Pour la sortie du nouvel album d'Unswabbed, nous avons rencontré Seb (chanteur) et Bruno (batteur) qui nous ont parlé de leur musique et du retour en force du neo-metal.
Quelle est la question qu’on vous a trop souvent posée ?
Bruno: Ahah ! Pas celle-là en tout cas ! Peut-être… « Comment définir votre style musical ? »… On sait rarement quoi répondre d’original.
Que s’est-il passé dans la vie du groupe depuis l’EP "Tales from the Nightmares" en 2015 ?
Bruno: on a d’abord fait une trentaine de dates en France et Belgique pour défendre ce projet qui n’a pas été compris par tout le monde. Le fait de changer de format et de langue a été difficile à faire passer, y compris à nos fans. Ceci dit, on ne prend pas ça pour un échec, loin de là, on en fera sûrement un deuxième parce que ça nous a vraiment amusé. Ensuite, après quelques mois à se demander vers quoi on voulait aller, on s’est jeté à corps perdu dans la réalisation de ce cinquième album. La production a mis du temps car on ne voulait rien laisser de côté, peaufiner chaque détail.

Parce qu’outre cet EP, le dernier véritable album date de 2007 "In Situ". Pourquoi un tel silence ?
Bruno: nous n’avons pas été tout le temps silencieux durant cette période. D’abord parce que la tournée de « In Situ » a été longue et bien remplie (plus de deux ans de tournée) et puis nous avons enchaîné avec la réalisation de notre album acoustique, « Intact » , qui est sorti en 2011. Après une trop brève tournée acoustique en mode « MTV’s unplugged » , on s’est posé, on a tous réalisé des projets personnels chacun de notre côté (théâtre, musique, famille…), on a pris le temps de se poser les bonnes questions pour la suite de notre aventure. On ne voulait pas faire un album pour faire un album. Nous avons attendu l’urgence d’en faire un… Et pendant ce temps, les années défilent !
Unswabbed a maintenant son propre studio à Béthune, le studio In Situ. C’est confortable et cela permet de peaufiner les compositions. Mais n’est-ce pas aussi une des raisons pour lesquelles nous avons attendu si longtemps ce nouvel album ?
Seb: c’est une raison, c’est sûr. Avoir la chance d’avoir le studio In Situ nous permet d’avoir le temps d’aller toujours plus loin dans la composition ou l’enregistrement. Le mauvais côté c’est que tu n’as pas de deadline comme quand tu loues un studio et comme on est du genre perfectionniste, c’est vrai que ça a dû jouer.
"De L’Ombre A La Lumière" est un album néo-metal. Le style n’a donc pas été enterré avec Chester Bennigton ?
Bruno: oh que non ! Que dire de ce style qui a marqué plus d’une génération de fans de rock. Ce mélange subtil de rock, de métal, de hip-hop, de grunge, avec une envie de changer les vies, de cracher ses tripes… Pour moi, c’est assurément le dernier style musical qui a tout changé dans le rock. De la même manière que Led Zeppelin, Cream ou The Who ont créé un avant et un après eux, Korn, Deftones, Limp Bizkit ou System of a Down l’ont aussi fait.
Plus sérieusement, que pensez-vous du revival nu-metal actuel avec la présence cette année au Hellfest de Limp Bizkit, Deftones, Stone Sour ou le retour de Pleymo ?
Bruno: il est en plein retour sous les projecteurs et c’est, à nos yeux, une bonne nouvelle. Ce style a encore des choses intéressantes à dire, sans nostalgie ou redite des albums cultes qu’il a pondus pendant les décennies précédentes. Et quel plaisir de revoir ces groupes en live !!!

Comment vous situez-vous au milieu de cette scène et les groupes notamment français que nous venons de citer ?
Seb: on s’est toujours senti bien au sein de la scène rock ou metal depuis nos tout débuts. Le groupe ne cherchant pas d’étiquette à tout prix, cela nous a permis de pouvoir jouer avec des groupes très différents de la scène française comme Mass Hysteria, Silmarils, Aqme, Lofofora, Eths... ou internationaux comme Caliban, Hedpe, Hellyeah ou Cavalera Conspiracy. Et ça s’est toujours super bien passé, ça doit être un point fort de Unswabbed.
Pouvons-nous dire qu’avec ces présences au Hellfest, le retour discographique d’Unswabbed… 2018 marque le retour en force du néo-metal ?
Seb: c’est sûr que ça revient, la tournée de Pleymo en est une bonne preuve. Ce qui est sûr, c’est que c’est une bonne chose pour toute la scène française.
Les textes de l’album sont un peu plus optimistes que par le passé. Ou du moins, ils véhiculent des messages qui refusent la résignation. Trouvez-vous que la jeunesse d’aujourd’hui est plus résignée que celle de vos débuts, il y a plus de vingt ans ?
Seb: je ne pense pas à la jeunesse en particulier. C’est plus une ambiance globale où on annonce des catastrophes dans l’avenir, des choses terribles se passent dans le monde, on a tous l’info et peu se mobilise vraiment. C’est comme si une forme de fatalité avait pris le dessus. Même si le groupe n’a jamais eu la réputation d’être un groupe "engagé", car on parle plus du quotidien et de ses galères, s’il y a bien une chose qu’on refuse c’est la résignation.
Cette thématique abordée dans les textes est-elle pour vous un moyen d’aborder le monde actuel sans pour autant véhiculer des messages ouvertement politiques, comme le font Mass Hysteria ou No One Is Innocent par exemple ?
Seb: c’est ça, même si la politique commence par le quotidien et dans la façon dont on aborde demain.
Le travail sur les riffs est particulièrement soigné. Outre le neo-metal, quels sont vos principales influences ?
Seb: chaque membre du groupe écoute des choses très différentes mais on se retrouve tous sur Deftones, Rammstein et dernièrement While She Sleeps.
Le titre ‘L’équilibre’ lorgne ouvertement vers Rage Against The Machine. Que pensez-vous du nouveau groupe de Tom Morello, Prophets of Rage ?
Bruno: c’est étonnant cette référence à RATM. Elle n’est clairement pas voulue et tu es le premier à nous le faire remarquer. Mais cela nous va très bien, c’est un groupe juste culte pour nous. Cypress Hill et Public Enemy ont été des groupes majeurs à nos yeux aussi. On a une culture Hip-Hop assez développée. Du coup, on regarde PoR avec une certaine nostalgie positive, un respect profond pour ces mecs. Cela ne va pas révolutionner la musique mais leur discours revendicateur dans le contexte américain actuel a une vraie raison d’être. Quelques unes des vérités qu’ils énoncent sont bonnes à être dites et rappelées !
Une association de Unswabbed avec des rappeurs est-elle envisageable ?
Bruno: oh que oui ! L’occasion ne s’est pas encore présentée mais ce serait un vrai plaisir. Je dirai même qu’il va falloir qu’on provoque ça un de ces jours !
Le morceau ‘Sans Lendemain’ qui clôt l’album a des accents metal indus. Est-ce une évolution possible de la musique d’Unswabbed pour le prochain album ?
Bruno: peut-être ! On ne sait pas vraiment vers quoi nous allons aller. On est plutôt du genre à se laisser porter par les hasards de la composition et de l’écriture. On a toujours eu un faible pour Ministry, White Zombie ou Rammstein surtout quand ils penchaient vers des formats chansons indus bruitistes, il est donc normal que certaines de ces sonorités puissent se retrouver dans nos morceaux.
L’artwork de l’album représente un personnage sur les toits. Que se passe-t-il dans sa tête ? Est-il prêt à sauter dans le vide ou prend-il du recul sur le monde ?
Seb: à travers cette question, tu as super bien résumé ce qui nous a plu dans cette photo. Elle reflète tout ce qu’il y a dans cet album : cette volonté de prendre de la hauteur mais aussi l’envie ou la peur de sauter dans le vide.
Qu’attendez-vous de cet album ?
Bruno: clairement, cet album est un prétexte non dissimulé pour tourner, faire le plus de concerts possible car c’est sur scène qu’on se réalise. C’est sur la route qu’on fait des rencontres incroyables avec des groupes, des organisateurs dévoués qui se battent pour faire vivre la culture de proximité, le lien social. C’est aussi une manière de défendre notre vision de la vie, du vivre ensemble indispensable, de la tolérance trop souvent oubliée… Et puis, on attend de cet album qu’il se vende suffisamment pour qu’on puisse en faire encore plusieurs autres. On a d’ailleurs déjà attaqué la composition du prochain… Ça nous démange trop ! (rire !)
On a commencé par la question qu’on vous avait trop souvent posée, au contraire, quelle est celle que vous souhaiteriez que je vous pose ?
Seb: un rêve serait: « Alors pas trop fatigué après cette tournée de 200 dates? ». Mais ça va, on n’a pas à se plaindre, Rage Tour fait un super boulot pour notre tournée. On les salue au passage.
Un dernier mot pour les lecteurs de Music Waves ?
Seb: merci à vous ainsi que tous ceux qui bossent pour tenir un webzine, un fanzine, une radio indé, une asso etc... sans vous on ne serait rien!!!
Plus d'informations sur https://www.facebook.com/unswabbed/