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TITRE:
TAGADA JONES (07 FEVRIER 2024)
TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:
ROCK
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A l'heure de fêter ses 30 ans de carrière, Tagada Jones casse les "e" avec "TRNT" qui revisite 15 morceaux extraits de ses 10 albums et nous prouve qu'il a su évoluer et ne plus seulement faire du punk à chiens !
STRUCK
- 01.03.2024 -
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Le temps a passé et la situation de la société de consommation dans laquelle nous évoluons n'a cessé de se détériorer... Dans ce contexte, une seule reste inchangée : la détermination de Tagada Jones qui nous propose une "non-compilation" de titres issus de 30 ans de carrière revisités à la sauce actuelle...
Les gens vont être relativement surpris parce qu’il y a des morceaux qui différent quand même pas mal
Vous sortez une compilation à l’heure des playlists et des plates-formes, n’est-ce pas un peu dépassé ?
Nicolas "Niko" Giraudet : Justement non, parce que l’idée était qu’on voulait tout sauf sortir une compilation et donc, on a tout réenregistré, on a réorchestré les morceaux, sur cinq titres, Les Bidons de l’An Fer jouent avec nous, des cordes…
On a très longtemps hésité entre sortir un nouvel album pour les trente ans du groupe, et puis on s’est dit que c’était quand même un peu con parce qu’un nouvel album ne marque pas vraiment le passé des trente ans du groupe. Mais on ne voulait surtout pas sortir une compilation commerciale parce que -même s’il n’y avait pas eu cette ère numérique- je ne voyais pas l’intérêt de reprendre des titres qui sont déjà dans nos albums et les remettre dans une compilation. On a donc décidé de tout réenregistrer et pour nous, c’est le même exercice que d’aller en studio pour enregistrer un nouvel album. Malgré tout, je pense que les gens vont être relativement surpris parce qu’il y a des morceaux qui différent quand même pas mal -d’autres pour lesquels il y a moins de différence- et je pense que nos fans vont être relativement contents d’entendre ces titres qui ressemblent à ce que nous jouons en live mais avec un travail de studio.
A cet égard, avez-vous été influencés par votre expérience sur scène avec ces titres ?
Stéphane "Stef" Guichard Auray : De toutes manières, c’est avec notre façon de jouer d’aujourd’hui. En fait, ce qui est drôle, c’est de reprendre un morceau qui a été fait en 1995 ou en 2000 et de le refaire avec notre façon de jouer d’aujourd’hui. On a quand même fait onze albums studio et forcément, avec le temps, on a appris à un peu mieux gérer les choses. Et du coup, comme disait Niko, ce qui va plaire aux fans, c’est de découvrir que la version d’un morceau dont ils étaient fans en 1955 par exemple, la version de 2024 sonne trois fois mieux…
Niko : Ca marche dans les deux sens c’est-à-dire qu’on a choisi une set-list où on veut pouvoir jouer les titres sur scène. On aurait pu s’obliger de prendre -par exemple- deux morceaux de chaque album mais ce n’est pas ce qu’on a voulu faire : on a voulu prendre une set-list qu’on se sent capable de défendre parce qu’on est un groupe de live avant tout. Donc oui, les versions live ont influencé l’enregistrement studio parce que ce sont des morceaux qu’on joue depuis 600 concerts, il y a des interprétations avec Les Bidons de l’An Fer qui ont demandé des réorchestrations de titres qu’on a mis en application, il y a eu la même chose avec les cordes… Et ce qui marche dans un sens marche aussi dans l’autre parce que le travail de studio qu’on a fait avec les cordes par exemple nous ont décidé à leur laisser plus de place et cela va influer sur les versions live qui vont suivre…
Tu n’as même plus besoin de poser la question aux gens sur ce qu’ils veulent écouter : tu le sais déjà !
Vous avez répondu en partie à la question à savoir qu’avec plus d’une dizaine d’albums à votre compteur, comment avez-vous fait le choix de ces quinze titres, mais avez-vous interrogé vos fans pour vous aider dans cette sélection ?
Stef : Disons que Niko avait un peu répertorié les titres qui plaisaient le mieux sur Internet… mais ensuite et surtout, il fallait savoir ceux qui étaient le plus adaptables avec Les Bidons de l’An Fer ou avec les cordes : c’est à partir de là qu’on a vraiment jugé… Pour cette "compilation", on a été cherché des vieux titres comme ‘Hold-up' ou ‘Manipulé’ des titres qu’on jouait il y a très, très longtemps…
Niko : On voulait qu’il y ait de vieux titres -c’était important- et c’est vrai qu’aujourd’hui, les outils statistiques des plateformes -il y a des choses positives et d’autres négatives- mais tu sais ce que les gens écoutent donc tu n’as même plus besoin de poser la question aux gens sur ce qu’ils veulent écouter : tu le sais déjà ! On a donc fait un mix de ce que les gens écoutent, ce que nous avons envie de jouer et les titres qui pouvaient se prêter à la réinterprétation ou à la réorchestration… C’est un mix de tout ça mais qui a été surtout guidé -comme je te le disais tout à l’heure- par le fait que ce soient des morceaux qu’on veut défendre sur scène c’est-à-dire que dans l’année, on va jouer tous ces morceaux : je me voyais mal choisir un morceau parce que les gens l'aiment bien mais qu’on n’avait pas envie de le jouer !
A l’époque, on se faisait presque cracher dessus par le mouvement punk parce que ce n’était pas punk de chanter pour l’écologie.
Malgré tout y-a-t-il des morceaux que vous auriez aimé voir inclus dans cette "compilation" qui ne le sont pas parce que non adaptables aux réorchestrations ?
Niko : Je pense par exemple à un morceau comme ‘Ecowar’ (NdStruck : extrait de l’album "L’envers du décor" paru en 2003) dont le thème a marqué un temps fort dans la vie du groupe parce que c’est un morceau sur l’écologie de manière générale et à l’époque, ce n’était pas punk du tout de faire un morceau sur l’écologie. Si tu veux, les temps changent : à l’époque, on se faisait presque cracher dessus par le mouvement punk parce que ce n’était pas punk de chanter pour l’écologie. On s’en foutait parce qu’on a toujours fait ce qu’on avait envie de faire sans prêter attention à ce que les gens pouvaient penser ! Ce titre a une place importante dans la vie du groupe, en revanche on ne voyait pas trop comment faire une version différente et si c’était réenregistrer juste pour dire qu’on a réenregistré sans rien changer : ça n’avait pas d’intérêt !
Stef : On voulait un petit quelque chose qui fait que ça sonne vraiment différemment de la version originale.
Il y a toutefois une version originale, l'inédit ‘Le poignard’, un titre-coup de poing qui évoque les coups de poignard que vous avez peut-être reçus. Est-ce un titre qui relève du vécu ?
Niko : Bien sûr que chacun d’entre nous a vécu ce sentiment de trahison une fois dans sa vie. Il y a donc des choses personnelles qui n’ont pas grand-chose à voir avec la vie du groupe mais il y a également des choses dans la vie du groupe que les gens ne peuvent pas comprendre comme par exemple sur le Bal des Enragés, il y a eu des réactions de certaines personnes qu’on n’a pas trouvé très cool… Il y a donc forcément du vécu personnel et du groupe mais aussi cette idée qu’on se sent tous trahis dans notre vie à un moment donné et c’est la raison pour laquelle on a voulu mettre ce titre en parole. C’est important et c’est le principe du groupe d’avoir des choses en toi que tu as envie de crier (Rires) !
Et la lame de ce poignard est-elle plus acérée que les crocs du chien géant ?
Niko : (Rires)!
Stef : ‘Un chien géant’, c’est de la rigolade (Rires) !
Niko : On est plus que proches d’Ultra Vomit et ceux qui pensent qu’on a mal pris cette parodie n’ont pas compris…
… Tout à fait, sans compter que les fans d’Ultra Vomit ont pu découvrir Tagada Jones grâce à ce titre : c’est un formidable coup de projecteur…
Niko : Bien sûr, et c’est bienveillant de leur part, c’est la raison pour laquelle les crocs du chien géant ne sont pas très acérés alors que les poignards peuvent l’être et font bien plus mal parce que mine de rien, la trahison blesse les gens dans leur for intérieur.
Jusqu’à quel point tu dois utiliser le système pour dire ce que tu dois dire ?
Avant de fermer la parenthèse Ultra Vomit. Même si ce ne date pas d’hier, comment un groupe engagé comme Tagada Jones juge le concert de ses amis nantais à l’Elysée ?
Niko : Personnellement, nous ne l’aurions pas fait : c’est évident ! Mais Ultra Vomit, ce n’est pas Tagada Jones. Ultra Vomit est un groupe qui fait de la parodie, qui fait de l’humour… Je comprends le point de vue d’Ultra Vomit qui va chanter à l’Elysée d’ailleurs, au début, ils devaient chanter ‘Pipi vs caca’ et j’ai trouvé ça plus rigolo de chanter ce titre à l’Elysée (Sourire)… Ultra Vomit n’est pas un groupe engagé et tu ne demandes pas un groupe qui n’est pas engagé d’avoir de l’engagement : ils sont là pour faire marrer tout le monde. Force est de reconnaître que sur ce coup-là, ça n’a pas fait marrer tout le monde mais tu ne gagnes pas à tous les coups (Rires) ! Mais le jugement et l’interprétation de certains sont complétement faux : ils se sont mis le doigt dans l’œil…
Stef : Et comme j’ai pu leur dire, une fois que tout ce chambard sera passé, que Macron ne sera plus président, dans dix ou quinze ans, ils pourront se vanter d’être le seul groupe de metal à avoir joué à l’Elysée (Rires) ! Mais c’est vrai que le fond des deux groupes ne sont pas du tout les mêmes : nous sommes un groupe plus politisé et eux, c’est de la parodie, c’est de la blague…
Niko : Encore une fois, c’est évident qu’on ne le ferait pas mais ça pose une question importante qui est de te demander jusqu’à quel point tu dois utiliser le système pour dire ce que tu dois dire ? Parce qu’en fait, on s’est posé la question au tout début -il y a 25 ans- de se demander en tant que groupe engagé si on devait sortir notre disque dans les réseaux commerciaux de vente de disques… La réponse a été positive parce que si on a un message à faire passer et si on n'utilise aucun vecteur pour le faire passer, le message ne passera jamais. Le choix est discutable -et chacun fait ses propres choix- mais force est de reconnaître que pour faire passer un message, il faut une tribune et les gens sont obligés de faire des concessions pour pouvoir accès à cette tribune.
Ce n’est pas parce qu’on est dans le système qu’on accepte ses dérives
Ca me rappelle le discours de Mat Bastard qui disait que "le meilleur moyen de changer le système est d’en faire partie"…
Stef : Tu peux jouer la meilleure musique du monde dans ton garage, si tu n’es pas distribué, tu joueras toujours la meilleure musique du monde dans ton garage (Sourire)…
Niko : En tant que groupe, on n’a jamais dit qu’on était hors système ! On sait très bien qu’on est dans le système, d’ailleurs, tout le monde est dans le système : seul celui qui élève ses chèvres au fin fond d’une montagne sans eau, ni électricité qui refuse toute aide y compris la Sécurité Sociale peut dire qu’il est hors système ! On va donc dire que 99,9% des Français sont dans le système. En revanche, pour ce qui nous concerne, ce n’est pas parce qu’on est dans le système qu’on accepte ses dérives. Et pour en revenir à cette question de tribune, on a fait le choix il y a plus de 20 ans et on l’assume complétement d’être dans le système et d’utiliser les outils du système pour faire passer notre message.
Pour en revenir à ce titre ‘Le poignard’, pourquoi avoir placé un titre inédit dans ce qui est une "compilation" de vos morceaux réorchestrés ?
Niko : Tout simplement parce qu’au début, on voulait faire un album (Rires) !
C’est-à-dire que ce morceau était prêt et vous vous êtes décidés à le mettre ?
Niko : Il y avait même plusieurs morceaux dans les tuyaux… En fait, quand tu es un groupe de live, tu as envie d’aller de l’avant, tu as envie de créer de nouveaux morceaux, tu as envie de jouer ce que tu es en train de créer et c’est normal ! Un groupe évolue avec le temps -dans notre cas, ça fait 30 ans- et l’envie qu’on avait il y a 30 ans et l’envie concrète de ce qu’on a envie de jouer sur scène a changé en 30 ans. Tu as envie d’amener du neuf et comme on avait déjà commencé à composer, on a envie d’amener une petite pierre à l’édifice pour amener du neuf.
On a évoqué votre engagement tout à l’heure. Comment un groupe comme Tagada Jones réussit-il à rester pertinent et engagé au fil des années, en particulier dans le contexte social et politique ?
Stef : Je dirais qu’il y a un truc qui nous a fait énormément de bien, c’est le Bal des Enragés. On a compris qu’être toujours à l’extrême gauche et radical nous avait rendu vraiment intolérants finalement et le Bal des Enragés nous a fait comprendre que si on voulait avancer, il fallait faire quelque chose d’un peu plus fun tout en gardant nos idées de base…
Les jeunes se retrouvent dans notre parcours et dans notre discours et l’intégrité de notre discours !
Et je suppose que la tournée des Gros 4 que vous avez faite avec Mass Hysteria, No One Is Innocent et Ultra Vomit a dû vous conforter dans cette idée ?
Stef : Oui, oui, on peut se mélanger avec d’autres groupes qui n’ont pas du tout la même vision des choses comme Ultra Vomit et s’entendre super bien… On peut continuer à parler politique et avoir un côté plus fun…
Niko : Et il faut quand même rappeler que l’essence même de Tagada Jones, c’est la liberté mais c’est surtout accepter les différences. Et dans le Gros 4, tu prends Ultra Vomit et nous : on n’a pas les mêmes idées, en revanche on est contents de jouer ensemble, de partager notre public. C’est notre vision de la vie, notre vision gauchiste (Sourire) à savoir partager avec nos différences. Le vivre ensemble, c’est accepter qu’une personne ne pense pas la même chose que toi ! Et c’est qu’on essaie de défendre depuis le début : une certaine ouverture d’esprit ! Je pense que si Tagada Jones perdure, c’est qu’on n’a jamais changé, on est restés les mêmes : le contexte de vie change énormément mais quelque part, les jeunes se retrouvent dans notre parcours et dans notre discours et l’intégrité de notre discours ! Le contexte a changé et donc quelque part, notre propre tribune a augmenté parce qu’on a plus de crédit vu de l’extérieur sur ce qu’on raconte, mais notre discours n’a pas changé. Mais malheureusement, le monde ne va pas mieux et je préférerais qu’on soit un groupe complétement désuet et que nos chansons soient devenues désuètes parce que le monde va mieux mais ce n’est pas le cas…
Et on revient à ce que tu disais dans notre précédente interview, si jamais ça devait être le cas, le but de Tagada Jones était de prendre et donner du plaisir aux fans sur scène…
Niko : Avant tout, il ne faut quand même pas oublier que quand on va faire un concert, c’est pour partager avec les gens, passer un bon moment : les concerts, c’est du divertissement !
Stef : Je parlerais même plus de spectacle que de concert finalement c’est-à-dire que ce n’est pas seulement jouer nos morceaux sur scène parce que les gens viennent à nos concerts pour s’éclater !
Ca serait dommage après 30 ans de carrière qu’on soit encore à faire du punk à chiens !
Comment décririez-vous l'évolution musicale du groupe au fil des années est-ce que cette compilation la reflète fidèlement ?
Stef : Oui quand même ! Même s’il y a des titres comme ‘Hold-up’ qui à l’époque faisaient que nous étions classés comme groupe punk à chiens (Rires), aujourd’hui, ça a quand même vachement évolué ! Et heureusement, ça serait dommage après 30 ans de carrière qu’on soit encore à faire du punk à chiens ! Je n’ai rien contre ça mais quand tu joues de la musique, au bout d’un moment, tu as envie d’évoluer.
Niko : Je pense que le fondement même de Tagada Jones reste quand même du rock français. Je tiens à le dire parce que même si on a durci notre son -les fioritures qu’on met autour du squelette de notre musique durcissent effectivement le son- en revanche, si tu laisses uniquement le squelette du morceau : tu prends une guitare sèche et la voix, c’est du rock français et c’est le fil conducteur de Tagada Jones depuis le début ! Oui certes, on a un peu plus durci le propos, on a un peu plus arrangé parce que c’est de ça qu’il s’agit mais le squelette reste le même !
On a toujours revendiqué être un groupe issu des cendres du rock alternatif français : c’est l’essence même de notre ADN !
A cet égard, quel impact pensez-vous que le groupe a eu sur la scène punk-rock au cours de ces trois décennies et voyez-vous une relève ?
Niko : Il y en a notamment ce groupe dont on s’occupe, Darcy et qui sont un peu nos petits frères… Mais ce qui se passe, c’est qu’il y a moins de groupes rock en général parce que l’ère est plutôt aux musiques urbaines, si bien que les jeunes qui font du rock, il n’y en a pas tant que ça… Mais il y a quand même pas mal de groupes qui sont revenus vers nous en nous disant qu’on les avait inspirés et c’est plutôt sympa et flatteur… Mais il n’y a quand même pas beaucoup…
Stef : … Après, dans le metal français, peu de groupes chantent en français, la plupart du temps, ils chantent en anglais. Notre relève comme tu le dis se trouve plutôt dans les groupes qui chantent en français puisqu’on a toujours défendu ça.
Niko : On a toujours revendiqué être un groupe issu des cendres du rock alternatif français : c’est l’essence même de notre ADN ! Je trouve que c’est important de chanter en français…
Stef : Même si c’est difficile à faire sonner…
Si on avait commencé cinq ans plus tôt, on aurait sûrement été dans le
mouvement du rock alternatif français porté à l’époque par les radios
… Justement, pensez-vous que cette difficulté explique que les jeunes se tournent vers les musiques urbaines -plus faciles à faire sonner en français- pour faire passer leurs messages ?
Niko : Si tu regardes le fond du discours d’un groupe comme Tryo -qui n’a rien à voir avec Tagada Jones sur la forme, ils étaient moins radicaux- il y a quand même beaucoup de choses en commun… Dans la chanson française, il y avait beaucoup d’artistes qui avaient des choses à dire mais aujourd’hui, il y en a beaucoup moins aujourd’hui et la lumière est beaucoup plus tournée sur le hip-hop, le rap… D’ailleurs, pour l’aparté, des profs de français nous ont plusieurs fois écrit pour nous dire qu’ils faisaient étudier nos textes à leurs élèves qui sont tous persuadés que c’est du rap et c’est quand ils leur font écouter : ils tombent tous des nues quand ils découvrent que c’est du rock (Sourire) ! Il y a quand même un lien dans le fond du discours. Je ne crois pas que ce soit lié à la musique, je pense que c’est tout simplement lié à la musique qui est dans l’air du temps et donc des gens qui vont la jouer… Et si demain, comme je l’espère, le rock revient sur le devant de la scène, tu verras qu’il y aura plein de groupes de rock qui auront des choses à dire…
Stef : Et ce sera le cas parce que c’est cyclique de toutes manières…
Niko : Ce qui est vrai, c’est que le fond du discours reste le même quand tu as quelque chose à dire, peu importe le vecteur musical. C’est vrai qu’aujourd’hui, le rock n’est pas mis en lumière mais ce n’est pas pour autant que ça donne moins de valeur à notre discours. En fait, pour finaliser le fond de ma pensée, on a toujours été un groupe underground : on vient des sous-sols, on n’a jamais été en lumière et on n’a jamais été dans l'air du temps. Si on avait commencé cinq ans plus tôt, on aurait sûrement été dans le mouvement du rock alternatif français porté à l’époque par les radios : on n’a jamais connu ça, on est arrivés juste après la vague qui venait de passer…
Mais n’est-ce pas un regret d’être arrivés après cette vague ?
Niko : Bof, non ! Tu sais franchement, est-ce que la célébrité n’est pas le pire fléau de la Terre ?
Stef : A l’heure actuelle, tout le monde veut être célèbre avec ces influenceurs et influenceuses…
Niko : On a quand même la chance de pouvoir se produire devant des gens, on fait des gros concerts, on joue dans plein de pays…
Et finalement, est-ce que devenir célèbre n’aurait pas dénaturé votre propos ?
Niko : En tous cas, je vais te dire de tout ce que je vois de ces gens : je ne voudrais pas de cette vie-là (Sourire) ! On est finalement bien dans un entre-deux où on arrive correctement à vivre de notre passion ce qui est déjà merveilleux. On ne roule pas sur l’or mais il n’y a rien de pire : j’ai regardé un reportage sur Amy Winehouse et tous ces gens qui ont été pété les plombs avec la célébrité…
Pour en revenir à votre actualité, cette "compilation" s’intitule "TRNT"…
Stef : Je suis un fan des chiffres et des lettes mais je n’aime pas les voyelles (Rires) !
… un peu à la TMNT -Teenage Mutant Ninja Turtles-, êtes-vous les tortues ninja du punk ?
Stef : Alors moi, j’aime beaucoup les pizzas (Rires) !
Niko : Non, c’était juste pour un clin d’œil ! On cherchait comment représenter "trente" sans que ce soit vu, revu… on s’est un peu posé la question et on a trouvé ça sympa. Et ça donnait écho à ce qu’on avait pu utiliser sur l’album précédent où on avait décliné le "TGD JNS" en enlevant les voyelles également. On trouvait ça assez sympa juste pour représenter le côté "trente ans" sans forcément écrire "Trente ans"…
Après le titre, la pochette. En quoi celle de cette "compilation" représente-t-elle l'essence de la musique et de l'idéologie de Tagada Jones ?
Niko : Pour cette pochette, on a ce personnage qui donne cette espèce de coup de poing ce qu’on a toujours voulu faire : un coup de pied/ poing dans la fourmilière que ce soit dans nos textes et en ayant réussi à faire notre petite place dans ce monde dur sans l’aide de personne, en ayant tout fait en indépendant… On a toujours voulu aller de l’avant et on trouve que cette pochette est assez révélatrice du côté punch du groupe !
Et pour en revenir au choix du graphiste : c’est un gars avec qui on était déjà en contact pour l’album précédent. C’est le copain d’un ami qu’on connaît depuis très longtemps sur Rennes et qui est un des tout premiers grapheurs en France. Et Ernest qui est de Dijon fait également partie des tout premiers grapheurs en France qui allaient remplir les murs il y a trente ans. On a eu envie de travailler ensemble et je trouve que son univers street art se rapproche beaucoup de notre univers : il y a beaucoup de ponts entre les deux…
Stef : D’ailleurs, il signe Ernest sans voyelle non plus (Rires)…
Niko : Non et c’est d’ailleurs pour ça que c’est rigolo (Sourire) !
Et pensez-vous que cet album est un bon point d'entrée pour ceux qui découvrent Tagada Jones pour la première fois ?
Stef : Il y a plusieurs périodes représentées donc oui…
Niko : Et il y a quand même les morceaux forts du groupe : c’est une belle porte d’entrée parce que le son est plus facile d’accès pour certains morceaux plus anciens que ce qu’on avait pu enregistrer il y a 25 ou 30 ans. Et puis, je pense que c’est un bon reflet de manière générale du discours, des idées du groupe…
Et finalement, qu’attendez-vous de cet album ?
Niko : En fait, il n’y a pas d’attente particulière. C’était plutôt un cadeau pour marquer les trente ans du groupe, un cadeau qu’on se fait presqu’à nous-mêmes. Il n’y a pas d’attente en termes de ventes pour cette non-compilation (Rires). C’est plutôt un paquet cadeau, un emballage pour nos trente ans et puis, on va présenter ces nouvelles versions en live. On fait plein, plein de concerts cette année, plein de versions différentes aussi : vous pouvez venir nous voir trois ou quatre fois dans l’année, vous pouvez voir trois ou quatre concerts différents et on est très contents de ça !
A cet égard, vous avez prévu combien de concerts cette année ?
Niko : Je pense que cette année, il y a 80/90 dates : ça va être assez intense !
Stef : Ça va barder (Rires) !
On a cette volonté de profiter de la vie et de ne pas la subir !
Ce sont vos familles respectives qui va être contentes de ne plus vous supporter au quotidien…
Stef : (Rires) !
Niko : On a la chance de pouvoir s’organiser et pouvoir justement profiter de la vie -c’est le but aussi-, c’est-à-dire qu’on peut partir avec nos compagnes, nos enfants peuvent nous rejoindre sur un week-end : on a cette volonté de profiter de la vie et de ne pas la subir ! On a donc la chance aujourd’hui avec les dates que l’on fait de pouvoir s’organiser un peu comme on veut…
On en revient à ce que tu disais tout à l’heure à propos de la célébrité que tu ne souhaites pas avoir. La popularité du groupe vous permet d’avoir cet équilibre… En attendant à bientôt sur scène donc…
Niko : Merci !
Stef : Merci bien !
Et merci à Calgepo pour sa contribution...
Plus d'informations sur http://www.tagadajones.com
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