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TITRE:

SHEWOLF (16 JUIN 2021)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

GRUNGE



Shewolf montre les crocs et sort ses griffes dans une interview riche de sujets pas seulement musicaux.
CALGEPO - 23.06.2021 -
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Entre une signature chez le label écocitoyen Tadam Records, le nouvel album "Parasite" et le contexte où la parole se libère outre une crise sanitaire qui a accentué les violence envers les femmes, il était temps pour Music Waves de partir à la rencontre de Shewolf afin d'échanger avec Alice et MC pour avoir leur point de vue sur ces sujets que le groupe évoque au travers ce nouveau disque.

Votre nouvel album "Parasite" sort chez Tadam Records qui est un label qualifié d’écocitoyen, que signifie pour vous cet engagement sur ce label en particulier ?

Alice : Pour moi, cela participe d'une démarche de mettre son existence entière en conformité avec ses principes, ce qui au fond constitue le vrai défi. Je pense que nous sommes presque tous conscients des enjeux environnementaux et que nous nous efforçons sincèrement d'agir comme nous pouvons, à notre échelle. Mais cela ne suffit pas. Si on veut vraiment changer les choses, il faut revoir notre mode de vie de fond en comble. Et c'est ça qui est le plus difficile. Quitter la ville, quitter ses habitudes, ses certitudes, sa zone de confort : ça fait très peur. Et cette peur nous maintient dans des contradictions qui sont toxiques pour nous-mêmes et ce qui nous entoure. Pour moi, rejoindre un label écocitoyen, ça veut dire reconnaître le fait qu'un groupe de musiques actuelles qui tourne, ça pollue, et affronter le problème, réfléchir à des façons d'y remédier (ce qui ne se fait pas en 5 minutes). Ça signifie aussi : je refuse de fermer les yeux et de sacrifier le monde et les autres sur l'autel de mes fantasmes de gloire. Ça ne veut pas dire qu'on est parfaits et qu'on a toutes les solutions. Ça veut simplement dire qu'on se promet d'essayer.

MC : Plus concrètement, on essaye de travailler d’une manière plus “écoresponsable”. Par exemple, ne plus faire de CD en plastique (on privilégie le carton) et ils sont pressés vers chez nous, dans le Perche. Nos tee-shirts avec SheWolf sont sérigraphiés à Toulouse en coton bio et recyclé. C’est des petites choses mais c’est un début.




Votre nom vient de la légende de Remus et Romulus qui ont été élevés par une louve et/ou sauvés par une prostituée (Larantia) selon Tite-Live qui estime que Lupa (louve) en latin signifie également prostituée … en quoi cette légende est-elle symbolique pour vous ?

Alice : Je ne sais pas si MC et Fanny y mettent la même symbolique. Pour moi, cette légende, en rassemblant instinct maternel/protecteur et puissance farouche/indépendance, au lieu de les opposer, est un doigt d'honneur à toutes les formes de sexisme qui jouent de cette injonction à choisir son camp en ne proposant que deux représentations possibles de la femme : la mère et la putain.

MC : La louve dans ce cas peut être vue comme une symbiose entre la Maternité et la Nature, source de toute civilisation. Tite-Live devait faire partie de ces nombreux hommes qui, par problème d’égo j’imagine, rabaisse la maternité à la prostitution. On parle souvent de cette trilogie chrétienne qui considère que la femme ne peut faire partie que de ces 3 catégories : la mère, la vierge et la putain. Je ne suis ni mère ni vierge, j’imagine que je dois faire partie de la 3e catégorie...


On n’a jamais vécu dans un monde aussi sûr, nous occidentaux, et on a un mal fou à lâcher-prise, à jeter, à s'abandonner à l'inconnu.


Votre nouvel album s’intitule "Parasite", qui est donc ce parasite ?


Alice : Ce parasite, c'est tout ce qui vous éloigne de vous-mêmes, qui vous suce le sang, qui vous ronge de l'intérieur, qui brouille vos cartes, qui perturbe vos ondes. Les injonctions sociales et familiales intériorisées, le divertissement, les êtres dépendants de vous qui vous empoisonnent et vous étouffent. C'est tout ce qui pompe nos ressources physiques, nerveuses et mentales pour continuer à exister sans avoir à se transformer, à changer. Mais le parasite, c'est surtout nous-mêmes : l'homme a des capacités d'auto-sabotage et d'inertie incroyables. Il est maso, la liberté le terrifie. On tourne en rond, on doute, on ressasse, on résiste, on s'accroche, on peine à faire le tri entre ce qui est vraiment nous et ce qui gravite autour sans que ça ne nous soit utile ni bénéfique.

On n’a jamais vécu dans un monde aussi sûr, nous occidentaux, et on a un mal fou à lâcher-prise, à jeter, à s'abandonner à l'inconnu. On se pollue nous-mêmes avec nos peurs. Quel paradoxe ! Dans la nature, le parasite utilise les ressources d'un hôte pour survivre et croître. Parfois, il offre ses services en échange – on parle alors de parasitisme à bénéfice mutuel. Mais parfois, il vide son hôte, prend le contrôle de son cerveau pour arriver à ses fins, voire même le tue. Et c'est là que ça devient l'horreur. Les humains se font la même chose entre eux. Se servir les uns des autres pour grandir, d'accord ! Mais finissons-en avec la manipulation permanente, l'humiliation, la violence, les prises de pouvoir abusives. Affrontons les tabous, faisons une grande psychanalyse tous ensemble et laissons-nous vivre les uns les autres dans la paix et la bienveillance.





Pouvez-vous nous expliquer le cheminement de la création de cet album dans le contexte que l’on connaît depuis plus d’un an ?


Alice : On a commencé par rassembler les compos qu'on avait accumulées au fil du temps après la sortie de l'album précédent, "Sorry, Not Sorry". On a fait une sélection et on s'est lancées dans un travail méthodique d'arrangement et de répétition. Quand on s'est senties prêtes, on s'est enfermées quelques semaines d'affilée (pour l'homogénéité du son de l'album) dans notre home studio, tous micros branchés. On avait pris l'habitude, pour chaque morceau, d'enchaîner quelques prises instrumentales live puis de les écouter immédiatement, pour n'en garder que 2. Si on pensait pouvoir faire encore mieux que la meilleure des prises, on recommençait, sinon on gardait. On a essayé de garder comme critères principaux l'énergie et le groove des prises sans juger trop sévèrement les petits défauts techniques qu'il peut y avoir de temps en temps dans le feu d'une prise. Pendant ce temps-là, MC a mis en boîte 'Pause Féminine', sur lequel elle joue tous les instruments.

S'en est suivie la phase d'enregistrement des voix lead et chœurs, avec toujours MC derrière la console. Les chœurs c'est toujours très drôle car ce sont des journées où on est trois dans le studio à enchaîner nos prises respectives sous les yeux des autres, on se donne des conseils, on se fout de la gueule les unes des autres, on a des idées de dernière minute on rigole beaucoup.

Pour finir, MC a mixé l'album de A à Z. C'est notre grand ami (et colocataire d'Alice) Laurent de Soras qui a masterisé tout ça. On peut dire que tout à été fait maison.


Le précédent album "Sorry, Not Sorry" avait comme fil rouge le thème de la culpabilité, ce nouvel album semble être celui de l’émancipation, de l’affirmation de soi avec un côté battant et combatif accentué, c’est presque un virage à 180° qui reflète l’époque actuelle avec une parole relativement plus audible des femmes ?

Alice : Il y avait beaucoup de rage dans Sorry, il y en a tout autant dans "Parasite", mais c'est peut-être une rage plus maîtrisée, plus canalisée, moins autodestructrice en effet. Je pense qu'on a pris beaucoup de confiance, individuellement et en tant que groupe, avec le temps et le travail. Oui, la parole est plus audible, mais le processus reste violent. On a l'impression de devoir défricher une jungle de ronces à mains nues avant de pouvoir poser et porter une parole sereine. La colère n'est pas un sentiment dont il faut se nourrir toute sa vie, ça finit par tout détruire y compris soi-même, mais ça peut être un formidable moteur face aux montagnes qui se dressent devant la cause des femmes.


Il faut avoir le courage de briser le cercle, de sortir de ces clichés de genre qui nous nuisent, qu'on soit homme ou femme.


Malgré quelques avancées, des progrès énormes restent encore à faire, on le voit notamment au travers cette violence au quotidien, qui ont été aggravée par les périodes de confinement notamment. Cette violence ne date pas d’aujourd’hui mais les médias ont décidé de mettre l’accent dessus. On les mesure ces progrès également dans cette longue marche vers l’égalité professionnelle qui n’est toujours pas réelle. Est-ce qu’il faut en passer par un discours et des actions plus fortes pour obtenir des avancées face à la lenteur politique et est-ce que c’est le message que vous souhaitez transmettre dans ce "Parasite", faire évoluer les mentalités ?

Alice : J'irai plus loin que ça. Avant d'être politique, l'enjeu est psychologique. N'oublions pas que nous sommes des animaux, des mammifères, qui avons cette capacité quasi unique d'avoir conscience de nous-mêmes, et cette mémoire collective faite d'épisodes de violence extrême et d'adaptation incroyable. Nous sommes des êtres singuliers, pris entre une nature qui nous colle à la peau et une culture en mouvement. C'est normal que les choses soient lentes. Nous devons comprendre qui nous sommes et qui nous voulons et pouvons être en tant qu'humains. Parlons avec nous-mêmes, avec nos amoureu-x-ses, avec nos parents, nos enfants. Expliquons-nous, regardons-nous en face, apprenons à exprimer nos besoins et nos limites au sein de la sphère privée, et à lever les tabous.

Débarrassons-nous de cette honte judéo-chrétienne qui permet aux pires travers de se manifester impunément dans l'intimité des foyers. La politique suivra. Alors oui, bien sûr qu'il faut que le droit positif accomplisse l'égalité des droits entre femmes et hommes, y compris via de la discrimination positive, et qu'il sanctionne sévèrement les actes sexistes. Mais les mentalités, les valeurs morales, elles, ne peuvent venir que du cœur. Ce qui se passe chez les gens, la violence physique et psychologique que subissent femmes et enfants, et qui se cache dans les détails du quotidien, ne pourra jamais disparaître qu'à coups de loi. Il faut avoir le courage de briser le cercle, de sortir de ces clichés de genre qui nous nuisent, qu'on soit homme ou femme.

MC : Oui en effet, le psychologique est important mais personnellement, je ne suis pas vraiment d’accord car ça peut tendre à culpabiliser les gens. Pour moi, l’acte politique est essentiel. Pour nous, c’est facile de réfléchir sur nous-mêmes, d’agir pour un monde meilleur. Nous sommes blanches, issus de milieux modestes/aisés, nous avons pu faire des études. Je ne pense pas qu’une mère célibataire devant enchainer les petits boulots payés une misère en s’occupant de ses enfants ait le temps de remettre en question ses valeurs morales. Le changement est une dialectique entre l’humain et le politique, certains se battent pour changer la loi et la loi change les mentalités. (Peine de mort, droit de vote des femmes etc.).





Les artistes ont-ils encore ce rôle à jouer dans une industrie musicale de plus en plus réticente à produire et à médiatiser ce genre de discours ?

Alice : Par définition, l'artiste est libre. Il n'a pas de rôle prédéfini à jouer, je crois, pas de responsabilité sociale. Certes, l'industrie musicale semble favoriser les artistes qui proposent du divertissement, et ça semble fonctionner, peut-être parce que l'époque est difficile et que le public est davantage en quête d'oubli et de légèreté que de miroir social. Mais c'est une généralité. Des artistes comme Stromaë ou Yseult, très populaires et portés par l'industrie, abordent des thèmes lourds et profonds et bousculent les codes, imposent leur authenticité. Parce que le public n'est pas aussi stupide ni superficiel qu'on veut le croire. Et puis l'art ne se limite pas à l'industrie, heureusement.

MC : Les artistes seront toujours là car c’est un besoin vital pour eux de s’exprimer et ils le feront même sans le sou. Comme disait Trotsky en 1923 : “la création artistique est toujours un acte de protestation contre la réalité, conscient ou inconscient, actif ou passif, optimiste ou pessimiste”


Est-ce qu’il ne peut aujourd’hui ne résider que dans l’underground alors qu’il était plus visible frontalement dans les années 80-90 (Rita Mitsouko par exemple…) ?

Alice : je ne sais pas, est-ce que c'est le public qui dicte l'exposition médiatique, ou l'inverse ? Ou les deux mutuellement, dans une espèce de cercle vicieux ? Cela serait embêtant que les discours humanistes soient relégués à l'underground pendant que madame Le Pen tient des discours autrement « politiquement incorrects » sur les chaînes nationales. En tout cas si on vit son art comme un combat, il ne faut pas se condamner soi-même à rester dans l'ombre, à se vivre comme un paria parce qu'on fait les choses différemment. On fait partie de la société, on est là et on y reste.


Une révolution pacifique par l'empathie, ce serait bien ça.


Il ne peut y avoir de changement réel qu’autrement que dans une sorte de révolution ou à tout le moins une forme d’empathie ?

Alice : je crois qu'il faut juste accepter que nous avons bâti un système inégalitaire en croyant aller vers le bien commun. On a confondu efficacité et bonheur. Ça arrive de se tromper, il faut juste le reconnaître, apprendre de ses erreurs et changer. Heureusement, on n’a pas tué notre empathie naturelle. On l'a juste endormie. On a appris à justifier nos comportements malsains et à se donner bonne conscience. Mais même si l'inertie est toujours plus facile que le changement, nous sommes en train de nous réveiller, je crois. Je vois plein de gens en quête de sens partout, de la bienveillance. Une révolution pacifique par l'empathie, ce serait bien ça.


Pour l’instant, la société n’a pas trouvé le moyen de protéger ces femmes. A part fuir, quitter sa vie, se cacher, risquer de se faire tuer, il n’y a aucune solution.


L’album débute par le très fort ‘The Escape’ à la construction lente et progressive jusqu’à l’explosion quasi finale. Est-ce que vous vouliez traduire musicalement la difficulté de se libérer d’une emprise (morale, matérielle) notamment dans certains couples et des violences (physiques et plus insidieuses psychologiques) subies par les femmes jusqu’à donc cette rage de pouvoir retrouver cette liberté ?


Alice : oui c'est exactement ça je crois, mais MC en parlera mieux que moi, elle a écrit le morceau.

MC : Oui c’est exactement ça. La lourdeur du morceau reflète la fatigue mentale et l’incapacité d’agir d’une femme sous emprise, comme si elle était dans du coton, ne sachant plus qui elle est. C’est une chanson que j’ai écrite pour toutes les femmes qui ont vécu cela dans leur couple (et j’en fais partie) mais surtout, et en premier lieu, pour ma mère. C’est une chanson profondément défaitiste et sans espoir car, pour l’instant, la société n’a pas trouvé le moyen de protéger ces femmes. A part fuir, quitter sa vie, se cacher, risquer de se faire tuer, il n’y a aucune solution.


‘Monster’ est l’un des premiers singles est très vindicatif dont l’illustration est à l’effigie d’Emmanuel Macron, en quoi il symbolise le monstre ?


MC : Ce morceau est un cri de révolte contre les hommes d’influence, de pouvoir qui utilisent leur parole médiatique pour briser les faibles. Je l’ai écrite après avoir entendu Castaner traiter des manifestants qui s’étaient réfugiés à la Pitié Salpêtrière de terroristes. C’est devenu monnaie courante de taper sur les faibles, les petits délinquants, les chômeurs, les migrants et j’en passe. Mais on ne met jamais la lumière sur les décisions politiques qui étouffent et plongent les gens dans la misère. Casser le code du travail par exemple a fait bien plus de dégâts que quelques vitrines brisées. Le vrai monstre n’est pas le peuple qui se défend mais bien le politique qui le broie.


Pour nous, c’est presque militant de revenir à l’authentique…



L’album oscille entre grunge et rock indé et garage qui sonne presque artisanal dans le sens très authentique dans la recherche sonore, c’était important pour vous de garder ce côté sincère tant dans vos propos que sur la forme ?

MC : Oui, tout à fait. On est dans un mode où l’électronique est partout, n’importe quel logiciel désormais peut générer des sons de batterie, de guitare, de synthé en tout genre. Revenir aux fondamentaux acoustiques du rock va totalement à contre-courant des grosses productions que l’on entend partout. Pour nous, c’est presque militant de revenir à l’authentique…

Alice : oui, c'est le plus important.


Le fait d’être comparées à Nirvana, Hole, L7… ne vous fatigue pas trop ou bien vous sentez vous héritières de ces groupes qui ne semblent pas avoir eu de relève, à tout le moins médiatiquement après l’essor des années 90 ?

Alice : Hole et Nirvana sont des grosses références pour moi, ça me fait plutôt plaisir et puis je reconnais que ce sont des inspirations palpables dans mes morceaux. Les médias ont tendance à faire des parallèles, c'est normal, ça aide à identifier un groupe. Les chroniqueurs de "Parasite" ont pu faire ces comparaisons, mais en soulignant toujours la valeur intrinsèque de l'album, et j'en suis heureuse. Ce qui m'énerve en revanche, ce sont les comparaisons avec des groupes avec qui je ne me sens rien en commun à part le fait d'être une femme. C'est le cas avec L7 et la vague des Riot Girls auxquelles je ne m'identifie pas artistiquement (sans pour autant les rejeter). « Groupe de meufs » n'est pas un genre musical !!! Pas plus que « groupe de mecs ».





‘Be Happy Be Productive’ est-il un titre en réponse aux déclarations du propriétaire de Spotify qui expliquait que les artistes ne devraient pas se plaindre de leur rémunération et n’avait qu’à être plus productifs pour gagner plus ce qui peut être une allégorie sur la société actuelle ? En gros marche et sois content ou crève !

MC : (Rires) non pas du tout, mais ça pourrait ! Je pense que le titre du morceau est assez explicite. Avant, c’était clair, être ouvrier, travailler dans les mines, c’était dur, on ne le faisait pas pour trouver son bonheur, pour son empowerment. Maintenant, la nouvelle stratégie c’est de faire aimer l’entreprise au salarié pour qu’il y consacre sa vie, son âme (merci Google). On met des tables de ping pong pour faire croire que c’est trop fun d’être exploité. On uberise pour faire croire que c’est toi le patron, que tu es libre. Sauf que c’est creux, vide, on travaille deux fois plus, on se sent coupable de ne pas être heureux, de ne pas s’épanouir et on devient alcoolique, taré, en burn out sans plus aucun syndicat pour te protéger.


‘Pages’ est le titre le plus long de l’album avec une interprétation totalement habitée notamment au milieu du morceau, vindicative et qui semble être personnelle. Comment avez-vous abordé cette partie à forte portée émotionnelle ?


Alice : J'ai adoré. J'aurais voulu mobiliser la même vibe, le même lâcher-prise sur tout l'album. J'essaierai sur le prochain. Mes collègues seront de très bonnes coachs, elles me lâcheront pas ! Cela dit, le côté slam (pas de pression technique, liberté totale) et instruments en freestyle derrière a aidé à interpréter cette partie qui avait été pensée comme un moment de vrille.


Je ne sais pas si "Parasite" est un concept, mais en tous cas, on l’a pensé comme un tout, un roc qui s’imbrique du début à la fin.



Dans ‘Pause Féminin(e) ’ vous énumérez un nombre incalculable d’insultes et de constats de violence subies par les femmes contrastées avec des qualités que l’on entend moins, pourquoi placer ce titre en français à ce stade de l’album, est-ce une transition et peut-on voir "Parasite" comme un concept album ?

MC : On aime beaucoup faire des interludes dans nos albums (il y en a un également dans "Sorry, Not Sorry"). Je trouve que ça donne une respiration bien agréable pour repartir de plus belle. J’avoue être une grande fan de Trent Reznor et sa façon de construire ses albums m’ont beaucoup influencé. Je ne sais pas si "Parasite" est un concept, mais en tous cas, on l’a pensé comme un tout, un roc qui s’imbrique du début à la fin.

Alice : Oui. Décidément j'aime beaucoup vos questions !


‘Nothing Left To Say’ est un autre titre long à la construction quasi grunge progressif, est-ce une piste que vous pensez explorer encore plus dans un prochain album ou bien est ce que la question de se pose pas car vous fonctionnez plutôt à l’instinct ?


Alice : Why not, j'aime bien mettre un peu de pop dans mon grunge. Mais avec parcimonie quand même ! Ce ne sera pas le mot d'ordre d'un album entier je pense.


Vous transmettez beaucoup de messages dans cet album, mais en anglais. N’avez-vous pas peur qu’au vu du niveau d’anglais en France, ces messages ne passent pas et donc d’être contre productives dans cette transmission de messages forts ?


Alice : Si. Mais la peur est un mauvais guide. Et puis plein de groupes rock anglo-saxons ont un public solide en France (Placebo par exemple). Quand le Français veut, le français peut. Et pour se consoler on peut se dire que les Anglais, les Américains et les Allemands nous comprennent. Ou encore que si l'énergie musicale passe, c'est déjà ça. Au fond, je ne fais pas de musique pour faire passer des messages, mais pour l'expérience sensorielle avant tout. Pour les messages il y a les interviews (Rires).


La période a été très frustrante pour les artistes et plus généralement la culture mise au rang de « non essentielle », est-ce que vous avez douté au cours de cette période sur le fait de continuer dans cette voie ?

Alice : Même à 25 ans, ne sachant pas chanter, pas jouer, n'ayant jamais écrit une chanson, même plus tard, par terre en pleurs et rongée par le doute et le manque de confiance, même fauchée, perdue, je n'ai jamais douté de continuer, alors c'est pas le Covid qui va changer les plans !

MC : En tant que meuf faisant de la musique indé, ça fait longtemps que l’on se sent “non-essentielle” lool donc non, pas de changement si ce n’est la volonté de jouer encore plus.


Du coup on imagine que la reprise prochaine des concerts va être pour vous une catharsis ? Comment appréhendez-vous cela après cette longue mise en sommeil ?

Alice : Je suis fière du travail accompli et je me sens prête à défendre ce projet sur scène à 10000%. J'ai hâte !

Merci à vous.




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