En off, en prenant notre café, on parlait de la scène en se disant qu’il y en aurait plus par rapport au premier album ? C'est l'effet Dooweet, ou le temps que tu y passes ?
On avait encore fait comme le premier et pris les trucs à l’envers, le label s’occupait de tout et nous aussi, et finalement il n’en sortait pas grand'chose. Mais cette année on a pas mal de partenaires pour le matériel, ils nous mettent sur leur page web, et ça apporte forcément un petit peu, et l’ensemble des petites visibilités à droite et à gauche font un tout plus important. Puis, il y a Guillaume Pille (Two Notes) qui nous a donné les coordonnées de Dooweet, on les a contactés et ils ont été intéressés pour bosser avec nous, et c’est super car on a pas mal de chroniques dans des pays d’Europe et ça nous booste.
Justement, lors de notre dernière rencontre il y a un peu plus d’un an, tu ne voulais pas entendre parler de promotion via une agence. Finalement, vous avez changé d’avis !
On n’avait pas le besoin de se servir de ces outils mais on s’est rendu compte qu’on faisait fausse route et qu’il nous fallait de l’aide, une visibilité. On avait un peu sous-estimé l’impact de notre label qui n’a pas forcément le temps de travailler plus pour nous, donc on en a conclu avec lui qu’il ne fallait pas qu’on se loupe au regard de ce qu’on a tous investi, eux et nous … donc qu’on le vende bien. Mais le souci, c’est que l’album était déjà sorti quand on s’en est rendu compte, et là Dooweet rame un peu pour rattraper le coup, mails ils le font très bien.
On va mettre en ligne un clip pour que Dooweet s’en serve pour la promo et ça avance dans le bon sens. Mine de rien quand tu appelles des salles, des bookers avec la référence Dooweet ... tu sens que tu as une écoute.
Finalement, on va donc commencer une série de dates le 22 août et on est super contents, car pour le premier album on avait fait quelques tremplins et c’est tout.
La production de ce second album est vraiment un cran au-dessus du premier. Que s’est-il passé ?
En fait, au départ, on voulait faire comme le premier album, et tout faire nous-même. Mais à l’écoute et au vu du résultat, on a eu raison de changer d’avis (rires) et de choisir Christian Carvin. Au départ, on ne le connaissait pas du tout, on devait mixer au studio Contrepoint à Orléans, mais il a cessé ses activités entre temps, et on était à 3 ou 4 mois d’enregistrer l’album et on s’est retrouvés le bec dans l’eau. On avait un autre studio dans nos tablettes mais pas disponible. Du coup, j’ai regardé chez qui avaient enregistré les groupes qu’on aimait, mais aucun studio n’était disponible non plus. Et puis j’ai appelé The Mars Chronicles et leur ai demandé les coordonnées du gars qui avait fait leur son, car on l’aimait vraiment beaucoup aussi… Et là, ça a collé en termes de planning ! C’était le mec qui fallait au moment qu’il fallait ! Il nous a demandé si il pouvait retoucher deux/trois trucs et on lui a dit « OK, vas-y ». Au bout de quelques jours il nous renvoie un premier jet sur deux morceaux et…euh…Comment dire ? Ca nous a scotchés, c’était colossal ! On lui a dit « C’est bien, c’est bien » tout en pensant que c’était énorme ce qu’il nous proposait. La deuxième semaine de mixage, nous sommes allés chez lui et là on a vraiment compris qu’on ne s’était pas trompés. On a pris une claque terrible.
Comment se sont retrouvés les invités sur le CD ?
L’idée du départ était de faire venir des potes. Roman que j’ai rencontré à Tous En Scène - il est prof là-bas et on se croisait souvent - et je lui ai proposé de venir faire un solo. Il a écouté les démos et quand il a entendu le mixage final, il en était super content. Pour Devy (ndlr : du groupe The Mars Chronicles), c’est parce qu’on voulait trouver quelqu’un qui avait un lien avec la famille du label et de notre réseau, et c’était aussi une façon de le remercier de nous avoir présentés à Christian Carvin.
J’ai noté une stabilité du line-up forcément dû au fait que vous êtes une bande d’amis et que financièrement il n’y a pas de risque de tension.
Oui, et aussi parce qu’on peut faire tout nous-même si on veut. On a le studio à dispo, on va à la vitesse qu’on veut.
Et ça a aussi modifié la manière de travailler ?
Oui, c’était différent. Chacun a quand même fait tous ses instruments comme pour le premier, mais on avait enregistré « Analog 1.1 » rapidement, vu qu’on le jouait depuis 3 ou 4 ans. Moi, par exemple, j’ai fait mes parties de guitare en 2h30 ! Du coup, ça avait été très vite ! Pour celui-ci, la batterie a été jouée ici, tout le monde a mis ses petits arrangements, Didier est venu avec quelques riffs et deux ou trois morceaux. Il a pris une part un peu plus importante dans l’écriture des paroles, puisqu’on a tout fait à deux ce coup-ci. Il y a ‘Kill The Past‘ qui a changé de version au moins trois ou quatre fois avant que Didier propose celle de l’album. On était plutôt quatre à travailler sur cet album au lieu de deux la première fois. Ca a donc plus été un travail de groupe.
Oui, et ça se sent au niveau des paroles je trouve. On est moins sur la prise de pouvoir des machines et les sujets abordés sont plus larges, non ?
Didier maîtrisant beaucoup mieux que moi la langue anglaise, c’est sûr que les paroles sont plus travaillées avec un vocabulaire plus riche mais le principe du discours sur les machines est majoritairement présent mais plus imagé, avec plus de double sens. J’écrivais des trucs, je l’appelais et il me donnait des mots, me conseillait. Au niveau des idées c’est toutefois très narratif mais ça raconte de la vie de tous les jours. ‘Spying For The Future’ parle du fait d’être épié dans le futur, que tout ce que tu fais est surveillé.
‘The Factory’ parle aussi du train-train quotidien … Pas forcément des machines !
Exactement, mais les bruits environnants, le champ lexical gardent quand même l’idée qu’aujourd’hui, avec les réseaux sociaux, on peut s’inventer une vie virtuelle qui n’a rien à voir avec la vie du réel. L’idée avec ce titre c’est que si ça ne te plait pas, tu vas à l’usine, tu changes des réglages et tu t’inventes autre chose dans le virtuel, qui peut être le contraire du réel.
J’ai aussi trouvé que les machines étaient moins présentes, moins d’interventions directes. Leur présence est plus globale, plus dans un ressenti.
En fait tu as, de un, un mixage dont la direction choisie par Christian a mis les machines plus en retrait et, de deux, le fait qu’on assume plus notre capacité vocale. Je suis le chanteur du groupe par défaut car personne ne se sentait capable de le faire et nous n’avions trouvé personne pour prendre la place. Du coup, en concert je tenais un quart d’heure et j’étais aphone le lendemain, donc j’ai pris des cours pour apprendre à placer ma voix, mes respirations, et je m’assume beaucoup plus. C’est plus facile et je prends du plaisir à chanter. Pareil pour les guitares, je n’aime pas me mettre en avant et comme j’ai eu la chance de pouvoir faire une super école pendant 1 an, 8 heures par jour, je suis moins en retrait et plus confiant. Ca a forcément tiré le son du groupe vers le haut. C’est pareil pour Will, il se pose moins de questions. Finalement, il y a moins d’effets, de bruitages parce qu’on est plus en confiance et qu’on ne cherche plus à dissimuler des lacunes.
C’est vrai que, dans l’ensemble, on l’a déjà dit, la marche franchie est énorme.
Oui, et bizarrement, il y a beaucoup moins d’effets sur "Integration Protocol"… c’est pour dire ! (rires)
C'est cette assurance qui fait que l’on voit vos visages maintenant ?
Alors ça ? Non. C’est juste qu’on avait plus de sous que pour le premier album (rires).
On a toujours voulu montrer nos visages, mais on ne savait pas faire ce qu’on a réussi à obtenir ce coup-ci. Les traits fluo sur nos visages apparaissaient déjà sur le clip, mais on ne pouvait pas l’avoir pour les photos, on se faisait donc shooter de dos, en contre-jour, flous, et ça réglait le problème. Là, on avait un peu plus de budget, on a pu louer un studio et le photographe, le même que pour les premières photos, a su obtenir ce qu’on voulait. Du coup, les vidéos qui arrivent se rapprochent plus du côté machines humaines que l’on souhaitait.
Alors, le futur, dans les mois à venir ?
Et bien, les scènes ça démarre parce que je peux plus m’en occuper, il y a le travail de Dooweet, nos guests qui en parlent, de nos partenaires, c’est un deuxième album… Bref un tout qui commence à payer. Ceux qui ne répondaient pas n’ont pas le même discours et ça semble plus facile, ça laisse moins indifférent et c’est cool. Par contre, comme d’habitude on s’y prend un peu tard, donc on fera des festivals mais l’année prochaine.
La question que tu aurais aimé que je te pose ?
Je me suis déjà fait avoir l’année dernière. Et je n’ai pas bien travaillé cette interview (rires).
Et bien, merci à toi
Merci à Music Waves.