LEPROUS
Et c’est Leprous qui est en charge d’ouvrir le bal des hostilités. Comme tous les fidèles de Music Waves, vous êtes au courant que si le début de carrière du groupe nous avait particulièrement enthousiasmé au point d’être considéré comme le phénomène prog metal de demain, le virage pris à partir de "Coal" nous avaient laissé sur notre faim pour ne pas dire clairement déçu.
Il va sans dire que nous attendions la performance des Norvégiens avec fébrilité et les premières notes ne nous ont malheureusement pas rassurés. Avec un
set essentiellement axé sur le dernier album en date (
"The Congregation" sauf l’introductif "Foe" extrait de
"Coal"), Einar Solberg et sa bande nous ont gratifié de tout ce qui fait le charme (ou tout ce qui est source d’irritation, c’est selon) des deux derniers albums.
Effectivement, à l’image des lumières du Bataclan aux abonnés absents, la performance des Norvégiens est très éloignée des envolées lumineuses d’un
"Tall Poppy Syndrome" ou "Bilateral". C’est donc sans surprise que les titres proposés souffrent du même reproche que les derniers albums studio, à savoir qu’en étirant les morceaux sous un format somme toute commun basé sur les interminables harmonies vocales répétées à l’envi, une impression d’ennui s’installe et ce n’est qu’en de trop rares occasions que le groupe arrive à faire vaciller le public du Bataclan.
Bref, si la prestation d’une demi-heure n’a rien de honteuse - bien au contraire - sans surprise, elle ne nous permettra pas de nous réconcilier avec un groupe sur lequel beaucoup d’amateurs de metal progressif avaient fondé énormément d’espoirs déçus sur l’autel d’une musique certes plus consensuelle mais tellement monotone et ennuyeuse quand on a connu les débuts en fanfare du groupe.
Set List :
Foe
Third Law
The Price
The Flood
Rewind
Slave
BETWEEN THE BURIED AND ME
C’est dans ces conditions que les Américains de Between the Buried and Me débarquent sur la scène du Bataclan. Comme son prédécesseur, nous attendions avec impatience la prestation des auteurs de l’unanimement plébiscité
"Coma Ecliptic" afin de valider tous les éloges que nous avions pu souligner à l’écoute de l’ambitieux concept-album qui avait permis au groupe de se placer comme les futurs grands du metal progressif…
Alors que leurs prédécesseurs avaient tout misé sur leur dernière livraison, les Américains débutent leur
set par un 'White Walls' issu du quatrième album "Colors" dans un style deathcore démonstratif et abrasif en décalage complet avec ce qu’avaient proposé leurs devanciers.
Un premier titre où le déferlement de notes extrêmes et techniques a la part belle, une entrée en matière finalement assez éloignée du dernier en effort en date des Américains que nous avions loué dans nos pages expliquant que le peu d’enthousiasme du public d’autant que cette introduction sera longue (très longue, trop longue…).
Arrive enfin 'The Coma Machine' et on se prend à rêver que notre soirée débute enfin et que les Américains vont dérouler par la suite les titres de "Coma Ecliptic". Malheureusement, cet espoir est étouffé dans l’œuf dès le titre suivant et casse le rythme qui n’aura finalement jamais pu s’instaurer. En effet, les deux titres extraits de "The Parallax II: Future Sequence" (‘Lay Your Ghosts to Rest’ et ‘Bloom’) sont particulièrement déroutants avec un style death progressif aux breaks jazzy.
Et même si le
set se clôt sur deux titres extraits du dernier effort en date ("Option Oblivion" et le terminal "Life in Velvet"), le mal est fait… Les Américains n’auront laissé aucune chance au public français visible novice question discographie Between the Buried and Me d’entrer dans leur univers particulièrement exigeant, et la prestation mitigée de Tommy Giles Rogers notamment quand il s’agit de chanter dans un registre clair ne plaidera pas en faveur de la prestation du groupe.
Bref, comme son prédécesseur, le résultat de la prestation de Between the Buried and Me fut très mitigé (pour ne pas dire décevant) : aucun des deux n’aura réellement rempli le cahier des charges réservé aux groupes chargés d’ouvrir pour la tête d’affiche. Mais dans le cadre d’un concert du charismatique Devin Townsend dont le talent n’est plus à prouver, cela n’aura que très peu de répercussions tant son public est tout acquis à sa cause et répondra instantanément présent dès son entrée sur scène.
Set List :
White Walls
The Coma Machine
Lay Your Ghosts to Rest
Bloom
Option Oblivion
Life in Velvet
DEVIN TOWNSEND PROJECT
Alors que le staff s'affaire à préparer la scène pour les Canadiens du projet Devin Townsend, la bande sonore des élucubrations de Ziltoid retentit, comme à l'accoutumée. En habitués que nous sommes, nous cherchons les écrans où doivent être diffusées les images humoristiques illustrant les extravagances et états d'âme de notre extra terrestre favori, mais il n'en est rien! Voilà qu'après les prestations discutables des amuse-bouches, nous ne pouvons même pas nous fendre d'éclats de rire devant les singeries du frontman exacerbé... Peut-être n'y avait-il pas de nouveauté depuis la tournée Z², mais quand même!
Heureusement l'attente est de relative courte durée et c'est bien évidemment en terrain conquis que Devin fait son entrée sur les planches du Bataclan, avec son sourire et des yeux impressionnés par un tel hommage du public. Vivement acclamé, il mettra quelques longues secondes à atterrir et lancer les premiers riffs d'un 'Rejoice' introductif.
On remarque la présence du claviériste Mike St. Jean, venu en renfort. La voix d'Anneke est retransmise sur enregistrement, comme c'est le cas pour les nappes non reproduites sur scène. C'en est à se demander ce qui est vraiment joué sur scène, mais vu la quantité enregistrée sur album, il est évident que le rendu serait nettement moins riche s'ils n'étaient pas présents.
Rien à redire de la prestation envoyée par ses musiciens également. Aussi discrets qu'efficaces, ils déroulent leur partition sans sourciller, si ce n'est pour Brian Waddell qui va régulièrement voir Ryan Van Poederooyen qui le chasse à grands coups de cymbales.
Le ton est donné dès les premiers morceaux où 'Stormbending' et l'impressionnante 'Failure' et sa mélodie entêtante et au refrain mélodique se succèdent, réussissant à livrer une version proche de celle studio. Sans réelle surprise, Devin est bien présent là où il est attendu, livrant du grand Devin, certes, mais sans grand effort. Le multi-instrumentiste semble prendre un réel plaisir à saluer les slammers, emphaser ses soli les plus simples comme s'ils étaient techniquement compliqués, et forçant la moue en plein tapping. Bref, il est là pour donner son show, et il le fera sans mal. Le public se lâche, brandissant des marionnettes de Ziltoid, chantant les refrains et growlant en même temps qu'HevyDevy.
Venu défendre son dernier né 'Transcendence' (qui nous a
particulièrement emballé chez Music Waves), Devin débute tout juste sa tournée Européenne avant de s'envoler aux Etats Unis aux côté d'Opeth et Gojira. L'occasion est belle pour lui de pousser un peu la voix, comme il nous le fera remarquer avec un 'Kingdom' des plus réussis, sortant chaque note juste, percutante, avec sa capacité impressionnante à mêler chant clair allant chercher les notes au plus haut pour finir sur un growl puissant.
Quelques mots seront adressés au sujet de sa présence au Bataclan. En effet, l'entourage de Devin lui aurait longuement demandé s'il souhaitait se produire sur cette scène. Comme seule réponse, Devin précisera que sa musique doit unir les gens et pas l'inverse, avant d'inviter son public à s'étreindre.
Parmi les titres les plus marquants, on retiendra 'Where We Belong' sans la voix d'Anneke (qui ressort très bien avec du coup un couplet instrumental), le martelant 'March of the Poozers', 'Kingdom' et l'épique 'Grace' qui prend une ampleur grandiose alors que la fin du spectacle semble proche. Mais avant de s'absenter quelques secondes pour se ravitailler, Devin encouragera son public à l'acclamer pour le pousser à revenir prolonger le show, même si cela ne fait aucun doute.
Enfin, avant de terminer le concert à son apogée avec 'Higher' issu de "Transcendence", Devin invitera le public à le suivre sur 'Ih-Ah!', assis, seul sur scène avec sa guitare. Son talent de meneur de foule n'étant plus à prouver, c'est accompagné des 1500 personnes venues remplir ce Bataclan, brandissant des briquets que Devin nous offrira cette chanson assez rare en
live, dans une grande intimité.
Même s'il n'est pas sorti de ses carcans de
frontman exemplaire, il n'en demeure pas moins qu'HevyDevy nous a régalé de son aisance, de son humour, de sa bonne humeur et de la puissance de son set que nous aurions aimé voir prolongé davantage. Une prestation sans fausse note, qui finit mieux la soirée qu'elle n'a commencé, fort heureusement.
Set List :
Rejoice
Night
Stormbending
Failure
Hyperdrive!
Where We Belong
Planet of the Apes
Ziltoid Goes Home
Suicide
March of the Poozers
Kingdom
Grace
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Ih-Ah!
Higher