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TITRE:

DIAMOND HEAD (27 MARS 2019)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

THRASH



Quand les légendes de Diamond Head se prêtent pour la première fois à l'épreuve de questions-réponses, ça donne beaucoup d'humilité, franchise et générosité...
PHILX - 24.05.2019 -
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Difficile de le croire mais c'était la première journée promotionnelle effectuée par Diamond Head, légende un peu maudite du heavy metal qui a inspiré les plus grands noms de la scène metal dans son sens le plus large.



Quelle est la question qu’on vous a trop souvent posée ?

Brian Tatler : Je dirais probablement d'où vient le nom du groupe... Aujourd'hui encore, on l'a eue mais je dirais qu'aucune ne m'embête vraiment, je suis prêt à répondre à tout !





J'aime encore créer. Je trouve ça fascinant de pouvoir assembler des chansons depuis rien, et LA chanson que tu rêves d'écrire peut arriver à n'importe quel moment !


Notre première vraie question porte sur la raison qui vous motive aujourd'hui à continuer à composer avec une telle carrière et discographie. Ne craignez-vous donc pas la page blanche ?


Brian : Bonne question... Ca se complique en effet avec l'âge, quand tu es dans un certain confort, il est plus dur d'en sortir. Mais j'aime encore créer. Je trouve ça fascinant de pouvoir assembler des chansons depuis rien, et LA chanson que tu rêves d'écrire peut arriver à n'importe quel moment ! Je suis très fier de ce que je vois quand je regarde dans le rétroviseur, mais cette sensation d'imaginer qu'il y a peut-être cette chanson parfaite encore à venir est incroyable.




Mais n'est-ce pas frustrant, après toutes ces années de carrière et de titres mythiques, de n'être limité qu'à un nombre fini et restreint de notes, d'accords et de gammes ? Vous en avez éclusé pas mal avec le temps !


Brian : Je vois tout à fait ce que tu veux dire. C'est en effet assez frustrant de se trouver limité avec les mêmes contraintes de 12 notes, etc. mais au final, on a tous les mêmes outils pour créer. Si les gens arrivent encore à proposer du nouveau avec cette quantité finie de notes, de rythmes, de mots, à perpétuellement ré-inventer la roue, c'est déjà incroyable en soi quand tu y penses ! Regarde rien que dans le rock et le metal les millions de chansons composées... Quand je compose, je dois quand même me poser la question de "Est-ce que j'ai pas déjà utilisé ce riff ? Ou quelqu'un d'autre peut-être a fait quelque chose de similaire ? " Ca m'est peut-être arrivé de penser innover alors que quelqu'un avait eu l'idée avant. Ca arrive, mais j'aime le processus de créativité. Si cet album a mis environ 2 ans à se monter de bout en bout, la créativité ne représente qu'une infime partie du process global.

Karl Wilcox : Comme je le dis souvent, c'est 1% d'inspiration, 99% de transpiration. Tu as tous ces outils et la majorité du temps, c'est de l'arrangement.


On parle également de frustration car avec une telle carrière, les fans qui viennent vous applaudir sur scène attendent bien souvent les classiques, donc on peut imaginer que vous vous disiez "à quoi bon, on a suffisamment de titres pour satisfaire tout le monde ?" Vous pourriez tourner sur une base de best of...


Karl : J'en ai pas mal parlé avec Brian. On aurait largement de quoi tenir bien 2h30 juste avec les classiques, sans devenir chiants en plus...

Brian : En plus, on a déjà tourné sans avoir rien de nouveau. C'est d'ailleurs ce qu'on fait en festival, on se tient aux classiques, avec 1 ou 2 chansons du dernier. Et ce n'est pas si frustrant parce qu'on compose pour nous. J'aime le processus de créer de l'art, si ça ne plait pas à tout le monde, tant pis, mais le but qui m'avait animé de le sortir du plus profond de moi a été atteint.

Karl : C'est le cas de beaucoup de groupes également où les fans acclament vivement les classiques et beaucoup moins les nouveaux titres. Tous, même. Et ces chansons que peu de gens connaissent sont assez risquées car tout le monde s'emballe sur ce qu'ils peuvent chanter avec le groupe.

Brian : J'aime aussi remplacer certains classiques par des titres plus récents, de changer sans cesse la setlist avant qu'elle ne soit trop attendue et lassante à jouer.




On a le sentiment que Rasmus Bom Andersen est le chanteur idéal pour Diamond Head et qu'il a sa place pour un moment. Est-ce que le départ de Nick après seulement 10 ans était une grosse épreuve et avez-vu eu le sentiment d'être maudits avec tous ces changements de line up ?


Brian : Non, vraiment, ça arrive à tous les groupes.


C'est assez difficile à notre niveau. On ne fait pas fortune...


On imagine bien, oui, mais ce sentiment amer de se dire "on est là depuis le début, et on a vu défiler un certain nombre de membres, on s'investit dans un projet, pourquoi ne le peuvent-ils pas ?"


Brian : C'est assez difficile à notre niveau. On ne fait pas fortune, on n'a pas une crew immense, on a juste un management avec nous mais tout le reste, c'est nous qui le faisons donc je peux comprendre qu'à force, les gens ne veuillent pas continuer à se taper les sales besognes. Nick a déménagé à Brisbane en 2008 ça a rendu les déplacements et les enregistrements très chers et compliqués. On s'est rencontrés en 2013 et on a décidé que notre chanteur devait vivre en Angleterre !

Karl : Eddie nous avait déjà parlé de "Ras". Il nous avait dépanné sur un festival en Allemagne, tout s'est bien passé et quand on a vu que Nick ne pouvait plus tourner, Ras l'a remplacé et on l'a officialisé !


Déjà depuis l'avant-dernier album éponyme, le titre de celui-ci n'est pas choisi au hasard, comme un message que vous voulez faire passer sur la présence du groupe dans le paysage. Il semblerait que cet album soit très important pour le groupe, une sorte de nouveau départ. Nouvellement signés chez un grand label, le voyez-vous comme un nouveau chapitre ?


Brian : Oui, totalement. Ça faisait longtemps que je voulais faire un album depuis "What's in your Head", mais il y a eu l'histoire avec NIck, donc tout ce qu'on pouvait faire était tourner en festival, essayer de maintenir le groupe. Avec Ras, on a voulu voir si on pouvait écrire, il ne s'agissait pas seulement de jouer live, mais de voir ce que ça donnerait, et ça a marché ! C'est devenu assez évident qu'on en était capableS, sans savoir si ça ferait l'unanimité, on ne peut qu'espérer. Cette idée de nouvel album est arrivée naturellement.


Pour faire cliché, je dirais que les étoiles s'alignent à nouveau


Cet album était très réussi, mais n'avez-vous pas pensé qu'il était arrivé très tard et qu'il n'a pas eu le succès qu'il méritait ? Comme Anvil, culte mais maudit en terme de chiffres ?


Brian : La cohérence fait partie de la carrière d'un groupe. Diamond Head s'est arrêté deux fois, et les deux albums faits avec Nick étaient sorti chez Cargo Records, qui n'a pas beaucoup de moyens.

Karl : Penser qu'on aurait perdu notre temps serait l'angle qui voit le verre à moitié vide. Si on le voyait à moitié plein, on dirait qu'on est toujours là, qu'on a probablement réalisé le meilleur album depuis très très longtemps. On ne peut pas se soucier d'où on pourrait être. Notre seule préoccupation est de rendre justice à nos chansons quand on les joue sur scène. Ça fait longtemps qu'on n'avait pas signé dans un grand label, avec un management qui sait quoi faire de nous. Pour faire cliché, je dirais que les étoiles s'alignent à nouveau. On ne peut pas faire plus pour le moment, l'album sort ! On sait qu'on est le meilleur groupe au monde, j'aimerais pas être celui qui joue juste après nous !




A parler d'étoiles qui s'alignent, d'un certain renouveau, vous sentez-vous comme des nouveaux venus?


Karl : Oui ! Je pense que ça a à voir avec Ras et Ash (Dean Ashton, ndlr), notre nouveau bassiste. Ces gars ont 20 ans de moins que nous, ils maitrisent les réseaux sociaux et prennent leur place dans nos vies. Ils arrivent à connecter avec des gens qu'on ne pourrait pas atteindre, Brian et moi. Ils font vivre l'image du groupe.

Brian : Beaucoup de gens ne connaissaient pas Ras avant qu'il rejoigne le groupe. On l'a en quelque sorte "exposé" au monde, on lui donne une chance d'être entendu. Ça fait un moment qu'il est dans le milieu et ce dernier album est décisif, il s'est beaucoup impliqué. On veut que les gens voient le talent qu'il a, et son importance pour que le groupe ne fasse qu'un.


[Diamond Head est] une des bases probablement oui, avec Judas Priest et Motörhead


Ce dernier album, "The Coffin Train", est très dynamique et équilibré, entre chansons rapides et mid-tempo. Des chansons comme 'Belly of the Beast' ou 'Death by Design' sont extrêmement puissantes. Ce heavy metal, à la limite du speed est une marque de fabrique que vous souhaitez garder, comme pour montrer aux jeunes pousses que Diamond Head est la base depuis le début des 80's ?


Brian : Une des bases probablement oui, avec Judas Priest et Motörhead. J'ai toujours aimé les chansons rapides et j'ai rapidement constaté qu'elles fonctionnaient très bien en live. J'adore 'It's Electric' ou ce genre de chansons rapides qui te galvanisent comme un "Allez on sort faire la fête" un vendredi soir. Je ne pourrais plus faire de lentes.


Cependant cet album intègre des chansons plus mélodiques, presque mélancoliques comme 'The Coffin Train', 'The Phoenix', ou 'Until we Burn' dans lesquelles on retrouve un groove très 70's à la Uriah Heep, UFO ou Led Zeppelin.


Brian : Je suis un immense fan de Led Zeppelin. Nous le sommes tous. La mélodie est primordiale, j'adorais la façon que Black Sabbath avait d'apporter un riff génial, et une "top line" incroyable. C'est quelque chose que j'ai essayer de garder également. C'est un tout, Ras a la lourde tache de trouver ces top lines et quand il les trouve, ça marche du tonnerre.


On a même un aspect épique dans cet album très varié avec le titre 'The Sleeper'. Des chansons très très heavy comme 'The Messenger' pourraient rappeler également Sabbath, et débordantes d'émotion avec 'Serrated Love'. Pourquoi avoir cherché tant de dynamique, presque à éviter la linéarité, comme font beaucoup de groupes ?


Brian : On l'a toujours fait. Diamond Head n'est pas un groupe que de speed, et ça se voit avec 'Ishmael' sur "Canterbury", 'In The Heat of the Night' sur "Borrowed Time". On a toujours essayé de mixer plusieurs styles. Effectivement, les covers de Metallica étaient principalement des chansons rapides, faussant peut-être la perception des gens sur notre musique. Mais c'est quelque chose à laquelle je suis très attaché, commencer avec une voix seulement, mixer ombre et lumière, montées et descentes, pas seulement un grand coup dans la gueule.


On a donc ces chansons épiques, un peu progressives avec à nouveau 'Serrated Love' ou encore 'The Sleeper'. Le progressif rime souvent avec technique pure, comme la vitesse l'est dans le speed, cherchez-vous à booster l'image du prog comme l'avaient fait Deep Purple ou Uriah Heep ?


Brian : Diamond Head n'est pas un groupe de prog, mais en a eu quelques influences. J'ai toujours aimé le prog. Genesis, Pink Floyd, Yes, Rush... c'est un genre difficile à jouer quand tu es adolescent, je ne pouvais pas jouer comme Steve Hackett. Mais avec le temps, je me suis amélioré et j'ai réussi à élaborer davantage ma musique. Le prog n'est pas loin dans Diamond Head... J'écoute beaucoup de groupes des 70's.




Musicalement, on adore le travail des guitares avec ces solo et riffs remarquables. Les parties instrumentales sont très réussies, dans le pur esprit des années 70/80. Cherchais-tu à reproduire un duo avec Andy ?


Brian : Oui, en effet, ça a du sens. On est très différents dans nos approches et heureusement car s'il jouait comme moi, il n'y aurait aucun intérêt. Je le laisse souvent naviguer, explorer. Parfois je trouve qu'il va trop loin, c'est un grand fan de Guthrie Govan et je trouve que c'est trop éloigné de Diamond Head, donc je joue le rôle de responsable qualité en lui disant "attention, mec, on s'éloigne trop, reviens !" (rires). J'espère que les fans se rendront compte de son talent de guitariste et on se sollicite énormément mutuellement, à chercher le meilleur de nous-mêmes, montrer ce qu'on a appris. 'The Phoenix' est une chanson qu'il a écrite, il y joue tous les solos, et j'ai essayé d'être le plus généreux possible à lui laisser des solos (rires).


C'est notre premier album sur un tel label depuis longtemps, avec une équipe dédiée au management [...] on peut se permettre d'espérer.



Qu'attendez-vous de cet album, si jamais vous aviez des attentes particulières ?


Karl : Bonne question. Comme c'est notre premier album sur un tel label depuis longtemps, avec une équipe dédiée au management, le premier concert après la sortie de l'album sera au Hellfest (vendredi 16h45 sous la Temple, NDLR), les dés seront jetés, on le verra au public. Bien sûr qu'on veut qu'il marche, qu'il se vende, qu'il rencontre le succès. Entourés comme on l'est, on peut se permettre d'espérer. On a la chance de se trouver en face de toi aujourd'hui, à parler de notre album qui sort, c'est quelque chose qu'on n'avait jamais fait auparavant.

Brian : Ça fait 40 ans que je suis dans le groupe, je n'avais jamais fait de journée promo comme ça ! C'est génial ! L'album avant celui-ci avait été très bien reçu, ça avait été une grande surprise, espérons que celui-ci fasse encore mieux, on a beaucoup travaillé dessus.


Ce week-end, vous repartez pour tourner deux clips...


Brian : Oui, on va tourner 'Shades of Black' et 'The messenger'. Ça fera 5 en tout.

Karl : Et tu vois, ça aussi c'est nouveau pour nous, on n'a jamais fait autant ! On essaye de nouvelles choses, on a toujours faim, et ça se voit sur scène. Sincèrement, j'aimerais pas passer après nous. On ne fait pas semblant. Soit tu aimes, soit tu vas apprendre à aimer (rires).





On a commencé par la question qu’on vous a trop souvent posée, au contraire quelle est celle à laquelle vous auriez souhaité répondre ?


Karl : Je ne sais pas, on a dit tout ce qu'on voulait !

Brian : Peut-être ma chanson préférée de l'album qui serait probablement 'The Coffin Train', avec beaucoup de dynamique et une grande construction. Elle donne l'impression de pousser davantage le climax, c'est pas facile à faire. A la fin, t'as presque le souffle coupé.


Merci à vous, on se voit au Hellfest !


Brian : Super, on vous cherchera pour vous pointer du doigt, je suis bon à ça !


Merci à Noise pour sa contribution...


Plus d'informations sur http://www.diamond-head.net/
 
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