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TITRE:

MONNAIE DE SINGE - 17 Juin 2015


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

ROCK PROGRESSIF



C'est un couple de Music Waves qui a eu l'honneur de discuter à bâtons rompus avec Philippe (Claviers), Eric (Batterie) et Jean-Philippe (Guitares/Parolier) pour une interview fleuve et passionnée.
PETE_T - 07.07.2015 -
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Quelle est la question qu’on vous a le plus posée ?

On va être honnête, nous avons fait très peu d’interviews mis à part quelques-unes dans les journaux locaux, mais la question qui venait le plus couramment était : Mais pourquoi Monnaie De Singe ?


Et donc ?

La réponse la plus simple nous permet de revenir 20 ans en arrière. Nous étions à une semaine de notre concert et ça faisait longtemps qu’on cherchait un nom de groupe et on a choisi celui-là. Alors, il n’y avait pas forcément de sens pour nous mais après coup on s’est renseigné et c’est là qu’on a su que, au moyen-âge, quand les troubadours arrivaient dans une ville, il y avait toujours une porte pour rentrer dans la ville et il fallait payer. En l’occurrence comme ils avaient très peu d’argent ils faisaient des numéros d’ours et de singes pour payer les gardes et c’est devenu une expression.


Pour se supporter pendant 20 ans, il est évident que notre groupe est avant tout un groupe d’amis.


Est-ce que vous pouvez nous raconter l’histoire du groupe car c’est assez intéressant pour nos lecteurs d'en comprendre la genèse ?

J-Philippe : Pour se supporter pendant 20 ans, il est évident que notre groupe est avant tout un groupe d’amis. En effet, Aurillac n’est pas une ville universitaire, donc dès qu’il y a un groupe de jeunes qui se forme et qu’ils ont un brin de succès, le passage aux études supérieures fait que le groupe explose. Nous, on a tous eu une expérience musicale chacun de notre côté dans des styles vraiment très différents. Par exemple, étant jeune j’ai joué avec Serge (le bassiste) et puis on a arrêté le groupe et puis, il y a 20 ans on s’est dit qu’on voulait le remettre en route alors on a contacté Eric que je connaissais, puis notre chanteur et finalement Christophe est arrivé. Philippe, le premier chanteur est parti, Phillipe (Glayat) l’a remplacé et ça s’est fait ainsi.

On tournait beaucoup sur du café-concert, on a toujours fait des compos, ça représentait un tiers des sets et le reste était des reprises. Puis, au bout d’un moment, sur la base de nos compos, on a eu envie de faire autre chose de notre musique, et vous pensez bien que ce n'était plus possible en café-concert. Du coup, quand Philippe (Chavaroche) est arrivé sur l’album précédent avec plein d’idées, notre musique est devenue différente et ça nous a amené ailleurs dans notre univers. Pour "Saison 3", Philippe a juste rajouté quelques claviers car l'album était déjà enregistré mais pour "Error 404" il a participé pleinement à l'écriture et amené de la matière.





Il est vrai que l’évolution est palpable sur les quatre albums, cela vient de quelles influences finalement ?

Eric : On écoutait pas mal de musiques différentes, pour ma part la progressive a toujours été présente car mon grand frères écoutait Genesis, Yes, Camel et on était plusieurs à en écouter. Puis petit à petit on a commencé à se pencher ensemble sur Archive, Porcupine Tree….


…Vraiment plus moderne tout de même…

Eric : Oui, c’est ça ! J’ai vraiment eu trois étapes : Genesis qui m’a envouté quand j’étais gamin. A 17 ans, Marillion que j’ai découvert lors d’un voyage à Londres et ensuite en 1995 Porcupine Tree. Pour moi, ce sont de vrais marqueurs et on a le sentiment d’être arrivé sur des convergences déjà présentes sur "Saison 3" mais elles se sont confirmées pour "Error 404". Anne-Gaëlle au chant a aussi modifié notre univers grâce à son chant féminin.
Par le passé, on attachait beaucoup d’importance à la composition en français avec des jeux de mots, avec un esprit un peu cynique. C’était une partie importante de notre musique. Pour "Error 404" l’anglais devenait évident.


Avec le rajout d’Anne-Gaëlle, on commençait à se rapprocher d’Archive et ne plus être un groupe mais plutôt un collectif. On ne s’interdit donc plus rien.


Oui, justement, nous avions une question sur ce sujet ... Pourquoi ce choix tout en anglais ?

C’est vraiment la musique qui s’y prêtait. Nos nouvelles ambiances le nécessitaient. On avait justement trois ou quatre morceaux qui étaient en français mais non, ça ne le faisait pas, on a laissé tomber.
Mais, par rapport à ce qu’on écoutait et le rajout d’Anne-Gaëlle, on commençait à se rapprocher d’Archive et ne plus être un groupe mais plutôt un collectif. Et on ne s’interdit plus rien, peut être que pour le prochain album il y aura d’autres instruments.


Tu viens de parler d’Anne-Gaëlle, et nous trouvons que l’ajout de la voix féminine est vraiment un plus non négligeable dans ce nouvel album ? Comment avez-vous eu l’idée de l’intégrer ?


Jean-Philippe : Ce qui se passe, c’est que depuis deux ans, j’ai monté un duo acoustique avec elle, on a sorti un petit 5 titres et puis, en faisant attention à ne pas créer de problèmes elle s’est jointe à nous naturellement.





Et c’est pleinement réussi !

Oui, on s’ouvre des possibilités. Il y a même sa sœur qui chante avec nous sur scène.


On se posait la question de la ligne directrice de cet album, nous n’y avons pas vu de concept.

Effectivement, il y a le thème de la schizophrénie présent sur les titres qui en porte le nom. A part cela, les idées ne sont pas liées par un concept.


Et cette pochette, ce nom d’album ?

Et bien pour la pochette on a mis l’ampoule car il y avait le titre ‘See The Light’ et puis pour le nom, on voulait un 4 après "Saison 3" et Philippe a proposé "Error 404". L’avantage c’est que c’est quelque chose de connu en français et en anglais.


Donc aucun rapport avec une quelconque fragilité de l’information ou le fait qu’elle puisse disparaitre aussi vite qu’elle est arrivée ?


Non, pas du tout. Ce qui nous amuse c’est quand l’ordinateur n’a pas de réponse, et la sienne c’est l’Error 404. Et puis, il y a une subtilité supplémentaire trouvée par J-Philippe. Le premier 4 sont les 4 chansons chantées par Philippe, 4 par A-G et le 0 pour ‘…Not Found’ l’instrumental qu’on a rajouté à la fin.


Certains chroniqueurs n’ont pas pu mettre un 5/5 sur le site car la voix masculine semble étouffée et bourrée d’effets, vous confirmez ?


On assume, c’était une volonté de Philippe de mettre ces effets sur la voix et des reverbs différentes. On l’a arbitré au mixage. Mais pour le coup, on rentre sur le subjectif comme tout choix mais on peut comprendre que ça dérange.





C’est du terroir ! C’est fait maison ! On est quasiment bio !


Comment avez-vous produit et enregistré "Error 404" ?


Ca fait vraiment deux ans qu’on travaille sur cet album et plutôt que de faire comme les précédents pour lesquels on réduisait le temps sur 4/5 jours pour l’enregistrement sans parler du mixage, on a pris le temps. Et ce d’autant plus que nous avons un local à demeure pour les répétitions et c’est un vrai confort. On a donc mis deux ans pour fignoler les morceaux. Philippe (Chavaroche) enregistrait sur Mac, pas forcément les titres entiers mais des passages. Une semaine après on les écoutait et on enlevait ce qui ne nous plaisait pas : 2, 4 ou 10 mesures. On se disait là ça va, là ça va pas, on garde, on jette, on a jeté des morceaux entiers ! Par exemple, un truc symbolique, d’habitude c’est le batteur qui enregistre en premier et là en l’occurrence, on n'a fait que des batteries témoins électroniques au clic et finalement on n'a enregistré les parties de batteries qu’à la fin ! C’était très étonnant.

Le mixage et mastering ont été réalisés par un ami à nous, Olivier Gadet, qui d’ailleurs fait des effets de son sur ‘Kill Me’, et il a fait ça sur ProTools chez lui mais ça lui a pris deux ou trois mois. C’est pour cela qu’il a pu faire un gros travail et sortir un son comme cela…C’est du terroir ! C’est fait maison ! On est quasiment bio !
En plus, on a eu aucune pression de maison de disques parce qu’on en a pas.


A un moment donné vous avez quand même tenté d’approcher un label ?


Non, sincèrement non, pas pour l’instant. Si les réseaux sociaux peuvent être terribles et néfastes pour certains, pour nous ça a permis de faire votre connaissance par exemple, mais aussi de prêcher la bonne parole relayée par d’autres personnes. Par contre, Jean-Christophe (Ndlr : Le Brun de notre confrère Néoprog) a pu parler de nous avec Oliver Wenzler (de Progressive Promotions Records) et il doit nous recontacter. Voilà, ça aide aussi à ça les réseaux sociaux.
Si un label nous disait : on vous suit, amis, mais il faut partir en tournée pour 15 dates ... on ne pourrait pas. On travaille tous, on a notre vie, on est autour de la cinquantaine et on n’imagine pas ça…





…Je te rassure, il y a tout de même peu de chances que cela se produise. Même nos grands groupes français, Lazuli par exemple, doivent cravacher pour faire un nombre conséquent de dates…

Oui, tu as raison mais regarde Franck Carducci qui sait aussi se placer d’une manière assez intéressante, il va faire une tournée en Angleterre mais nous, avec Monnaie De Singe on sait qu’on en peut pas faire ça. Ce qu’on recherche c’est des festivals en France, faire les ouvertures et découvrir d’autres musiques.


Justement, votre premier festival sera Quadrifonic, celui de notre ami Jean-Pierre Louveton (de Nemo), mais avez-vous d’autres pistes ?

Oui, on en a pour l’année prochaine, c’est intéressant mais il faut que ça se concrétise.


On est vraiment content de tout, on a fait des choix et à l’arrivée on n’aurait pas pu faire mieux.


Vous avez changé de dimension avec ce nouvel album et êtes passés de petit groupe de rock à fort potentiel à pointure du progressif français, le passage à l’anglais va vous ouvrir des portes… Avez-vous l’impression d’avoir passé un cap ?


Les premiers retours nous confortent dans ce que vous dites. Il y a des gens que l’on ne connaissait pas qui ont acheté l’album. Il y a toujours les copains qui, par solidarité, se le procurent. Mais cette fois-ci les retours de ceux qu’on ne connaissait pas sont décisifs. On sent bien, même nous, qu’on a passé un cap. Sur les précédents albums, on recevait le CD avec packaging et livret et à chaque fois on se disait : on n’aurait pas dû mettre ce morceau, on pinaillait sur un truc dans le livret mais cette fois-ci…non. On est vraiment content de tout, on a fait des choix et à l’arrivée on n’aurait pas pu faire mieux. On a mis tout ce qu’on pouvait dedans voire un peu plus, on est fier du produit qu’on a fait avec nos moyens. On a compensé ce manque de moyens par le temps…Vous savez, des fois ça a été chaud car on n’était pas tous d’accord sur des choix….


…Oui, d’ailleurs il me semble que sur ‘Schizophrenia’ vous l’avez scindé alors que tout le monde n’était peut-être pas d’accord…

Oui, il y a eu débat sur ce titre.  Après ta remarque dans la chronique où vous regrettiez ce choix, on s’est dit qu’on aurait dû faire comme on en avait l’idée au départ c’est-à-dire dispatcher les trois parties dans l’album et ne pas le laisser dans une suite.
Maintenant, comme on les a composés de manière autonome on ne se voyait pas les relier juste par une nappe de claviers.


Dans la chronique, nous avons fait référence à des groupes comme Ordinary Brainwash, Delusion Squared, Cosmograf, Paul Cusick. Vous connaissiez ou non ? Cela vous a t-il donné envie de les écouter ?

Oui, tout à fait. On ne connaissait pas du tout Paul Cusick par exemple et c’est vrai que les parties de piano se rapprochent de nous. Cosmograf est aussi superbe et c’est vraiment dommage de se rendre compte que la richesse de cette musique n’ait pas plus de visibilité.
Et c’est là que tu te rends compte de la limite de Deezer par exemple. Quand on aime un album il faut le commander pour soutenir ces groupes !


Finalement, quelle est la question que vous auriez aimé qu’on vous pose ?

…(Silence très court)…Quel est votre rêve actuel ?


Et la réponse ?

Jouer dans des endroits où les gens apprécient notre musique. Trois/quatre dates par an nous suffisentt mais le but est de rencontrer ceux qui nous écoutent.





Et bien, merci à vous.


Merci à Music Waves.


Merci à Phenomena, Arnaud, Peter Hackett pour les questions ainsi que TonyB pour les questions et pour avoir été mon compère d’interview.



Plus d'informations sur https://www.facebook.com/pages/monnaie-de-singe/206079144289?ref=ts&fref=ts
 
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