Depuis 2008 la ville de Quiévrain en Belgique accueille le Rock Or Ride qui a pour particularité de mêler la musique à des concours de skate et de BMX avec une piste dédiée. En 2016 le festival était revenu après une interruption de deux ans et un changement de date pour passer de l’automne à la fin de l’hiver. Pour cette huitième édition, les organisateurs proposent une affiche riche avec des formations confirmées et des espoirs motivés. Il est tôt quand les hostilités commencent mais le public est déjà là et la salle va vite se remplir.
Shot In The Head débarque, il n’a que 25 minutes pour convaincre et il va en profiter. Cette jeune formation belge qui nous vient de la région de Mons et a proposé récemment un EP ("Human Weakness"),va balancer un efficace concert dans une veine metalcore porté par la voix puissante de Julien. En 7 titres nous découvrons une formation en place qui envoie de bons riffs typiques du style avec un petit côté death mélodique sympathique. Avec ‘Anomaly’, ‘Cerebral Pain’ ou ‘The Lion’ il va se montrer convaincant et lancer la journée de belle manière. Shot In The Head est un bel espoir de la scène belge et il semble avoir les moyens de se faire un nom rapidement, le public en tout cas aura bien adhéré à sa prestation.
Avec Year Zero, nous évoluons vers un rock nerveux et teinté de punk porté par Laura Pasti, qui avait déjà joué ici en 2016 avec Bike Crash. Entre L7 et Nirvana le quatuor va nous proposer un concert frais et direct, énergique et sans fioritures. Laura avec sa voix rocailleuse apporte un côté garage et cela remue bien l’assemblée. Le son est peut être parfois un peu fluctuant mais cela fait partie du charme du genre et l’énergie des musiciens fait oublier ce détail. Le groupe est jeune mais a déjà pas mal de cartouches à son actif et plusieurs vont faire mouche et faire remuer les têtes, on pensera en vrac à ‘Get Away’ ou encore ‘I Don’t Care’. Loin du style métallique du reste de l’affiche Year Zero a su tirer son épingle du jeu et nous a proposé un concert de fort bonne qualité qui en ravit plus d’un.
Avec Oddism nous filons vers la France. Le groupe œuvre dans le mathcore et logiquement ce concert va être intense et ravir les amateurs, car Oddism maitrise parfaitement un genre exigeant. Derrière un Gio à la voix écorchée, les musiciens assurent comme de vieux briscards. Dès ‘Argomentum’ chacun se prend une claque et peu à peu l’ambiance monte d’un cran, et les slams et pogos vont s’enchainer. Avec ‘Omega’, ‘Evolve’ ou ‘Lost Sleeper’, Oddism confirme un talent fou, il est technique mais pas rébarbatif et on ne peut que saluer le travail effectué, notamment celui de François derrière sa basse qui vibre de manière impressionnante. On ressent en fin de parcours la joie du groupe face à un si bel accueil : Gio va même faire un petit tour au milieu du public et lancera le premier wall of death de la journée. Oddism aura proposé un concert qui restera dans les mémoires.
Après cette tornade, Shoot The Girl First ne va pas faire baisser l’ambiance avec son cocktail musical détonnant. Le groupe nous vient de Cannes et propose un metalcore teinté d’électro pour un résultat remuant. Avec ses deux chanteurs, Alex qui vient de Pittsburgh et Crystal, il dispose d’une redoutable arme de destruction tant les deux sont complémentaires. Alex alterne chant clair et hurlé avec aisance tandis que Crystal s’impose comme une frontwoman redoutable avec une force énorme dans son growl. La combinaison entre douceur et violence fonctionne à merveille. La musique met le feu au public qui se déchaine dans les premiers rangs. Il faut dire que ce mélange de metalcore furieux et d’électro dansant est très efficace. Shoot The Girl First nous a délivré un excellent concert, parfaite synthèse entre les genres avec une fraicheur communicative. On ne peut que saluer cette prestation qui aura fait sauter les frontières musicales avec talent.
Cette nouvelle claque permet à cette journée de continuer sur sa lancée et l’arrivée de Stand For Truth ne va pas faire retomber la pression. Il faut aussi dire que la partie Ride permet de garder une sacrée ambiance avec les qualifications qui viennent de débuter. Nous venant de Tournai, le groupe est une valeur sûre de la scène hardcore, il vient de sortir son deuxième album et prépare une tournée en Indonésie. D’entrée avec ‘Pure Hatred’ il va mettre le feu à la fosse sans faire de quartier. Porté par un Angelo survolté et au timbre d’écorché vif il nous balance des titres dignes du meilleur d’un Terror ou d’un Hatebreed. Que ce soit avec ‘Engraved’, ‘No Guts, No Glory’’ ou ‘Modern Slaves’, il transporte un public bouillant dans son univers virulent et sans concessions. Stand For Truth a délivré une prestation de haute volée et a parfaitement lancé un sprint final avec une vigueur impressionnante.
Bukowski est un habitué des lieux et vient à Quiévrain pour la quatrième fois. À force de travail, le groupe est devenu une valeur sûre de la scène stoner heavy et le public est massé devant la scène pour se prendre une rasade de son. Le concert va débuter en fanfare avec un énorme ‘Keep Your Head On’. Au chant Mathieu est parfait avec son timbre éraillé et musicalement ça dépote bien. Entre Metallica et Black Label Society, Bukowsi possède un charme fou et un groove entrainant, une bombe comme ‘Mysanthropia’ ayant fait son effet auprès d’un public bouillant qui se remue fortement. Il faut dire qu’avec ‘Smocky Room’ ou ‘Hazardous Creatures’ le groupe dispose de bombes stoner imparables. À grands coups de riffs couillus il envoie bien la sauce et confirme qu’il est un ténor du genre. Clairement ce concert aura été une réussite et restera dans le top de cette journée.
Passer après une telle prestation n’est pas facile mais Smash Hit Combo connait bien les lieux et avait joué l’année dernière. Il est de retour en 2017 encore plus haut sur l’affiche, preuve de sa popularité croissante. Il et vrai qu’en matière de fusion teinté de néo metal digne de Korn et Limp Bizkit il est une machine de guerre qui nous replonge avec délice dans les années 90. Servi par un son costaud, Smash Hit Combo va tout dévaster, entre rap et metal il transcende les frontières et met le feu à une fosse en fusion, le public va même s’accroupir et un wall of death va bien le bousculer. Musicalement l’ensemble est très costaud et nous rappelle aussi Incubus pour cette force métallique, à la batterie Anthony en aura impressionné plus d’un. Ce concert prouve que le rap metal est bien vivant et en forme et qu’il dispose d’un large public qui ignore les frontières entre les genres.
Avec l’Esprit Du Clan un autre habitué s’avance, depuis sa dernière venue en 2012 le groupe français a fait une pause avant de revenir courant 2016 avec un line-up modifié et un nouvel album, le "Chapitre VI", et cette pause ne l’a pas affaibli : l’Esprit reste un monstre de metal hardcore que rien ne semble pouvoir arrêter. Emmené désormais au chant par le seul Arsène il va faire bien mal à un public déchainé dès l’introduction du concert. La set-list va montrer un bel équilibre entre les chapitres, le dernier étant à l’honneur bien sûr. ‘On rase pas les Murs’ extrait du premier chapitre, met le feu avec un classique taillé dans le meilleur de ce hardcore virulent. Arsène est déchainé, sa voix abrasive est impressionnante et le public adhère. Avec ‘L’Art est Grand’ ou ‘Dernier Homme’ il nous montre la force du Chapitre VI et avec ‘Fils de Personne’ ou ‘Phenix’ il revient sur le meilleur de sa carrière avec intensité. L’Esprit du Clan est de retour aux affaires, ce concert brulant aura prouvé qu’il n’a rien perdu de son mordant. Il ouvre parfaitement la voie à une très attendue tête d’affiche.
Black Bomb A est en effet lui aussi un habitué des lieux, il est présent au Rock or Ride pour la troisième fois et le public l’attend avec impatience. Le groupe continue de promouvoir l’excellent "Comfortable Hate" qui a signé le retour tonitruant d’Arno au chant en compagnie de Poun. Il ne fait guère de doute qu’une grosse claque attend la salle, puisqu'en matière de métal hardcore le groupe reste un monstre du genre. D’entrée avec ‘Comfortable Hate’ BBA met le feu avec une force impressionnante, derrière ses futs Hervé est extraordinaire de puissance et en épate plus d’un. Musicalement l’ensemble est d’ailleurs taillé pour faire mal et achever de puiser dans les dernières forces du public. Tout le monde est à fond dedans et mange dans la main d’un Arno qui fait le taf avec un charisme certain. Black Bomb A a beau avoir plus de 20 ans de carrière, il est toujours aussi frais qu’un jeune débutant et ce soir il a vaincu en beauté et achevé une journée bouillante et brillante.
Ce concert brûlant clôture une remarquable édition 2017 du Rock Or Ride. Le festival est relancé pour de bon et le succès a été au rendez-vous, le public était nombreux et très motivé. De plus la partie Ride a amené une jolie touche de fun et de jeunesse et a contribué à la réussite de l’ensemble. Il nous reste à remercier les organisateurs pour leur accueil et toute l’équipe pour son très bon travail, le tout dans une ambiance chaleureuse et sympathique.