Rencontre pendant laquelle nous avons pu évoquer la vie non seulement du groupe fondé en 2004 mais également la vie de couple unissant Mlny et le guitariste fondateur de Royal Thunder, Josh Weaver...
Quelle est la question qu’on t’a trop souvent posée ?
Mlny Parsonz : Hum… Pourquoi est-ce que cet album a été le plus dur à faire ?
Et je suis navré, même si nous ne sommes pas coutumiers du fait, tu n’y couperas pas…
(Rires) Je sais mais la vérité est que chaque musicien dit cela pour chaque album, chaque chanson, chaque création qui est difficile à faire finalement. Attention, je ne dis pas que c’est déplaisant pour autant… mais cela prend du temps, de l’énergie en créativité.
Chaque album, chaque titre est un défi à relever…
Comme tout accouchement finalement qui se fait dans la douleur mais c’est quelque chose de formidable…
J’aime cette idée d’être enceinte d’un projet qui va te prendre 9 mois de ta vie. Chaque album, chaque titre est un défi à relever…
Et c’est tant mieux finalement, cela signifie que vous souhaitez faire mieux à chaque album…
Bien sûr, si ce n’était pas le cas : à quoi bon faire de la musique ? Nous sommes des personnes créatives et nous nous torturons d’une certaine façon comme toute personne créative même si cela nous rend un peu cinglé parfois en nous demandant : "Est-ce que c’est assez bon ?". Mais quand nous sentons que notre musique sonne "vraie" et honnête, nous estimons que notre mission est réussie.
Vous avez signé chez Spinefarm. Vous paraissiez pourtant comme chez vous au sein de Relapse Records. Qu'est-ce qui a motivé cette séparation ?
Hum, nous sommes restés un certain moment avec Relapse : ils ont toujours été là pour nous à n’importe quel moment de notre carrière... Ils nous ont permis de nous établir et plein de bonnes choses sont arrivées depuis que nous les avons rencontrés : ce sont des personnes géniales, probablement les plus géniales que nous ayons la chance de rencontrer. Ils ont été un partenaire incroyable pour nous et nous sommes toujours en contact avec eux… Mais la raison de notre départ de Relapse est que nous avions rempli notre contrat en sortant "Crooked Doors" qui était le dernier album prévu avec eux. Nous aurions pu rester comme nous aurions pu partir et par chance, nous n’avons pas eu trop à tergiverser car Spinefarm nous connaissait déjà - même si je ne savais pas du tout qu’ils s’intéressaient à nous avant de les rencontrer - et ils sont venus frapper à notre porte pour nous dire qu’ils voulaient nous signer. Ils font de gros efforts pour que nous soyons connus…
Votre présence en promo ici à Paris en est la preuve…
Tout à fait ! C’est super parce qu’ils nous soutiennent énormément et avant même d’avoir signé le contrat, ils étaient déjà très attentionnés à notre égard. C’est comme si nous nous connaissons depuis des années et nos liens entre nous, notre management et Spinefarm sont positifs et extrêmement solides.
Tout est en place pour que le meilleur nous arrive d’autant qu’ils sont extrêmement enthousiastes parfois même plus que nous-mêmes (Rires) : ils ont des projets pour nous qui sont très cools !
Nous avons commencé cette interview en indiquant que cet album a été le plus compliqué à réaliser, est-ce que le soutien de Spinefarm vous a mis inconsciemment plus de pression sur les épaules pour ne pas les décevoir ?
Non ! Que ce soit Relapse ou Spinefarm, aucun d’eux ne nous a mis de la pression… De façon générale, je n’ai jamais ressenti de pression de leur part, de notre producteur… mais je me crée ma propre pression. Mais finalement, c’est toujours la même chose : je me mets sous pression, je m’inquiète toute seule… mais quand vient le moment de s’asseoir pour écouter le master final, tu te dis que le voyage en valait la peine et c’est pourquoi on y retourne encore et encore…
Nous avons beaucoup de chance de pouvoir faire cela, plein de groupes
rêveraient de pouvoir en faire autant mais c’est compliqué : certains se
séparent, la vie quoi… C’est vraiment appréciable de pouvoir continuer
ensemble…
Et même si c’est encore frais pour en parler, es-tu satisfaite du travail réalisé sur "WICK" ?
Je suis contente, nous sommes tous contents de cet album qui est une représentation fidèle de ce que nous sommes. Rien n’a changé et nous sommes vraiment contents que rien n’ait changé : nous sommes restés vrais vis-à-vis de nous-mêmes. Nous avons sorti ce nouvel album et espérons que nous pourrons en sortir encore d’autres. Nous avons beaucoup de chance de pouvoir faire cela, plein de groupes rêveraient de pouvoir en faire autant mais c’est compliqué : certains se séparent, la vie quoi… C’est vraiment appréciable de pouvoir continuer ensemble…
Nous n’avons pas l’habitude de parler de nos vies personnelles mais tu
n’empêcheras jamais les gens de parler et notamment de notre divorce…
A propos de séparation de groupes, les évènements de la vie… il semblerait que vous soyez divorcés avec Josh. As-tu envisagé d’arrêter le groupe ?
Eh bien, nous n’avons pas l’habitude de parler de nos vies personnelles mais tu n’empêcheras jamais les gens de parler et notamment de notre divorce…
Cela voudrait dire que ce n’est qu’une fausse rumeur ?
Je ne réponds pas à ce type de question car nous ne souhaitons pas entrer dans ces considérations.
Mais comment expliques-tu que de telles rumeurs se propagent ?
Je pense que les gens se soucient peut-être de la réponse à cette question mais la vérité est que personne n’a jamais évoqué notre relation aux médias. Nous avons fait un choix et les gens peuvent l’interpréter comme ils le souhaitent. Je lis parfois des choses que j’aurais dites mais ce n’est pas le cas. Mais cela à rien de se torturer l’esprit avec ça parce que finalement nous faisons du rock, nous jouons de la musique… le reste importe peu !
Peut-être que certaines personnes s’intéressent au reste mais cela me dépasse…
Josh et moi connaissons la vérité, notre entourage proche la connaît aussi et c’est la seule chose qui compte pour moi.
C’est peut-être la rançon du succès ?
Je ne crois pas. Je crois que si nous avons du succès, c’est parce que nous faisons de la bonne musique et non pour des raisons extra-musicales qui entourent le groupe : Josh et moi connaissons la vérité, notre entourage proche la connaît aussi et c’est la seule chose qui compte pour moi.
Malgré tout, est-ce que tout ce que tu as pu lire t’a affectée ?
Cela aurait pu si on y accordait de l’importance et le risque serait que nous nous détournions de notre objectif. Mais parfois, il faut savoir fermer les yeux et dire merde à tous ces papiers : ce ne sont que des mots…
Dans ces conditions, quel était ton état d’esprit au moment de commencer l’écriture de ce nouvel album ?
Je voulais donner le meilleur de moi-même. Je suis passée par des moments de frustration où quand tu écoutes ce que tu fais avec le recul, tu te dis que ce n’est pas ça alors que tu étais convaincue que c’était le cas au moment où tu le faisais. J’ai passé énormément de temps à faire, défaire… avec toujours le même constat que ce n’est pas ainsi que nous devions sonner.
Justement comment composez-vous ? Seul ou ensemble ?
C’est un travail de groupe !
Et comment réagissent les autres membres en te voyant ainsi frustrée ?
Ils me soutenaient. Nous sommes une famille qui se serre les coudes et dans le cas présent, ils me disaient : "Ne t’en fais pas. Si tu dois prendre trois jours pour composer ce putain de refrain et bien, tu prendras trois jours" en me proposant leur aide ou au contraire, si il fallait qu’ils me laissent seule… Non, nous nous soutenons les uns, les autres et c’est cool !
Est-ce que quelque part tu avais peur de ne pas être à la hauteur de la musique composée par les autres membres ?
J’essaie de représenter ce que nous faisons de façon honnête et du mieux possible avec mes capacités. Cela peut s’apparenter à du perfectionnisme mais ça n’en est pas : je souhaite juste être contente de la musique que nous avons faite.
Et donc oui, dans ces conditions, je souhaite représenter au mieux ce que ce groupe est et respecter au mieux les goûts de chacun.
Je ne fais pas de musique en croisant mes doigts espérant qu’elle plaise
à quelqu’un, je fais de la musique parce que j’ai une force créative en
moi… Je suis qui je suis et mon moyen d’expression est de faire la
musique
Avec le recul, êtes-vous toujours satisfaits de "Crooked Doors" et de son accueil sachant que certains fans ont pu être un peu décontenancés par son expression moins rageuse, plus émotionnelle...
Je ne lis pas la presse. J’ai entendu certaines choses mais au final, nous ne pouvons pas nous permettre d’accorder de l’attention à tout cela. Je ne fais pas de musique en croisant mes doigts espérant qu’elle plaise à quelqu’un, je fais de la musique parce que j’ai une force créative en moi… Je suis qui je suis et mon moyen d’expression est de faire la musique : j’ai besoin de cela dans ma vie et peu importe si elle atteint des millions de personnes ou personne, que certains trouvent qu’elle craint… Tu ne peux pas plaire à tout le monde !
Tu dis avoir besoin de la musique dans ta vie : est-ce un besoin cathartique ?
C’est effectivement cathartique, c’est nécessaire parce que c’est le moyen qui me permet de me centrer sur moi-même : c’est une forme de méditation spirituelle ! J’en ai besoin : si je ne l’avais pas, je serais folle !
Chaque album est la pièce d’un puzzle
"WICK" est à nouveau assez différent. D'une certaine façon, il poursuit l'évolution entamée par "Crooked Doors", tout en ouvrant pour le groupe, de nouvelles portes, un nouveau son. Es-tu d'accord ?
Chaque album est la pièce d’un puzzle et quand je regarde la pochette d’un album, je me souviens exactement où nous étions, ce qu’il passait, je me souviens des tournées, des gens que j’ai rencontré et les choses que nous avons faites ensemble… "WICK" est la pièce de ce puzzle qui me rappelle telle tournée, les circonstances de sa composition…
Le but d’un puzzle est de le terminer…
Oui mais le nôtre est composé de milliers de pièces : c’est un puzzle très compliqué…
Mais pour revenir à la métaphore du puzzle, j’aime penser que c’est le type de puzzle inachevé posé sur une table…
Royal Thunder possède depuis toujours une identité bien à part, entre rock psyché, stoner, doom, heavy metal, progressif. "WICK" ne vous rend-il pas encore plus insaisissable et imprévisible ?
Je ne sais pas. D’une certaine façon, je dirais que je me fous un peu de ce que les gens pensent de notre musique, les gens entendent ce qu’ils entendent et rien ne nous offense…
Mais je pense que tout ceci relève d’une évolution naturelle qui nous dépasse parce que je ne pourrais pas te dire comment la chanson sonnera parce que je suis convaincue qu’elle sonnera différemment…
Je ne vois pas vraiment la différence avec ce que nous avons pu faire
dans le passé… c’est donc surprenant de constater que nous surprenons
les gens !
Ce nouvel album est plein de nuances et d'une grande variété et vous semblez ne jamais être là où on vous attend. C'est le cas notamment des titres les plus calmes, tels que 'Plans ou 'The Well', qui sont des pièces surprenantes...
Non ! En fait, je suis surprise que tu me poses cette question parce que je n’ai pas le sentiment de sonner différemment. Je ne vois pas vraiment la différence avec ce que nous avons pu faire dans le passé… c’est donc surprenant de constater que nous surprenons les gens !
Avec l’expérience, je suis plus à l’aise avec ma voix et j’ai moins peur d’essayer les choses que je ressens
Malgré tout, comment pourrais-tu expliquer cette vision différente ?
Je ne sais pas (Sourire) ! C’est peut-être dû au fait que j’essaie de toujours donner le meilleur de moi-même : comme en peinture, j’ai une palette de couleurs et je les mélange différemment…
Je pense aussi qu’avec l’expérience, je suis plus à l’aise avec ma voix et j’ai moins peur d’essayer les choses que je ressens.
Grâce à toutes les personnes autour de moi qui me soutiennent, je suis moins intimidée, je me lâche plus…
Avec le temps, ressens-tu toujours autant de rage ou as-tu l'impression de t'être assagie ?
Hum, à chaque fois, quand j’ai fini de faire de la musique, je me sens apaisée et plus fraîche…
Fatiguée aussi ?
Oui mais de la bonne fatigue comme à l’issue d’une séance de sport…
Je suis sauvage de nature mais je me sens plus calme, plus relax aujourd’hui…
Il y a de plus en plus de groupes menés par des chanteuses et inspirés par les années 1960/ 1970 comme Blues Pills, Purson… quelle est la principale différence de Royal Thunder pour sortir du lot ?
Hum… En fait, je n’entends pas trop les influences des années 1960 ou 1970 dans notre musique.
Les groupes que tu cites Purson, Blues Pills ont des chanteuses qui sont de vraies tueuses mais ces groupes œuvrent dans un classic rock, ce qui n’est pas notre cas : je n’ai pas l’impression de faire partie de cette scène…
Si nous vous mettons dans la même scène, c’est que vous intégrez des éléments de cette musique classic rock…
Je ne sais pas. Personnellement, j’ai grandi en écoutant du r’n’b, du thrash, du grunge en jouant du piano…
Le r’n’b a une énorme influence sur moi…
Tu as cité une large palette d’influences mais pas de musique française…
Tu sais quoi ? Il y a un groupe de metal français que j’adore…
Gojira ?
Non, non, tout le monde connaît Gojira… Non, c’est un groupe metal sexy qui a des sonorités sexy et très sombre avec un chanteur avec de très longs cheveux noirs. Ce groupe doit exister depuis 10 ans et cette musique aux accents gothique et shoegaze m’a bluffée… Ils tournent assez souvent aux États-Unis, je ne me souviens plus du nom mais Josh te le donnera à coup sûr (NdStruck : renseignement pris, ce groupe est Alcest).
Les seules chanteuses que j’ai écoutées en grandissant étaient Whitney Houston, Tina Turner…
En tant que chanteuse, quelles ont été tes modèles ? Les chanteuses de heavy metal, telles que Doro ou Lita Ford, t'ont-elles inspirées ?
Pas du tout, les seules chanteuses que j’ai écoutées en grandissant étaient Whitney Houston, Tina Turner…
Inconsciemment, je pense avoir été influencée par ces chanteuses.
Prévois-tu de faire un album solo dans ce style ?
Oui, je me vois bien sur une scène, chanter seule avec un piano…
Une carrière à la Beth Hart te fait rêver ?
On verra bien (Sourire)…
Qu’attends-tu de cet album ?
J’attends de tourner avec, être occupée et me faire plaisir…
Des dates prévues en France ?
Rien n’est confirmé à ce jour mais nous travaillons pour revenir jouer en Europe et bien entendu en France cette année.
Questions traditionnelles de Music Waves avant de se quitter, quel est ton meilleur souvenir d’artiste ?
Mon meilleur souvenir ? Pour moi, je dirais que ce fut ma rencontre avec Josh qui m’a permis de quitter le groupe dans lequel je jouais quand j’étais ado : un groupe de metal underground avec des chants hurlés. Cette rencontre et pouvoir jouer avec lui a radicalement changé ma vie et m’a permis d’être sur le chemin sur lequel je suis aujourd’hui.
Tu as évoqué ton meilleur souvenir, au contraire, quel serait le pire ?
Oh je me souviens parfaitement, c’était le 20 avril 2016. Nous étions en tournée au Canada et un policier est entré dans notre van et a constaté qu’il n’y avait pas de ceinture de sécurité pour les autres passagers arrière, seuls les deux places avant avaient des ceintures. Il nous a fait sortir du van et il ne voulait rien entendre, le van ne pouvait rouler qu’avec deux passagers. Il fallait que nous marchions 60 kilomètres pour nous rendre à la prochaine station essence. On avait beau discuter, il ne voulait rien entendre. Sur ce, un autre policier arrive et accepte de nous rendre à la prochaine station essence. Puis à cette station, nous avons rencontré un mec que nous avons payé pour nous amener à la salle parce que nous ne pouvions pas annuler notre concert…
Bref, je ne suis pas de ces personnes qui crachent sur la police mais ce policier était un sacré trou du cul.
On a commencé cette interview par la question qu’on t’a trop souvent posée, au contraire, quelle est celle que tu souhaiterais que je te pose ?
Oh, je ne sais pas…
Réfléchis-y et on se donne rendez-vous pour la promo de votre prochain album…
… et on commencera par cette question bien sûr (Sourire)
Merci beaucoup
(En français) "Merci beaucoup"
Merci à Childeric Thor pour sa contribution…