquement sur les thèmes liés au cynisme que vous développez dans ce nouvel album…
Cédric : C’est effectivement un fil conducteur qui se développe. En gros, "Observe Analyse Sanitize" était un peu l'intro qui montrait un peu les bases et aujourd’hui, il y a "New Waves of Cynicism" qui développe le concept de façon raccord… Quand je parle de nouvelles vagues de cynisme, le but est de faire un thème par morceau de quelque chose de proche et qui est dans notre cercle. ‘Parasites’ va parler plus généralement de l'espèce humaine. Mais ensuite, on évoque la famille, les croyances, l'isolement, l'enfance, la religion… Mais la religion comme elle est abordée dans ‘God is a Son of a Bitch’ n'est pas de dire que la religion c'est de la merde mais plutôt qu’elle nous a abandonnés c'est-à-dire qu'aujourd'hui, Dieu le Père n’a plus rien à foutre de ses enfants en les laissant faire n’importe quoi…
C'est dans cette optique que cet album a été écrit, en abordant toutes ces valeurs, ces thèmes qui nous sont proches, qui nous sont chers pour les attaquer avec un biais d'interprétation, pour les démolir un par un. Par exemple, tu prends ‘Open the Gates of Madness’ qui traite de la famille : la famille est censée être ce qu'il y a de plus précieux mais quand tu creuses… A chaque fois, c'est une démarche un peu destructive, de démonter ou critiquer un par un tout ce qui nous est cher… c'est de là que découle cette nouvelle vague de cynisme.
J'aime bien tout ce qui est contrasté
Dans ce fil rouge conducteur, comment expliquez-vous que certains passages plus doux soient plus troublants que des riffs plombés ?
Cédric : C’est ce qui est intéressant, j'aime bien tout ce qui est contrasté. Si tu prends ces trois morceaux qui racontent une histoire que sont ‘Making Season’, ‘Beating Session’ et ‘Aftermath’. ‘Making Season’ parle d'amour et de l'accouplement ; je n’avais jamais attaqué le sujet des relations amoureuses et sentimentales mais je voulais le faire avec un biais d'interprétation où on allait enlever toute l'émotion et évoquer juste l'acte bestial et c'est pour ça que sur cette chanson, le chant n’est qu’en death. Sur ‘Beating Session’ qui parle de l'enfance, là où le contraste est intéressant c'est qu’on apporte du chant clair avec quelque chose de très mélodique et pourtant les paroles sont affreuses.
Tu cites ces deux titres qui semblent très liés tant les sonorités sont proches accentuant ainsi le côté concept qu’on évoquait…
Raphaël : Ces trois morceaux ‘Making Season’, ‘Beating Session’ et ‘Aftermath’ forment un trio, c'est la raison pour laquelle ils sont côte-à-côte dans l'album.
Cédric : Tu prends ‘Beating Session’ avec cette mélodie qui arrive avec un chant clair, en revanche, la violence va émaner des textes qui sont abordés et c’est ce contraste que je trouve intéressant. Au premier abord, c'est très mélodique, c'est joli… mais la violence est apportée par le concept et non plus par la musique.
Effectivement, les trois musiques se complètent. ‘Making Season’ parle d'acte bestial du coup, le titre est rentre-dedans. ‘Beating Session’ évoque les enfants battus : l'enfant qui est venu au monde dans le précédent titre n’a pas été voulu et il va se faire martyriser. Et finalement, on a ‘Aftermath’ qui évoque comment cet enfant a grandi et comment il va être condamné à répéter la même chose parce qu'il a été conditionné : il a toujours connu ça ! C’est la raison pour laquelle ‘Aftermath’ est entre guillemets une sorte de mix des deux précédents titres avec un mélange de chant guttural et de chant clair…
Concernant les titres, pourquoi avoir choisi comme single les titres ‘Parasites’, ‘Open the Gates of Madness’ et’ God is a Son of a Bitch’ ?
Matthew : On avait choisi ‘Parasites’ en
single parce qu’elle…
Kristen : … tabasse (Rires) !
Matthew : Oui, et parce qu’en matière de composition, on a pas mal évolué depuis le premier album. Mais je pense que c'est un morceau qui résume bien la direction qu'on était en train de prendre à ce moment-là. Et aussi parce qu’en premier morceau, on voulait dévoiler quelque chose de violent, il fallait que ça rentre dedans
Raphaël : Et c’est pareil sur scène, on joue ‘Parasites’ en premier. C'est le titre qui tabasse le plus avec cette sept cordes ultra lourde.
Cédric : On voulait faire un clip lyrique et vu qu’on affiche les paroles, il fallait qu’elles soient impactantes. C'est pour ça qu'on avait pris ‘Open the Gate of Madness’ parce que les paroles sont très violentes. Et enfin ‘God is a Son of a Bitch’ est un choix qui a également été fait par rapport au rapport au titre qui est provocateur et qui reste en tête mais c’est surtout une musique qui résume bien notre univers avec un riff qui reste en tête, un refrain...
A cet égard, est-ce que ce titre ‘God is a Son of a Bitch’ n’est pas une manière d'enfoncer une porte ouverte ou est-ce un retour aux sources du death blasphémateur ?
Matthew : Il y a deux façons de voir la chose à savoir que le titre est rentre-dedans et évocateur mais en fait le titre il n'est pas si bête et méchant que ça. Mais c'est vrai qu'on profite un peu de ce côté
Kristen : J’ai envie de dire que dans le metal aujourd'hui, tu ne peux plus critiquer, tu n’as plus le droit de dire ce que tu veux, tu dois faire attention à chaque mot avec cette
cancel culture, il y a des mots que tu peux plus utiliser…
Le but de l'art est de déranger et de bousculer les codes

C’est factuel dans notre société en général mais cela c’est également arrivé dans le metal que je pensais préserver ?
Cédric : Dans le metal, tu peux encore te permettre certains écarts… Tu as encore cette liberté d'expression dans le metal et justement personnellement, j'en profite…
Kristen : Je pense que le critique provocateur nous plaît aussi parce qu'on est tous unanimement fans de Behemoth dans le groupe : c’est quelque chose qui nous plait bien.
Cédric : Le but de l'art est de déranger et de bousculer les codes. Le but n’est pas de faire un truc juste pour être bête et méchant mais on a un moteur, on a un véhicule qui nous permet de nous exprimer… Et c'est vrai que le metal est une musique qui le permet.
Matthew : Concernant le côté provocateur, je trouve que ça marche parce que, pour ma part, même dans ma propre famille, quand ils ont vu le titre sortir, j'ai eu des retours en demandant pourquoi je faisais ça (Sourire) ?
Kristen : J'ai une famille qui est très catholique, bien ancrée. Ma grand-mère voulait être bonne-sœur et elle lutte ce genre de choses, ce genre de musique. C'est assez drôle, mais c'est vrai que dans la famille, ce genre de titres, c'est plus compliqué.
Cédric : Mon père m'a juste dit que c'était un peu provocateur mais je lui ai répondu qu’on assumait nos propos…
Les trois albums -même s’il n'y en a que deux qui sont sortis- forment une saga
Et hormis le titre bonus, pourquoi avoir ajouté le titre ‘Observe Analyse Sanitize’ ? Est-ce une manière de pousser à découvrir le disque précédent ?
Matthew : Il y a deux visions. Le morceau avait été sorti un an plus tôt en version acoustique. A cette époque, on n'était pas encore signé chez M&O. On s'est donc dit que d'une part, c'est une façon de pouvoir peut-être rebooster un petit peu ce morceau et d’autre part, d’un point de vue musical, je trouve que c'est une bonne fin.
Cédric : C’est une manière de montrer ce qu'on peut faire. C'est-à-dire, certes on peut être très violent, mais toujours dans l’idée de contraste, on fait une version acoustique complète. C'est un morceau que personnellement, j'affectionne beaucoup et je trouvais qu'il méritait d'être mis avant.
Raphaël : C'était également un défi en montrant ce qu'on est capables de faire : on ne fait pas que du
blast. Mais le placer dans l'album, c'est aussi effectivement faire un lien avec le premier album parce que les trois albums -même s’il n'y en a que deux qui sont sortis- forment une saga. C'est un peu comme ça que ça a été conçu… Et du coup dans le troisième album, il y aura une version acoustique d'un des morceaux du deuxième album qui permet de faire vraiment un lien.
Il y aura des surprises…
Tu as défloré le mystère de cette trilogie à finaliser avec un troisième album mais quelle est la suite à venir, l’évolutique, une évolution entre le premier et le deuxième. Qu'est-ce qui est, c'est quoi la suite sur le troisième, les thèmes que vous avez, donc le concept...
Cédric : Pour l'instant, on est vraiment sur le concept. J'ai déjà des textes, on a des idées... mais il y aura des surprises… Mais le but est d’aller toujours regarder encore plus profondément, d'aller encore plus dans l'analyse.
Le style évolue en permanence
Vous avez donc un thème que vous déclinez sur trois albums. Ne craignez-vous d’être à sec à l’issue de cette trilogie concernant un thème qui vous inspire particulièrement ?
Matthew : C'est une interrogation valide mais qui ne m'inquiète pas trop. On a plein d'idées, on n'a jamais été à court d’idées depuis qu'on a commencé le groupe. C'est pour ça d'ailleurs que les deux albums se sont suivis assez rapidement et qu’aujourd’hui, on est déjà en train de parler du troisième. On est inspirés, on a des choses à dire autant musicalement qu'au niveau des thèmes. On ne sera pas à sec tout de suite…
Cédric : C’est aussi pour ça que quand on a fini le deuxième, on a totalement arrêté de composer. On a gardé les idées mais on a voulu prendre le temps pour le prochain parce qu'on s'est rendu compte que si on prend du temps, la musique que tu as faiteil y a trois mois ne ressemble plus trop à celle que tu as fait aujourd'hui. Le style évolue en permanence. A notre niveau, on a même dû lever le pied…
Matthew : On progresse en tant que groupe, en tant que musiciens. Au cours de ces quelques années, on continue à apprendre à se connaître. Et comme ça évolue assez vite parfois, on est obligé de faire une pause comme le disait Cédric…
Raphaël : Il faut savoir que quand on a sorti le premier album, on avait fait la moitié du deuxième.
Matthew : Il n'était pas fini mais il y avait quelques morceaux qui étaient déjà composés où les maquettes avaient déjà été faites et on savait qu'on allait les utiliser.
Et finalement qu’attendez-vous de cet album sachant que si j’ai suivi, vous revenez d'une tournée européenne. Qu'est-ce que vous attendez de plus de cet album sorti en mars ? Qu'est-ce que vous attendez de cette promo ?
Matthew : De la visibilité avant tout !
Raphaël : De se faire connaître en France parce que à l'étranger, j'ai l'impression que les portes sont ouvertes.
On a plus de chances d'avoir des dates à l'étranger qu'en France
Et comment expliquez-vous cela ?
Raphaël : Je n’en ai aucune idée. Mais la scène est assez inaccessible et j’aimerais bien pouvoir jouer cet album en France, pour se faire connaître dans le pays d'où on vient. C'est comme Gojira, ils étaient absolument inconnus en France pendant des années, et maintenant ça y est, ils sont enfin connus.
Matthew : C'est ce qui est triste. On en a discuté avec des gens du milieu, tous s'accordent à dire que dans notre style, on a plus de chances d'avoir des dates à l'étranger qu'en France. Pas mal de groupes se font connaître un peu à l'étranger et reviennent ensuite en France parce qu'il y a une demande : c’est triste !
Raphaël : On n'a tout simplement pas de culture metal en France et surtout en Bretagne…
Cédric : Je suis Lorrain et frontalier avec l’Allemagne et à l’époque, même si c’était compliqué de trouver des zicos en revanche, pour avoir des dates, c'est utile. En Bretagne, c'est extrêmement compliqué parce qu’il n'y a plus de salles, tout est fermé... Il y a une scène, il y a des groupes de metal en Bretagne, mais vu que c'est une région touristique, suivant les passages, ils n'aiment pas mettre en avant les groupes de metal parce que c’est une niche…
Raphaël : Mais c’est triste finalement quand tu sais qu’il y a par ailleurs, le Hellfest, le Motocultor… mais en Bretagne, c'est compliqué parce que comme le disait Cédric, tu as le tourisme et le bruit que ça engendre, les gens râlent… c'est compliqué !
Cédric : Un exemple concret, on devait jouer au off de l'Interceltique mais on s'est fait
striker par les flics pourtant des gens venaient, ils avaient la réceptif, on avait commencé à faire les balances mais on s'est fait dégager par les flics parce qu’on a appris qu’on était
blacklisté par la mairie avant même d’avoir joué… C’est dire à quel point la mentalité est particulière : même si le public est là, il y a toujours des vieux cons -qui représentent nos élus- qui ont toujours la tête butée considérant que le metal c'est une musique violente et qu’il y aura des problèmes…
Cette image du metalleux date d’il y a vingt ans, elle est obsolète comme en témoignent tous les reportages qui peuvent tourner en dérisions le public metal…
Raphaël : Oui, un public bon enfant !
Cédric : Tu me dis que c’était il y a vingt ans mais les gens qui décident encore aujourd'hui sont encore en vie donc : ce sont les mêmes cons qu'il y a vingt ans à la différence que vingt ans après, ils sont encore plus cons !
Tu dis que les mentalités ont évolué contrairement à nos élus qui sont restés vingt ans en arrière ?
Cédric : Prends un exemple concret à l'époque de l'Eurovision quand Lordi est gagné et l’autre trou du cul de Michel Drucker qui ose dire qu’il ne ferait pas écouter ça à son chien. Finalement, la France est repartie la queue entre les jambes et c'est un groupe de metal qui a gagné.
On a commencé l'interview par la question que vous avez trop souvent posée. Au contraire, quelle est celle que vous souhaiteriez que je vous pose ou à laquelle vous rêveriez de répondre ?
Matthew : Qu’on nous propose de jouer au Stade de France…
Kristen : … Le Hellfest m’irait bien aussi (Rires) !
Cédric : C’est un rêve mais oui j’aimerais bien qu’on me pose cette question…
Mais ces rêves ultimes quels sont vos rêves raisonnables et réalisables à court terme ?
Matthew : Faire des festivals comme le Motocultor…
Cédric : Même le Hellfest sur l’Altar : on serait très contents !
On croise les doigts mais vous êtes dans les temps pour l’édition 2025 du Hellfest… Merci !
Slaves of Imperium : Merci à toi.
Merci à ThibautK pour sa contribution...