Malgré tout, entre le profond changement de line-up, la pandémie... pour la première fois, le groupe a des circonstances réellement atténuantes justifiant les cinq années d'intervalle entre ce nouvel album et son prédécesseur "Rolling"... Cinq années que Lex Koritni aura mis à profit pour peaufiner ses nouvelles compositions et son français pour sa première interview menée dans la langue de Molière sur Music Waves...
Lex, c’est notre quatrième interview ensemble, tu n’as désormais plus le choix, tu te dois la faire en français : tu as eu quatre ans et demi pour faire en sorte de ne pas avoir l’air d’un conducteur de taxi quand tu parles français…
Lex Koritni : (Rires) Oui, vas-y !
Lors de notre dernière interview en 2018, tu nous disais que tu avais déjà commencé à écrire des titres pour le prochain album. Certains de ces titres figurent sur ce nouvel album ?
Lex : J’ai commencé à composer tous les titres de l’album lors du premier confinement lié au Covid. Evidemment, j’ai eu beaucoup de temps pour reprendre la guitare et j’ai commencé à écrire toutes les chansons de ce nouvel album. Donc effectivement, il reste plein de chansons notamment celles commencées en 2018 dans mon disque dur…
… tu dis avoir stocké les chansons de 2018 mais au regard de la discographie décousue du groupe, tu dois avoir énormément de titres dans ton disque dur…
Lex : C’est vrai que j’en ai beaucoup (Sourire) !
En effet, il y a un laps de temps entre la sortie de chaque nouvel album qui est relativement long, pourquoi a-t-il fallu encore cinq ans sachant que tu avais des maquettes déjà prêtes dès 2018 ?
Lex : En fait, j’adore la flemme (Rires) ! Je fais trop de soirées, je pars trop souvent en vacances… Je n’ai pas hésité une seule seconde, j’ai voulu profiter de ma famille, des enfants etc… Et entretemps, le Covid est arrivé et ça m’a laissé le temps de composer un nouvel album.
C’était chiant de regrouper tout le groupe !
On sait que tout dépend de toi, tu nous as avoué que ce n’était pas de du fait du label ou d’une désaffection du public mais uniquement de toi qui avances à ton rythme. En revanche, as-tu conscience que cette flemme dessert la carrière du groupe ?
Lex : Oui (Rires) ! Je plaisante en partie quand je parle de flemme mais il y a une autre raison : il y a cinq ans, une des guitaristes était au Japon, le batteur et Eddy étaient à Sydney… c’était chiant de regrouper tout le groupe ! Et aujourd’hui, j’ai tout changé !
Oui mais tu vas pouvoir ressortir la même excuse avec ton nouveau line-up à savoir que si Tom ici présent est français, ton batteur vit en Italie…
Lex : Oui mais c’est mieux ! Ce n’est que trois heures de train… L’idée est que le groupe reste en Europe et ainsi, c’est plus simple d’organiser nos concerts, nos enregistrements…
Une chose est sûre désormais, nous allons plus jouer !
Mais n’est-ce pas une fausse excuse quand on sait que désormais avec les nouvelles technologies, la majorité des groupes enregistre séparément et parfois aux quatre coins du monde ?
Lex : La question se pose surtout pour les concerts parce qu’un disque -même si c’est sympa- n’est finalement qu’un support pour justifier une tournée.
C’était vraiment une galère de réunir les membres qui étaient partout dans le monde. Aujourd’hui, c’est nettement plus facile de programmer des dates. Une chose est sûre désormais, nous allons plus jouer !
Tu l’as évoqué le point le plus marquant est l’immense modification du line-up du groupe et notamment Eddy Santacreu qu’on pensait indissociable de Koritni…
Lex : La vie change ! Il habite en Australie et il a une petite fille : sa vie se trouve là-bas… C’était vraiment chiant d’organiser sa venue en France sans compter que les billets d’avion sont hyper chers.
On ne s’est pas séparés en mauvais termes, c’est juste la vie qui veut ça !
Et ce n’était plus possible plus particulièrement la vie du groupe…
Lex : Oui, et particulièrement pour lui !
Lors de notre précédente interview, tu parlais de ton souhait de revenir vers tes racines blues. L’introduction de ‘No Strings Attached’ est-elle là pour annoncer la couleur en la matière ?
Lex : C’est Tom le responsable de l’introduction de ‘No Strings Attached’…
Vous vous êtes trouvés finalement ?
Tom Fremont : De toutes façons, si on travaille ensemble, ce n’est pas par hasard (Rires) ! Il y a forcément des connexions humaines et musicales. Il me connaissait avant qu’on joue ensemble, il m’avait déjà vu jouer il y a quatre ans, on avait discuté ensemble et partagé des trucs… Rien n’est là par hasard !
J’aime énormément de musiques, j’aime énormément le blues et quand Lex me demande de faire une petite intro à la guitare pour amener le morceau, vu que nous avons beaucoup de choses dans nos goûts communs, il y avait 99% de chances pour que ça colle (Sourire)… et que ça aille dans ce sens-là…
Je me souviens quand on a regardé le concert de ZZ Top tous les deux juste après notre
set au Hellfest, on était en kiff avec leur
set très rock blues comme ils en font habituellement… C’est notre sensibilité mais s’il faut partir dans des choses plus dures, on kiffe aussi (Rires) !
On évoquait l’introduction de ‘No Strings Attached’ qui rappelait vos racines blues mais la conclusion de ‘Take it Off’ vient-elle confirmer cette volonté ?
Lex : A la base, comme beaucoup de groupes rock’n’roll, on est un groupe blues ! Et pour revenir à la précédente question, c’est Eddy qui a choisi son remplaçant. Quand Eddy m’a dit qu’il ne pouvait pas assurer la tournée, il m’a conseillé Tom Fremont qui était parfait !
Tom : On a beaucoup discuté sur Skype avec Eddy. On a des connaissances, des amis guitaristes en commun. Je ne l’ai jamais rencontré physiquement en raison de la distance mais on a beaucoup échangé… Et effectivement, comme je savais comment Eddy joue et lui sait comment je joue, il a parlé de moi à Lex. Lex m’a contacté par la suite et nous sommes ici (Rires)…
Il y aura plus de morceaux en slide guitar dans le futur parce que j’adore ce son !
Vous utilisez la slide à plusieurs reprise et un titre tel que ‘Go Hard Or Go Home’ sonne carrément rock sudiste. Est-ce une direction dans laquelle vous pensez continuer par la suite ?
Lex : Pas forcément mais évidemment, avec la slide, ça donne ce sentiment ! Je joue deux morceaux en slide sur cet album et effectivement, il y a un parfum blues mais également
southern rock. Mais oui, il y aura plus de morceaux en slide guitar dans le futur parce que j’adore ce son ! C’est quelque chose de spécial mais je suis un grand fan de ZZ Top et tous les musiciens de slide… Ça continuera dans le futur, je te le garantis !
La basse semble avoir bénéficié d’une plus grande mise en valeur, en particulier sur ‘Better’. Avec le départ d’Eddy, Matt Hunter était le dernier membre original à tes côtés, comment allez-vous vous organiser par la suite ?
Lex : En fait, je rencontre le nouveau bassiste aujourd’hui (NdStruck : qui est désormais Mathieu Albiac, connu pour avoir été le guitariste de Laura Cox dont il ne fait plus partie)
Il sera également français ?
Lex : Oui !
Confirmant ton propos d’un groupe européen pour faciliter vos tournées…
Lex : Exactement ! Et il faut savoir que pour les prochains concerts, Koritni sera un quatre-pièces dans lequel je joue de la guitare et je chante.
Tom : Les gens ont aimé Koritni avec Eddy parce que c’est un fantastique guitariste et Luke (NdStruck : Luke Cuerden) qui était très sérieux aussi, ils vont découvrir Koritni avec Lex à la guitare…
Ceux qui ne connaissent pas Lex en tant que lead guitariste vont être plus qu’agréablement surpris…
… Mais rassure-nous, tu restes…
Tom : Bien sûr ! J’espère bien d’ailleurs ou alors je ne suis pas au courant (Rires) !
Non mais tous les solos sont faits par Lex et ceux qui ne connaissent pas Lex en tant que
lead guitariste vont être plus qu’agréablement surpris…
Lex : Mais pour moi, ce n’est pas une immense évolution parce que j’ai écrit plus de la moitié des guitares des derniers albums. Ce n’est pas une grande évolution pour ceux qui nous ont vus sur scène…
Pour revenir à l’album en soi, ‘Funny Farm’ est un titre un peu atypique et d’une grande richesse avec de nombreux éléments tels que ton chant qui y est assez théâtral, ainsi qu’un break original avant un solo hyper véloce. Est-ce une manière de prouver que la simplicité générale de votre musique est là pour favoriser son efficacité mais que vous êtes également capables de sortir aisément de votre zone de confort ?
Lex : Non parce que moi, comme son titre l’indique, cette chanson ‘Funny Farm’ est l’histoire d’un fou dans un hôpital psychiatrique. C’était donc obligé que dans la musique, il y ait beaucoup d’éléments variés
speed,
dark pour donner ce sentiment de folie…
Quand tu composes, tu ne t’interdis rien !
Mais tu as conscience que ce titre permet à Koritni de se détacher de l’image qu’on veut lui donner ?
Lex : Tout à fait ! Mais je ne l’ai pas fait exprès… Tom a écrit ‘Funny Farm’ avec moi mais quand je compose, tout ce que je fais, je le fais au service de la chanson, je ne l’ai jamais fait pour les fans…
Tout ce que je fais, c’est pour moi… si ça plait tant mieux, dans le cas contraire, allez-voir ailleurs (Sourire) !
Tom : Quand tu composes, tu ne t’interdis rien ! Il peut y avoir des choses plus rock sudiste comme tu l’as dit, plus blues etc… après tout est une question d’homogénéité que tu veux donner à un ensemble.
Dans chaque album de Koritni, tu as une sorte de régularité !
Et comment avez-vous trouvé cette homogénéité dont tu parles ?
Lex : Je trouve qu’il y a toujours eu une homogénéité dans les albums de Koritni. Il y a toujours eu le même son dans les albums de Koritni, et c’est ce que je recherche. A l’inverse d’un Extreme, il n’y a pas dix titres metal fusion et après ‘More than Words’. Dans chaque album de Koritni, tu as une sorte de régularité !
Extreme est un très bon exemple, ils sont devenus extrêmement populaires avec ‘More than Words’ qui ne correspond pas à la musique du groupe. N’as-tu jamais hésité à composer un titre "populaire" éloigné des racines de Koritni pour permettre au groupe de percer ?
Lex : Je ne sais pas, parce que je ne compose pas ainsi. Je n’ai pensé à écrire un ‘More than Words’ d’ailleurs si je venais à le faire, ça serait du plagiat (Rires) !
Je n’ai jamais pensé ainsi parce que je sais que ça ne marchera pas. Je me souviens de m’être dit un jour de faire un titre à la ‘Back in Black’ et c’était clairement du plagiat et en plus, ce n’était pas très bien…
Koritni a toujours prouvé qu’il pouvait faire autre chose que l’étiquette AC/DC qu’on voulait lui coller…
Tu évoques ‘Back in Black’, avec ‘For The Love Of The Game’ ou ‘Born To Lose’, vous revenez vers des titres aux fortes influences d’AC/DC. Faut-il se dire qu’un album de Koritni pour être un album de Koritni doit comporter ce type de titres ?
Lex : Je ne sais pas…
Tom : Il y a un son Koritni de toutes manières. D’album en album, ça se reconnait évidemment. Le groupe a cette direction musicale, il n’y a même pas à réfléchir. Sur cet album, Lex a travaillé comme d’habitude sans se soucier de sonner absolument comme du AC/DC, ça sort naturellement… Et le style Koritni est d’avoir cette faculté d’avoir plusieurs facettes : le côté blues, le côté rock sudiste, le côté pur hard rock australien à la AC/DC que tu as cité… c’est le mélange de tout ça qui fait Koritni. Et encore, il y a des morceaux comme ‘Sydney in the Summertime’ ou ‘Party’s Over’ (NdStruck : tous les deux extraits de "Welcome to the Crossroads"), ce sont des morceaux avec lesquels j’ai découvert Koritni et ce n’est pas du pur Koritni… Comme quoi, c’est plus large et résumer Koritni à un AC/CD pour le côté blues rock est très réducteur !
Tu évoquais ‘Funny Farm’ qui a un côté très violent et compliqué dans un album qui est plutôt mid-tempo, plutôt rock blues cool… Tu as quasiment ça dans tous les albums de Koritni en définitive à savoir un ou deux morceaux qui se détachent. C’est le cas sur l’album "Rolling" qui est très mid-tempo et tu as deux ou trois morceaux qui se détachent par rapport à l’ambiance générale de l’album ? Koritni a toujours prouvé qu’il pouvait faire autre chose que l’étiquette AC/DC qu’on voulait lui coller…
Lex : Mais certains entendent ce qu’ils veulent bien entendre. Par exemple, un journaliste m’a fait la réflexion que ‘No Strings Attached’ était très AC/DC alors que pour moi, c’est très Mr Big !
Le confinement est la meilleure chose qui est arrivée à cet album !
Cet album outre le remaniement de line-up marque l’arrêt de la multiplication des invités comme sur les deux albums précédents et l’efficacité de cet album s’en ressent positivement. Est-ce une leçon que tu as retenu de ces expériences précédentes ou est-ce juste dû aux circonstances ?
Lex : Oui mais, je me répète, pour moi, ce qui marque cet album c’est le confinement lié au Covid. En effet, c’est la première fois en quinze ans que j’ai eu le temps de rester chez moi et vivre avec tous les morceaux. Je n’ai pas regardé ma montré en me stressant pour terminer et être prêt au moment de passer en studio…
Pour la première fois depuis longtemps, j’ai pu écouter longuement tous les titres et décider ce qui était bien et ce qui l’était moins…
Le confinement est la meilleure chose qui est arrivée à cet album et dans le meilleur des mondes, il faudrait avoir ce temps à accorder à tous les albums mais ce n’est malheureusement pas le cas…
Et je n’ai pas fait appel à des invités parce que sur cet album, il y a deux invités Tom et Dan (Sourire)… Et avec le Covid, c’était chiant d’organiser les enregistrements, j’ai donc oublié l’idée en me concentrant sur nous trois…
Sur ‘Last Time’, ton chant se fait un peu plus fragile et émouvant. Penses-tu développer ce genre d’interprétation dans le futur ?
Lex : Ah bon ? Ok (Sourire) ! Je ne sais pas mais je fonctionne toujours de la même façon, quand je chante, je mets ma voix au service de la chanson, peut-être que sur ‘Last Time’, il est plus sensible mais les refrains ne le sont pas, putain, j’ai dû forcer et pousser !
Tu as à nouveau fait appel à Kevin Shirley pour mixer cet album et tu nous confiais ton admiration à son égard lors de notre interview précédente. Est-ce que votre collaboration est désormais gravée dans le marbre ou envisages-tu de travailler avec quelqu’un d’autre à l’occasion ?
Lex : J’imagine bien travailler avec Kevin pour les prochains albums parce que le mec est top et sympa : c’est facile de bosser avec lui ! Donc oui, pour l’instant, je me vois continuer avec lui…
Et quels sont vos attentes pour cet album ?
Tom : De l’argent, de la drogue et des filles - je plaisante (Rires) !
Lex : Tu as oublié l’alcool (Rires) ! En ce qui me concerne, j’attends les prochaines dates avec impatience, ça fait longtemps que je ne suis pas monté sur scène… Je suis très excité de monter sur scène avec Tom à mes côtés !
Et quelles sont les prochaines dates justement ?
Tom : Les Etoiles à Paris, le 2 juin !
Lex : Et d’autres dates sont prévues mais pas encore annoncées, ça arrive…
Des dates exclusivement françaises et européennes ?
Lex : Je ne sais pas, ça dépendra des offres…
Une date française, un groupe pratiquement français… doit-on toujours considérer Koritni comme un groupe australien ou désormais un groupe français ?
Lex : C’est un groupe australien ! Je suis australien, j’ai gardé la même attitude, le même style… J’habite en France depuis quinze mais mec, si tu me regardes, je suis toujours australien : il suffit d’écouter mon accent, voir mon mode de vie, mes attitudes…
J’ai trouvé un petit australien ici à mes côtés… C’est une attitude ! J’adore le vin et le fromage français mais je suis toujours un kangourou…
On ne peut donc pas compter Koritni dans nos rangs pour représenter fièrement la France ?
Lex : Vous pouvez me compter parmi les Français, je me bats pour la France mais je reste un étranger (Sourire)…
Quoi qu’il en soit, je te félicite pour avoir mené cette interview en français…
Lex : C’était pas mal en français, non ?
Parfait ! Et on se donne donc rendez-vous sur scène le 2 juin aux Etoiles… Merci…
Koritni : Merci…
Et merci à Loloceltic pour sa contribution...