Hopes Of Freedom clôt sa trilogie avec "Light, Fire & Iron" peaufiné pendant les divers confinements subis. Le groupe franchit un cap en terme de production. Clément et Lucas nous en disent plus sur ce dernier épisode.
Lors de notre dernière interview, vous avez indiqué aimé créer des sous-entendus, du coup il n'est pas étonnant que l'on vous pose des questions sur les histoires que vous partagez...
Lucas : Oui, mais il n'y en a plus, il n'y a plus de raison, maintenant qu'on a dit qu'il y avait une trilogie, tout parait plus clair pour tous.
Depuis notre précédente rencontre, vous avez connu des changements de line-up au poste de guitariste. Vous avez vu partir Thibault, lui-même remplacé par Charles qui a été récemment remplacé par Grégoire...
Clément : C'est le poste maudit (Rires) !
C'est un projet qui nous tient à cœur et tout le monde ne peut pas s'investir autant sur la longueur.
La question tombe sous le sens, comment expliquez-vous cette instabilité ? C'est si difficile de jouer à tes côtés Lucas ?
Clément : Cela doit être insupportable (Rires) !
Lucas : Non, je pense que c'est le propre des groupes de connaître ce genre d'évolution. Hopes Of Freedom demande beaucoup de temps, d'implication. C'est un projet qui nous tient à cœur et tout le monde ne peut pas s'investir autant sur la longueur. Charles l'a très bien fait pendant 3 ans et il a fait le choix de partir vers d'autres horizons, il a un autre groupe à côté. On accueille Grégoire qui nous correspond très très bien.
Comment appréhendez-vous ces changements de membre, car vous aviez créé une alchimie avec Charles et là il faut repartir presque à zéro tout en offrant peut-être l'opportunité d'explorer d'autres voies pour le groupe ?
Lucas : C'est une opportunité, ça s'est fait naturellement et facilement. Là on va défendre cet album avec quelqu'un de frais, d'attaque, qui aime le power. C'est positif pour le groupe, on ne s'apitoie pas.
Clément : On passe outre les difficultés car on sort un nouvel album avec un nouveau membre encore plus motivé. Ce sera une autre alchimie, une nouvelle étape et on la prend comme elle vient.
Lucas : Puis on commence à avoir l'expérience de tout ça (Rires), on est spécialiste de l'alchimie maintenant, on maîtrise !
On parlait du délai entre les albums, vous semblez prendre votre temps à une époque où toutes les sorties deviennent de plus en plus rapprochées les unes des autres, voire sous forme d'EP, chose que peut-être le power ne peut pas trop se permettre au regard du concept et de l'histoire qui demandent des développements, comment expliquez-vous ce délai ?
Clément : Vu qu'on change de guitariste tous les trois mois, ça demande du temps (Rires) ! Plus sérieusement, on est un peu longs effectivement dans l'écriture et la conception mais c'est un style qui le demande que ce soit dans les chœurs, dans les orchestrations... techniquement ça demande un peu de travail aussi. On est lents dans le processus et on préfère faire un album à l'ancienne plutôt que de se lancer dans un EP de quatre morceaux tous les ans. C'est un choix de groupe. On reste traditionnels.
Lucas : Oui, ça demande du temps mais au final on a un album qui dure une heure, on y met du cœur à l'ouvrage.
C'est un luxe d'avoir ce temps de peaufiner aujourd'hui, ce que d'autres ne peuvent plus s'offrir ?
Lucas : Peut-être, oui, mais on va le chercher sans y penser. Pour nous il n'y a pas de
dead line. On ne se pose pas cette question, en fait.
Clément : Une fois que les morceaux sont prêts, on rentre en studio, on enregistre... on est plus longs que d'autres mais on va au rythme des compositions. Tous les titres sont pensés et figurent sur l'album, il n'y a pas de déchet.
Dès l'origine de la trilogie, tous les morceaux n'étaient pas composés, ils sont venus après ?
Clément : On a fait le premier album et c'est après qu'on a fait le choix de partir sur une trilogie. On a écrit toute l'histoire mais pas les morceaux. On a écrit les morceaux du deuxième album spécifiquement pour celui-là et une fois sorti on a commencé à écrire pour ce troisième album. La musique est arrivée au fil du temps.
Il y a donc un lien entre le cinéma et votre musique. Vous avez créé un scénario, une synopsis et vous avez réalisé au fur et à mesure les scènes ? Il y a un lien fort ...
Lucas : Oui, absolument, dans la démarche c'est un peu ça.
On voulait aller plus loin sur tous les plans
Vous avez lancez une campagne de financement pour cet album. Pourquoi ce choix ? Vous aviez besoin d'un nouvel apport pour évoluer dans votre musique et apporter un soin dans la production car elle nous semble être en net progrès par rapport au précédent, plus ample ?
Clément : En fait entre le deuxième et le troisième album, on a eu cette discussion pour monter d'un échelon sur ce dernier album. On voulait aller plus loin sur tous les plans et donc ça demande un peu d'argent. On a fait ce qu'on a pu au niveau du studio pour monter tout ça mais il a fallu mettre le prix pour le mixage notamment. Ce sont des choix qui nous a permis d'avoir un meilleur son et cette campagne nous a bien aidés.
Devant le succès de cette campagne, ça vous a conforté dans votre idée de continuer la musique malgré les doutes liées à la pandémie ?
Lucas : On doit faire partie des rares dans le monde où pour nous le Covid n'a pas trop eu d'impact. Le côté négatif est que le confinement est arrivé au bout d'un mois de studio, batterie et basse. Ça nous a permis de peaufiner l'écriture des chœurs, des orchestrations... La campagne de financement a commencé deux semaines après le confinement et donc on a eu tout le temps pour la penser... de balancer du contenu, des petits medleys, des interviews... En terme de planning ça s'est bien passé. On a été contraints de décaler la date de sortie de l'album car on ne pouvait pas faire de concerts, ça nous a laissé plus de temps en studio pour le rendre meilleur.
En gros, l'album tel que vous l'aviez pensé au départ est d'un autre niveau grâce à la Covid !
Clément : Oui, on peut voir ça comme ça en effet !
Lucas : Tout a fait car nous avons pris plus de temps pour le peaufiner.
Parlons de l'album, c'est le dernier volet de la trilogie, arriver au bout d'un projet assez complexe, ça doit être une satisfaction pour vous d'avoir pu faire aboutir cette œuvre, comment vous sentez-vous à ce stade ?
Lucas : Fatigué et fiers d'avoir mené à bien cette trilogie, d'avoir été plus loin sur cet album.
Clément : On est contents aussi de la réaction des gens. C'est vrai que ce format c'est une manière d'avoir une continuité dans l'histoire et de ce donner un objectif et mesurer la progression.
Cette progression, ça vous donne l'idée de réarranger les deux premiers volets sur le même plan de production de ce dernier épisode ?
Lucas : Cela fait partie des 10 000 idées que nous avons dans la tête. Rien n'est fermé.
La pochette est réussie, et dans l'équipe, on souligne le parfait final de cette trilogie, un guerrier qui regarde vers un horizon lumineux et qui laisse dans l'ombre son épée plantée derrière lui. La symbolique est forte. C'était l'idée de marquer cette fin, cette pochette ?
Lucas : J'adore cette symbolique même si ce n'est pas celle qu'on avait en tête. La prochaine fois on dira ça (Rires) !
On a cette impression de cette fin pour ouvrir un nouveau chapitre... On pensait que cette pochette marquait cette transition dans votre conception...
Clément : Là où tu vois une suite, on voit plutôt une histoire qu'il va traverser. C'est le début et pas la fin.
Lucas : Toutes nos pochettes ce sont une photographie intemporelle de ce qu'il se passe dans l'album. Il y a plein de choses qui vont se passer dans le disque, on retrouve certains marqueurs comme la référence draconique, le héros à un moment précis de l'histoire.
Clément : On retrouve en haut le dragon qui figure sur les deux précédentes pochettes... Tout est lié.
On parlait de sous-entendus que vous aimez transmettre, on en retrouve un dans cette pochette et donc cette liberté que vous laissez aux auditeurs de faire leur propre interprétation de l'histoire...
Clément : Nous on raconte des histoires, on parle de liberté, de se soulever contre l'oppression... dans le cadre de notre musique. Après ça peut résonner différemment chez nos auditeurs. Chacun y voit ce qu'il entend.
Lucas : C'est un peu la magie de la fantasy, cela peut être pris comme une œuvre féérique ou chercher des parallèles avec le monde actuel.
On parlait de fin, en lisant le nom des chansons on a la même impression, une sorte de bilan comme un peu "le Retour du Roi" du "Seigneur des Anneaux"... Pourtant ce n'est pas cette thématique...
Lucas : Le but est de prendre le temps de s'imprégner de l'univers avec un grand final qui termine cette trilogie 'Light, Fire & Iron' qui contient des rappels aux précédents albums. C'est une sorte de bouquet final, de morceau de synthèse qui nous fait plaisir.
On a ce sentiment de plaisir et de fraicheur dans cet album, voire un côté optimiste qui s'en dégage. C'était aussi ce côté-là que vous vouliez accentuer ?
Clément : Complètement, oui. C'est notre identité. Sur scène on est souriants, on veut véhiculer ces valeurs-là.
Lucas : C'est quelque chose qui figurait déjà sur le premier album, un peu moins sur le deuxième car l'histoire ne s'y prêtait pas et là avec ce troisième, nous voulions renouer avec le côté épique et joyeux.
Cela coïncide avec le début de l'album qui sonne comme un hymne à la liberté qui peut trouver une symbolique toute particulière dans le contexte que nous avons traversé avec cette pandémie. C'est un album qui peut avoir une résonance sociétale alors qu'il parle d'héroic fantasy... On trouve que sur 'Freedom For All' évoque un côté symphonique et léger d'un Freedom Call. Vous vous retrouvez dans cette idée musicale ?
Lucas : Ah oui, tout à fait. Cette vague allemande des Freedom Call, Helloween, Gama Ray... cela fait indéniablement partie de nos influences. On n'essaye pas de copier du tout ces groupes mais elles servent de base à nos compositions.
Clément : Oui, Freedom Call rayonne de cette bonne humeur, on voit bien qu'ils sont contents sur scène et c'est un pur plaisir de s'inscrire dans cette lignée.
Vos morceaux sont parfois très longs mais il ressort toujours un aspect très mélodique qui fait toute votre personnalité, là où d'autres se perdent dans des développements stériles. On retrouve cela dans 'Lost Humanity' ou 'Delusion' qui n'en rajoute pas comme parfois peut le faire Rhapsody... C'est important pour vous de conserver cela, d'aller à l'essentiel ?
Lucas : Imagine, pour nous aller à l'essentiel c'est faire 6 minutes par morceau ! Tout ce côté mélodique et efficace faire partie de l'essence même du groupe même si il y a plein d'informations transmises.
Clément : On ne soucie pas du timing du morceau en fait et c'est à la fin qu'on se rend compte qu'il fait telle durée.
Vocalement Lucas, tu accomplis un grand travail sur cet album, ta voix est légère et puissante comme Fabio Lione. Mixer ces deux aspects, c'est un objectif et est-ce que ça te demande un travail particulier de répétition comme n'importe quel instrument de musique ?
Lucas : Oui complètement, c'est l'avantage de rester en studio pendant des jours et des jours, la voix se façonne. En effet tu as raison cela demande de travail, en répèt' on essaye des choses pour que cela soit efficace dès l'enregistrement. Merci pour les comparaisons qui me font très plaisir, au passage. Comme n'importe quel instrument je m'entraîne souvent et parfois plus par périodes notamment pré-studio quotidiennement, pour chauffer la voix et cela demande une hygiène de vie particulière.
On parle de l'aspect cinématographique de la musique, est-ce que vous seriez intéressés par travailler pour le cinéma même si vous étiez guidés par un scénario que vous n'auriez pas créé ?
Clément : Ah oui indéniablement, ce serait une super expérience.
Lucas : Après, c'est un exercice particulier mais je ne sais pas si il y a déjà eu un groupe de metal qui a déjà fait ça, sur une commande pure.
La première partie de 'A Tale Of Glory' avec la cornemuse et la guitare acoustique est très émotionnelle, avoir un titre plus folk vous permet de donner de la force au disque et de contraste notamment dans sa seconde partie où le riff ressemble à du Amorphys ?
Clément : Un petit peu oui, ce sont des choses qu'on écoute aussi. Après, pour ce titre en deux parties, cela s'est fait naturellement. On l'avait composé avec Charles notre ancien guitariste et on a isolé la cornemuse avec un mouvement acoustique. Ça nous a permis un peu d'expérimenter. Ce sont deux parties qui se complètent.
Le but n'est pas de rechercher la complexité mais plutôt la richesse de structures.
On dirait du speed metal prog, cet aspect plus contrasté avec des breaks c'est quelque chose que vous souhaitez un peu plus explorer pour le futur projet ?
Lucas : Clément et moi on écoute pas mal de prog mais je ne sais pas si ça se prête au groupe. On a eu quelques expériences comme ça...
Clément : Oui, on a eu quelques morceaux un peu alambiqués dans le premier album. On aime bien ce genre de construction mais qui ne s'apparente pas forcément à du prog car ça reste assez accessible et le but n'est pas de rechercher la complexité mais plutôt la richesse de structures, se faire surprendre. On n'ira pas vers du metal progressif mais plutôt dans la direction de morceaux comme Helloween a pu faire ou à la Maiden, qui sont efficaces mais qui durent un moment.
L'idée pour le futur est peut être d'avoir des invités vocaux pour accentuer ce côté ambiance et cinématographique ?
Clément : Tout ce qui est projet, on n'a rien prévu pour la suite. Pour ce qui est des chœurs, on a déjà développé cela avec deux choristes mais pour le moment rien n'est arrêté.
Comment voyez vous l'année 2022 en terme de concerts ?
Lucas : Il n'y a pas trop de vision à ce jour. On a deux concerts acoustiques courant mars au Havre et à Rouen ce qui modifie un peu les arrangements et c'est intéressant comme exercice. On espère pouvoir jouer sur Paris...
Merci à vous.
Merci, c'était cool !
Merci à Noise pour sa contribution.