Après nous avoir hanté avec "L'autel des possédés", Eric Martelat et sa bande reviennent avec un nouvel album tout frais qui clôt un chapitre de la vie de Messaline. Album hommage aux anciennes légendes du rock et des futures comme Ghost, "Vieux démons" est également l'occasion pour Eric Martelat de boucler la boucle en reprenant 'Par les fils de Mandrin' d'Ange, référence par essence du groupe...
C’est déjà la troisième interview de Messaline dans Music Waves et on ne vous a jamais posé notre question traditionnelle : quelle est la question qu’on a vous trop souvent posée et à laquelle vous auriez marre de répondre ?
Eric "Chattos" Martelat : "Présentez-nous Messaline" ou "Qui est Messaline ?" (Sourire)…
Justement, peux-tu nous présenter Messaline ?
Eric : (Rires)
Depuis ses débuts, le groupe rencontre des difficultés à stabiliser son line-up, aucun album n'ayant été gravé avec les mêmes musiciens. Comment l'expliquez-vous ?
Eric : Effectivement, je suis le seul survivant de Messaline première mouture. Après, il y a toujours eu deux disques avec le même
line-up : on se stabilise pour deux disques à chaque fois…
C’est assez incroyable parce que même si je suis le dernier survivant, je n’ai jamais viré personne.
En fait, ce sont les autres qui te virent mais comme tu as déposé le nom du groupe…
Eric : (Rires) Ça a du bien de déposer le nom à l’INPI…
Mathieu Gilbert : C’est vrai que je me réfère toujours aux idées de "Chattos" dans tout ce que je fais : le dernier mot lui revient toujours ! Je peux amener des riffs mais c’est toujours lui qui tient le volant pour qu’on ne propose pas quelque chose qui soit complétement à l’encontre de l’univers Messaline.
Malgré tout, chaque nouveau membre apporte une fraîcheur qui permet au groupe de se renouveler…
Mathieu : Je ne sais pas si les personnes qui partent le font par lassitude ? Mais il faut savoir que le groupe a toujours le cul entre deux chaises, c’est-à-dire que ça fait longtemps que nous ne sommes plus un groupe de bars et pour l’instant, nous n’arrivons pas à être dans le top 10 des groupes français au côté des Lofofora et consorts… Effectivement, pour ces raisons, il y a de l’usure !
La passion l’emporte vraiment !
Mais toi, cette usure de ne pas passer un cap, ne la ressens-tu pas au point d’envisager d’arrêter toi aussi ?
Eric : Eh bien non, la passion l’emporte vraiment ! Et comme tu l’as dit, chaque musicien qui arrive amène quelque chose. Et quand Mathieu est arrivé en 2018, il a amené cette fougue et cette envie de refaire de la composition : ça m’a hyper
reboosté pour réécrire des choses. On s’est bien trouvés parce qu’on est boulimique de boulot : on s’envoie des maquettes tous les jours !
Ce sont vos épouses qui doivent être jalouses…
Eric : Mathieu a trouvé la solution : il a fait rentrer sa femme en tant que choriste/ chanteuse/ percussionniste dans le groupe !
Mais pour revenir à ta question, il y a beaucoup de collègues qui ont eu des groupes qui ont
marchouillé dans la région lyonnaise que ce soit Revenge ou Dyslesia, des mecs avec lesquels j’ai joué pendant des années et des années… Ils ont tous arrêté parce que certes ils ont fait des coups d’éclat -Revenge a fait la première partie d’Alice Cooper à l’Olympia- mais derrière tu n’as rien… Nous pareil, on a fait la première partie de Porcupine Tree, de Trust… Après, il faut se dire que c’est du coup par coup, et ce n’est pas parce que tu as fait une grosse date comme Alice Cooper à l’Olympia que ta carrière est lancée… Quand tu es conscient de ça, tu relativises et tu continues à avancer… si ça n’est pas le cas, ce genre de choses te crame parce que tu te dis que tu as atteint une sorte de plafond de verre et ça craint !
Ce qui te maintient, c’est la compo qui est un sacré moteur d’expression ! Avec Mathieu qui est arrivé en 2018 avec pleins d’idées, on se fait plaisir !
Mathieu : C’est la passion qui nous guide, la réussite c’est plus que secondaire…
Musicalement, Messaline est monté de deux niveaux
Tu cites Mathieu ici présent mais on peut penser que c’est son arrivée conjointe avec Alain Blanc à la batterie qui a été salutaire. Outre une expérience solide, ils injectent tous les deux une dose de heavy lourde et inédite. L'interprétation de votre répertoire passé et un titre comme ' Apocalyptick' l'ont immédiatement démontré. Qu'en pensez-vous ?
Eric : Je suis complétement d’accord ! Je le vois bien en répétition, musicalement, Messaline est monté de deux niveaux avec l’arrivée d’Alain et Mathieu. Ce qui est rigolo, c’est qu’Alain -qui a été batteur de Dream Child qui a sorti deux albums et notamment le deuxième sorti chez Metal Blade, c’était la première fois qu’un groupe français était signé chez un label américain- a un
background musical incroyable et on se tourne autour depuis longtemps puisqu’il est fan d’Ange et comme je connais Decamps qui est un ami intime depuis des années, ce dernier me répétait sans cesse de contacter Alain quand nous recherchions un batteur… Et c’est la veille de jouer Chez Paulette, le batteur de transition que nous avions et avec lequel nous n’avons pas enregistré d’album nous a plantés, je me suis dit qu’il fallait prendre la bonne décision… Nous avons donc demandé à Alain mais je n’osais pas trop parce qu’il était éloigné… Au départ, ce n’était que pour une seule pige de remplacement. Et c’est au détour d’un verre de Bordeaux que je lui dis que la porte est ouverte à plus d’un concert et il me répond qu’il a fallu que j’attende la fin de la bouteille pour lui demander (Rires) !
Et en plus d'un nouveau bassiste, vous avez également recruté deux choristes. Pourquoi ce choix, même si on a eu l’explication pour une d’entre elles ?
Eric : L’intégration du bassiste Charly (NdStruck : Charly Schoepflin) vient de se faire au moment où nous avons recommencé les concerts parce que Jaimé (NdStruck : Jaimé Gonzalez) qui a enregistré l’album et qui est sur la pochette de l’album a arrêté juste avant la sortie…
Mathieu : … pour des raisons personnelles pas forcément liées à la musique : c’était latent depuis quelque temps…
Eric : Beaucoup nous demandent pourquoi on sort cet album alors que ça fait plus d’un an que nous sommes avec un autre bassiste sur scène et donc pourquoi ne pas avoir refait la pochette, ne pas avoir réenregistré les lignes de basses…
Mathieu : … déjà, on n’est pas Megadeth (Rires) !
Eric : Et puis, par honnêteté intellectuelle et sentimentale, Jaimé a fait partie du navire pendant dix ans. Il avait fait les deux albums précédents, il avait enregistré les lignes de basse, c’était normal qu’on les garde et qu’il reste sur la pochette… Mais c’est vrai que ça m’a posé un problème au niveau de la communication, ce ne sont pas les mêmes mecs sur la pochette que sur scène…
Justement comment l’actuel bassiste a pris la chose ?
Eric : On lui en a parlé et pour lui, il n’y avait pas de problème : c’est Jaimé qui a enregistré l’album ! Il n’a pas de problème d’ego…
Et concernant les choristes ?
Eric : On a fait beaucoup d’arrangements pour le disque : il y avait quatre choristes sur certains morceaux dans le disque. Mais quand nous sommes revenus en salle de répétition pour bosser les morceaux, c’était difficile de faire sortir certains sons qu’on avait en tête… Je pense notamment à des morceaux sur lesquels les refrains juste chantés par moi -alors qu’on a vraiment bossé les mélodies- ça perdait un petit peu… Il fallait donc compenser sachant qu’en plus, ça allait me soutenir sur l’heure et demie de scène… et ça remettait de la musicalité !
Ça a été évident de fonctionner ainsi. Agnès (NdStruck : Agnès Gilbert) est donc arrivée avec Laurie (NdStruck : Laurie Geoffray) qui a des problèmes de voix depuis et qui n’est pas réintégrée pour l’instant. Agnès est arrivée avec son
background et sa voix un peu rauque avec un côté Muriel Moreno de Niagara et Catherine Ringer des Rita Mitsouko…
Mathieu : … sachant qu’on faisait un
tribute au Rita Mitsouko avec elle…
Eric : Elle amène un truc et sur scène, on a fait un concert acoustique pour la sortie du disque, comme c’est une très bonne percussionniste, ça élargit le champ rythmique : ça a une valeur ajoutée au niveau du son mais également au niveau visuel !
Et actuellement, nous avons déjà de nouveaux morceaux -parce qu’on continue de composer- deux morceaux qu’on joue sur scène où il y a des chœurs, des bouts de couplets… Et je me dis que le pont du prochain titre sur lequel on est en train de travailler, il faut que ce soit elle qui le chante…
Et ainsi vous allez enfin peut-être réussir à vous débarrasser de lui…
Eric : Il faut vraiment que j’aille vérifier à l’INPI où j’en suis (Rires) !
Mathieu : On se donne beaucoup de pistes de travail et on se demandait si on pouvait avancer avec une deuxième guitare, un clavier… et finalement, ce qui émerge un peu partout, c’est la différenciation des voix… Et le fait d’avoir plusieurs voix te permet de faire des questions/ réponses, une espèce de jeu qui se rapprocherait de l’opéra…
Eric : Ça me fait penser à Magma où il y a des morceaux où il n’y a que des voix que gutturales ou des lignes de voix sans texte….
C’était super important de faire un retour sur nos racines pour pouvoir redémarrer…
Messaline revient donc avec nouvel album qui fait l’objet de cette interview mais finalement la question que tout le monde se pose est de savoir quels sont ces "vieux démons" ? Faut-il y voir un clin d’œil avec Ghost qui fait du neuf avec du vieux ?
Mathieu : Complétement ! Nous avons vu Ghost à Lyon il y a trois ans et ça nous a mis une claque ! Ce groupe a vraiment un truc et ils osaient faire quelque chose d’assez inédit c’est-à-dire une musique qui est à la fois mélodique, puissante et sulfureuse et c’est ce que nous voulions.
Il y a plusieurs choses derrière le concept des "Vieux Démons". Il y a l’histoire des "Vieux Démons" c’est-à-dire rendre hommage à nos aînés et donc dans chaque composition, on a fait du détournement de riffs existants. Et on trouvait que les gens qui écoutent l’album se disent que ce passage leur fasse penser à quelque chose sans réellement trouver… En fait, c’est un jeu mais c’est avant tout un hommage et une révérence à ces vieux démons.
Eric : "Vieux Démons" dans le sens où on n’est plus tout jeunes non plus (Sourire) ! Le rock a toujours été une musique sulfureuse et à plus de cinquante ans, continuer à faire du rock, on est encore des vieux démons, des vieux briscards, de vieux boucaniers…. Ces vieux démons, c’est un peu nous ! Et puis, on a réactivé nos vieux démons dans le sens où le fait d’être tous les deux motivés relance notre passion.
Mathieu : Comme il y a une nouvelle équipe dans Messaline, c’était super important de faire un retour sur nos racines pour pouvoir redémarrer… Je ne suis pas Mickaël Colignon, on a deux styles de guitare très différents : je ne vais pas appréhender les choses de la même façon. Quand on m’a demandé d’intégrer le groupe, j’ai mis les choses au clair : je ne pouvais pas continuer sur la précédente lignée qui ne me correspondait pas…
Et enfin, il y a les "Vieux Démons" dans les textes parce que Messaline est aussi un groupe à texte et dans cet album, Chattos aborde des sujets un peu sulfureux qui touchent au sensible. Par exemple, une radio nous a dit ne pas pouvoir diffuser ‘L'Aimante Religieuse’ parce que le texte est perturbant : il touche au sexe, au suicide… à des choses qui sont enfouies dans chaque personne…
On citait le titre 'Apocalyptick'. Ces atours presque doom vous ont-ils guidé pour ce nouvel album ?
Eric : Inconsciemment, oui parce que pour tout dire, avec Mathieu, nous avions fait deux projets ensemble avant qu’il intègre Messaline… Le premier en 2009-2010 était un
tribute band à Black Sabbath période Ozzy… ça n’a pas duré parce qu’on avait nos groupes de compo mais on a fait quelques dates sympas pendant cette année et notamment celle avec Paul Di Anno…
Tu cites Black Sabbath, ça nous fait penser à la relecture de 'Par les fils de Mandrin' d’Ange, la présence de Tristan et de Francis Décamps et celle Pyt Theurillat de Galaad rappellent que les racines de Messaline se trouvent dans le rock progressif et dans Absurd... Comment avez-vous abordé cette reprise de Ange sachant qu’on y décèle étonnamment des touches quasi-sabbathiennes ?
Eric : C’est vrai !
Mathieu : Ça a été mon boulot (Rires) ! "Chattos" m’a proposé plusieurs morceaux d’Ange parce qu’il voulait à tout prix intégrer une reprise d’Ange dans cet album et on a donc choisi 'Par les fils de Mandrin’. On a fait une première version et j’ai fait un premier arrangement très fidèle mais on a trouvé que ce n’était pas satisfaisant…
Eric : Trop scolaire : c’était une reprise pour faire une reprise…
Mathieu : "Chattos" me disait que ça serait bien d’avoir un côté un peu Black Sabbath. Je me suis donc replongé dans "Au-delà du délire" et j’ai fait toutes les transcriptions de plusieurs morceaux des ‘Longues nuits d’Isaac’ et ‘Godevin le vilain’. En redécomposant tout ça et en réorganisant les choses, je me suis rendu compte que ça ressemblait à des riffs de Black Sabbath : la suite d’accords reste la même mais le décalage harmonique fait que… Il a posé sa voix très facilement là-dessus et on est allé jusqu’à mettre un peu du texte des autres morceaux…
Eric : Sur le pont très
doom, j’ai pris une voix un peu nasillarde… on est presque dans le côté du premier album de Black Sabbath…
Vous avez avoué vouloir à tout prix voir figurer un titre d’Ange, l'ombre d'Ange plane toujours au-dessus de Messaline. Quand allez-vous couper le cordon ?
Eric : Ça y est, c’est fait !
J’aurai toujours du Décamps dans la voix !
Vous voulez dire que cette reprise était une façon de clore le chapitre et donc couper le lien ?
Eric : Tout à fait ! C’est exactement ça ! Il y a toujours une espèce d’ombre en raison de mon timbre de voix… C’est un réflexe, un peu comme Malmsteen qui aura toujours le réflexe de Blackmore même si Malmsteen n’est pas Blackmore parce qu’il va plus vite… mais il y aura du Blackmore dans Malmsteen ! Moi, c’est pareil : j’aurai toujours du Décamps dans la voix ! Mais effectivement, même s’il a fallu du temps, la boucle est bouclée !
Même s’il a fallu du temps, la boucle est bouclée !
Le titre 'Orion Stargazer' convie des chanteurs issus du heavy comme du prog... Grand fan de Deep Purple/Rainbow, ce titre en est-il un clin d'œil à l'influence des Anglais, plus marquée que jamais ?
Eric : Je ne sais pas si c’est une influence au niveau de la musique quoique l’intro fait un peu Rainbow et ‘Do You Close Your Eyes’…
Mathieu : … et le refrain sont des arpèges à la Police mais ça, c’est autre chose (Sourire) !
Eric : C’est vrai que l’intro avec la guitare avec la distorsion, c’est très Blackmore effectivement…
Et ‘Orion Stargazer’, parce que mon morceau culte de Rainbow est bien sûr ‘Stargazer’ qui est un chef-d’œuvre absolu. Et d’ailleurs, le clin d’œil à Rainbow se retrouve également dans la pochette : je tenais absolument qu’il y ait un petit arc-en-ciel… mais on le verra mieux sur le vinyle ! J’ai demandé à Stan Decker de faire cet arc-en-ciel qui traverse le vitrail et tape sur une petite sculpture d’un pape mais si tu regardes de près : ce pape a la gueule de Lemmy (Sourire) !
Mathieu : On revient à Ghost (Sourire) !
Eric : Pour aller plus loin dans ce côté référence à Rainbow, la première personne qui commence le chant sur ce morceau, c’est Jo Amore qui est un gros fan de Dio et qui a un
cover de Dio en Israël… On plonge tout de suite dans Rainbow !
Pour les invités, je me disais qu’il fallait prendre les "meilleurs" et surtout les copains avec qui on avait joué et ça tombait bien parce que Jo Amore et Renaud Hantson sont la crème du heavy metal français…
Justement, il y a donc de nombreux invités sur cet album dont Renaud Hantson et Jo Amore qui sont des amis et des habitués. Ne craignez-vous pas finalement de rester toujours un peu entre vous, en "famille" ? N'aimeriez-vous pas vous ouvrir à des musiciens issus d'un autre univers ?
Eric : On peut s’ouvrir si les personnes en face sont ouvertes aussi… Parce que si juste pour contacter un musicien de telle formation parce que ce mec est connu…
… vous avez passé l’âge…
Eric : Exactement ! Et puis financièrement aussi, ça fait chier (Rires) ! Et si c’est juste pour mettre un
sticker avec le nom du guitariste de tel ou tel groupe : comme tu l’as dit, on a passé l’âge ! Et puis, je vois plus ces collaborations comme du partage…
Finalement au regard des clins d’œil, des références… peut-on décrire "Vieux Démons" comme une sorte de synthèse de ce que vous êtes ?
Mathieu : Complétement !
Eric : Plus que jamais ! C’est vraiment ce que nous sommes : on a pris du fait plaisir à faire cet album !
Tu évoquais le visuel tout à l’heure mais Eric, tu es également dessinateur. N'as-tu jamais ressenti l'envie d'illustrer toi-même les albums de Messaline ? Et plus précisément, tu évoquais l’arc-en-ciel en référence à Rainbow : interviens-tu dans la conception des artworks ?
Eric : En fait, j’interviens dans le sens où je trouve les concepts et ensuite, je laisse les pochettes à d’autres personnes… Pour cette pochette, j’avais l’idée de mise en scène du groupe très années 1970 comme dans "Love Gun" de Kiss avec les quatre mecs et les nanas autour… Et puis, j’adore la pochette de "Rising" de Rainbow avec cette main… Et comme nos textes sont sulfureux, on a décidé de faire cette mise en scène dans une chapelle avec plein de détails…
… mais pourquoi ne pas aller jusqu’au bout du truc en faisant toi-même le dessin ?
Eric : Parce que je n’ai pas le talent de Stan Decker…
Mais Stan Decker n’a pas fait tous les visuels de Messaline, pourquoi ne pas avoir sauté le pas avant ?
Eric : Pour changer aussi… et peut-être inconsciemment aussi pour se dire qu’on passe un cap : Stan Decker c’est les pochettes de Blue Öyster Cult… C’était le seul capable de mettre en peinture mon croquis… parce qu’il faut dire que je lui ai envoyé un croquis hyper détaillé ! En le recevant, il m’a répondu que ça se voyait que je faisais aussi du dessin (Rires) !
Paroles en français, musique plutôt old school : sur un plan commercial, vous n'avez pas choisi la facilité...
Eric : (Rires)
…Messaline existe depuis bientôt 20 ans. Eric, es-tu satisfait de la carrière du groupe ?
Eric : Oui, satisfait dans le sens où c’est incroyable les disques parce que tu poses sur vinyle ou CD, l’instant "T" de ta musique… Je n’écoute pas souvent mes disques mais je les ai réécoutés pour cet album et tu te dis que c’est super ! En revanche, parfois, tu te dis que ce n’est pas mal fait mais maintenant, je le ferais différemment…
Mais pour cet album, vous avez apporté un soin particulier à la production, confiée à Arnaud Bascunana, et aux arrangements (harmonica, claviers Moog et Hammond, guitare flamenco...). Peut-on dire que vos ambitions sont plus grandes que par le passé ?
Eric : Oui, oui…
On repousse certaines barrières qu’on s’était mises alors qu’il n’y a absolument pas de raison parce qu’il n’y a pas d’enjeu !
… L’interview touche à sa fin mais à la lecture de tout ce que vous m’avez dit à savoir couper le cordon avec Ange, les hommages présents à toutes nos légendes musicales, la production, la pochette… en gros, on a le sentiment que vous ouvrez un nouveau chapitre de la carrière du groupe avec cet album qui devrait vous faire passer un cap…
Mathieu : Depuis le départ de l’ancien guitariste Mickäel Colignon et l’arrivée d’Alain et moi, de toutes façons, le son a fondamentalement changé ! Et donc nouveau son, nouvelles ambitions !
Eric : Mathieu est le point de détail dans la musique mais il faut passer parler par là pour aller plus loin… Mais j’ai toujours peur de répondre à ces questions… Mais c’est marrant parce que musicalement, c’est plus pointu, il y a plus d’arrangements, c’est plus partout mais finalement, pour moi qui suis là depuis le début du groupe, c’est plus facile : c’est incroyable ! On compose de différentes façons : soit Mathieu arrive avec des trucs, soit c’est moi qui m’enregistre a capella sur mon téléphone et je lui balance… Avant, je me disais que ça sonnait mais ça ne servirait jamais pour du Messaline parce que ça faisait pop à deux balles…
Mathieu : ‘Je voulais te dire’… j’ai fait l’arrangement, je regarde la suite d’accords : je me suis qu’on faisait de la variété (Rires) !
Eric : Effectivement, on repousse certaines barrières qu’on s’était mises alors qu’il n’y a absolument pas de raison parce qu’il n’y a pas d’enjeu ! Je n’ai d’enjeu parce que je n’ai pas de carrière !
Même si tu dis qu’il n’y a pas d’enjeu, malgré tout, fort de ce travail, qu'est-ce que vous attendez de plus de ce disque et peut-être de plus par rapport aux précédents ?
Eric : J’attends que les gens prennent du temps pour l’écouter !
Tu y crois encore à l’époque des playlists ?
Eric : J’aimerais bien, mais je sais bien…
Tu ne vas toucher que des vieux…
Eric : … Des vieux démons (Rires) !
Mathieu : On y a beaucoup réfléchi : on est dans un marché en perpétuelle évolution et quelque part, "Vieux Démons" fait partie du passé, c’est l’actualité d’aujourd’hui mais on continue de composer des morceaux… C’est marrant parce que j’en parlais hier avec mon père à savoir qu’on va peut-être délivrer des morceaux au fur et à mesure, un par un sur Internet jusqu’à ce qu’on ait un album complet…
Eric : Ce qui correspond au mode
playlist… Avec Brennus, on a la chance d’être signé indirectement par Believe qui est le plus gros distributeur mondial. Il y a dix ans, quand Believe a commencé dans le numérique, ce n’était pas aussi concret qu’aujourd’hui : Believe s’est donc rapproché des petits labels et Brennus a répondu positivement de suite. Aujourd’hui, Believe a la mainmise sur tout mais à la reconnaissance du ventre en gardant le contrat avec Brennus ce qui a un avantage incroyable : on a pu sortir le
single ‘Vieux Démons’ au mois de juin, on a fait un super clip animé de ‘Je voulais te dire’ qui est sorti au mois septembre… et comme le disait Mathieu, on a deux nouveaux morceaux qu’on joue actuellement sur scène et je pense qu’on ne va pas attendre pour les sortir parce que l’un d’entre eux ‘Geisha’ reçoit un super accueil et ceux qui le découvrent sur scène nous le demandent déjà…
Effectivement, la future démarche sera que ‘Geisha’ sortira en
single en juin prochain… Et balancer des
singles comme ça permet d’alimenter le truc…
On a commencé cette interview par la question qu’on vous a trop souvent posée au contraire quelle est celle que vous souhaiteriez que je vous pose ou à laquelle vous rêveriez de répondre ?
Eric : Ohhh ! Bonne question !
Mathieu : "Etes-vous heureux ?"
Et alors ?
Eric : Bah oui !
Mathieu : Je suis super heureux : j’ai un super boulot, je suis amoureux, je joue dans un groupe que j’adore…
Eric : On se marre bien ! Après, je me dis qu’à nos âges, on ne peut plus choper de groupies et ça fait chier (Rires) !
Deux conclusions différentes mais qui ont leur charme… Merci !
Messaline : Merci, c’était super !
Et merci à Childeric Thor pour sa contribution et Thierry Cattier de
Shooting Idols pour l'illustration...