Pour cette seconde journée de
festival les organisateurs du Raismes Fest ont frappé tout aussi fort que la
veille, livrant un programme flamboyant avec des découvertes et des têtes
d’affiches légendaires qui ont marqué l’histoire du hard rock et du heavy
metal. Comme la veille le public sera largement au rendez-vous, confirmant le
succès mérité de cette édition.
Les hostilités débutent à la
même heure que la veille avec The
Strikes. La formation nordiste sort du tremplin Chti Rock de Barlain.
Depuis ses débuts en 2011 elle a pas mal bourlingué dans la région, en jouant
avec Adam Bomb ou No Return et a un EP à son actif ("Breaking The Line"). Le
groupe œuvre dans un hard rock mélodique classique avec un petit groove qui
rappelle la scène rock US des années 90. Comme la veille le public est clairsemé
et arrive doucement au fur et à mesure du set. D’entrée on savoure un bon gros
son bien rock porté par la gouaille d’un David très à l’aise et que l’on sent
heureux d’être sur scène. Ce joli début lance le concert à merveille et avec
‘Sex & Money’, ‘Royal & Casual’ ou ‘Choices’ et ‘Breaking The Line’ le
groupe fait un tabac. Chacun apprécie le rythme des chansons qui font taper du
pied dans un bel esprit rock, tandis que le chant possède un côté voilé digne
d’Alice in Chains. Le final sur ‘Tsunami’ est tout aussi réussi et confirme la classe
du groupe. Ce concert très frais a lancé la journée de manière idéale. The
Strikes aura été une jolie découverte pour pas mal de monde, sa fraicheur a
fait merveille et on lui souhaite de continuer cette aventure musicale de la
meilleure des manières.
Avec Rich Robin on reste à la fois dans le Nord et dans le rock énervé. Formé en 2014 le groupe se rapproche des Foo
Fighters combiné avec la fougue de Queen Of The Stone Age et a sorti son
premier album, "Trigger", courant 2017. Cette demi-heure de concert devant un
public bien plus nombreux va être plaisante. Samir est le frontman parfait, il
joue avec le public et son côté pile électrique colle avec la musique énergique
du groupe. D’entrée chacun est sous le
charme de ce rock teinté de pop efficace et accrocheur et qui monte en
puissance de belle manière. Rich Robin nage dans le style avec aisance et donne
l’impression d’y naviguer depuis de longues années. Le chant de Samir est un
atout maître, il a la force d’un Dave Ghrol mais aussi la finesse d’un Gary
Cherone et porte le groupe vers des sommets mélodiques. ‘Trigger’ en à
peine plus de 3 minutes fait admirer ce parfait mix entre puissance
et mélodie. Dans la suite on savourera cette facette accrocheuse, l’esprit pop
rock planant sur le festival avec ce côté alternatif. Cerise sur le gâteau, le
groupe balance un extrait de son futur deuxième album. Dans cette même
veine il laisse confiant sur l’avenir de la formation. Rich Robin a été une découverte
pour pas mal de festivaliers, son rock est frais et efficace et son avenir
s’annonce radieux s’il continue sur cette voie royale.
Pas mal de gens ont découvert Bad Touch à l’occasion du Bully On
Rocks il y a quelques mois. Le groupe anglais a fait un carton avec un classic rock
droit sorti des 70’s avec une force digne de Led Zeppelin dans une idée de
renouveau proche de Rival Sons et The Answer. La foule est au rendez-vous pour
une nouvelle leçon musicale de la part de ces jeunes gens semblant sortis d’une
faille temporelle. D’entrée avec ‘Show Me What It Means’ puis ‘Lift Your Head
Up’ le ton est donné avec un ton hard à l’ancienne et un petit côté
sudiste chaud et groovy. Au chant Stevie avec ses allures de hippie envoie la
sauce avec un grain éraillé d’une grande classe. Ce feeling entraine le public et
chacun a envie de taper du pied en rythme. Ces 40 minutes vont être bien trop
courtes mais réjouissantes. Le groupe possède la classe des grands anciens, le rythme
ne faiblit jamais et cette fibre 70’s ravit les plus anciens qui retrouvent la
force d’une époque. Le groupe sort bientôt un nouvel album, ‘Shake A Leg’ et en
propose quelques extraits. ‘Believe In Me’ est d’une richesse énorme avec un
refrain prenant, une mélodie forte et un solo digne de la grande époque.
‘Dressed To Kill’ est tout aussi réussi, il fait remuer et son break jazzy fait
merveille et entraine le public. Avec
‘Skyman’ on retrouve cette force digne de Led Zep. Le petit extrait du ‘Still Of
The Night ‘ de Whitesnake joué pendant le morceau ravit les amateurs. Enfin ‘99%’ extrait de "Truth Be Told" finit le
concert en beauté avec cette même chaleur old school. Ce formidable concert a
fait du bien, Bad Touch a été la
première claque de la journée. Son nouvel album sera attendu avec impatience , souhaitons-lui de revenir vite à une place encore plus haute sur
l’affiche.
Le classic rock reste à
l’honneur avec l’arrivée de Miss America.
Le groupe niçois vit une belle aventure depuis sa création en 2012, sa
trajectoire est même parfaite avec des concerts prestigieux, avec Simple Minds, Bertignac ou les Insus et Johnny Hallyday en 2016. Sans label mais bien
coaché le groupe a déjà sorti deux EPs et s’apprête à balancer un premier album attendu.
Ce quatuor à moitié féminin et masculin évoque autant Led Zep que Deep Purple
et va faire l’unanimité auprès d’un public friand du genre. D’entrée
on plonge dans ce son old school, la voix rauque de Tommy évoque celle David
Coverdale, les chœurs sont parfaits et ces jeunes gens semblent être sur le
circuit depuis des années. Tout cela fait taper du pied en rythme et on
retrouve la gouaille typique du genre. Niveau titres ‘Cocaïne Cola’,
‘Sextasy’ ou ‘Just Push Play’ sont de bons moments taillés dans le meilleur de
ce son inusable. Les compères de Tommy assurent, Dimitri à la
guitare pour distiller de bons riffs tout comme l’excellente section rythmique. Au
détour de certains titres on aura savouré des petits passages blues
chaleureux et un côté rock’n’roll digne d’AC/DC. Avec Miss America les
organisateurs ont ravi les amateurs. le groupe poursuit un joli conte de fées et on attend l’album pour achever cette
première partie d’un parcours pour le moment royal.
Pour mettre le feu à
et lancer une soirée très riche le festival a eu l’excellente idée d’aller
chercher les Sticky Boys. Pas mal se
souviennent qu’en 2013 le groupe français avait atomisé la scène découverte
avec son hard punk explosif taillé dans le meilleur du genre à la croisée de
Motörhead, AC/DC et des Ramones. L’année dernière avec son troisième
album, "Calling The Devil", il a confirmé et parcourt les routes pour porter la
parole rock. Cette année encore il ne va pas faire de détails, d’entrée jeu pas
de quartier, il va droit au but et en même plein la tronche à un public
d’abord surpris puis de plus en plus à fond dedans. Le
groupe va même déclencher quelques mosh pits, chose rare à Raismes, dans une
sacrée ambiance. Ce bel accueil est apprécié et les remerciements du groupe
sont d’une belle sincérité dans un bel esprit de communion. Le concert est
aussi l’occasion d’une célébration d’anniversaire très sympathique. Il est
délicat de faire ressortir tel ou tel titre mais on peut noter qu’un brûlot
comme ‘Girls In The City’ a fait un joli carton avec une énorme fraicheur. Avec
cet excellent concert les Sticky Boys
ont mis le feu avec classe. Taillé pour la scène ce concentré de hard et de
punk a été un moment formidable et lance parfaitement la dernière ligne droite
de ce week-end de concerts.
La soirée va commencer avec un
gros nom issu des années 80 et de la NWOBHM, Praying Mantis. Ces dernières années cette époque du heavy
metal a été mise à l’honneur à Raismes avec la venue de Tygers Of Pan Tang et Diamond
Head. Avec le groupe des frères Troy les organisateurs ont frappé un joli coup
et les amateurs sont là. En 40 ans le groupe a eu plusieurs vies, une première
au début des années 80 qui a vu la sortie de "Time Tells No Lies" et une nouvelle
après des soubresauts et de changements. Depuis quelques années le
line-up est stabilisé et cela a donné de bons disques dont le dernier,
‘Gravity’. L’entame avec l’antique ‘Captured City’, droit sorti de la fin des
années 70, est parfaite. Le titre est une tuerie de heavy mélodique
parfaitement chantée et dotée d’harmonies superbes et d’un solo énorme. La
suite avec ‘Panic In The Streets’ puis ‘Praying Mantis’ est toute aussi
excellente, ces anciennes chansons n’ont pas pris une ride. On retrouve
l’ambiance des années 80 avec une force de frappe et un sens de la mélodie qui
fait mouche. Le public est sous le charme, le concert est déjà une réussite et
la suite ne va pas le démentir.
John Cuijpers est parfait en
chant calme ou puissant et à ses côtés les frères Troy et leurs compères
tissent un parfait ensemble qui replonge avec délices dans les années 80. Praying Mantis balance ensuite
plusieurs chansons récentes. Il y a ‘Highway’ et ‘Fight For Your Honour’, très
accrocheurs et pas loin de l’esprit de Thin Lizzy et de Def Leppard ; ces titres
prouvent que le groupe sait encore composer des chansons de qualité. Ensuite
‘Keep It Alive’ extraite de ‘Gravity’ est tout aussi pertinente avec un énorme
riff heavy. Avec ‘Dream On’, on retrouve un extrait issu d’un "A Cry For The New
World" un peu oublié. Cette power ballade épique est plaisante et
fait son effet auprès du public. La dernière ligne droite approche. ‘Time
Slipping Away’, extraite de "Predator In Disguise" lui aussi parfois oublié et
sorti en 1991, délivre un excellent moment de pur heavy mélodique. Le final sur le
référentiel ‘Children Of The Earth’, extrait du premier album, est
réjouissant. Épique et heavy, ce titre conclut en beauté le concert. Praying
Mantis a fait plaisir ce soir aux amateurs des années 80, sa prestation a été
remarquable, absolument pas passéiste. Cela a donné envie à pas mal de
personnes de se pencher sur la discographie d’un groupe parfois oublié.
La première d’affiche de la
journée est un autre grand nom du hard rock qui maltraite ses fûts depuis plus
de 50 ans, Chris Slade. Après une tournée avec AC/DC il s’est lancé en solo pour
célébrer sa longue carrière. Cela donne The
Chris Slade Time Line avec un line-up de briscards de la scène rock comprenant deux
chanteurs, Paul Davis et Steve Glasscock. Cela va donner un concert particulier,
car si Chris Slade va chercher des titres des groupes auquel il a participé il
va surtout chercher les gros tubes - et pas ceux sur lesquels il a joué en
studio. Ainsi l’entame avec ‘Dirty Deeds
Done Dirt Cheap’ est sympathique mais un peu décalée. Chris s’exprime en
français correctement et aime à parler au public. Derrière, plus logique est la
présence de ‘Blinded By The Light’. Ecrit par Springsteen ce titre a été joué
par Slade avec Manfred Mann en 1976 sur l’album ‘The Roaring Silence’. Porté
par les claviers ce titre est un joli moment old school. Par la suite la
logique va souffrir et on va plus avoir à faire à un tribute band qu’à un vrai
groupe. Car entre ‘Hell’s Bells’, ‘You Shook Me All Night Long’ d’AC/DC, ‘July
Morning d’Uriah Heep ou le ‘Parisienne Walkways’ de Gary Moore, Slade va
chercher les tubes. Tout cela est bien joué mais manque un peu d’âme. Après un
solo correct il va heureusement se rattraper avec le titre de Tom Jones,
'Delilah'. Cet hymne du rugby gallois sonne 60’s mais permet de replonger dans
les débuts du batteur en 1968. Par contre ‘Back in Black’ et surtout
‘Comfortably Numb’ sont elles aussi un peu étranges à retrouver. La première
est bien chantée mais fait opportuniste, quand à la deuxième elle est hors
de propos. Certes Slade a joué avec Gilmour en 1984 mais retrouver ce titre de
Pink Floyd dans ce contexte est tiré par les cheveux. ‘Thunderstruck’ est plus
logique et cet hymne d’AC/DC fait toujours un carton avec son riff légendaire.
Enfin ‘Highway To Hell’ achève un concert bancal mais sous les applaudissements
de fans heureux de retrouver ce hit. Ce
concert a été sympathique mais n’a pas été la visite dans le temps espéré.
Slade aurait pu jouer d’autres titres et être autre chose qu’un simple cover
band qu’on aurait plus vu jouer en début de festival qu’en quasi tête d’affiche.
Après ce moment mitigé chacun
retient son souffle pour accueillir Rose
Tattoo. Peu de temps avant le groupe a pris le temps de faire des photos et
de signer des autographes. Cette simplicité et cette gentillesse de la part
d’une telle légende est impressionnante et a ravi des fans heureux comme des
gosses devant Angry et ses boys. La pénombre est là et la cour du château est
très bien remplie, voir cette légende de près est une chose rare. Ce bond dans
le passé le temps d’une soirée va être remarquable. Angry ne lâchera que
rarement sa bouteille de whisky mais pour son âge vénérable, plus de 70 ans, il
va montrer une forme remarquable et une puissance vocale intacte. Ses compères
ne seront pas en reste et vont tisser avec classe ce hard rock vintage qui fait
remuer et taper du pied. L’entame est parfaite, d’entrée Angry souhaite un
excellent anniversaire au festival et met tout le monde dans sa poche. Puis avec ‘One Of The Boys’, ‘Juice On The Loose’ et ‘Man About Town’ il
impressionne. Ces
titres sont formidables de groove rock’n’roll, les deux premiers issus des
débuts du groupe donnent le frisson. Et le dernier, issu de "Blood Brothers"
sorti en 2007 confirme qu’avec ce disque Rose Tattoo avait frappé un sacré joli
coup en matière de hard old school.
Rose
Tattoo donne la
leçon et cette vitalité ravit un public attentif et buvant les paroles d’un
Angry très bavard, sans doute trop proche de son whisky mais heureux d’être sur
scène. ‘Assaut & Battery’ puis ‘Tramp’ confirment et sont tout aussi
passionnants à retrouver, ce ton hard 70’s à l’australienne restant d’une
sacrée force malgré les années qui passent. Le premier grand moment arrive avec
l’énorme ‘Rock’n’Roll Outlaw’. Cet hymne fait son effet avec son refrain
gigantesque, sa mélodie et ce petit côté sudiste irrésistible. Après ce
formidable moment de communion, le groupe va enchainer les titres et continuer
de ravir son monde. ‘Once In A Lifetime’, ‘Branded’ et ‘1854’ sont d’excellents moments
taillés dans le meilleur du genre. Le groupe propose deux autres
titres plus récents qui rencontrent le même succès que leurs glorieux ancêtres.
La fin de concert approche et les tueries vont s’enchainer de belle manière,
pour la plus grande joie d’un public qui n’en rate pas une miette. ‘Rock’n’Roll
Is King’ puis ‘Bad Boy For Love’ sont excellents à savourer, on ne peut
qu’admirer la gouaille vocale d’Angry couplée à des refrains énormes. ‘Remedy’,
‘Scarred For Life’ et ‘Astra Wally’ s’enchainent à la vitesse de l’éclair dans
ce pur esprit rock. Le final est royal, ‘We Can’t Be Beaten’ est monstrueux de
force puis ‘Nice Boys’ est la conclusion parfaite. Avec son rythme endiablé et
son refrain fédérateur, le titre fait le carton habituel dans une belle communion
entre le groupe et son public. Rose
Tattoo a proposé une sacrée belle prestation, les boys ont fait le boulot
avec une classe incroyable et donné un set à la hauteur de leur
réputation.
Cette vingtième édition a
été royale avec une conclusion en forme d’apothéose. Le Raismes Fest affiche
une sacrée belle forme et on attendra avec impatience et confiance une prochaine
édition que l’on espère tout aussi réussie. Il nous reste à remercier Philippe
et ses équipes pour leur accueil, leur efficacité et leur sympathie.