Après deux Eps qui ont permis à Blooming Discord de se forger une belle notoriété dans sa région d'origine, le groupe décide de se lancer dans le grand bain en proposant son premier album long format... Et nom de Zeus, quelle bonne surprise nous offre ce "Memories from the Future" ! Gageons que cet album permettra au quintet provençal de passer à la vitesse supérieure et conquérir la scène hexagonale et plus si affinités...
Quelle est la question qu’on vous a trop souvent posé et à laquelle vous auriez marre de répondre ?
Sam : Celle-ci (Rires) !
Kage : Ce n’est pas pour faire de la fausse modestie mais avoir des gens qui nous posent des questions, c’est toujours hyper flatteur. Honnêtement, on a beaucoup bossé pour arriver ici, on ne nous a jamais trop fait de cadeau et du coup, on est vraiment reconnaissants que les gens s’intéressent à ce qu’on fait. Mais pour répondre à ta question, y-a-t-il une question qu’on aurait marre qu’on nous pose ? Désolé de répondre à côté et de cette non-réponse mais honnêtement, il n’y a pas de question où je me dis que c’est lourd…
Vous direz ça à la prochaine promo où vous serez un peu plus rôdés à l’exercice et donc au contact de questions récurrentes. Mais aujourd’hui, nous parlons de "Memories from the Future" : votre premier album après deux EPs semble être un voyage à travers le temps. Y a-t-il une référence à "Retour vers le futur" dans le titre ?
Kage : Eh bien, tu sais quoi ? Pas du tout (Rires) ! En plus, j’ai vu pour la première fois de ma vie "Retour vers le futur" quand j’avais 26 ans. J’étais hyper en retard. Mais que ce soit le titre de l’album, la pochette ou la musique, si ça peut évoquer des choses différentes à des gens différents, c’est tant mieux !
Tout est question d’interprétation… Mais même si ce n’est pas lié à "Retour vers le futur", malgré tout, et en parcourant ce voyage, avez-vous pu obtenir l'almanach des résultats sportifs pour nous révéler le futur triomphe de l'OM en Ligue 1 ?
Kage : (Rires) Il faut savoir une chose, le fan de l’OM de groupe n’est pas présent dans cette interview. Mais au risque de te surprendre, je ne suis pas marseillais, je suis parisien…
Sam : Moi non plus, je suis stéphanois…
Kage : Ca fait 10 ans que j’habite Marseille…
Sam : Et moi, ça fait 22 ans…
Kage : Honnêtement, je ne dirais pas que je suis supporter du PSG mais s’il y a une équipe en France à suivre, je serais plutôt Paris même si le côté star m’a un peu gavé…
Plus sérieusement, le recours à des financements participatifs pour vos EPs et cet album a été une démarche importante. Comment gérez-vous la pression supplémentaire associée à cette méthode ?
Kage : On a lancé ce financement participatif parce qu’on sortait de deux années de Covid sans concert. Et comme on le sait, les concerts, c’est ce qui rapporte des sous aux artistes. Malgré tout, pendant le Covid, on a quand même voulu continuer à produire de l’actu en sortant des clips de l’EP précédent mais nous a forcément coûté des sous et notre fonds de roulement a fondu… En fait, en arrivant à la composition de cet album, on savait que c’était l’aboutissement d’un certain nombre d’années de travail et on savait que ce qu’on allait produire allait être cool et fidèle à ce que nous sommes avec un côté plus mature notamment… Ce financement participatif a servi de précommandes mais aussi de remobiliser notre
fanbase…
Un groupe coûte très cher mais on est chauds donc on investit parce que c’est notre vie : on veut vraiment faire ça !
…. Justement, opter pour le financement participatif dès les débuts peut sembler audacieux pour un jeune groupe. En effet, certains groupes attendent une fanbase plus établie avant de s'engager dans cette aventure, faut-il en conclure que la vôtre était déjà suffisante ?
Kage : Oui, oui…
Sam : Oui, on a une
fanbase, des gens qui nous suivent dans le Sud principalement, et on voulait voir comment ça allait être réceptionné. Au début, on n’était pas forcément sereins parce que c’était quand même une certaine somme… Un groupe coûte très cher mais on est chauds donc on investit parce que c’est notre vie : on veut vraiment faire ça ! Et si on peut avoir une aide supplémentaire, c’est encore mieux ! On a donc vu à travers ce financement participatif qu’il y avait de l’engouement et puis, on a réussi à obtenir un résultat final qui est vraiment cool et enfin, cela permet d’inclure dans l’aventure des gens qui se sentent acteurs du projet.
Et avez-vous été surpris par cet engouement ?
Kage : En fait, sur le moment, on n’a pas été surpris en soi parce qu’il y a quand même eu deux EPs avant cet album et on avait donc pas mal sillonné le Sud de la France : les participations viennent principalement de là…
On avait fixé un objectif plutôt réaliste pour ne pas trop s’exposer mais ce qui nous a surpris, c’est cette confiance dans notre projet mais aussi cette patience parce que les contreparties n’ont pas été livrées tout de suite : ça a pris du temps… Et la concrétisation de ce financement s’est déroulée un an après avec une
release party au Makeda qui s’est tenue la semaine dernière, où beaucoup de gens qui ont contribué sont venus pour une soirée
sold out rien qu’en prévente ! Il n’y avait plus de billetterie sur place, plein de gens n’ont pas pu rentrer…
Sam : … Même des membres de la famille n’ont pas pu rentrer (Rires) !
Kage : On a dû annoncer une date supplémentaire à Marseille le 29 mars pour que ces gens-là puissent revenir… Bref, cette sortie d’album a été le résultat de la mobilisation des gens…
Ne craignez-vous pas que cet engouement s’estompe et une fois, l’album sorti et l’effet de nouveauté passé que le soufflé ne retombe ?
Sam : On le verra sur les prochaines dates… mais vu l’engouement qu’il y a eu au moment de la
release party et même depuis quelque temps, on n’est pas bêtes, on sait ce qu’on fait aussi…
Personne ne nous a jamais a fait de cadeau et ça nous permet de garder
la tête sur les épaules : on sait que rien n’est acquis d’avance !
Effectivement, le risque est d’avoir la folie des grandeurs et de voir plus grand après une ou deux dates complètes dans des salles de taille moyenne… En d’autres mots, quelle est votre stratégie aujourd’hui : continuer sur des salles de taille moyenne ou voir plus grand avec tout le risque ça comporte ?
Kage : Comme je le disais, personne ne nous a jamais a fait de cadeau et ça nous permet de garder la tête sur les épaules : on sait que rien n’est acquis d’avance ! C’était d’ailleurs la stratégie qu’on a utilisée pour choisir la salle à Marseille -Le Makeda est une très belle salle avec une capacité de 300 personnes- mais on se disait déjà qu’on pouvait être un peu plus audacieux en visant une salle de 400 ou 500 personnes -sachant qu’il y a quelque temps, on avait également fait salle comble au Molotov qui est une salle emblématique de Marseille -où nous avons d’ailleurs tourné le premier clip de l’album ‘Latch’- le problème, c’est que ce sont des salles qui coûtent tout de suite beaucoup plus cher !
On va continuer dans cette stratégie, notre ambition est de pouvoir jouer partout ailleurs en France et en Europe mais si ce sont des salles 150 bondées, ça nous va très bien… Par exemple, nous partons faire nos premières dates à l’étranger en Italie à Milan et Bologne en mai pour jouer dans des salles d’une capacité de 150-200 places… On sait que le
show va plaire aux gens, comme nous l’avons constaté lors de notre tournée en octobre dans des petits clubs de l’Ouest de le France avec un public réactif et touché par ce qu’on fait.
Au stade où nous en sommes, on pourra toucher plus de gens dans des festivals et si le message prend, il prendra, mais aujourd’hui, il faut être réalistes !
Sam : On a vu qu’il y avait une bonne réception lors de nos dernières dates. Le nouveau
show qu’on propose prend plutôt bien : il y a une bonne interaction avec le public et c’est vraiment cool ! Concrètement, on est sortis, on a tourné en France mais c’est encore naissant. L’objectif est de faire comme à Marseille : jouer, jouer et faire grossir la machine…
Kage : Ça a été hyper encourageant de constater que ça prenait même en jouant devant un public qui ne nous connaissait pas. On est revenus en positif de la tournée que j’évoquais grâce à la vente de
merchandising et si on a vendu du
merchandising, ça veut dire que les gens ont apprécié le concert : les chiffres ne mentent pas !
Et pour en revenir à notre public à la "maison", on constate une vraie fidélité -les gens reviennent à nos concerts- mais c’est en lien avec la façon dont on a pensé l’évolution de nos
shows et notre musique : on a eu envie que nos
shows deviennent des fêtes !
On ne veut pas la notoriété, ni l’argent, on veut juste faire la fête en foutant le feu sur scène !
Avant de parler musique, le premier contact avec celle-ci est la pochette, une pochette intrigante, arborant une méduse qui semble paralyser le spectateur, créant presque une allégorie de la technologie et des écrans qui nous entourent et nous obsèdent. Pouvez-vous nous éclairer sur le message -s’il y en a un- que vous souhaitiez transmettre à travers cette représentation visuelle ?
Kage : C’est marrant parce que ce n’est pas la première fois qu’on nous parle de cet écran, et c’est marrant parce qu’on ne l’a pas pensé comme ça : on avait plus l’image du musée avec ce personnage qui sort. Mais c’est hyper intéressant de voir ce parallèle avec l’écran.
Sam : D’un point de vue artistique, c’est Antho (NdStruck : basse) qui a eu cette idée qui reflète un peu le monde comme il l’était pendant la période Covid : on était tous dans des moments où on avait besoin de se retrouver, de sortir et de faire des rencontres… Et pour faire le lien avec la pochette, il y a cet enfant qui est dans ce monde un peu noir, un peu fade, qui regarde quelque chose qui l’hypnotise représenté par cette espèce de méduse qui est autant belle que dangereuse et qui symbolise "Blooming" : on veut attirer l’attention, on est lumineux, venez à nos concerts pour faire la fête avec nous. On ne veut pas la notoriété, ni l’argent, on veut juste faire la fête en foutant le feu sur scène ! C’est le monde tel qu’on aimerait qu’il soit !
Kage : Une autre interprétation qui peut être donnée, c’est que la musique est assez festive mais les paroles beaucoup moins.
Le côté "Discord"...
Kage : Exactement ! D’un point de vue personnel et vu que je suis à l’origine des paroles, cette méduse de la pochette fait également écho à des questions plus relationnelles, sentimentales qui ont été difficiles pendant l’écriture de cet album : on est sur la tentation, la beauté et le danger associés…
En proposant des morceaux de durée variable, comme le quasi-épique ‘Phantoms in Disguise’, et en mettant l'accent sur les instruments, notamment avec l'importance de l’intro très cinématographique et à la basse dans le pont instrumental, considérez-vous cela comme une caractéristique de l'ADN sonore de Blooming Discord ?
Sam : Bien sûr !
Kage : ‘Phantoms in Disguise’ est un peu un morceau pont entre ce qu’on faisait avant et ce qu’on fait aujourd’hui. C’est une évolution mais c’est un morceau avec pas mal de clins d’œil à beaucoup de choses, beaucoup d’influences mais c’est avant tout un morceau ludique !
On a voulu évoluer vers quelque chose de plus efficace
Tu évoques vos influences : ta voix fait certes penser à celle de Corey Taylor et donc Slipknot, mais vos précédents EPs étaient surtout fortement influencés par Avenged Sevenfold. Souhaitiez-vous vous détacher de ces influences et surtout cette dernière ?
Kage : Avenged Sevenfold fait partie de nos principales influences à nos tout débuts : ça se ressent dans nos deux EPs. On a voulu évoluer vers quelque chose de plus efficace : en concert, les gens hochaient la tête mais ce n’était pas entièrement nous, on avait envie que les gens se foutent sur la gueule pendant nos concerts (Rires) !
On a apporté des éléments plus directs, plus efficaces sans perdre de vue ce côté créatif, riche et surtout surprenant !
Sam : Avenged Sevenfold est un groupe qu’on a beaucoup admiré pour certains aspects. Mais avec le temps, on s’est détaché de cette influence. On ne veut plus faire du Avenged Sevenfold mais l’idée, le concept du groupe Avenged Sevenfold continuera de nous influencer.
Au fil de votre album, la variété des genres musicaux se fait ressentir, fusionnant rock, metal et diverses influences. Comment définiriez-vous votre style musical unique, et quelles sources artistiques ont particulièrement marqué votre inspiration pour "Memories from the Future" ?
Sam : Merci pour le "style musical unique", ça fait plaisir (Sourire)… D’un point de vue purement créatif, nous sommes des passionnés de musique. A côté de ça, je suis prof au collège de musique, je fais toutes mes études licence, master en musicologie, et en fait, c’est un point essentiel à aborder parce que nous venons tous d’univers différents : de la musique classique aux musiques du monde en passant par de la pop, du rap… On écoute de tout !
On ne fait pas les choses pour plaire, on les fait parce qu’elles viennent du cœur
Tu évoques cette diversité, ne craignez-vous pas qu’elle vous desserve au moment de vous frotter à un public plus large ?
Sam : On ne fait pas les choses pour plaire, on les fait parce qu’elles viennent du cœur. Quand j’écoute ‘Bohemian Rhapsody’, ça me procure des sensations que je souhaite retranscrire dans ma musique et qu’on se dise qu’il y a une certaine sensibilité dans l’écriture tout en étant un peu alambiqué…
Justement comment arrivez-vous à rendre votre musique accessible tout en étant alambiquée comme tu l’as dit et surtout en restant authentique ?
Sam : On est cinq : c’est un travail d’équipe (Sourire) !
Musicalement, l’élément de surprise est central pour nous
A contrario, ce travail d’équipe n’est-il pas parfois une difficulté dans l’écriture et surtout les choix ?
Kage : Je pense que justement, c’est une force de notre projet et c’est ce qui contribue au caractère inclassable. On a mis des années à commencer à apprendre à travailler ensemble de façon efficace et anticiper les préférences des autres parce qu’on a tous des caractères et des préférences différentes. On est assez du côté résolument collectif du groupe tant dans l’investissement du projet que dans la créativité et c’est ça qui créé cette espèce de mélange de plein de choses… Aujourd’hui, est-ce que les gens adhérent ou non ? En fait, plus il y a de gens différents qui vont écouter ce qu’on fait, plus on est contents parce que l’ADN du groupe est varié dans ses goûts musicaux.
Sam : La musique reste de la musique finalement ! Qu’est-ce que le metal finalement : c’est du rythme avec du
scream… Schématiquement, si tu changes le
scream et tu parles, ça devient du rap ! Quand on construit des musiques, on ne le pense forcément pas pour faire partie de la communauté metal.
Kage : Musicalement, l’élément de surprise est central pour nous : tous styles confondus, on aime quand la musique surprend !
Je parlais d’authenticité, les ballades sont souvent incontournables dans un grand album de metal, et ‘Unlive’ en est un exemple dans le vôtre. Comment approchez-vous la composition de ballades pour éviter les pièges du pathos ou de la médiocrité, tout en maintenant l'intégrité de votre son ?
Kage : La façon dont tu nous poses cette question me fait plaisir parce qu’on a eu des doutes sur ce morceau. En fait, c’est un morceau qui nous a été proposé par Antho, notre bassiste, à un moment qui était un petit peu compliqué pour lui. Il faut savoir que notre bassiste ne vient pas du tout du metal -il est de l’électro à la base et son groupe préféré est Muse- il ne faisait pas de basse et quand on a monté le groupe, il ne savait pas jouer de basse mais il en a acheté une pour se joindre au groupe… Et donc il avait envie de composer un morceau piano/ voix -de façon générale, nous composons de façon collégiale mais ce morceau est principalement d’Antho- et on a aimé l’émotion qui s’en dégageait. J’y ai ajouté les textes et je me suis senti impliqué dans l’émotion qu’il voulait véhiculer parce que j’ai également vécu des galères.
Sam : En fait, on a compris le morceau parce qu’on s’est tous fait plaquer (Rires) et on a tous chialé dessus… Pour l’anecdote, le solo de la fin n’était pas du tout prévu mais on s’est dit qu’il en fallait un : on l’a fait en impro et on l’a laissé tel quel…
Comment avez-vous délibérément intégré des éléments progressifs dans votre style, comme on peut le percevoir distinctement dans "Phantoms in Disguise" -avec une petite référence à Michael Jackson vers la fin…
Sam : Oh tu es bon !
Kage : Effectivement, bien joué !
… et le titre éponyme caractérisé par des ruptures marquées. Envisagez-vous d'approfondir cet aspect dans vos futures productions ou est-ce une exploration temporaire de votre palette musicale ?
Sam : En fait, c’est plutôt l’inverse. Avant -sur les deux premiers EPs- il y avait beaucoup de ça. C’est un peu la jeunesse de la composition où on voulait s’exprimer, on voulait créer, on expérimentait… Procéder de la sorte, c’est cool mais il y a des inconvénients c’est qu’on est moins efficaces en
live et on perd ce côté festif… Tu as des éléments dans ‘Memories from the Future’ -par exemple, le solo- qui ont été pensés au début du groupe, ce sont des trucs qu’on souhaitait absolument garder et j’ai réussi à le placer dans ce morceau : je dois avoir des milliers d’enregistrements de ce type que je garde et qu’éventuellement je pourrais placer à l’avenir… En fait, pour bien comprendre la suite qu’il va y avoir, c’est qu’au début, on s’étalait sur le sujet, on disait beaucoup de choses mais qui n’était pas forcément très intéressantes, ensuite, on a énormément affiné en parlant efficacité et maintenant, on veut peut-être une synthèse entre les deux.
Avec près de dix ans d'existence, la solidité du groupe est palpable. Dans une industrie musicale en constante évolution, avez-vous traversé des moments de doute et comment avez-vous maintenu cette cohésion qui transparaît dans votre musique et de vos clips et sur scène ?
Kage : En fait, je dirais qu’on peut résumer l’histoire du groupe en trois triades de trois ans. De 2015 à 2018, on a commencé à se connaître, à bosser ensemble et à apprendre nos instruments et même d’un point de vue personnel, mûrir et savoir où on plaçait la musique. C’est le moment où on a composé les premiers morceaux, les apprendre, faire nos premières sur scène de façon amateur. Et ça a culminé en 2018 avec notre première mini-tournée autofinancée et le premier EP sorti. Et c’est également malheureusement le moment où notre premier batteur Sébastien a senti qu’il n’allait pas pouvoir suivre le rythme qui s’accélérait et il a préféré se mettre en retrait.
Ça a ouvert la deuxième période de 2018 à 2021 qui a commencé avec une année sans batteur -parce que c’est difficile de trouver un bon batteur metal et une personne qui serait en cohésion avec le reste du groupe. On a mis un an à trouver le nouveau batteur qui s’appelle Sébastien également (Sourire). Et puis est arrivé le Covid… On va dire que ça a été une période creuse : cette deuxième période a été très compliquée avec des expériences
live galères…
On a tous mûri individuellement et collectivement !
Et vous avez eu des moments de doute ?
Kage : On a eu des moments de doute dans le sens où même entre nous, c’était compliqué mais ça fait partie du processus de création d’un collectif : on a tous mûri individuellement et collectivement ! Et en 2021 -qui ouvre la période actuelle- on est arrivé à un moment de maturité collective qui a découlé sur la décision de faire cet album.
Et donc, tu es en train de suggérer que vous ouvrez le quatrième chapitre de la vie du groupe ?
Kage : Exactement ! On a trouvé une façon de bosser ensemble où les egos ne sont plus du tout d’actualité, l’avancement du projet est au-dessus si bien qu’on est efficaces…
Question plus personnelle, à quel moment de quelle triade tu t’es pris de passion pour ces pulls bariolés façon Beetlejuice ?
Kage : Il faut savoir que je suis tout simplement la marionnette des autres gars du groupe (Rires) ! En fait, on a voulu trouver un équilibre. Au début du groupe, on était trop dans le
too much, on voulait tous avoir une tenue de scène, des déguisements… ça devenait
kitsch et ça prenait le pas sur la qualité du
show… Du coup, on est partis sur quelque chose de plus naturel mais il fallait un minimum d’extravagance et comme je viens du creuset grunge…
Sam : Il y a ce côté, mais à partir de l’album il y a eu une rupture où nous avons voulu proposer quelque chose de plus mature pour nous en tous cas et arrêter les costumes, mais peut-être qu’un jour, on y reviendra, pourquoi pas… Mais on avait besoin de se concentrer sur les choses essentielles : faire de la musique et être efficaces !
On sent qu’on commence à être placé sur la carte
Et finalement, qu’attendez-vous de ce quatrième chapitre de la vie du groupe qui s’ouvre avec cet album ?
Kage : On a réalisé l’été dernier -au moment de préparer tout ce qu’il faut pour cette sortie d’album- que ça fait dix ans qu’on bosse ensemble mais pour les gens, ça fait un an à peine qu’on apparaît… En fait ce qu’on attend de cette quatrième étape, c’est de remplir des salles partout -comme pour la
release party- mais aussi de réussir à passer le message de cet album au plus grand nombre -d’ailleurs, on vous remercie pour le travail que vous faites pour nous : c’est hyper précieux pour nous. Et depuis quelques mois -depuis la sortie du premier clip- on sent qu’on commence à être placés sur la carte : les acteurs du monde musical commencent à nous répondre, commencent à être éventuellement intéressés pour qu’on travaille ensemble…
Tu parlais d’être placé sur la carte. A ce titre, dans une ville où Jul et le rap dominent, ressentez-vous une certaine frustration de ne pas être plus prééminents ? Et comment percevez-vous la scène rock marseillaise actuelle, malgré les défis inhérents à la popularité du rap dans la région ?
Sam : Concernant à Jul, c’est trop cool qu’un artiste puisse s’exprimer…
… même si on ne comprend pas toujours…
Sam : C’est vrai (Rires) !
Kage : Il faut savoir que Jul a été l’objet de gros débats au sein du groupe (Sourire)…
Il y a des amateurs de Jul dans Blooming Discord ?
Kage : Pas forcément des amateurs, mais des personnes qui apprécient la démarche…
On ne peut effectivement pas lui jeter la pierre sur ce point au contraire, il a tout compris avec ses 21 "albums" en dix ans qui trustent les premières places des classements des ventes…
Sam : … C’est un artiste qui s’exprime et il y a des gens qui l’écoutent et il représente une catégorie qui n’était pas représentée à la base… Donc sur ce point, je valide ! Mais ce qui est dommage, c’est qu’il n’y a que ça à la radio !
Justement, ce sont plutôt les radios, son public qu’il faudrait blâmer… car soyons honnêtes, musicalement, c’est d’une pauvreté sans nom… mais finalement, on a la musique qu’on mérite !
Kage : Ça pose aussi la question du modèle économique de la musique et qui s’applique aussi au metal.
A cet égard, comment vous adaptez-vous ?
Kage : On a compris qu’il faut occuper le terrain tout le temps, partout…
L’enjeu est de faire de la quantité mais qui demeure qualitative
Ce qui explique vos clips…
Kage : Voilà ! Ce qui explique qu’on a sorti deux
singles mais on en a encore trois ou quatre qui devraient sortir en clip parce qu’il faut occuper l’espace et sortir des choses tout le temps. Et ce n’est que comme ça qu’on arrivera à attirer l’attention de personnes. Mais l’enjeu est de faire de la quantité mais qui demeure qualitative et ça, c’est super compliqué !
Et pour en revenir à Marseille, dans les années 1990, il y avait IAM mais il y avait également Dagoba, Eths… Et aujourd’hui, on parle certes de Jul mais il y a également Landmvrks qui est un des groupes français qui marche super bien, ils viennent d’enchaîner deux tournées américaines accompagnées de deux tournées européennes… Ils viennent de faire une tournée australienne et ce printemps, ils font une tournée européenne en tête d’affiche ! En fait, il y a toujours eu une scène marseillaise
underground hyper active notamment dans le hardcore et en novembre 2023, il y a eu le MvrksFest qui a été organisé par Landmvrks -un peu à la manière de Spliknot qui fait son KnotFest- à la Friche qui est un immense ancienne friche industrielle avec plusieurs scènes : il y avait donc Landmvrks mais également Novelist, Resolve, Rise of the Northstar, Scarlean et plein de groupes de la scène marseillaise… et cet évènement n’avait absolument rien à envier à des festivals qu’on a pu voir… Il devait y avoir 3.000 personnes, l’évènement était fou avec des démonstrations de skate, de Bmx… Pour moi, c’est le témoignage de la vivacité de la scène marseillaise metal : Marseille ne se résume absolument pas qu’au rap !
Marseille ne se résume absolument pas qu’au rap !
On a commencé l’interview par la question qu’on vous a trop souvent posée au contraire quelle est celle que vous souhaiteriez que je vous pose ou à laquelle vous rêveriez de répondre ?
Sam : Je ne vois pas…
… Ce que je vous propose c’est d’y réfléchir et pour notre prochaine rencontre -pour la promotion de votre prochain album- nous commencions par cette question et ta réponse…
Kage : La prochaine fois, tu pourrais me demander : "Quel est le secret de votre réussite ?"
Sam : Excellent (Rires) !
C'est noté. Merci
Kage : Un immense merci, on a passé un très bon moment… Merci pour le boulot que tu fais… Vraiment merci pour ces questions hyper pointues et travaillées, pour le coup, c’est encore plus gratifiant qu’un simple "Comment avez-vous créé le groupe ?"…
Sam : Ouais, franchement, merci beaucoup !
Merci à Calgepo pour sa contribution...