Quelle est la question que l’on vous a trop souvent posée ?
Celle-ci revient assez souvent, mine de rien.
Votre actu est la sortie de "Life of the mind" qui fait suite "The Silence, And Nothing…" sorti en 2012. Première question, pourquoi tant de temps entre ces deux sorties ? N’est-ce pas préjudiciable en ces temps d’Internet où tout va vite ?
La principale raison est d’ordre logistique, le batteur n’habitait pas en France, il était donc délicat de se retrouver pour bosser sur la suite. Mais il faut garder à l’esprit que faire un bon album prend du temps, c’est un processus long qui demande beaucoup de recul, tu ne peux pas faire un bon album par an. Donc si tu vises la quantité, oui c’est préjudiciable, si tu vises la qualité, non.
“Life Of The Mind “ pourrait être considéré comme la suite ou même le prequel de “The Silence, And Nothing “
"The Silence, And Nothing…" était un monument de nihilisme glauque et torturé contant les tentatives désespérées d’un amnésique à se libérer de ses propres structures mentales. Comme pourrait le présager le titre, les thèmes de « Life of the Mind » sont toujours elles liées au mental ?
Tout à fait, “Life Of The Mind “ pourrait être considéré comme la suite ou même le prequel de “The Silence, And Nothing “, l’histoire des deux étant intemporelles.
Avec "Life Of The Mind", le ton se veut plus sombre encore, véhiculant une haine de soi qui confine à l’impasse existentielle. Était-ce une volonté ?
Je ne dirai pas que la musique exprime “une haine de soi “, mais plutôt un instinct de survie extrême et désespéré. A vrai dire ce n’était pas réellement voulu, c’est ce qui en est sorti naturellement, la musique avait sa volonté propre !
Le concept du premier album était adapté d’une nouvelle écrite par Joris B (guitare). Est-ce aussi le cas sur ce second album ? Peut-il développer un peu l’histoire pour les auditeurs non-anglophones ?
Pour cet album les paroles n’ont pas été adaptées d’une nouvelle mais ont été écrites directement sous formes de chansons, c’est un exercice un peu moins intéressant mais beaucoup plus simple et efficace pour trouver les lignes de chant.
Pour résumer l’histoire rapidement, un personnage se trouve “emprisonné“ dans le néant, il n’est que “conscience “. Il ne sait pas pourquoi il est là, ni depuis combien de temps. Il fantasme sur les raisons pour lesquelles il est dans cette situation et tente de s’échapper. Si le néant n’a pas de murs on se rend bien vite compte que c’est son imagination qui les érige.
Qu'est-ce qui explique que cet album soit si sombre, si angoissant ? cela a-t-il un rapport avec l'état du monde dans lequel on vit ? ou plutôt l'intime ? Ou alors, est-ce seulement un choix artistique ?
Ça pourrait être les 3, c’est un choix artistique de faire partager ses côtés sombres qui sont façonnés en partie par l’état du monde.
Comment a été composé l’album ? en groupe durant les répet ? en solo bien en amont ?
Je compose de mon côté puis on fait évoluer ça durant de longues séances de répètes, il est important qu’il y ait une interaction après le premier jet que je fournis.
'Battling Ego' n’épargne rien à l’auditeur, évoquant un croisement monstrueux entre Emperor, Enslaved période "Isa" et Gorguts. Vous reconnaissez-vous dans cette comparaison ?
Oui, j’aime beaucoup Emperor et Gorguts, je pense que ça se ressent particulièrement sur cette chanson. Je ne me suis jamais vraiment intéressé à Enslaved donc je ne pourrai pas me prononcer dessus.
Si des schémas reviennent souvent ou pas (...), ça fait partie de l'identité d'un groupe.
Si la première moitié, oppressante et torturée tout au long d’une montée en puissance dont on pressent l'issue tragique, confirme le talent des Français, le reste du morceau expose des schémas maintes fois usés au cours de l’album, sans vraiment les renouveler. Avez-vous conscience de ce relatif point faible de l’album ?
Non, car pour être honnête je ne me pose pas la question de savoir si des schémas reviennent souvent ou pas. Quand bien même ça ne me dérangerait pas, au contraire, ça fait partie de l’identité d’un groupe. Quand un groupe comme Shining (Black) fait revenir un même riff durant tout un album ou qu’on le retrouve même sur d’autres albums certains pourraient prendre ça comme un manque de créativité, moi je trouve ça mortel.
L’arrivée de Julien Deyres (Gorod) au chant est très convaincante. Est-ce une collaboration appelée à se prolonger, notamment sur scène ?
J’espère bien ! Ses voix sur l’album sont vraiment mortelles, on a déjà fait deux live avec lui et on espère bien continuer, il refait exactement les mêmes parties en concert et c’est assez impressionnant.
[Le live], c’est une concrétisation de tous nos efforts
Est-il important pour vous de jouer en live ? qu’est-ce que ça vous apporte ?
Oui, c’est une concrétisation de tous nos efforts, et jouer cette musique devant un public est très prenant, c’est un partage assez extrême.
Techniquement, on sent que chacun des musiciens en a encore en réserve. Est-ce un choix de ne pas avoir mis la technique au premier plan ? Était-ce pour privilégier les ambiances et l’extrême noirceur de l’ensemble ?
La technique est seulement là pour servir la musique, à aucun moment elle n'est une fin en soi, si jamais elle nécessitait d’être plus technique par moment alors on suivrait, ça peut aussi aller dans le sens inverse, peu importe.
Pourquoi citer Gorguts comme influence, groupe ultra-technique ? En quoi êtes-vous influencés par les Canadiens, dans ce cas ?
Gorguts fait effectivement du death très technique, je pense qu’ils le font car leur musique le demande, mais encore une fois ce n’est pas leur niveau de technicité que l’on pointe du doigt quand on les cite comme influence, mais plutôt leurs ambiances sombres et glauques, ce que dégage , au final, leur musique.
Qu’attendez-vous de cet album, l’apport de Dooweet dans votre promo change-t-il quelque chose ?
J’espère que l’album va être écouté par le plus de monde possible et Dooweet peut nous aider à y parvenir avec les contacts qu’ils ont.
Quelles sont les prochaines étapes pour le groupe ?
Un clip est en cours de créa et surtout nous sommes à la recherche de dates de concert.
Quel est votre meilleur souvenir en tant qu’artiste ?
Je n’ai pas UN souvenir particulier, mais quand tu as fini la production d’un album c’est vraiment un putain de moment.
Au contraire le pire ?
Je ne vois pas, c’est plutôt bon signe !
Quelle est la question que vous souhaiteriez qu’on vous pose ?
“Est-ce qu’il y aura plus de blasts dans votre prochain album ?“
Un dernier mot pour les lecteurs de Music Waves ?
Je vous encourage à écouter l’album et espère que vous l'apprécierez !
Merci à Platypus pour sa contribution...
Plus d'informations sur https://www.facebook.com/theprisonerband