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TITRE:

SILENCE OF THE ABYSS (AVRIL 2020)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

DEATH METAL



A l'occasion de la sortie de “Unease & Unfairness”, Music Waves a rencontré le cœur palpitant du groupe, Diane. Dans cette longue interview, la jeune femme nous dévoile sa passion, ses espoirs et son enthousiasme pour ce disque particulier.
THIBAUTK - 01.07.2020 -
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Un question rituelles chez Music Waves. Quelle est la question que l’on vous a trop souvent posée ?

JDiane: (Rires) Heu... C’est le fait que je sois une fille à la batterie. Ouais, celle-là on me l’a beaucoup posée. Elle était dans tes questions ? (rires)


Je ne vais pas la poser alors...

Tu peux la poser, mais c’est celle qu’on m’a beaucoup posée. Non mais ça ne me dérange pas du tout, mais c’est celle qu’on m’a beaucoup posée.


Votre actualité est la sortie de “Unease & Unfairness”. Quel sont les premiers retours sur votre album à peine un mois après sa sortie ?

Ecoute, pour l’instant on a que des retours positifs, on a rien à dire. Les chroniques sont super. Ouais, ouais, ouais, on a eu que des bons retours.


Et donc comment ça s’est passé avec le confinement, parce qu’il est sorti juste au mauvais moment (le 20 mars) ? 

Oui, oh la la, c’était un timing parfait ! (rires)
Oui, c’est sûr que ça coupe un peu les jambes, parce qu’il y a cet élan, cette dynamique qui est coupée. Mais bon, nous ça ne nous a pas empêché de continuer à bosser, tu vois on ne s’est pas arrêtés...


Qu’est-ce que ça fait d’être un jeune groupe qui sort son premier album ?

Le groupe est né en 2017. On a sorti un EP en 2018. Ben oui voilà...
C’était quoi ta question déjà (rires) ?


Comment vous sentez-vous de sortir un premier album après trois ans d’existence ?

On est plutôt fiers, parce que ça a été plutôt vite, sachant qu’on a en plus changé de chanteur entre-temps (entre l’EP et l’album) et que JB (Jean-Bernard Florès, le nouveau chanteur) est arrivé en avril 2019. On sort un album en 2020, je trouve que c’est pas mal... 


Le timing est pas mal...

Oui le timing est pas mal, la sortie un peu moins (rires) !


Les aléas qu’on ne maîtrise pas...

Oui, c’est ça. 


Des groupes majeurs sont associés à votre musique (Trivium, As I Lay Dying, Machine Head, Killswitch Engage, All That Remains), comment vivez-vous ces comparaisons ?

Alors, ce qui est marrant, c’est que tous les groupes que tu as cités, je ne les ai jamais écoutés !  Du coup c’est fou, parce qu'on connait les noms, on a entendu parler de tous ces groupes. Mais après, je pense aussi qu’il faut des repères pour situer un groupe qui vient de nulle part. A un moment tu as besoin de le mettre dans des cases. De dire ça ressemble à ça, je pense que c’est plutôt un repère pour les gens qui écoutent beaucoup de metal. Je ne le vois pas comme une comparaison, mais plutôt comme un repère.


Votre musique est variée sur cet album. Est-ce que c’est dans une volonté de chambouler les repères ?

Heu... Il y a que l’on ne s’interdit rien, on fait tout au ressenti, si ça nous plait, on le fait ! En fait on ne se dit pas : “oui, mais tu comprends, untel...” On fait ce qu’on ressent. Ce que l’on ne veut pas, c’est que si on trouve un riff qui ressemble à quelque chose, évidemment on ne va pas le garder. Des fois tu es tellement influencé et il y a toujours quelqu'un pour te dire que ça ressemble à ça ou à ça.


En fait par rapport à cette idée de sortir de sentiers battus, j’ai l’impression qu’il y a un fil rouge dans l’album, ou un concept. Est-ce que c’est le cas ? 

Je pense que le fil rouge c’est nous trois. Parce que c’est vrai que si tu regardes musicalement, il y a des titres vraiment très différents. Je pense que c’est JB qui a réussi à le faire avec le son, évidemment. 


Et ça se retrouve au niveau des paroles ?

Oui, les thèmes abordés sont différents, mais ils tournent toujours autours du titre de l’album. Tu as la maltraitance, tu as un thème post-apocalyptique. On n’est pas dans des trucs super gais. 


C’est ce que je me suis dit avec la pochette... Ça m’a aussi fait penser à un dessin de Léonard De Vinci. Mais là c’est avec une femme. Pourquoi ?

Alors écoute, très honnêtement, j’en ai aucune idée ! (Rires) On a demandé Eric Hyrcza de Kahinienn Graphix de faire la pochette. On avait bloqué sur une autre pochette qui était déjà achetée. Donc il nous a dit, “ah ben désolé, je l’ai vendue, mais si tu veux je te fais un truc dans le même esprit” et il nous a sorti ça. Le seul élément qu’on voulait c’était le logo du groupe. Il a attaché la fille sur le logo et nous l’a proposé, on a adoré tout de suite. Après c’est vrai que tu peux partir dans des théories, comme qu’est-ce que devient l’humanité, et la femme, la reproduction... mais ça n’était pas calculé.


Est-ce que la femme est l’avenir de l’homme... Parce qu'on voit cette femme, et on voit aussi que le paysage est dévasté. Comme le contraste avec le poids que pourrait avoir la femme pour sauver l’humanité ?

Tu as tellement d’hypothèses possibles... C’était justement cette liberté qu’il avait prise. On n’avait pas dit de mettre une femme, on n’avait rien dit. On voulait juste mettre le logo et partir sur le thème post-apocalyptique. Et donc il nous a sorti ça. C’est vrai après on s’est dit ça va bien, c’est une hypothèse du futur finalement.


Et-ce que c’est en lien avec le fait d’avoir une femme à la batterie et au chant ?

Absolument pas ! (rires) Pas du tout.







Sur cet album il y a beaucoup de puissance, mais aussi du chant a capella. Est-ce que c’était nécessaire d’avoir ces pauses ?

C’était pas une volonté de faire des pauses, dans le sens où c’est la baston, et puis on va faire une pause. On s’est laissés aller et JB a eu cette idée d’interlude, ces voix corses. On voulait qu’il y ait cette identité corse par rapport à lui, parce qu'il chante très bien le corse et le chant traditionnel... et on est tous corses, ce qui ne s’entendait pas forcément dans l’EP.


Je trouve que ça s’entend sur 'See Arcturus', je trouve qu’il y a quelques notes de chant corse...

Exactement. C’est là qu’il a fait son interlude. 


Pourquoi c’est si important pour vous cette identité corse et pas simplement l'identité metal ?

Je n’en mettrais pas une plus que l’autre. C’est-à-dire qu'on a beaucoup d’identités différentes hors corse et metal. On aime beaucoup de choses différentes, on a énormément d’influences musicales différentes, on écoute pas que du metal. Ça c’est le fond, ça c’est le metal, après on est fans de Rodrigo et Garbiela par exemple. Ça n’a rien à voir.


C’est un peu metal aussi quelque part dans l'esprit... (Note: Rodrigo a débuté dans un groupe de metal Tierra Ácida)

Oui, c’est metal dans l’esprit. Mais par exemple JB écoute beaucoup Brel et il le chante très bien. 


Je trouve encore que c’est assez metal dans l’esprit !

Ben en fait on est metal (rires).



Brel, je le trouve assez metal ou punk dans l'esprit.

Ben voilà.... Mais tu vois l’identité corse elle n’est pas plus importante. Ça n'est pas une revendication, ça fait partie de nous, c’est tout.


Par rapport au titre de l’album, c’est quoi l’inconfort qui se propage tout au long de l’album ?

C’est un inconfort que l’on ressent dans le monde en général, nous en tout cas. Les injustices, le mal être il y en a pas mal. On ne peut pas dire que l'on soit dans une époque facile. Après, toutes les époques ont des difficultés, mais c’est vrai que c’est un ressenti un peu général quand tu parles aux gens, quand on se parle entre copains, c’est pas la teuf tous les soirs. 


Mais est-ce que ça n’est pas enfoncer des portes ouvertes, en disant que la pauvreté c’est mal...

Ah non, parce qu’il n’y a pas de revendications du tout, dans le sens ou ce sont des ressentis très personnels qu’on met en avant dans des musiques à un moment donné. Donc c’est pas du tout une dénonciation, c’est un constat de ce que nous on pense à ce moment-là. Mais trois ans après ça évolue. C’est vraiment qu’on a fixé quelque chose à un moment donné du ressenti qu’on avait. Mais après c’est très personnel. Chacun y voit ce qu’il veut.


Donc il n’y a pas vraiment d’idée de révolte, ou autre derrière ? 

Non. Plutôt une idée que l’on est dans un carrefour au niveau de la structure de notre société telle qu’elle est. On sent bien qu’il y a des failles, on sent bien que c’est vacillant.... Mais c’est tout.


'See Arcturus' fait penser au chant du film "Gladiator", est-ce intentionnel, ou une simple source d’inspiration ? 

Alors pas du tout ! Ça m’a fait penser à "Gladiator" une fois que Brett (Note: Brett Caldas-Lima l'ingénieur du son) avait mis la reverb. Et j’ai dit : “ouh, il y a un côté Gladiator”. Mais non en fait JB à fait une impro sur la note fondamentale, la tonique. Il a improvisé et on a gardé une progression. Mais il n’y a pas du tout ce lien.


Quelle est la signification de ‘Amok’ pour vous, est-ce simplement une folie furieuse ?

Il faudrait que tu demande à JB, parce que c’est lui, il est prof de philo. Je me suis penché dessus évidemment, c’est sur la folie, dans l’instant, le truc auquel tu ne t’attends pas. Quand la personne n’a pas de signe de quelque chose qui va exploser, puis d’un coup ça part. C’est tout ce que je peux te dire là-dessus. Lui pourrait te développer plus. En tout cas c'est ce qu’il a voulu faire dans l’intention du chant où il est vraiment très calme et d’un coup il se met à crier. Voilà, c’est ça qu’il a voulu faire passer.


Ça m’a aussi fait penser à l’Arabe ('Amok') qui veut dire “ta mère”. Est-ce que c’est en lien avec la pochette aussi ?

Je ne savais pas du tout. Ce que je trouve génial, c’est que tu trouves des liens là ou en n’en a pas vus. Je savais pas...


En quoi c’est être original, d’être corse ?

Est-ce que c'est original d’être corse ?.... Je pense que toutes les identités sont originales. Je ne pense pas que ça soit original. Après, du metal en, corse, il y en a pas mal. Depuis quelques années il y a pas mal d’albums qui sont sortis, depuis 5, 6, 7 ans. Il y a toujours eu certains groupes, il y en a un ça fait 20 ans qu’il est là, ou même trente. C’est original parce qu’on l’a pas forcément beaucoup...


Aussi peut-être parce que vous êtes sur une île...

Les retours qu’on a c’est qu'on est isolés, et comment on peut faire du metal. Ce qui est sûr c’est que le public corse, n’est pas du tout, du tout metal (rires) ! C’est plutôt là qu’il y a des soucis, au niveau des concerts. Il y a beaucoup de choses différentes, mais la culture c’est quand même le chant traditionnel, le chant corse, même en chansons, mais c’est beaucoup les DJ aussi. On ne peut pas dire qu’on s’y retrouve beaucoup.
Nous on bouge énormément, on voyage énormément, on ne se sent pas prisonniers. C’est même bénéfique, dans le sens où ici tu as quand même une qualité de vie que je n’ai pas retrouvée vraiment ailleurs, ce qui permet de composer vraiment très bien.


Je pense que c’est la France qui n’est aussi pas très attachée au metal.

Oui, ça c’est sûr !






Pourquoi un partie du titre 'My Fair Fury' est en espagnol ?

C’est sur la corrida... (rires)


Et c’est quoi le message justement ?

Tu as 'See Arcturus' qui est l’introduction avec une mélodie méditerranéenne si tu veux (Note: les titres 'See Arcturus', 'My Fair Fury' et 'Matendo', sont liés et sont un titre découpé en trois pistes). Ensuite tu as 'My Fair Fury', c’est le combat dans l'arène du matador avec le taureau, et 'Matendo'. En fait dans 'My Fair Fury', le taureau il fracasse tout, dans 'Matendo' tu reviens à la réalité et c’est le taureau qui meurt. Donc c’est un constat de ce qui se passe dans les corridas.


Est-ce que ça veut dire que vous militez contre les corridas ?

On milite pas vraiment, mais après on n’est pas pour. Nous tout ce qui était animal, tu as bien compris qu’on étaient touchés pas la maltraitance animale. Tout le monde pense ce qu’il veut, il y a des traditions, et des trucs, mais nous on n’est pas pour. 


Est-ce que ça veut dire que le metal devient maintenant fleur bleue et que ses combats sont des combats pour les animaux ?

Nous, c’est vrai qu’on est comme ça. Après est-ce que c’est fleur bleue, la maltraitance animale ? Je ne crois pas, je trouve ça vachement plus violent que d'autres thèmes. En fait tous les thèmes de souffrance sont des thèmes violents. Je trouve que l’on peut bien l’exprimer dans le metal. Quand on est touchés par quelque chose, je trouve que le metal permet de l’exprimer, c’est une musique qui permet d’expulser des émotions et des ressentis.


Ce titre a été découpé en trois parties, est-ce que cela  veut dire que vous êtes un groupe de metal progressif ?

Peut-être qu’on l’était plus dans l’EP. Là on s’en rend moins compte, peut-être un peu sur 'Luna'. Je ne sais pas si tu peux qualifier ça de progressif, non je ne pense pas.


Qu’est-ce que ça voudrait dire pour toi alors, d’être metal progressif ?

Metal progressif, c’est pour moi beaucoup de progressions. Que ça soit dans les harmonies, dans le tempo, dans les rythmes, beaucoup de changements, beaucoup de coupures de cassures. Je n’ai pas l’impression que à part 'Lunar', ça soit du metal progressif.


Est-ce que tu as pus expérimenter des choses à la batterie : rythmes ternaires, mesures impaires ?

Oui, tu l’as surtout dans 'Lunar' justement. En fait ce que je voulais c’était m’amuser. Le metal pur, doubles pédales c’est difficile, j’adore le faire quand je sais le faire. C’est beaucoup de travail, énormément.


Qu’est-ce que tu as pu apporter dans la composition de l’album en tant que batteur ?

Qu’est ce que j’ai apporté ? Moins sur l’EP en tout cas car David avait fait des compos très structurées et j’avais aimé comme c’était. Dans le jeu, qu’est-ce que j’apporte ? J’apporte mon jeu. Est-ce qu’il est spécial ? Non, je ne pense pas, il n’y a rien de spécial.
J’ai écrit quelques textes (avec Julien on se les est partagés) et les mélodies. En tant que batteur, tu apporte ton jeu, tes idées. Ce que j’aime, c’est un peu comme dans musique africaine, c’est que tu as un riff, et la batterie peut tout faire changer. Le rythme que tu vas proposer peut faire complètement changer la façon dont tu as entendu ton riff.


Ou de la manière dont ça peut être en lien avec les guitares ou les basses...

Oui des fois je vais doubler et puis il y a des fois non. J’aime bien faire ça, faire changer l’oreille.  


Écraser le tempo alors que la guitare est en double croches...

Exactement...


Votre album est paradoxal, car il est varié, tout en ayant une grande cohérence et en étant très compact. Pourquoi cette impression ?

Ce que tu ressens, nous on a du mal à le comprendre (rires). Il y a tellement d'influences différentes qu'on n'arrive pas trop à comprendre comment ça se fusionne. Je pense qu’il y a une fusion humaine, puisque David et moi on est ensemble depuis 15 ans, avec JB on se connait depuis 15 ans. Il y a une espèce d’amitié fusion, ça c’est sûr. C’est vrai aussi que JB fait beaucoup le fil conducteur. Tu as la couleur que donne David, et JB fait le fil conducteur à la voix. Donc en harmonie tu as deux personnes, c’est pas non plus comme si tu en avais 15. Je pense qu'on se comprend, on ne se met pas d’interdits, on se laisse aller.


Toi aussi tu chantes sur un titre, pourquoi sur un seul titre ?

(rires) Le truc c’est que cette fois sur cet album, David a fait des harmonies beaucoup plus compactes. C’est compact dans l’ensemble et c’est compact dans les harmonies. C’est-à-dire qu’il avait tellement de notes dans ces accords, que souvent il avait juste la place pour la lead. Ce qu’il a regretté, car il aurait aimé laisser plus de place pour une autre voix parce que c’était pas la peine de rajouter autant. C’est un point qu’on verra sur le prochain album.


Donc il y aura un prochain album déjà prévu, pour quand ?

Oui, on a déjà commencé. C’est déjà planifié. 


Ça sortira juste après le confinement ?

Non quand même pas (rires). Enfin un petit peu après. Remarque, ça dépend combien de temps va durer le confinement...


Tu disais le chant assez compact, mais il y a des parties avec des harmonies super étudiées, parfois arabisantes, parfois hispanisantes. 

Complètement. Mais c’est là où je dis il y a peu de place pour beaucoup de voix C’est JB qui a toujours trouvé les failles qui lui permettaient de poser ses harmonies de voix. 


Est-ce que c’était indispensable d’avoir ces couleurs travaillées et ces harmonies différentes pour ne pas être linéaire ?

Ah oui, car les mélodies linéaires je n'aime pas... Ça dépend, si musicalement tu as un truc très fou, très déstructuré et que le seul repère c’est la voix, alors là tu peux avoir une mélodie stable assez répétitive. Si au niveau harmonique et rythmique ça bouge pas des masses, à moins que tu veuilles accentuer comme 'Nothing At All' avec des mélodies assez répétitives et un rythme assez posé. Là c’est voulu parce que ça symbolise une marche dans une désert.
Si je me lasse à l’écoute, et c’est pareil pour nous trois, si on se lasse à l’écoute... C’est important qu’il y ait cet équilibre à l’écoute, entre la guitare et la voix. 


J’ai l’impression que le plus important c’est le groove chez vous. Comme si vous aviez la science du groove. D'où vient cette facilité à donner envie de bouger ?

Science du groove... Définis-moi ça ?


Des riffs qui tournent bien, qui donnent envie de bouger la tête dessus.

Ça, c’est sûr que c’est une paramètre important ! Comme on fait tout au ressenti, si par exemple on écoute le titre et qu’on reste les bras croisés... n'y pense pas ! (rires). Ça va pas du tout. Donc on va toujours bouger dans son ressenti les choses. Soit on a envie de bouger la tête, soit on se sent angoissé, ou peu importe les émotions.


J’ai l’impression qu’il y a des éléments metalcore dans votre musique. Est-ce que c’est un passage obligé pour tous les groupes modernes d’inclure ce genre d’éléments ?

Pas du tout, on ne calcule rien. On ne se dit pas qu'il faut tel rythme ou telle ambiance. Par exemple si on n’a pas d’idée de pont, on sait ce qui va correspondre au reste de la chanson, pour que le pont donne une bouffée d’oxygène, ou un équilibre, mais on calcule pas.


Qu’est-ce que vous pensez de ces groupes qui essaient de suivre les mouvances ?

Si eux le ressentent comme ça, franchement bravo. Parce que c’est vrai que quand tu fais des trucs comme ça, la fosse elle est en furie, ça chauffe et tu as des circle pits. Il en faut, car c’est comme ça que tu t'extériorises physiquement. Je pense qu’on a besoin d’aller plus loin que ça, je pense que si on ne faisait que ça, on s'ennuierait. Sans enlever le charme de metalcore et heureusement. On est allées au Hellfest l’année dernière en tant que spectateurs et fans, on s’est éclatés dans les fosses sur des moments comme ça. Mais à jouer et entendre ce sont deux choses différentes. 


C’est quoi l'expérience d’être au Hellfest en tant que spectateur ? 

C’était extraordinaire, c’est Disneyland pour les petites filles ! (rires)


Est-ce que ça vous donne envie d’y être de l’autre côté ? 

Oui, c’est sûr. Personnellement quand j’ai vu le niveau... Mais ça te donne envie d’avoir un pied dedans. Dans quelques mois, dans quelque temps, peut-être quelques années, te dire que c'est un objectif d'être devant des gens avec tant de personnes, c’est pas ça, c’est l’ambiance, l'émotion, le partage.


Vous êtes un groupes assez jeune (3 ans) et pourtant vous faites de la musique depuis pas mal d’années. Pourquoi avez-vous décidé de faire un groupe si récemment ?

Parce qu’on n’a pas rencontré... On a fait des rencontres qui n’étaient pas dans cet esprit metal. Comme je te disais, ici c’est pas trop la musique traditionnelle (rires). Moi j’en avais envie depuis que j’avais 14-15 ans, mais j’avais jamais eu les conditions pour arriver à faire ce groupe. Et en 2017 il se trouve que nos projets qu’on avait pour manger, parce qu’il faut des projets alimentaires musicaux, se sont un peu estompés. A un moment donné, on s’est dit, qu'il y avait de la place. Donc on l'a fait ! C’est pour ça qu’on a attendu aussi longtemps et je ne regrette pas, parce qu’il fallait une certaine maturité pour sortir quelque chose qui rentre dans le metal “acceptable” on va dire. 


Est-ce que ça n’enlève pas une certaine part de spontanéité, car quand on a 18 ans, on envoie les guitares et on fait n'importe quoi ?

Oui, alors on aurait fait du metal pourri ! Je suis assez lente dans ma manière d’évoluer, dans la vie j’ai besoin de temps. Je ne pense pas que j’aurais pu faire quelque chose de potable il y a 5 ans. J’étais dans un autre état d’esprit et ça n’aurait rien donné. David aurait pu, mais moi je pense que je n’aurais pas pu, parce que c’est une rigueur à la batterie, ou à l’instrument. C’est une rigueur de se dire, tu as ce niveau-là et il faut aller tout en haut du soleil. J’ai besoin de temps.


Vous vous êtes donné des objectifs en somme ?

Oui, complètement. On se donne des objectifs à chaque fois, que ça soit technique ou autre. Il en faut pour évoluer, et nous ce qu’on veut c’est évoluer. On ne veut pas stagner.


Objectif de faire Bercy à la fin du confinement...

(rires) Sûrement pas ! Notre objectif c’est d’être toujours de mieux. Et d’évoluer, voilà c’est ça l’objectif principal. 


‘Lunar’ est presque prog. Est-ce que vous vouliez terminer sur une note plus calculée pour annoncer l’évolution future du groupe sur les albums à venir ?

C’est marrant que tu me dises ça. Parce que David a composé 'Lunar' assez vite et elle était déjà structurée comme ça. La batterie a été improvisée : il m’a lancé le titre et m’a dit de jouer. J’ai joué une heure - on l’a remis pendant une heure - et on a gardé une impro en fait. Ensuite j’ai réappris l’impro par cœur, je n'ai pas réussi donc je l’ai écrite (rires). J’ai enregistré en lisant.


Qu’est ce qui fait qu'au niveau de la batterie, que ça soit “prog” ?

Le ressenti. Je l’ai ressenti comme ça. Je ne peux même pas te le dire, c’est difficile à expliquer. 


Il y a quelques éléments prog dans l’album et peu de solos de guitare.

David écoute beaucoup de blues, il en a beaucoup écouté. Pour lui c’est difficile à la guitare de sortir un solo qui ne fasse pas has been. C’est difficile parce que maintenant tu as peu de nouveauté dans le solos, hormis avec les nouvelles sonorités. S'il fait un petit solo, il se dira que c’est déjà vu... ça ne lui plaira pas plus que ça. C’est difficile de rendre la guitare solo moderne maintenant, à part dans le son. 


Est-ce que ce qui est plus important alors, c’est la somme de vous tous et non pas chacun ?

C’est exactement ça. Tu as quand même l’individualité de chacun qui fait un ensemble, mais ce qui compte c’est le résultat.


Comment ça se traduit sur scène cette énergie ?

On a perdu 10 kilos à la fin (rires) !  C’est très important pour nous l’énergie. Le but c’est de passer cette énergie qu’on a en nous, parce que je trouve que finalement l’album met un filtre sur l’énergie, puisque tu as le son qui est travaillé. Nous on préfère la scène, de loin. Le studio pour moi c’est une souffrance, je n'aime pas ça. Pour moi la scène c’est ça, c’est le partage avec les gens. Alors que quand tu es en studio, tu es face à un miroir. Tu joues, tu t’écoutes, c’est un exercice qui est difficile pour moi. C’est ce que tu disais tout à l’heure, quand on a 18 ans on est spontanés... En studio la première prise est spontanée, la vingtième moins... (rires)


J’avais cette impression que vous étiez metalcore, pour cette énergie...

Oui, l’énergie c’est sûr que c’est la base du groupe. 


Quand on m’a présenté votre groupe, on m’a dit que vous faisiez du death progressif...

Alors ça, je ne sais pas d’où ça vient !


Mais après écoute du premier morceau...

Ça c’était l’appellation qu’on nous avait donné sur l’EP, je ne sais pas d’où ça ressort le death progressif. Parce qu’on l’a laissé traîner sur un flyer peut-être. 


Où le gens qui ne savent pas catégoriser, il y a des voix qui crient, et voilà...

Oui, peut-être, ou peut-être une erreur de notre part, qui aurait pu sortir sur un site ou quelque chose comme ça. C’est vrai que ça c’est plus trop dans le style. 


Mais pour les gens qui connaissent le death progressif, ça n’est pas gênant, car ça les incite à écouter votre album.

Oui... mais après ils sont peut-être déçus. (rires).


Il y a toutefois cet esprit compact qui rend bien...

Oui, ça c’est le son que Brett (Brett Caldas-Lima) a fait, nous on avait déjà fait un son, puis Brett l'a complètement retouché, car on lui a donné carte blanche. Le son de base était proche de ça, mais on lui a vraiment laissé une grosse liberté. Si ça nous plaisait pas on lui disait, bien sûr. En fait ce qu’il voulait sur cet album, c’est que par rapport à l’EP ou la batterie était triggée, il voulait un côté plus brut. Donc on n'a rien triggé, on a tout laissé comme c’était , car il voulait quelque chose de sauvage. 


Est-ce que cette appellation de death progressif, ça ne vient pas du fait que son groupe (Kalisia) c’était du death progressif ?

Ah je ne sais pas... Tu crois que ça vient de là ? Ah, peut-être que des gens font le rapprochement. 


Il y a une équilibre sympa entre les voix, comment ça s’est fait ?

Tu sais, c’est du ressenti. On ne calcule pas, on se dit que ça sonne bien ou que ça ne sonne pas, on fait des essais. Si ça nous prend aux tripes on garde et si ça ne nous prend pas aux tripes on jette (rires) !


Sans se prendre la tête...

Aucunement. On va se prendre la tête techniquement, lorsqu'un passage n'est pas propre ou à refaire.  Si ça ne donne pas ce qu’on entend dans notre tête on le refait. Mais il faut l’intention, la technique. C’est ça qui est difficile, c’est d’avoir tout en même temps en studio.


Ça veut dire que les morceaux sont écrits avant ?

Oui, il sont déjà pré-maquettés au moins trois ou quatre fois. Ensuite ça rechange en studio 10 fois, parce qu'on évolue et les morceaux évoluent en même temps. 


Les influences sont multiples (Slayer, groove, metal moderne...) Est-ce que vous avez besoin de fusionner toutes ces influences ? 

Comme je te disais, on a tellement d’influences différentes que ça sort comme ça et des fois on est obligés de se refréner. Pour le thrash de 'The Colors of The Wall' on a hésité à la mettre, parce que quand David m’a fait écouter c'était vachement thrash. Mais j’avais envie de kiffer et de m’amuser, car on ne se met pas d’interdits même si c’est un peu basique des fois. Sur celle là on l'a gardée parce qu'on l'a ressenti. On fait ça, ce qu’on l’aime.


Toujours la spontanéité...

Ouais, complètement. 


Qu’est ce que vous attendez après cet album ?

Ah ben jouer (rires) ! Ah oui, il faut qu’on joue, là !


Il va y avoir une tournée ?

Oui, on est en train d’en organiser une pour cet automne, cet hiver. On va en faire une, je pense d’abord dans le sud, puis on va essayer sur Paris. 


Vous savez où sur Paris ?

Non, pas encore. On n’a pas encore les détails, pas de trucs fixés. On va voir avec certaines salles


Qu’est-ce que ça vous fait d’être empêchés de tourner pendant le confinement ?

Ce qui est bien, c’est qu’il n’y avait pas de dates prévues pendant le confinement. Il y avait des shows, il y avait un clip qu’on devait tourner.  Le confinement ça m’a fait du bien parce que j’ai pu vraiment reprendre mon instrument. Je n'’avais plus le temps pour jouer autant que je le voulais. Donc ça m'a fait du bien au niveau du rapport que j’avais avec mon instrument, un rapport beaucoup plus fusionnel. Après on a eu cette chance de ne pas avoir de date prévues pendant le confinement, juste la sortie de l’album, c’était quand même embêtant.
L’album était disponible en numérique, même à l’achat chez Season of Mist. 


Quelle est la question que vous aimeriez que l’on vous pose ?

(rires) Elle est dingue cette question...  Heu... C’est dingue. Qu’est ce que l’on te répond toi ? Je sais pas. J’en ai aucune idée. Et toi qu’est ce que tu as aimé dans cet album ?


L'aspect compact et le son des guitares, assez rentre dedans, très brut.

Ça change de ce qu’on entend d’habitude.  C’est le travail de Brett. Il nous a aidé à exprimer une identité musicale dans le son. Ce qu’on voulait exprimer visuellement avec Eric et musicalement avec lui. Ça nous donne une identité qu’on voulait. Ça n’aurait pas été représentatif de faire quelque chose d’attendu et calculé, parce qu'on n'est pas comme ça. 


Donc faire la musique qui sort de vos tripes...

Absolument, ça ne fonctionne que comme ça !


C’est ce qu’on ressent sur l’album, que c’est sincère et que ça sort des tripes. 

Eh bien ça fait plaisir, parce que c’est comme ça que c’est composé. 


Un dernier mot pour les lecteurs de Music Waves.

Merci beaucoup à toi, à Music Waves. J’espère que si les lecteurs écoutent notre album, ça procurera des émotions, parce que c’est un peu le but. S’ils peuvent ressentir des choses, c’est le meilleur compliment qu’on puisse nous faire. Nous dire qu’on a eu une émotion à tel moment, c'est un très beau retour... Voilà, ça c’est le top.


Peut-être à bientôt à un concert à Paris ?

Ça sera avec grand plaisir. Merci !





Plus d'informations sur https://www.facebook.com/silenceoftheabyss/
 
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