Le festival Alcatraz est devenu
depuis son déplacement à Courtrai en 2013 un rendez-vous phare pour des
milliers de métalleux. Doucement mais
surement le festival belge grandit, le grand frère du Graspop reste devant mais
petit à petit l’oiseau a fait son nid et l’envol impressionne. A l’image d’un
Wacken il prend son temps et semble destiné à devenir le grand festival
métallique des prochaines années. Pour la 4ème fois Music Waves
investit la Belgique pour savourer 3 jours de fête avec une nouvelle
programmation exceptionnelle avec plus de 40 formations.
Tout commence le Vendredi 10
Aout, cette journée est plus courte mais n’est pas qu’un simple warm-up avec 12
groupes au programme et un after. Comme en 2017 le festival est composé de deux
scènes, une sous tente, la Swamp, et la grande scène extérieure, la Prison et
les concerts vont s’y enchainer sans pause et sans doublon ce qui évite les
choix cornéliens. Même s’il a grandit le festival reste à taille humaine et le
parcours entre les scènes se fait très rapidement. Le décor de prison est lui
encore très réussi et les festivaliers peuvent en outre apprécier de très
bonnes commodités, un agencement très pratique et une organisation sans
failles.
Tout commence en début
d’après-midi sous la Swanp avec Bark.
Les belges ont débuté leur carrière récemment et ont deux disques à leur actif.
Ils œuvrent dans un heavy thrash old school teinté de punk avec une pointe de
sludge comme si Venom avait croisé le fer avec Mastodon ou Eyehategod. D’entrée
le groupe ne fait pas de quartiers et va chercher le public à la gorge.
Derrière son micro avec son allure punk Ron en impose al avec un ton à
l’ancienne virulent et graisseux. En début de concert ‘Venomous Blood’ est un
mixe redoutable d’un son stoner teinté de sludge avec une force thrash punk, ce
cocktail explosif déchaine un public bien chaud. Derrière le groupe va enquiller les titres comme on balance des missiles.
Avec des bombes comme ‘Cannibal Law’ dans l’esprit de Venom ou le plus lourd
‘Speak Of The Dead’ Bark on constate une belle capacité à fusionner les genres.
Bark a tout bousculé et lancé les
hostilités avec férocité, il excelle dans une violence brute de décoffrage et a
fait bien mal à un public ravi de cette claque.
Sur la Prison ce sont les
suédois de The Quill qui lancent la
journée. Les gens sont au rendez-vous pour une leçon de stoner teinté de heavy
avec une légende du genre comptant plus de 30 ans de carrière. Auteur d’un excellent ‘Born From Fire’ le
groupe y a vu le retour de son chanteur emblématique Magnus Ekwall. Précédé par
la BO de ‘2001 l’Odyssée de l’espace’ le groupe déboule avec ‘Snake Charming Woman’.
On navigue dans un pur hard vintage porté par une voix chaleureuse et
puissante. La guitare a ce son droit tiré des 70’s et le charme opère auprès
d’un auditoire friand du genre. Le groupe a de la bouteille et cela se ressent,
les musiciens nous éclaboussant de leur talent. A l’écoute de ‘Freedom Moutain’ on se régale
de ce feeling exceptionnel qui fait remuer la tête et taper du pied en rythme.
Issu du nouvel album et teinté de blues ‘Keep It Together’ fait un tabac avec
également une belle montée en puissance dans un esprit à la Led Zeppelin. ‘Hole
In My Head’ va achever tout le monde avec une partie musicale aux allures de
jam avec un solo énorme, Christian faisant pleurer sa guitare avec la maitrise
des maitres du genre. Sur ‘American
Powder’ on aura aussi pu apprécier un groove délicieux dans cet esprit vintage.
The Quill a fait honneur au hard
rock à l’ancienne et a donné un concert remarquable de classe avec une belle
fraicheur, le carton réalisé auprès du public a été amplement mérité.
Dans la chaleur de la Swamp Pro-Pain se prépare pour donner au
public une leçon hardcore dont il a le secret. Gary Meskill est pleine forme,
il est heureux de constater que le musicien s’est bien remis de la violente
agression dont il a été victime en 2017 à Bruxelles. En live les américains
sont des monstres capables de mettre le feu à n’importe quel public. Il faut
dire qu’en ajoutant des doses métalliques à sa musique le groupe a su fédérer
autour de lui un large public. D’entrée et avant même de jouer Gary va chercher
la foule qui lui répond déjà avec mordant. Derrière c’est la curée, Gary hurle
comme un damné et le cocktail musical fait des ravages. Sous les pogos et les
slams qui font travailler la sécurité les titres s’enchainent à toute allure,
la durée de jeu est limitée et Pro-Pain ne veut pas perdre de temps. Au milieu
de cette furie on apprécie de bons petits soli dans un esprit thrash énervé.
L’ensemble est brut de décoffrage et ravit un public heureux d’en découdre de
la sorte. Pro-Pain a claqué son monde avec classe et férocité avec un énorme
sens du groove et cette force qui relie parfaitement hardcore et thrash métal.
Clairement on tient là une des premières grosses claque du festival qui en
laissé quelques uns déjà fourbis.
Diablo
Blvd enchaine
devant un public fourni. Le groupe joue à domicile et compte dans ses rangs
Axel Agnew connu pour ses talents de comédien. En outre en annonçant sa
séparation pour la fin de cette année le groupe donne aux concerts restants un
côté exceptionnel. Car en live le cocktail détonnant du groupe ne fait pas de
quartiers. On pense autant à Metallica qu’à Killing Joke ou The Cult, notamment
grâce à la voix profonde et prenante d’Axel.
D’entrée avec ‘Beyond The Veil’ le groupe envoie du lourd avec une belle
facette stoner et un gros son bien gras accrocheur. Puis avec ‘Life Amounts To
Nothing’ puis Demonize’ le ton se fait plus vicieux. La puissance est au
rendez-vous mais avec un petit côté vicieux, un groove sombre à la Danzig avec
ce chant si grave. Le succès est énorme,
le public savoure chaque miette du concert. ‘The Song Is Over’ et ‘The Future Will
Do What It’s Told’ mixent aussi pas mal
d’influences, on pense à une wave à la Killing Joke mixée avec une face
gothique proche de Type O Negative. Le groupe colle une jolie claque avec
classe et une belle intelligence musicale. Il va achever ce concert bien trop
court avec un ‘Black Heart Bleed’ faisant lui aussi communier pop, wave et
métal. Diablo Blvd a délivré une
prestation chaude et forte en feeling. Le split est dommage et il ne fait pas
de toutes que pas mal dans le public auront envie d’aller les saluer avant la
fin annoncée le 10 Décembre à l’AB de Bruxelles.
Après cette claque les
organisateurs confirment leur volonté de brasser les styles en allant chercher
la perle rare. Ce groupe c’est The
Atomic Bitchwax qui depuis 25 ans œuvre dans un stoner teinté de space rock
et de psychédélisme avec en son sein deux membres de Monster Magnet. Dans la
salle l’affluence est correcte et les gens présents vont assister à un
véritable voyage musical digne des jams des 70’s avec un côté aérien teinté de
fuzz. D’entrée on apprécie ce groove, on pense à Hawkind et on apprécie de voir
des musiciens heureux d’être là voulant faire plaisir aux gens. Il y a cette
ambiance si spéciale qui de titre en titre entraine les spectateurs. ‘Giant’ en
particulier est un gros délire qui part dans tout les sens mais avec cohérence.
Derrière le ‘Maybe I’m A Leo’ de Deep Purple est balancé dans une version space
rock incroyable. Par la suite ‘Birth Of The Earth’, ‘The Eagle’ et ‘Kiss The
Sun’, empruntée au groupe Core, font le même effet planant mais avec également
une belle force rock. D’ailleurs ‘Shit Kicker’ en collera plus d’un avec un
côté furieux. Le concert s’achève avec ‘One Of These Days’ du Floyd. Porté par
un son de basse vrombissant il permet au groupe de briller une dernière fois. The Atomic Bitchwax c’est une ambiance,
un son particulier, le genre de choses qui nous rappelle que la musique est
porteuse d’émotions. On ne peut que remercier les organisateurs de nous avoir
permit de ce suivre ce voyage au centre de l’esprit.
Il faut bien revenir sur terre
et pour cela une bonne dose de heavy métal fera l’affaire avec Ross The Boss. Cela fait déjà 30 ans
que le guitariste a quitté Manowar mais il est pour pas mal de fans toujours
lié à la légende du heavy métal. Il trainé sa bosse depuis et a entamé une
honnête carrière sous son nom depuis 2010 avec notamment le tout récent "By
Blood Sworn". Malgré des cartouches personnelles Ross joue la carte de la
sécurité avec des shows essentiellement basés sur Manowar. Il a réuni un solide
line-up avec Marc Lopes au chant et Mike LePond à la basse et il fait plaisir
aux fans en jouant les vieux tubes. Certes tout cela est passéiste mais cela va
fonctionner à merveille grâce à un Lopes énorme au chant et au niveau
vocalement. En balançant cash ‘Blood Of The Kings’ Ross joue sur du velours, le
titre ravit les fans et on apprécie la forme de Ross qui fait des merveilles à
la guitare. Derrière ‘The Oath’, ‘Sign Of The Hammer’ et ‘Blood Of My Enemies’
font un carton, chacun est heureux d’entendre en live ces pépites métalliques.
Ross va quand même jouer deux extraits de "By Blood Sworn". Et sans être
révolutionnaires ‘This Is Vengeance’ et ‘Fistfuil Of Hate’ sont de sympathiques
moments de heavy métal. Mais bien sur la réponse du public est là plus forte
sur les reprises. Et la fin de concert avec les énormes ‘Battle Hymn’, chanté à
merveille avec cette force épique nécessaire, et ‘Hail An Kill’ achève un
public heureux de ce retour dans le temps. Ross
The Boss vit sur son passé mais il fait parfaitement revivre ces grands
moments de l’histoire du métal avec une pêche certaine et une interprétation de
grande qualité.
Dans la tente les thrasheurs
sont massés devant les barrières et attendent Suicidal Angels avec impatience. Il faut dire que les fils
spirituels de Slayer savent mettre le feu avec une force rare. La fosse est
remplie et la sécurité s’attend à ramasser des slameurs à la pelle. Une fois
l’intro passé les grecs déboulent et envoient la sauce avec un ‘Capital Of War’
intense de chez intense. On nage dans un pur thrash à l’américaine avec la voix
éraillée typique et un rythme de dingue qui fait remuer. Au niveau du chant on
pense à Testament pour le côté puissant et rapide et tout cela fait un effet
dingue sur un public en fusion. Le concert va passer à toute allure avec pas
mal de moments de bravoure comme ‘Unk’ et
‘Bleeding Holocaust’ taillés dans le meilleur du genre. Avec un bon
vieux côté old school ‘Front Gate’ met le feu à la fosse tandis que ‘Seed of
Evil’ rencontre un succès énorme avec une vitesse, une fraicheur et une énergie
à faire pâlir d’envie plus d’un concurrent. En fin de concert ‘Apokathilosis’
va achever son monde, il est l’occasion d’un bon wall of death des familles pour
une véritable apocalypse dans une fosse où la chaleur est intense. Court et
nerveux ce concert de Suicidal Angels a
été un moment énorme de force. Le groupe confirme qu’il est plus qu’un espoir
et qu’il a les armes pour régner sur le genre alors que Slayer va bientôt tirer
sa révérence.
Doucement on arrive vers les
têtes d’affiche et avec Dee Snider
l’Alcatraz propose un premier grand nom. Le chanteur en a finit avec Twisted
Sister en 2016 mais il n’a pas raccroché les gants, il a relancé sa carrière
solo et vient de signer avec "For The Love Of Metal" un opus convaincant. Le
chanteur est attendu par une armada de fans, il a toujours su mettre le feu et
a su garder sa voix intacte défiant le temps comme peu d’autres chanteurs. Pour
ce show d’une heure il va faire preuve d’intelligence en proposant un subtil
mélange entre extraits de son nouvel album et classiques de Twisted Sister.
Souriant et en pleine forme il déboule avec ses musiciens après que le ‘Exciter’
de Judas Priest ait chauffé l’ambiance.
Le son est moyen mais cela n’empêche pas ‘Lies Ar A Business’ de faire un joli carton avec un ton heavy.
Derrière un autre nouveau titre enchaine et la puissance de ‘Tomorrow’s No
Concern’ en stupéfait plus d’un dans le public. Servi par un son en
amélioration on retrouve un heavy moderne qui ne fait pas de quartiers et bien
servi par la voix puissante de Dee.
Après ce début en fanfare ‘You Can’t Stop Rock’n’Roll’, première reprise
de Twisted fait un carton auprès d’un public bien massé devant la scène et qui
apprécie cette belle prestation. Dans la suite l’alternance entre les titres va
être parfaite. ‘American Made’ confirme l’ancrage de Snider dans un heavy
moderne couillu tandis que ‘Become The Storm’ très accrocheuse rencontre un
joli succès. Et au milieu le triomphe est total pour ‘Under The Blade’, ‘We’re
Not Gonna Take It’ et son refrain légendaire ou encore l’intense ‘Burn In
Hell’. Sinder se fait percutant et ces titres fonctionnent toujours aussi bien.
En fin de concert ‘I Wanna Rock’ sonne comme un hymne absolu et est suivi par
le titre éponyme du dernier album. ‘For The Love Of Metal’ sonne comme une
belle déclaration d’amour à un genre que le chanteur chérit plus que tout. Dee Snider a frappé fort en, il sait
vivre avec son époque tout en étant garant de la mémoire de l’âge d’or. Il aura
ravi un public nombreux qu’on aurait aimé voir plus remuant mais qui a su
apprécier ce beau concert.
Dans la tente les fans se
pressent pour accueillir Venom Inc. Formé en 2015 sur les traces de M-Pire Of
Evil le groupe réunit le line-up qui a fait vivre Venom dans les années 90
avec notamment l’album "Prime Evil". On y retrouve Mantas et Demolition Man mais
pas Abaddon, souffrant le batteur laisse sa place à Jeramie Kling. Cela ne
changera pas la donne, le trio reste percutant et continue de piétiner les
terres du Venom de Cronos en ayant proposé avec ‘Avé’ un album redoutable. Notre
trio va faire exactement ce que l’on attend de lui, à savoir balancer ce thrash
old school teinté de punk et délicieusement cradingue. D’entrée avec ‘Welcome
To Hell’ il joue sur du velours avec ce classique de Venom. Demolition Man en
impose derrière sa basse et son compère Mantas balance la purée à la guitare dans
un pur esprit vintage. Le concert va surtout s’articuler autour du répertoire
de Venom mais le matériel neuf ne sera pas oublié. ‘Metal We Bleed’ et ‘War’ sont ainsi deux
très bonnes chansons taillées dans le meilleur du genre avec des refrains
évidents et une belle facette punk. A coté on retrouve les classiques comme
‘Don’t Burn The Witch’, ‘Live Like An Angel, Die Like A Devil’ ou ‘Leave Me In
Hell’, ‘Sons Of Satan’ et le référentiel ‘Black Metal’. Sur ces titres le trio
est parfait et balance une énorme prestation. Ces classiques font un tabac et
le public est bien chaud. De plus le groupe va aussi chercher ‘Parasite’ issue
de Prime Evil et fait un joli carton, ce titre un peu oublié étant énorme de
force. Venom Inc a proposé un solide concert très apprécié des
amateurs de ce son ancestral. Certes il surfe sur le passé mais il le fait avec
une puissance énorme, une fraicheur certaine et surtout il montre aussi qu’il
peut proposer des nouvelles chansons très efficaces.
Après cette démonstration place
à la tête d’affiche. Pour marquer les esprits et montrer une montée en
puissance l’Alcatraz est allé chercher un grand nom du rock avec Status Quo. Plus de 50 ans de carrière
et une histoire qui continue malgré la disparition de Rick Parfitt en 2016
laissant le seul Francis Rossi aux commandes. Aux côtés du musicien on retrouve
quand même Andy Bown et John Edwards qui l’accompagnent depuis les années 80.
Status Quo c’est 30 albums et des tubes nombreux, le groupe a donc de quoi
faire et peut s’adapter à son public comme il l’a prouvé à Wacken en 2017. En
ouvrant avec l’immense ‘Caroline’ il gagne d’entrée, le public est ravi de
savourer un tel hit rock parfaitement interprété avec feeling et porté par un
Francis Rossi dont la classe éclabousse tout le monde. ‘Something ‘bout Baby I
Like’ confirme la tendance et nous permet d’apprécier le talent de Richie
Malone à la guitare. Le Quo est en forme et sa prestation va ravir ce public de
métalleux conscient d’assister à un grand moment. Cette belle et longue prestation va être très
riche. En première partie de concert ‘Rain’, ‘Softer Ride’ et l’immense
‘Beginning Of The End’ font leur effet. On apprécie une belle force et on
constate que le groupe est tout sauf un préretraité, les musiciens sont heureux
d’être là et leur amour du rock transpire à chaque moment.
La deuxième partie de concert va
être tout aussi royale. Status Quo
balance un puissant ‘Hold You Back’, propose un medley remarquable qui le voit
repartir loin au début des années 70 quand son boogie rock enflammait déjà la
planète. Derrière les gros tubes vont s’enchainer pour un final de folie. ‘In
The Army Now’ est repris en chœur par la foule, cet immense titre au refrain si
connu étant toujours délectable à entendre même pour le plus endurci des
métalleux. Puis ‘Down Down’, ‘Roll Over Lay Down’, ‘Whatever You
Want’ et ‘Rockin’ All Over The World’ vont former un sacré quatuor. Ces titres tous indispensables
faisant un triomphe auprès d’un public qui a ressenti plus d’un frisson lui parcourir
le corps à l’écoute des ces refrains, ces riffs et ces soli gravés dans
l’histoire du rock. Enfin en rappel ‘Don’t Waste My Time’ et Bye Bye Johnny’ achèvent
un concert remarquable. Status Quo a fait honneur à sa place sur l’affiche et à
sa réputation. Ce concert nous a permit d’admirer une légende qui on l’espère
continuera longtemps de nous ravir.
La soirée n’est pas finie pour
autant. Dans la Swamp il reste un gros morceau et l’heure tardive ne décourage
pas les fans d’Amorphis qui se
pressent devant la scène. En matière de
heavy atmosphérique teinté de death et de folk les finlandais sont des maitres
du genre depuis plus de 20 ans. Après une période posée ils reviennent à des
sonorités plus extrêmes et ont signé récemment avec "Queen Of Time" un chef
d’œuvre parfait condensé de toutes leurs qualités. Pour ce concert la formation va s’appuyer sur ses deux derniers disques avec pas moins
de 7 titres joués sur les 11 composants le set.
L’intro donne vite le ton, le voyage commence de manière aérienne et
derrière ‘The Bee’ et ‘The Golden Elk’ lancent les hostilités de manière
idéale. Puissance et mélodie se mixent à merveille, au chant Tomi est
monstrueux de classe. Il a repris un micro classique et alterne growl et chant
clair avec facilité. On apprécie en outre sur ces deux titres une mélancolie à
fleur de peau et des passages aux claviers majestueux, notamment avec le passage oriental superbe sur ‘The Golden Elk’.
Le voyage continue avec l’énorme ‘Sacrifice’ qui nous permet de savourer le
chant clair d’un Tomi vivant ce qu’il chante avec une conviction intense.
Plus ancien ‘Silver Bride’ est
un autre grand moment, on y ressent toute la puissance de ce heavy atmosphérique
avec ce growl si prenant et ce spleen qui prend aux tripes. Le public est sous
le charme et il règne dans la Swamp une atmosphère à part nous plongeant dans
la culture nordique. ‘Bad Blood’ enchaine et son ton plus puissant provoque
quelques slams puis ‘Wrong Direction’ nous replonge avec délice dans le nouvel
album et ses mélodies parfaites. Avec ‘Against Widows’ on repart plus de 20 ans
en arrière quand Amorphis frappait
un grand coup avec "Elegy". Et ce titre teinté de folk reste toujours aussi
délicieux à savourer en live avec son growl et sa mélodie imparable. Avec
‘Daughter Of Hate’ on revient vers le nouvel album, il s’avère monstrueux en
live en regroupant tout ce qu’on aime dans le groupe et en y ajoutant un petit
passage jazzy et un passage parlé en finlandais d’une force énorme. Le final va
être grandiose et achever tout le monde en beauté. ‘Death Of A King’ puis
‘House Of Sleep’ s’avèrent tout aussi formidables et concluent le concert de la
meilleure des manières. Amorphis a donné
une prestation remarquable en tout point et a aussi été courageux en écartant
certains grands titres de son répertoire. Il a confirmé son statut de grand nom
d’un métal à la fois puissant et atmosphérique et a ravit son auditoire.
La soirée n’est pas finie mais
va être handicapée par un énorme orage qui retarde le début de Brides Of Lucifer. Plus qu’un groupe on
retrouve une troupe de plus de 20 musiciens qui reprennent les classiques du
métal dans un esprit comédies musicales avec un immense ensemble de chœurs
féminins, un décor somptueux et pas mal de pyrotechnie. En bas de la structure
on retrouve des musiciens déchainés et en haut des chanteuses immobiles
chantant avec une classe certaine dans un pur esprit métal symphonique. La
troupe a encore peu de concerts à son actif, le premier datant du Graspop 2017,
mais elle sait gérer la pression et malgré le temps assez abominable elle va
délivrer une prestation sympathique avec des standards heavy trempés dans une
sauce symphonique surprenante. On citera entre autres le ‘Burn In Hell’ de
Twisted Sister, ‘Walk’ de Pantera ou le ‘Poison’ d’Alice Cooper. Il y a un côté
fascinant dans cette prestation et le public, malgré la pluie et la fraicheur,
a bien répondu à ce concert hors du temps.
Il reste un tribute à venir dans
la Swamp en guise de dessert mais il est déjà fort tard et la journée de
Samedi s’annonce longue et riche. En
attendant cette première journée a été une belle réussite avec d’excellents
concerts donnés dans nombre de styles différents. L’Alcatraz 2018 commence sur
les chapeaux de roues.