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TITRE:
KVELERTAK (31 MARS 2016)
TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:
BLACK METAL
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A l'occasion de la sortie de "Nattesferd", Music Waves a rencontré le frontman de Kvelertak, Erlend Hjelvik...
STRUCK
- 20.05.2016 -
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C'est en toute fin de journée et à l'issue d'un promo marathon que nous avons rencontré Erlend Hjelvik, visiblement éreinté par cette journée mais qui a malgré tout joué le jeu jusqu'au bout...
Quelle est la question que l'on t'a trop souvent posée ?
Erlend Hjelvik : La même que pour l'album précédent : "Avez-vous ressenti une pression particulière à l'enregistrement de ce nouvel album ?" Pour le second on nous avait dit "Un deuxième album est toujours plus difficile à créer" et là on nous dit "Le troisième album d'un groupe est toujours le plus difficile !" C'est assez drôle !
En même temps c'est une question assez logique vous concernant car vous progressez fortement à chaque fois malgré des premiers albums déjà très bons, cette pression peut alors être légitime.
Oui mais pour nous, tout reste le même qu'à nos débuts, avant même que nous fassions des albums. Nous jouons la musique que nous aimons sans trop nous soucier de cela. Nous ne nous disons pas "il faut faire mieux, il faut plaire aux fans avant tout, qu'allons-nous proposer ?". Nous faisons ce que nous aimons. Nous devenons aussi plus efficaces et confiants au fil des tournées donc nous ne soucions pas d'une quelconque pression à ce jour.
Et avez-vous modifié votre approche, votre façon de composer pour ce troisième essai ?
Notre travail a été plus démocratique cette fois-ci. Sur le premier album, notre guitariste avait déjà écrit tous les titres seul. Sur le second, 50 % étaient déjà faites sur son PC. Je n'ai eu qu'à ajouter les voix avant de passer à l'enregistrement final. Là, nous n'avions que quelques mois devant nous pour créer quelque chose de nouveau donc nous nous y sommes mis ensemble et les titres ont progressé sur un timing assez serré. C'est un réel effort collectif !
Comme sur votre effort précédent "Meir", "Nattesferd", s'il semble d'un premier abord assez accessible, direct et plein d'énergie, contient également cette noirceur propre au groupe et une profondeur qui demande plus d'attention à l'auditeur également. Es-tu d'accord avec ça ?
Oui, tout à fait. Nous sommes toujours attirés par une certaine noirceur que cela soit dans la musique, les films… j'ai toujours été attiré par la noirceur et l'occulte. C'est un peu comme dans les classiques de Star Wars, beaucoup pensent que le second épisode est le meilleur car la fin est plus sombre et triste.
Malgré toutes ces directions musicales empruntées depuis 2008, nous gardons notre esprit
D'un premier abord vos titres semblent aborder de nombreux styles différents sans réelle cohérence ou frontière musicale, alors qu'en fait, tout est cohérent à l'écoute attentive. Comment garder une telle cohérence tout en restant varié, riche et très ouvert aux ambiances et genres abordés ?
Alors là je ne peux pas t'expliquer. Tout se fait chez nous de façon très naturelle. C'est un peu comme parler de sexe. Entre la théorie et la pratique, c'est très différent, il y a des choses qui se produisent naturellement mais qui ne s'expliquent pas.
Sur "Meir" nous avons commencé à expérimenter d'autres genres comme dans 'Evig Vandrar', plus accessibles et nous nous sommes rendu compte que nous pouvions graviter autour de plusieurs genres tout en gardant notre univers et notre direction musicale. Pas mal de gens sont contents de nous dire que malgré toutes ces directions musicales empruntées depuis 2008, nous gardons notre esprit.
En écoutant ce nouvel album, nous réalisons que vous êtes allés encore plus loin dans l'expérimentation. Le titre '1985' par exemple permet de retrouver le fantôme de Queen. Est-ce une sorte d'hommage ou est-ce totalement inconscient ?
Comme je le disais nous ne planifions pas trop ce que nous voulons faire. Mais nous n'écoutons plus exclusivement les mêmes choses qu’à l’époque de notre premier album. A l'époque nous n'écoutions que du metal et notre musique s'en ressentait alors que sur notre dernière tournée nous écoutions des musiques plus variées. Nous changeons aussi et après avoir joué plusieurs shows, sur des timing serrés, nous préférons désormais écouter du AC/DC, Scorpions, Fleetwood Mac ou Thin Lizzy avec un bon verre de vin plutôt que du metal avec une bouteille de whisky (Rires).
Mais la comparaison avec Queen vous convient ?
Oui, bien sûr !
Et pourquoi cette année '1985' en particulier car vous n'êtes pas le seul groupe à évoquer cette période…
(Coupant la question) oui j'ai vu que Taylor Swift avait utilisé le même titre (ndlr : c'est plutôt "1989" dans son cas) et je me suis dit "eh merde !" (Rires)
Ah, je pensais plutôt au groupe de metal progressif Haken qui a publié dans son cinquième album un titre nommé '1985' et dans lequel des influences de Toto sont clairement ressenties.
Quand j'étais à la recherche de paroles pour ce titre je me suis retrouvé à penser à cette époque du début des années 90 où tout nous semblait plus simple et plus facile. Je me suis souvenu de Van Halen et de leur album "1984" et le titre est venu de là. Ce titre critique un peu la direction prise par notre société ces dernières années, tout ce terrorisme, cette course à l’argent, ces folies.
Le titre 'Nattesferd' débute par une longue plage instrumentale qui vient enrichir et approfondir le titre. Etait-ce une intention dès le départ ou cette profondeur est-elle venue au fur et à mesure de la progression du titre ?
Nous ne discutons pas de cela. Si nous nous sentons bien nous poussons notre créativité dans ce sens et le titre devient de plus en plus long (Rires). C'est vrai que cette intro prend des dimensions progressives d'une certaine manière. Et puis je ne cherche pas à mettre des paroles partout. Parfois il faut juste laisser la musique être elle-même. Et puis cela me laissera du temps pour aller boire un coup ou fumer une cigarette durant les shows (Rires).
Votre titre 'Heksebrann' est le plus long de votre carrière à ce jour (9 minutes) et contient des ambiances progressives également proches de Devin Townsend. Est-ce facile, conscient, d'associer rage et ambiances atmosphériques d'une telle façon ?
Je ne sais pas. Mais ce titre doit bien être le seul titre de tout cet album, et cela va me faire mentir sur mes réponses précédentes, sur lequel j'ai vraiment pressenti qu'il fallait cette ouverture. Le souci c'est que les autres n'étaient pas très emballés, au point de vouloir en sortir une version radio-edit. Mais au final, et en lien avec la fin du titre, cette intro prend tout son sens et tout le monde dans le groupe adhère maintenant à cette idée.
Cet album est vraiment réussi, varié, coloré, un peu comme une peinture explosive. Ferais-tu un parallèle avec l’art de la peinture ?
Oui ,même si mon rôle dans le groupe est d'apporter des touches de noir à cette peinture. Les autres apportent plus de couleurs mais comme je le disais, c'est notre combinaison qui donne quelque chose d'unique et d'intéressant.
Parlant peinture, votre identité passe également par l'artwork de John Bailzey (Baroness). Penses-tu pouvoir un jour faire un album sans sa contribution ?
Et bien justement, si John a fait nos précédents artworks, celui-ci revient à Arik Roper. Quelqu'un a dû faire une erreur dans le livret promo. Mais c'est important pour nous de faire de nouvelles choses pour rester intéressants, de bousculer nos habitudes avant d'en devenir esclave. C'est pour cela également que nous avons enregistré live cette fois-ci par exemple. Et comme John a fait toutes les pochettes de Baroness, c'est bien que nous changions pour que les gens ne soient pas trop confus.
Nous souhaitons continuer à nous démarquer d’une production standard
Dans notre société actuelle la musique est souvent standardisée. Vous restez l'un des rares groupes à proposer sa propre identité. Est-ce là l'un de vos buts premiers quand vous abordez votre musique ?
J'en suis conscient bien sûr, et nous souhaitons continuer à nous démarquer d’une production standard. Depuis peu, nous avons vu quelques jeunes groupes aborder la musique à notre manière mais certains sonnent vraiment comme une copie, trop proche de l'original. Et si j'en suis d'un côté fier, d'un autre cela me gêne parfois.
Il est très difficile de catégoriser votre musique. On parle de black rock avec des éléments punk mais après tout ne jouez-vous pas simplement du rock ?
Oui, bien sûr ! Nous sommes libres comme un vrai groupe de rock, de heavy rock. Cela peut sonner un peu générique mais cela nous définit bien.
Comme nous avons parlé de la part sombre du groupe, êtes-vous influencés par des groupes de black metal en particulier ? Par exemple 'Dendrofil For Yggdrasil' a des relents d'Enslaved dans son riff…
Je pense plutôt à du vieux Gorgoroth ou Dissection. J'ai joué une bonne partie de ma vie dans un groupe de black metal et même si je n'ai plus cette colère en moi désormais et si je n'écoute plus vraiment de black metal, cela fait partie de mes influences.
Pour pas mal de gens, le cliché actuel est d'associer la Norvège au black metal. Dis-nous la vérité, est-ce vraiment le cas ?
Oui, en quelque sorte. J'étais un gamin dans les années 1990 mais j'ai vu ces événements arriver, ces églises brûler… Dans nos écoles nous avions des cours de catéchisme dans lesquels nous priions et lisions des passages entiers de la bible. Nous ne comprenions pas ce que nous lisions, n'avions pas le recul, et sans accuser le catholicisme, cela a pu jouer sur notre adhésion au black metal durant notre adolescence. Comme une sorte de contre-pied permettant notre affirmation.
Les choses changent aujourd'hui et l'éducation n'est plus aussi penchée sur la religion. Je pense que c'est une bonne chose mais concernant les églises qui ont été incendiées, je crois, sans y adhérer du tout, que cela était une sorte de réaction à cet enseignement peut être trop rigide et poussif.
Vous semblez être très attachés à vos origines mais pourquoi n'avoir jamais pensé à chanter en anglais ?
Cela vient de mon univers black metal. J'avais aussi envie de garder une certaine originalité dans notre musique. Je trouve que nos titres sont plus cool ainsi. C'est moi qui ai apporté cette volonté au groupe.
Je pensais à Vintersörg par exemple …
Désolé je n'écoute pas trop ce groupe (Rire gêné).
Chanter en norvégien fait donc également partie de votre identité …
Oui, tout à fait. Cela nous met à part dans cette scène. Et comme le norvégien est plus dur que l'anglais dans sa sonorité, je pense que cela nous convient très bien, que cela nous rend je crois plus intéressants également même si plus difficiles à comprendre dans nos propos.
Quelles sont vos attentes avec ce nouvel album ?
Je ne sais pas, je n'ai pas d'attente… juste que nos fans l'apprécient en général.
Et de pouvoir tourner je suppose. Avez-vous des shows planifiés en France cette année ?
Oui, le HellFest justement. Nous y étions il y a deux ans et avions été très bien reçus donc je suis plutôt impatient. Tout d'abord viendra le Scandinavian Tour puis la tournée européenne… sans doute pour novembre.
Un planning qui semble déjà bien chargé.
Oui, mais nous allons essayer de ne pas nous laisser déborder. Certains aimeraient nous voir tourner plus mais nous gérerons notre emploi du temps pour éviter de le surcharger. Nous voulons faire les choses comme il faut et non nous surmener.
Question classique chez Music Waves : Quel est ton meilleur souvenir en tant que musicien ?
Difficile à dire il y en a tellement mais hier par exemple nous avons fait un shoot photo et nous avons vécu un moment très cool parce que la session s’est déroulée avec un hibou…
Quel pourrait être le pire ? Se faire chier dessus par un hibou justement ?
Non, ça c'est le pire souvenir de notre guitariste (Rires). Je dirais certains de nos premiers shows qui étaient assez mauvais. Ça craignait pas mal.
Nous avons débuté cette interview avec la question qu'on t'a trop souvent posée, quelle serait au contraire celle que vous aimeriez que l'on te pose ?
J'essaye de trouver quelque chose de poli (Rires). Une question du genre "Pourrions-nous finir cette interview demain ?" par exemple (Rires). Non je plaisante mais cette journée a été très très longue pour nous.
Merci à toi
Merci à vous, cette journée promotionnelle en France était très agréable et se termine extrêmement bien !
Merci à Childeric Thor pour sa contribution et Mr Blue pour cette retranscription...
Plus d'informations sur http://kvelertak.com/
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