Rencontre pendant laquelle nous avons chronologiquement échangé sur les débuts du groupe à l'imagerie décalée, les premiers albums et fatalement, le Covid qui paradoxalement aurait sauvé un groupe au bord de l'implosion au moment de la sortie de l'album précédent "Acheron" et les décisions radicales qui ont été appliquées à commencer par une production désormais made in... Voice of Ruin...
Vous avez déjà fait l’objet d’une interview sur Music Waves mais on ne vous a pas posé la question traditionnelle à savoir quelle est la question qu’on vous a trop souvent posée et à laquelle vous auriez marre de répondre ?
Randy Schaller : "Comment le groupe s’est formé ?"
Et on ne vous la posera pas malgré tout, à vos débuts, vous aviez opté pour une imagerie à la Aggressive Agricultor…
Voice of Ruin : (Rires) !
On voulait trouver une idée pour se démarquer !
… à savoir que vous apparaissiez très souvent en photo en paysans des montagnes suisses et vous sembliez apprécier un humour très gras et en-dessous de la ceinture. Pour le deuxième album, vous avez opté pour un visuel différent, notamment la pochette de Travis Smith : pourquoi un tel choix ?
Nicolas Haerri : Darryl et moi, nous nous dégageons de la question parce que nous n’étions pas dans le groupe et on laisse Randy assumer cette première partie de vie compliquée…
Randy : (Rires) Alors, en gros, ce qui s’est passé : c’est qu’on était jeunes et cons… On voulait trouver une idée pour se démarquer et on a eu cette idée je ne sais plus comment : c’est certainement moi qui ai dû avoir l’idée… Mais il faut admettre que ça sortait du lot : pas mal de gens en parlaient notamment en France mais par la suite, du moment où on a changé de
line-up, il fallait que tout le monde soit partant et comme les nouvelles personnes n’étaient pas forcément motivées par ce concept : on a donc changé…
D’ailleurs, on ne trouve plus trace ni de votre premier album éponyme, ni de "Mourning Wood" dans votre site. Est-ce une volonté de se détacher de ce passé dans lequel vous ne vous reconnaitriez plus ?
Randy : En fait, j’ai enlevé l’album l’autre jour. Je ne suis pas celui qui a conçu le site, mais je le mets à jour et dans le cas de la discographie, il y a une ligne avec seulement les trois derniers albums (Sourire)… et comme j’ai mis à jour le site en intégrant ce nouvel album "Cold Epiphany", tout s’est décalé…
C’est vrai ou tu bottes en touche ?
Nicolas : Non, il a raison techniquement !
Randy : Mais c’est vrai que ce n’est pas l’album qu’on souhaite mettre en avant !
Justement, ce nouvel album s’intitule “Cold Epiphany”. Pourquoi ce titre ? Est-ce une référence à l’épiphanie chrétienne ?
Randy : Non. L’épiphanie a plusieurs sens et notamment celui de l’apparition. C’est un nom de travail que Nicolas avait trouvé pour le dernier titre de l’album et j’avais trouvé ce nom particulièrement cool. C’est le premier morceau qu’on a composé et enregistré : je n’étais pas encore en mode de travail inspiration pour les textes et je suis donc allé chercher le sens du mot épiphanie et j’ai découvert qu’il y avait plusieurs sens d’où le sens de l’apparition avant de mourir qui m’a inspiré. J’ai donc écrit cette histoire sur un vieillard qui regarde sa vie passée sachant qu’il va mourir dans quelques heures… Ma pire angoisse est de me retrouver à 90 ans sur un
rocking-chair et de savoir que je vais mourir dans quelques heures. Je pense souvent à ce genre de choses…
C’est la fin de vie rêvée que je te souhaite de tout cœur : tout le monde n’a pas la chance d’arriver à 90 ans avec toute sa tête…
Randy : C’est vrai ! Mais je pense souvent au moment de faire le bilan et j’ai pensé à ce personnage qui n’aurait pas forcément fait ce qu’il voulait dans sa vie et qui a des regrets…
Est-ce que votre écriture a également été influencée par l’épidémie de Covid ?
Nicolas : Ça ne l’a pas influencée mais ça l’a changée parce qu’on se lançait dans la promo de "Acheron" notre précédent album, on commence à avoir toute une série de dates qui s’alignent mais le Covid tombe et tout s’annule… On a dû se résoudre au fait que ça n’allait pas se passer comme on le pensait et on ne s’est pas vus pendant quatre mois : on a donc tout arrêté pendant quatre mois ! Le Covid a été le prétexte mais la vérité est que c’était hyper tendu et il fallait qu’on prenne une petite pause…
On se demande même si le Covid n’a pas sauvé le groupe !
Tu sous-entends que dans votre cas, le Covid est bien tombé sous peine d’implosion au sein du groupe ?
Nicolas : Oui ! On se demande même si le Covid n’a pas sauvé le groupe ! On sort de Suède avec "Acheron" sous le bras, on a plein d’attentes, on se prend le chou pour beaucoup de trucs… Cet album a tout changé dans la dynamique du groupe !
En fait, on ne saura jamais l’accueil et les retombées qu’auraient pu avoir "Acheron"…
Nicolas : Il y avait beaucoup de choses qui étaient alignées, on savait que pleins de bonnes choses allaient se passer avec "Acheron" et il y a effectivement une énorme frustration à ce niveau.
Mais dès lors pourquoi y avait-il un risque d’implosion sachant que les meilleurs moments de la vie du groupe s’ouvraient à vous : vous doutiez de vous dans l’atteinte de ces objectifs ?
Nicolas : Non, on est à un moment du groupe où on a beaucoup de pression : on sort "Purge and Purify", les tournées puis on enchaîne sur "Acheron"… Pour un groupe amateur, on enchaîne des années avec quarante dates de concerts : on est à fond, on sacrifie tout, la famille notamment… et tu ajoutes par-dessus la frustration d’avoir fait tout ça pour… rien et tu arrives à un cocktail qui est assez explosif !
Quelles leçons avez-vous tiré de cette expérience ? Vous êtes toujours un groupe amateur, avez-vous décidé de moins tourner ?
Randy : Désormais, on veut moins tourner mais mieux ! A l’époque, on faisait quarante dates dont vingt devant 100 personnes. Aujourd’hui, le but est de faire une dizaine de dates mais devant 300 ou 500 personnes… Finalement, on touchera autant de personnes mais pour nous, c’est moins de temps sur la route. Mais nous avons la chance de pouvoir faire cette sélection parce que nous avons énormément tourné par le passé, un nouveau groupe qui sort son premier album ne pourrait pas se permettre ça…
"Acheron" était justement un album dans lequel on essayait pleins de trucs
On a évoqué la pochette de "Purge and Purify" réalisée par Travis Smith auquel vous faites de nouveau appel à lui pour le visuel de "Cold Epiphany". Mais entretemps, il y a eu la parenthèse avec Metastazis pour "Acheron". Pourquoi de tels choix ?
Nicolas : On avait envie d’essayer quelque chose de différent et "Acheron" était justement un album dans lequel on essayait pleins de trucs. Metastazis avait fait des
covers pour
Behemoth et
Trivium qui sont deux groupes qu’on aime bien et après vu les T-shirts, ça a fini de nous convaincre… Et comme pour cet album, on revient à quelque chose qui est un peu plus comme "Purge and Purify", c’est Randy qui a émis l’idée de travailler à nouveau avec Travis. A l’époque, il faisait les visuels de Periphery et pleins d’autres groupes, on a craint qu’il ne puisse pas pouvoir trouver le temps de s’occuper de nous mais finalement si, il s’est souvenu de nous, ça a été simple de travailler avec lui… On avait juste envie de revenir à quelque chose qui ressemblait à une période qu’on a adorée !
Cette pochette est sombre et utilise une gamme de couleurs froides. Est-ce que vous vouliez retranscrire une ambiance inquiétante et glacée ?
Randy : Ce qui est cool avec Travis, c’est qu’on peut lui laisser carte blanche : on lui envoie les paroles et la musique et il fait ce qu’il veut. Il a renvoyé des propositions super cool dans plusieurs tons de couleurs différents et c’est nous qui avons sélectionné la couleur bleue alors qu’il y avait une proposition en rouge.
Vous avez dit que ce disque “est un mélange des meilleures et plus lourdes musiques que vous ayez créées ces quatre dernières années”. Pourquoi cet album doit être plus lourd et plus sombre pour coller au concept ?
Nicolas : Non, à la base, quand je compose les morceaux, je les envoie au groupe et on dissèque un peu, on échange et on est partis… Pour cet album, Randy a dit qu’on ne pouvait plus aller aussi vite et qu’il fallait un peu changer. Quand on s’est vus pour composer, la première fois, nous n’avions aucun riff : on s’est tous mis dans une maison, Randy nous a ouvert son débit de boisson -il y a un bar à cocktail impressionnant (Rires)… Je t’avouerai qu’au début, on n’a bu que des cocktails puis on s’est mis dans le
process et on a posé les bases et défini qu’on voulait un truc plus lent, plus lourd et à partir de là, je me suis mis à composer. Erwin (NdStruck : Erwin Bertschi, bassiste) a également composé une chanson et avec Darryl, on s’est tout de suite vus pour faire quelque chose qui soit plus adapté à la voix de Randy.
Il fallait en faire moins mais mieux !
Vous œuvrez toujours dans un style death mélodique qui peut évoquer Arch Enemy ou In Flames mais comme on l’a dit cet album est plus sombre mais également plus technique. Est-ce une façon pour vous de vous démarquer de la masse de groupe mélodeath ?
Nicolas : C’est marrant parce que cet album est vraiment moins technique que "Acheron" dans lequel on tricotait de tous les côtés.
Randy : Justement, on s’est dit qu’il fallait en faire moins mais mieux !
Darryl Ducret : Faire des trucs
tricky c’est cool mais au bout d’un moment, pour bien les assumer les scènes, il faut beaucoup répéter et comme on a moins de temps pour répéter…
Nicolas : Le fait est qu’on n’avait jamais un album dans lequel on pensait à la voix en premier et c’est ce qu’on a fait pour la première pour cet album. Il y a même des chansons qu’on a enregistrées et après coup, on a tout viré sauf la voix de Randy qu’on a gardée et j’ai composé une nouvelle chanson sur la voix. On s’est vraiment concentré à faire quelque chose de différent ! Quant à savoir si on souhaite se démarquer des autres groupes mélodeath...
Randy : On ne s’est jamais trop posé la question finalement…
Justement vous nous aviez répondu lors de notre dernier échange mail que vous ne vous "considériez pas comme des pionniers. On n’a malheureusement rien inventé même si on essaye toujours d’être le plus original possible. Mais ce n’est pas toujours facile". Comment êtes-vous arrivés à être original sur cet album ?
Nicolas : Comme on essaie de ne plus coller à un style -contrairement aux albums précédents- on a fait ce qu’on voulait et du coup, on est arrivés à quelque chose de différent. Le côté mélodeath est bien évidemment présent mais il y a également un aspect lourd et groove qui n’était pas forcément dans les autres albums : c’est une volonté de notre part ! On s’est moins posé de questions et on a fait un peu plus spontané !
En revanche, vous avez retenu dix titres sur presque quarante. Première question, les quarante titres étaient-ce juste des riffs ou de vraies chansons ?
Nicolas : C’étaient quarante morceaux enregistrés…
Comment peut-on être spontané dans ces conditions ?
Randy : Ca n’a pas été facile pour tout le monde (Rires) : il y a eu un déçu qu’on ne nommera pas (Rires) !
Nicolas : Il y a eu des déçus (Sourire)… Mais avant, on avait trois ou quatre morceaux qui faisaient l’unanimité et on n’était pas d’accord sur le reste. Cette fois-ci, on voulait vraiment être d’accord sur l’ensemble des morceaux. Donc malheureusement, il y a des morceaux qui étaient super mais qu’on n’a pas gardé parce que tout le monde n’était pas prêt à les assumer. Du coup, le côté spontané, c’est trois sessions d’enregistrement distinctes et à la fin, on a pioché les dix titres qui composent l’album. Le côté spontané réside vraiment dans la question de savoir ce qu’on a vraiment envie d’écrire…
Mais ça doit être malgré tout super frustrant quand on sait qu’on a trente morceaux en attente. D’ailleurs, quel sort réservez-vous à ces trente morceaux ?
Nicolas : Poubelle ! En fait, il y a un passage où j’ai eu envie de faire des trucs avec des guitares sept cordes mais pour des questions logistiques, ce n’allait pas être possible sachant qu’il fallait qu’on ait deux guitares chacun -je suis gaucher donc on ne peut pas avoir une guitare de rechange en commun- : c’était hyper compliqué ! On a donc deux titres qui sont hyper cool, qu’on adore mais qu’on n’a conservés parce qu’on ne peut pas les jouer sur scène. On parle donc de faire quelque chose pour ces deux morceaux mais ce serait plus un projet avec d’autres chanteurs ou des
featurings… Mais pour la majorité des autres titres, ils ne sortiront jamais !
Les guitares solitaires sont presque shred mais les riffs plus classiques. Est-ce que c’est une manière d’appuyer les contrastes et surprendre tout en s'appuyant sur des bases connues ?
Nicolas : Ce n’était pas forcément voulu. En fait, d’habitude, on s’échangeait les
leads mais sur cet album, je n’en fais aucun, elles sont toutes jouées par Darryl : il est bien meilleur que moi, pour les soli, il a tout fait lui-même aussi… Du coup, c’était plus : je joue ce que je fais pour moi et lui joue ce qu’il a fait pour lui…
Darryl : Et niveau organisation, c’était plus simple aussi. Avant, on échangeait tout le temps et Nicolas a dû être remplacé deux ou trois fois, le guitariste remplaçant n’allait rien comprendre, on se perdait… Alors que là, c’est simple : je suis le guitariste
lead et soliste désigné ! Et j’ai un style de jeu plus rapide et doux alors que Nicolas est plus agressif et ça s’entend dans tout ce qui est rythmique, ça ressort mieux ! Tu vas me répondre que ça peut être dû à une qualité de micro ou autre mais non parce qu’on a pratiquement le même matériel…
Nicolas : D’ailleurs, l’ingénieur son nous fait la remarque à chaque fois à savoir qu’on a sonne de façon radicalement différente alors qu’on a le même matériel.
On évoquait les contrastes, à ce titre, les guitares acoustiques du titre ‘Cold Epiphany’ semblent avoir plus d'impact que les guitares saturées, vraisemblablement par leur moindre présence. En avez-vous conscience et prévoyez-vous d’en inclure plus dans le futur ?
Nicolas : Il y a clairement ce que tu dis à savoir qu’il y a en moins donc quand elles arrivent, elles sont marquantes. Après, les
shreds que posent Darryl sur l’album sont incroyables. J’étais dans le studio quand il les a enregistrés et je me demandais d’où il les sortait (Sourire) ! Composer les soli de Darryl prennent parfois un peu de temps mais une fois qu’ils sont composés, c’est hyper fluide…
Pour ce qui est de la guitare acoustique, c’est marrant parce que c’est Erwin, le bassiste, qui est venu avec sa guitare (Rires) pour faire un truc et il nous a proposé cette intro. On s’est dit que ça ferait une super intro d’album et on également voulu en mettre dans le titre ‘Cold Epiphany’ parce qu’on a toujours aimé ça avec Erwin. Donc oui, on en mettra plus (Sourire)…
Vos paroles sont de véritables poèmes. Est-ce que c’est une manière de se démarquer avec des textes de très grande qualité, loin des poncifs ?
Randy : J’aime toujours bien quand ça rime. Je me force toujours à ce que soit le cas et ce qui donne ce petit côté poème.
Malgré tout, pour le public francophone et avec un chant guttural, tu as conscience que c’est un plaisir un peu égoïste sachant que peu de personnes ne comprendront ce que tu chantes. N’est-ce pas se mettre une trop grande pression pour un résultat que peu sauront apprécier ?
Randy : Peut-être…
Nicolas : Mais il l’a toujours bien fait parce que quand on était en Angleterre, Romesh Dodangoda -qui est le producteur avec qui on a bossé et qui a produit Bring Me the Horizon, Funeral for a Friend, Phil Campbell ou encore Bullet for my Valentine… il bosse avec des pointures- a dit à Randy que c’était étonnant à quel point un non-anglophone venait avec des textes qui étaient bien et c’était il y a huit ans… Et à l’époque, les textes étaient moins bien que ceux de cet album. Randy a toujours pris le temps de faire de bons textes mais c’est aussi parce qu’il a un scénario assez précis en tête.
Randy : Oui, c’est vrai ! Mais ce qui est dur, c’est de retranscrire dans une autre langue ce que tu as vraiment envie de dire... ça te force à chercher d’autres mots mais ça prend du temps (Sourire) !
Pourquoi Anna Murphy connue pour ses travaux avec Cellar Darling et Eluveitie) a été choisie pour chanter sur ‘Cyanide Stone’ ? Qu'est-ce qu’elle apporte à cette chanson ?
Randy : On voulait une voix féminine. On avait plusieurs idées en tête et à partir de là, on a contacté les deux ou trois personnes qu’on avait en tête et on s’est finalement décidé au niveau du
timing, de la faisabilité… Mais elle faisait partie des deux ou trois chanteuses avec qui on voulait travailler et on a ajusté par la suite en fonction des disponibilités…
En revanche, vous nous avez avoué mis de deux côtés deux titres avec des guitares sept cordes parce que vous ne pourriez pas les jouer sur scène. Dans ces conditions, pourquoi avoir gardé ce titre sachant que vous ne pourrez pas le reproduire sur scène non plus ?
Randy : (Rires) C’est en débat ! Je serais pour ne pas la faire en
live…
Nicolas : Soit on ne la fait pas, soit on la garde justement quand on a la possibilité de faire un
featuring avec une femme…
Mais n’avez-vous pas envisagé de passer une bande tout simplement comme Earthside qu'on a rencontré récemment et le faire avec des projections en arrière-plan des chanteurs en studio ?
Nicolas : C’est la grosse discussion…
Darryl : Vu les grosses pointures qui font ça, je ne vois pas pourquoi ça serait honteux de le faire de notre côté ?
Sachant que ça ne concerne qu’un titre…
Darryl : Tout à fait ! Si c’était tous les titres, ça serait peut-être un petit peu honteux (Sourire)…
Ce serait dommage de se priver de ce titre surtout si vous estimez qu’il peut avoir un impact sur scène voire une vraie valeur ajoutée dans la narration de votre spectacle sur scène…
Darryl : Ce titre est le premier titre qu’on a fait officiellement et le plan de base était que je chante sur le refrain…
Nicolas : … D’ailleurs, c’est Darryl qui chante sur le premier enregistrement…
Darryl : On a encore cette démo sur laquelle il y a ma voix. Ça aurait été un bon plan mais pour un seul titre, ça faisait beaucoup de travail sachant que le refrain est très chantant, très mélodique et qu’il faut que je joue du
tapping en même temps : ce n’est pas impossible mais c’était chaud surtout pour une chanson…
Pourquoi la première chanson est ‘Prelude to a Dark Age’, comme si elle était le premier chapitre d'une histoire ?
Nicolas : C’est exactement ça, et la suite sera du même acabit…
Cet album est très spontané !
"Cold Epiphany" est un album très cohérent et uniforme, est-ce que votre prochain disque sera un album concept ?
Nicolas : Pour être honnête quand on parlait des textes avec Randy, il y avait une espèce de début de concept album. Mais Randy a écrit plusieurs textes qui étaient vraiment bien et qu’on ne voulait pas jeter. On envisage vraiment de faire un concept album mais ça doit être fait de manière un peu plus travaillée alors que cet album est très spontané !
On a parlé du visuel de Travis Smith. De façon générale, vous avez toujours été entourés des meilleurs : Jens Bogren au mastering de "Purge and Purify" et Fredrik Nordström à la production de "Acheron" mais aucun nom ronflant pour "Cold Epiphany". Comme pour Earthside qu’on a évoqué par ailleurs, à la faveur de vos expériences aux côtés des plus grands, vous avez décidé de passer le cap pour cet album ?
Randy : On n’a effectivement notre propre producteur, la future star (Sourire) !
Nicolas : Si seulement (Rires) ! A la base, quand j’ai intégré Voice of Ruin, j’avais un studio d’enregistrement et c’était mon job. Et quand le guitariste de l’époque est parti, ils m’ont proposé de les rejoindre et Randy m’a aussitôt proposer d’enregistrer l’album. J’ai refusé, je voulais d’abord bosser avec des vraies pointures pour voir… On l’a fait à deux reprises : on s’est vraiment amusés mais quand tu es un groupe comme le nôtre, tu as un budget pour trois semaines et le mec ne travaille pas une heure de plus pour toi ! Donc en gros, pour le son, il était là mais pour le côté compo, il n’était pas forcément là : les Suédois ont mis toute une
team pour Randy et ses voix et ça a beaucoup aidé. Cette fois-ci, on voulait travailler les compos, j’avais suffisamment d’assurance pour être sûr sortir un truc qui tiendrait la route…
L’assurance et l’expérience aussi je suppose…
Nicolas : J’ai des notes, des vidéos de nos séances… Quand j’étais en Angleterre, c’était à dessein : je savais que je finirais par produire un album ! J’ai des vidéos de moi en train de filmer Romesh ou Fredrik ou Henrik (NdStuck : Henrik Udd), j’ai des notes… C’était super formateur mais cette fois, on a vraiment voulu prendre le temps de faire les compos parce qu’on s’est toujours dit que chaque album sonnait bien mais il y avait trois ou quatre chansons qui faisaient l’unanimité, cette fois-ci, on voulait un album dont on pouvait être fiers de toutes les compos et c’était le seul moyen de le faire…
Donc non seulement tu as donc produit cet album mais comptes-tu t’en servir pour produire d’autres groupes ?
Nicolas : Honnêtement, c’était un rêve que j’avais quand j’étais plus jeune : je voulais vivre de ça. Mais j’ai compris en allant chez les Suédois, Henrik a été super cool parce que plein de fois après le studio, on passait du temps à boire des bières et à discuter -il venait de faire Architects que j’adore- et il m’expliquait un peu le
process à savoir que le groupe vient, il loue une maison trois mois, ils bossent puis mixent pendant six mois… Le truc est que le son qu’on voulait était inatteignable dans les conditions qu’on voulait. Honnêtement, si je pouvais bosser avec des groupes pro hyper cool, je le ferais volontiers mais bosser avec des groupes comme le nôtre -encore amateur- la plupart du temps, ils ne sont pas prêts à sacrifier autant de temps en studio : il faut savoir qu’on a passé 19 sessions en studio avec Randy pour la voix. Ce sont ses meilleures performances au niveau voix mais il y a des jours où il vient au studio mais il ne la sent pas et on ne la fait pas…
En clair, pour faire un truc qui sonne pro, il faut justement prendre le temps pour le faire et je n’ai pas forcément envie de le faire avec d’autres groupes… Il faut savoir que quand on enregistre certains passages, parfois, ça ne sonne pas et il faut soit ralentir, soit changer les accords pour que ça sonne et ça, pleins de groupes ne seront jamais d’accord pour accepter de faire ça, ils vont me dire qui je suis pour leur demander de faire ça ! Si c’est Nordström qui leur demande de le faire, ils le feront alors que si c’est moi… Donc non, ça sera juste pour Voice of Ruin !
Et finalement quelles sont vos attentes pour cet album ?
Randy : Ecoute, le but serait de faire des festivals cool l’été prochain… On a déjà deux ou trois confirmations : c’est cool ! Et ensuite, ce serait d’organiser une mini-tournée en France et c’est en train de se monter… et bien sûr, les dates habituelles en Suisse qu’on a toujours du plaisir à faire…
On a commencé cette interview par la question qu’on vous a trop souvent posée au contraire quelle est celle que tu souhaiterais que je te pose ou à laquelle tu rêverais de répondre ?
Nicolas : J’aime beaucoup celle-ci…
... Merci pour les autres…
Randy : (Rires)…
Nicolas : C’est toi qui le dis (Sourire)… Non mais j’aimerais bien qu’on nous demande combien de temps ça nous prend tout ça ? En gros, est-ce que les gens réalisent à quel point des groupes comme le nôtre qui sont à mi-chemin entre le pro et l’amateur passent du temps ? Franchement, ça nous prend pas mal d’heures de boulot chez soi -je dirais quatre à cinq heures par semaine pour les instruments- il y a les répétitions, deux heures par semaine…
Randy : Les gens ne réalisent pas…
Nicolas : La préparation d’un album, ce sont des heures de mails envoyés à droite et à gauche pour les promos et les clips. Darryl et Randy font également la préparation des scénarii des clips…
Randy : A l’année, le groupe te prend facilement 20% de temps !
On était cramés !
Que vous revieniez sur ce point montre à quel point le groupe était proche de l’implosion…
Nicolas : On était cramés !
Vous étiez à la croisée des chemins et vous avez dû faire des choix. Avec le recul, pensez-vous avoir fait le bon ?
Randy : L’album fournira la réponse…
Nicolas : Je suis optimiste…
Randy : On est hyper contents de tout ce qu’on a fait jusque-là, maintenant, il faut voir les concerts que ça amène… En prenant moins de temps pour démarcher et en ayant moins de temps pour faire beaucoup de dates partout, va-t-on arriver à avoir les mêmes plans qu’on avait jusqu’à maintenant voire mieux ?
Darryl : On avait placé tous nos espoirs sur "Acheron" mais finalement -et ce n’est pas parce que c’est le dernier album- c’est vraiment le premier où il n’y a pas un temps faible : on est unanimes pour dire qu’on assume totalement les dix titres de cet album !
Nicolas : Et ce n’est pas facile de mettre d’accord cinq personnes dans un groupe…
Mais n’y-a-t-il pas un risque d’être à nouveau déçu si les objectifs ne sont pas atteints alors que cet album fait l’unanimité en interne ?
Randy : Non, non, on ne sera pas déçus parce qu’on ne s’est rien imaginé…
Nicolas : Et surtout vu par quoi nous sommes passés : arriver à faire cet album, le sortir, aujourd’hui cette promo à Paris… franchement, à partir de là, ce n’est que du bonus !
En espérant qu’il y en ait encore plus l’année prochaine. Merci !
Voice of Ruin : Merci à toi !
Randy : L’interview était super cool !
Et merci à ThibautK pour sa contribution...