En ce jeudi de mi-décembre Music Waves est à Lille pour une soirée placée sous le signe du post metal avec l’un de ses meilleurs représentants, les Islandais de
Solstafir. Le groupe ne cesser de monter en puissance et remplit les salles partout où il passe. Chacun attend de cette soirée à l’Aéronef - qu’elle soit un voyage hors du temps et des tracas loin dans les terres islandaises.
Pour cette tournée le groupe est accompagné de deux premières parties. Louise Lemon est originaire de Suède et s’est fait un nom dans l’underground pop et rock. La chanteuse évolue dans le death gospel, une branche du genre qui s’est créé depuis les années 2000 à l’initiative d’Adam Arcuragi. Ce courant se distingue du gospel classique par ses paroles et son état d’esprit. Louise va faire planer pendant sa prestation une ambiance particulière, à la fois sombre et attirante. Le tout est porté par sa voix pure et profonde et un charisme froid très fort. L’introduction lancinante dans la pénombre est parfaite pour instaurer ce climat. Puis quand Louise arrive avec ses musiciens sur ‘Shipwreck’ et commence à chanter elle colle une claque à une audience attentive. La chanteuse semble débarquer d’une autre dimension et chante avec une rare force de conviction. La musique douce et aérienne qui l’accompagne a des aspects floydiens et accompagne à merveille une impressionnante puissance vocale. Une certaine spiritualité se dégage de cet ensemble et le public réserve un accueil chaleureux à ce premier titre. La suite va être toute aussi forte, ‘Appalacherna’ est dans cet esprit incantatoire d’une grande force d’âme. Puis ‘Not Enough’ achève de convaincre d’éventuels sceptiques. Plus pop et porté par la basse, le titre a tout du tube en puissance avec un charme mélancolique à fleur de peau et un refrain parfait. La lumière se fait ensuite plus présente et nous permet d’admirer un superbe décor de fond de scène. Puis avec ‘178’ et ‘Thirst’ la chanteuse propose deux autres titres de grande classe avec un côté aérien dans des parties instrumentales très réussies. La fin approche et ‘Cross’ nous permet de savourer ce ton gospel qui donne le frisson avec des aspects soul music comme dans un piano bar. Enfin ‘Montana’ achève cette prestation en beauté avec une classe venue d’ailleurs et le charme envoutant d’une voix digne d’une Amy Winehouse. Louise Lemon a fait un joli triomphe avec une prestation magistrale d’une force rare et l’accueil reçu a semblé la toucher fortement. La Suédoise possède un potentiel énorme et si elle continue sur cette voix elle semble destinée à monter haut rapidement.
Après ce joli voyage et dans une salle désormais bien remplie nous retrouvons avec Kontinuum des compatriotes de la tête d’affiche. Ils évoluent dans un esprit post rock avec des aspects pop et wave et viennent de sortir un nouvel opus, "No Need To Reason". Dans cette idée post on retrouve en introduction une mélodie aérienne et sombre idéale pour instaurer l’ambiance. Puis avec ‘Shivers’ le voyage commence de belle manière, montrant un joli côté émotionnel, une voix fragile teintée d’émo et une musique post pop à fleur de peau. Le tout est accrocheur et mélancolique et sait faire aussi parler la puissance pour un bon mix des genres. ‘Warm Blood’ enchaine avec des aspects pop et wave qui peuvent surprendre mais qui font le charme du titre. La puissance est aussi au rendez-vous et tout cela se mêle bien avec la voix pure et profonde d’un Birgir habité et dégageant une grande force d’âme. ‘Neuron’ ensuite nous fait voyager très loin avec un côté planant et atmosphérique que ne renierait pas le Anathema époque "Eternity". Tout cela est à la fois sensible et intense avec des émotions qui ressortent fortement. Avec ‘Breathe’ le côté pop teinté de progressif ressort plus fortement, on pense à U2 ou Marillion pour ce coté mélodique et accrocheur. Le public apprécie fortement et la fin de concert va être un moment parfait de communion. ‘Heinsveldi’ puis ‘Two Moons’ confirment ce talent fou pour mixer les émotions entre puissance et grâce. Sur ‘Two Moons’ le riff posé et cette voix posée sont parfaits pour nous entrainer loin dans ces terres glacées. Enfin ‘I Huldusal’ achève la prestation en beauté. Juste avant Birgir prend la parole pour saluer Louise Lemon et remercier le public avec un petit mot en français avec une certaine timidité et une joie sincère pour l’accueil. Puis le titre fait lui aussi son effet avec la même force rentrée et prenante. Kontinuum est un joli créateur d’ambiances et sait mixer les genres avec une classe folle. Il a proposé une prestation remarquable entre post, pop, rock et wave, il a gagné sans aucun doute de nombreux adeptes.
Le gros morceau est très attendu. La salle est désormais bien pleine même dans une configuration un peu réduite. Chacun attend Solstafir avec impatience. Grâce à une discographie parfaite, taillée dans le plus profond de la culture islandaise, le groupe s’est crée une réputation et séduit un public très varié, de l’amateur de metal classique à celui d’atmosphérique et d’ambiances mélancoliques. Sur deux heures le voyage va être total et d’une rare intensité, le groupe va nous entrainer dans son univers avec une force et une classe rares. L’introduction avec ‘Nattfari’ est toujours parfaite pour débuter avec ce riff planant et incitant au voyage et une vidéo sur l’écran de fond collant au thème musical. L’ambiance est bouillante quand les musiciens débarquent et ils vont taper fort d’entrée avec un enchainement royal. ’78 Days In The Desert’ puis ‘Köld’ vont nous faire basculer dans une autre dimension pendant un long moment hors du temps et des réalités. Les deux premiers titres de "Köld" demeurent des classiques. Le premier est un instrumental de toute beauté. Sur près de 10 minutes le plongeon est total avec une montée en puissance remarquable avec un ton oscillant entre post black, atmosphérique et progressif. Puis ‘Köld’ continue l’épopée de plus belle dans les terres islandaises, Adalbjorn impressionne toujours autant derrière son micro avec un ton d’écorché vif à fleur de peau, qui ressent ce qu’il chante au plus profond de lui-même. Il y a le petit truc en plus avec une rare charge émotionnelle et un ton musical si profond dans un esprit post et atmosphérique avec une intensité certaine qui prend à la gorge.
Ce début de concert est dantesque, Solstafir a démarré fort et ne va jamais relâcher la pression. L’accueil est énorme, le succès total dans une ambiance prenante, loin de toutes les contraintes du quotidien. Derrière avec ‘Silfur-Refur’ puis ‘Isafold’ une force s’exprime, la chaleur se mixe au côté glacial avec une classe énorme. Le groupe est un expert pour faire vivre des émotions fortes et remue le public au plus profond de lui-même. Au dessus de la mêlée Adalbjorn touche au cœur avec sa voix profonde parfaite. Le voyage est total et l’enchainement suivant va faire voguer tout le monde plus loin. ‘Otta’ puis ‘Ljosfari’ vont pendant plus de vingt minutes nous transporter de manière incroyable. Les passages instrumentaux sont longs et pénétrants et les ambiances savamment distillées permettent un plongeon total dans leur univers post black si fort en émotions. La communion avec le public est totale, ce dernier est sous le charme et le temps semble s’arrêter sur un Aéronef entrainé loin dans les terres glacées. Après cet immense moment Solstafir reste sur sa lancée et continue sa leçon de plus belle. ‘Hula’ est d’une rare force, d’une beauté froide et pénétrante et fait son effet belle manière. Adalbjorn prend ensuite la parole pour un long speech habité, il présente ses musiciens et on le sent sincèrement heureux d’un si beau moment de partage.
La dernière ligne droite approche et le classique ‘Svatir Sandar’ va enfoncer le clou en beauté. Sur pas loin de 9 minutes les musiciens nous transportent encore très loin avec une puissance mixée à une émotion à fleur de peau. Solstafir se fait envoutant et aussi effrayant quand il lâche les chevaux avec cet aspect post black balancé avec vigueur. Le groupe se retire alors sous les vivats mais ne tarde guère à revenir. Personne n’a envie d’en finir et il reste des rappels qui vont être somptueux. Il y a d’abord ‘Fjara’, avec son chant pur et une musique à fleur de peau il est d’une force rare et d’une intensité énorme. Avant la suite Adalbjorn reprend la parole pour un long monologue, il présente le morceau, explique sa démarche artistique avec un côté incantatoire très fort. Le public est au taquet et apprécie la grande sincérité d’un chanteur à fleur de peau. Puis ‘Blajfall’ va prendre à la gorge avec un long début au clavier et son côté sombre et mélancolique si fort en forme de procession, d’une rare intensité. Puis après un dernier moment de dialogue la prestation se conclut avec le traditionnel ‘Goddess Of The Ages’. Le titre est un dernier grand moment de post metal habité et voit Adalbjorn marcher sur les barrières comme il en a l’habitude pour serrer les mains des gens et faire quelques photos. Le concert se termine de la plus belle des manières et le groupe reçoit une ovation méritée de la part d’un public conquis. Solstafir a donné une prestation magistrale de plus. Il confirme son statut de formidable créateur d’ambiances et de mixeur d’influences. Il est aussi à saluer pour sa proximité avec son public et son envie de partager son art.
Il nous reste à remercier l’Aéronef et Garmonbozia pour cette soirée hors normes avec un plateau d’une qualité rare et leur donner rendez-vous rapidement pour d’autres aventures de cette intensité.
Plus d'informations sur http://www.dordingull.com/solstafir/