Forest In Blood n'en fini plus d'explorer la piraterie qui sonne tellement actuel de nos jours. Rencontre avec le groupe qui nous plonge dans les "Abyss".
Après "Pirates" en 2018, "Haut et Court" en 2020, vous voilà de retour avec "Abyss" dans une période tout aussi agitée que le précédent. En regardant dans le rétro, comment avez-vous vécu la promotion du précédent album et ne regrettez-vous pas de l’avoir sortie un peu tôt (en pleine pandémie) ?
Effectivement, au printemps 2020, le monde s'est mis en pause pour une durée indéterminée. Sortant tout juste de notre hiatus de plusieurs années, on a décidé de battre le fer tant qu'il était encore chaud (et vacciné) et de naviguer à vue en sortant "Haut et Court" en novembre 2020. La promo a été quelque peu décalée, certes, mais au moins, il était alors disponible et accessible à tous. La musique, c'est aussi des albums que chacun peut écouter quand il le souhaite, confinement ou pas !
Quels ont été les retours sur cet album et vous ont-ils confortés dans votre ambition renouvelée suite à votre retour avec "Pirates" ? Avez-vous senti un avant et après pandémie ?
Les retours ont été très positifs ! On a senti le public très réceptif à l'énergie et aux valeurs que diffuse l'album, celles de liberté d'esprit et d'affranchissement de contraintes étatiques, surtout après des mois d'enfermement sanitaire. Après la pandémie, les gens avaient un surplus de frustration à évacuer. Tout le monde a été très heureux de pourvoir retourner voir des concerts - et à en donner. Ça s'est bien senti et d'ailleurs, merci à tous les valeureux pirates qui ont permis de faire revivre les concerts et la musique !
"Abyss" est un titre qui ne pouvait pas être mieux trouvé. On pensait avoir touché le fond il y a 2-3 ans et finalement on arrive à trouver le moyen de creuser encore plus profond… est ce que ce titre traduit cette plongée de la société dans les abysses ?
Absolument. On ne s'est pas vraiment fatigués pour trouver le titre, il a suffit de regarder ce qui se passe…
Cet album semble clore une trilogie sur la piraterie, pensez-vous avoir ainsi fait le tour du sujet ?
Le sujet est bien vaste et on saurait encore l'éprouver mais on s'était dit dès 2018 avec "Pirates" que ce serait une trilogie. On a suivi notre carte et on a fini par trouver la croix.
Ce titre nous permet de mettre en avant une femme courageuse et remarquable. Sujet bien trop peu traité de nos jours!
Dans "Crève" vous faites référence à Anne Bonny, ses relations avec Rackham et sa liaison avec Mary Read, sorte de chanson d’amour au code de la piraterie, que représente cette chanson surtout vue sous le prisme de cette lourde actualité contemporaine ?
Elie a souhaité parler d’amour et de trahison. Avec ce titre et cette histoire tragique entre Anne Bonny et Rackham, on retrouve toute l’ambivalence de l’amour, de la liberté et de l’appât du gain. De plus, ce titre nous permet de mettre en avant une femme courageuse et remarquable. Sujet bien trop peu traité de nos jours!
L’album est très court avec 10 titres pour 33 minutes de musique, que reflète cette courte durée, l’envie de se reposer sur l’énergie uniquement ?
Il n'est pas plus court qu'un bon Slayer ! Et ouais, en une demi-heure, on propose un shot d'adrénaline, à répéter à l’envi. Notre ambition n'a jamais été de faire du prog rock, on va droit au but. D'où le nombre 10 aussi…
Si t'arrives à la fin de l'album et que t'as été interpellé, la mission est réussie.
Comme pour le précédent album, il y a une introduction. Chaque album est-il conçu comme un épisode d’une série avec l’idée de provoquer chez les auditeurs des images (qu'elles soient violentes et brutales) ?
C'est une analogie intéressante. Chacun ressent la musique à sa façon mais c'est bien là l'objectif : faire ressentir des trucs et offrir une expérience sensorielle. Si t'arrives à la fin de l'album et que t'as été interpellé, la mission est réussie. Et si, à l’instar d'un épisode de série, t'as envie de lancer le suivant, alors banco !
Malgré cette durée ramassée, vous optez souvent pour des petites pastilles de quelques secondes comme ‘Ténèbres’, pourquoi ce choix qui pioche au genre progressif ?
On a pensé que ce serait bien d'offrir quelques instants de répit avant la suite de la bagarre !
L’une des chansons marquantes de l’album est ‘Battlefield ‘ qui dépasse les 5 minutes. Est-ce l’un des titres les plus longs que vous ayez composés ? Pouvez vous nous parlez de ce morceau un peu particulier ?
Cinq minutes et quatorze secondes exactement, un record pour Forest in Blood ! À l’origine, c'est une composition de Vince, notre nouveau guitariste un peu fou, qui y a mis beaucoup de son talent guitaristique et de sa passion pour le thrash. Sans doute un peu trop pour Nech, qui manie les hachoirs à riffs comme ses baguettes : à 1000 BPM. Le morceau aurait pu être bien plus long mais on a su l'optimiser au cours de nos nombreuses sessions d’écriture et il est bien complet comme ça.
Et pour info, vous pouvez retrouver le playthrough de Vince sur notre chaîne YouTube !
Des riffs acérés et des moshparts, c'est sans doute ça, la recette Forest in Blood.
Ce titre est très thrash dans son esprit et sa longueur, couleur que vous avez apportée depuis longtemps à votre veine hardcore. Avec ce mélange des genres, Forest In Blood semble avoir trouvé sa signature, en avez-vous conscience, travaillé pour ou bien est-ce que cela se fait à l’instinct ?
C'est un peu tout ça à la fois. À la base, c'est venu naturellement, ayant cette influence en commun. Et comme on a bien aimé le résultat, on a poursuivi dans cette direction. Des riffs acérés et des moshparts, c'est sans doute ça, la recette Forest in Blood.
Cette orientation est-elle un indice pour la prochaine étape de Forest In Blood ?
C'est carrément un faisceau d'indices !
Dans ‘Children of 666’ il y a une forme de nostalgie qui est véhiculée, est-ce bien la couleur que vous souhaitiez donner à ce titre ainsi que dans le clip ?
C'est possible. Le thrash des années quatre-vingts coule dans nos veines, tout comme l’imagerie des enfants possédés des classiques du cinéma d’horreur. On n'en sort pas, inconsciemment on a envie de faire revivre cette époque, à notre façon.
Vous alternez chanson en français et en anglais, pourquoi un tel dilemme qui n’a pas été tranché d’album en album ?
Parce que c'est l'esprit pirate, on parle la langue qu'on veut avant qu'on nous la coupe ! Et parce que le Code du Metal ne l'interdit pas.
La pochette de l’album rappelle un peu celle de "King For A Day" de Faith No More, est-ce une inspiration inconsciente ?
Je ne pense pas. C'est du rouge, du noir et du blanc, une palette plutôt classique qu'on n'avait pas encore dans notre discographie et qui égaie un peu les étagères.
Pour cet album vous avez collaborez avec Alan Douches et Etienne Sarthou, que retenez-vous de cette collaboration ?
En premier lieu, le résultat, qui sonne terriblement bien et au-delà de nos attentes ! Mais ce résultat est surtout dû à l'exigence et la rigueur d’Étienne qui nous a su parfaitement nous encadrer et tirer le meilleur de nous-mêmes dans les phases d’enregistrement et de mixage. Un vrai chic type avec une parfaite connaissance de son domaine, ça a été très enrichissant et sympa de travailler avec lui dans son studio. Alan, lui s'est occupé du mastering à la perfection. Il a su comprendre nos envies et notre direction et quand on a eu le master, on était tous sur le cul !
Qu’attendez-vous de ce nouvel album ?
Que les gens se l’approprient ! Faire de la musique pour nous, c'est cool, mais voir du monde l'écouter et bouger devant la scène, ça c'est le top !
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